dans du village , à côté de la porte, est une espèce d’écliufaud
élevé de vingt-cinq pieds, porté sur des pièces de bois solidement
enfoncées dans la terre, et de dix-buit à vingt pouces de
diamètre. Ils montent sur cette espèce de cavalier par une
pièce de bois entaillée, en forme d’échelon. Dans tous les
temps, ils y ont des amas considérables de pierres et de javelots;
et lorsqu’ils craignent quelques ennemis, ils y établissent
des sentinelles. Ces échafauds sont d’un espace capable de
contenir quinze ou vingt guerriers. Ces deux ouvrages avancés
sont ordinairement placés à la porte la pins extérieure, servant
à la défendre et à empêcher le passage du fossé.
„ L’intérieur du village est composé de deux lignes de maisons
rangées à la file des deux côtés des palissades qui en forment la
clôture. Chaque maison est .accompagnée d’un appentis qui
sert de cuisine. C’est sous cet appentis que les sauvages mangent
: ils ne prennent aucun repas dans leur maison. L’espace
qui sépare ces deux files de maisons, et qui est plus ou moins
large, suivant la commodité du local, est une espèce de place
d’armes qui s’étend d’un bout du village à l’autre dans toute sa
longueur. Cette place d’armes est plus élevée d’environ un pied
que le sol sur lequel sont établies les maisons particulières.
Cette élévation est formée par des terres rapportées et battues:
on n’y voit point d’herbes, et toute la place est tenue d’une
grande propreté. Tout cet espace entre les deux fil es des maisons
n’est coupé que par trois bâtimens publics dont le premier
et le plus près de la porte du village est le magasin général des
armes. A quelque distance de là on trouve le magasin des vivres;
plus loin encore est placé celui des filets, de tous les ins-
trumens pour la pêche, et même de toutes les matières néces-
saires pour les fabriquer. A l’extrémité à peu près du village,
on trouve de gros poteaux charpentés en forme de potences,
qui servent à sécher les provisions avant de les renfermer dans
le magasin. Au centre de cette place d’armes est une pièce de
sculpture en hois rcpré,sentant une figure hideuse, fort mal
Iravaillée, dans laquelle on ne connaît qu’une tête informe,
des yeux, une grande houehe semblable à ta gueule d’un crapaud
, d’où sort une langue d’une longueur démesurée : toutes
les autres parties du corps sont encore plus informes, à la réserve
des parties génitales, tantôt d’un sexe, tantôt de l’autre,
qui sont beaucoup plus marquées. Celte pièce de sculpture fait
partie d’un gros pieu enfoncé profondément dans la terre.
.1 Nous entrâmes avec les chefs des sauvages dans le premier
magasin qui est celui des armes ; nous y trouvâmes une qu.an-
tité surprenante de javelots de bois, les uns simplement affilés
en pointe, les autres taillés en langues de serpens, et ces entail-
lurcs multipliées le long de la pointe du javelot de la longueur
d’un pied ; d’autres, garnies de pointes très-affilées, faites avec
des os de haleine; nous y trouvâmes des assommoirs ou massues
d’un bois très-lourd, et des côtes de haleine plus lourdes
encore; des lances qui paraissent faites sur le modèle de nos
anoicnnes hallebardes, propres à percer d’un côté et à assommer
de l’autre, lesdites lances toutes d’un hois très-dur et assez
bien sculptées; des casse-têtes de pierre ou d’os de baleine,
ces casse-têtes très-polis, bien affiles et proprement sculptés;
des manches de fouets garnis à une extrémité d’un bout de
corde propre à lancer de petits javelots, comme on lance une
pierre avec la fronde; des espèces de haches d’armes en bois
dur, et d’une forme assez bien imaginée pour tuer des hommes.
„ Dans le même magasin nous trouvâmes leurs amas d’outils
communs, tels que haches , hcrminettes, ciseaux , tous de différentes
pierres très-dures, de jade, de granit et de ba.salte. Ces
magasins ont en général vingt àvingt-quatrepieds de longueur,
sur dix à douze de largeur. L’intérieur de ce magasin est garni
d’une file do pieux en forme de piliers qui supportent le faîte
du toit. C’est contre ces piliers que les sauvages rangent toutes
leurs armes en faisceaux, qualité par qualité.
» Dans le second magasin où les sauvages rassemblent leurs
vivres en commun, nous trouvâmes des sacs de patates, des
fagots de racine de fougère sii.spendus, différens poissons Ics-
t.ieés, cuits, tirés de la coquille , enfilés par des tresses de jonc ,