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franchise et cette loyauté qu’il déployait avec nous , mais il est
taciturne et dissimulé.
29 décembre. Nous avons reçu le triste avis que Shongui el
ses gens ont tué et mangé encore d’autres prisonniers ; ce qu i,
à notre connaissance, porte à dix-huit le nombre de ceux qui
ont été massacrés de sang-froid depuis leur retour du combat.
Les corps de Tcte et de Pou ont été déposés près de la rivière
, à environ un demi-mille de l’établissement. En remontant
la rivière, on n’a pas voulu permettre à notre canot de
passer devant cet endroit, à cause du tabou. Il nous a fallu
descendre à terre, quitter le canot, et transporter nos objets
par terre. Nous avons vu les entrailles des pauvres créatures
qui ont été tuées flotter sur les eaux de la rivière !
3 i décembre. Nous avons vu plusieurs têtes humaines plantées
sur des pieux, et la peau tatouée de la cuisse d’un homme
clouée sur une planche pour sécher ; elle est destinée à servir
de couverture à une giberne. Les naturels ont planté deux têtes
sur une haute palissade, en face de notre demeure.
10 janvier 1822. La femme de Tete tente actuellement de
se laisser mourir de faim : elle n’a rien mangé depuis plusieurs
jours.
15 janvier. Trois des femmes de Shongui, qu’il a capturées
dans la dernière guerre, se sont enfuies, et il est allé à leur recherche.
Akou, la belle-fille de Shongui, qui a dernièrement
tenté de se tuer, est venu faire panser son bras; elle paraît
plus contente, et j’espère qu'elle n’essaiera pas une seconde fois
de se détruire.
16 janvier. Sbongui a retrouvé ses fugitives. Nous sommes
bien aises de voir qu’il n’en ait tué aucune, commp nous avions
lieu de le craindre.
i 5 février. Les naturels se préparent actuellement à une
très-grande expédition, pour venger la mort de Tete et celle
de Pou. Plusieurs centaines de guerriers se sont rassemblés ici
de plusieurs parties éloignées ; ils doivent se réunir aux Ngapouis
et aux différentes tribus de la baie, dès qne leurs pirogues
seront prêtes , pour former un des plus grands armemens
qu’ait jamais vus la Nouvelle-Zélande. Ils sont campés sur des
coteaux autour de l’établissement; jusqu’à présent ils nous ont
peu inquiétés, bien qu’il fassent un bruit épouvantable.
i8 février. La tribu de Shongui, craignant que quelqu’une
des tribus puissantes, aujourd’hui rassemblées, ne ravage ses
champs de patates, a développé tout l’appareil de ses forces par
des marches et contre-marches, et ces démonstrations ont produit
l’effet qu’il désiraient.
tg février. Les guerriers sont sur le point de partir. Ils sont
très-méchans.
25 février. Ils se sont tous embarqués aujourd’hui pour
commencer leur oeuvre de désolation.
27 mars. Nous avons appris que deux pirogues des guerriers
ont été détruites et ceux qui les montaient ont été tués et
mangés. Ils formaient l’arrière-garde du corps de l’armée et
avaient débarqué pour ramasser de la racine de fougère, lorsqu’ils
ont été surpris et taillés en pièces.
8 juin. Touai avec ses frères Koro-Koro et Terangui et W illiam
fils de Koro-Koro sont arrivés ici. Touai a été absent,
pour la guerre, durant près de deux ans ; Il a couru les plus
grands périls et a reçu plusieurs blessures. La guerre semble
faire ses délices ; il dit que quand tous les peuples de l’Est
seront exterminés on attaquera ceux du Nord. Je lui fis, avec
toute la réserve possible, des représentations sur la folie et la
cruauté d’une pareille conduite. Il cita plusieurs de ses merveilleux
exploits : une fois entre autres il fut bloqué dans une
place fortifiée durant un temps considérable : pendant vingt
jours, il n’eut rien à boire ni à manger : ses ennemis semblaient
si assurés de le prendre, qu’ils avaient préparé le bois
pour le faire rôtir : mais il fut délivré de cette situation critique
par ses amis de la baie Mercure. Il a cinq femmes. Les
chefs passèrent la soirée avec nous; el Touai, pendant nos
prières du soir, se joignit à nous et récita l’oraison dominicale
([u’il sait très-bien.
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