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naicnt, j’cn suis persuadé, peu d’intérêt à cet événement, bien
qu’ils eussent tous, inscrites sur leurs figures, les bideuscs marques
de la douleur. Un jeune bomme qui était probablement
proche parent du défunt avait le visage déchiré d’une manière
effroyable et versait d’abondantes larmes. En m’approchant
de lui, je remarquai tout-à-coup un changement
bien extraordinaire, car il se mit à sourire avec une légèreté
et une étourderie qui prouvaient que sa douleur ne consistait
que dans les marques extérieures qu’il en donnait. Je lui touchai
la main ; du simple sourire qui lui était d’abord échappé
, il passa à un rire aux éclats, et sa conduite contrastait si
fort avec son extérieur, que je ne savais plus comment l’expliquer
: je conjecturai que les plus grands témoignages de
chagrin, pour quelques-uns de ces naturels, n’étaient que de
pures formalités commandées par une coutume depuis longtemps
établie. Cette opinion ne pourrait cependant point s’appliquer
aux Nouveaux-Zélandais en général; car il n’est pas
de peuple qui ressente plus vivement la perte de leurs parens
et amis; et leurs deuils, quoique assujettis à des formes extérieures,
n’cn sont pas moins sanctionnés par leurs coeurs. Les
femmes, excepté les deux premières dont j’ai fait mention , ne
montrèrent aucune sorte de regret dans l’exemple en question.
Elles ne firent que rire et parler sans la moindre réserve et sans
s’inquiéter en aucune façon de la cérémonie. Plusieurs d’entre
elles me demandèrent des clous et me prévinrent qu’elles
avaient du fil qu’elles désiraient me vendre.
Il n’y avait pas long-temps que nous étions là , quand nous
vîmes approcher du rivage une pirogue chargée de patates.
Parmi les personnes qui s’y trouvaient, je remarquai la femme
d Okouna, qui sembla tout aussi peu affectée de la perle du
parent de son mari, que la plus indifférente des autres dames.
En débarquant, elle se mit à rire et à jouer avec la même vivacité
, et l’on ne remarquait aucun symptôme de chagrin ni
dans son maintien ni dans sa conduite. Toutes les personnes
de l’assemblée commencèrent alors à allumer les feux et à pré-
PIÈCE S JUSTIFICATIVES. 623
parer les provisions pour satisfaire leur appétit avant de se
mettre en route avec le corps pour le lieu de l’enterrement. Il
nous fut défendu d’aller jusqu’en cet endroit par les réglcmens
absolus du tabou, autorité que nous n’osâmes attaquer et
que nous ne jugeâmes pas même prudent de mettre en question,
quoique nous eussions espéré dans le principe assister a
toutes les cérémonies usitées dans leurs enterrcmens. Nous ne
pûmes savoir s’il y en avait eu quelques-unes d’exécutées sur
le corps avant notre arrivée; mais comme nous nous en retournions
dans la pirogue de Kawiti et que nous doublions la
pointe de terre qui sépare cet endroit de la v ille , nous vîmes
que deux bommes emportaient le cadavre sur leurs épaules
avec des perches, tandis que trois ou quatre autres naturels
formaient tout le cortège. Eu égard au petit nombre de pcr
sonnes qui restaient à la fin des funérailles, je supposerais que
la majorité de l’assemblée ne voulut point y assister, ou plutôt
que cela lui était défendu comme à nous, par les supers-
titions du pays.
En parlant de la maladie de Doua-Tara, M. Nicholas
dit:
(Tome II,p a g e 170.) Le 21 février je fis un second effort
pour le voir; mais il fut également infructueux. Ayant demandé
dans quel état il se trouvait, la seule réponse qu’on
me donna fut que VAtoua rongeait maintebant ses entrailles
et que le cbef serait mate moe ( tu é ) , aussitôt qu’elles seraient
toutes dévorées. Cette persuasion , beaucoup plus encore que
le mal dont ils sont atteints, accélère la mort de ceux qui tombent
malades à la Nouvelle-Zélande. Leurs esprits en sont tellement
frappés, que lorsque les symptômes deviennent réellement
dangereux , ils pensent que toute espèce de remede serait
impie ; et quelque affligés qu’ils soient de la perte de leurs
amis ou de leurs parens, il ne leur arrive jamais de murmurer
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