nier, sur V Active, il emmena son beau-frère avec lui, et le
laissa cbez moi, désirant qu’il pûts’instruire dans les arts utiles.
Ce dernier a seize ans environ, c’est un très-beau et très-
intelligent jeune bomme, parfaitement bien disposé et fort
industrieux. Il marchait immédiatement après Doua-Tara
pour le rang et lui succédera dans ses domaines. Je désire qu’il
reste avec moi jusqu’à ce qu’il sache l’anglais et qu’il ait ac quis
la connaissance de l ’agriculture. Il est chaque jour au
travail, soit comme charpentier, soit comme cultivateur; et j ’ai
l’espoir que si Doua-Tara succombe, il sera bientôt en état
de le remplacer. J’ai chargé aussi quelqu’un de lui apprendre
à lire avant qu’il s’en retourne.
Le vendredi z 5 février, VActive fut prêt à prendre la mer;
Doua-Tara était toujours dans un état en apparence voisin
de la mort. Mon temps se trouvait limité par les ordres du
gouverneur Macquarie, je ne pouvais rester pour voir l’issue
de sa maladie. J’étais du moins heureux de songer que ceux que
je laissais derrière moi lui procureraient de tout leur coeur
oe qui lui serait néce.ssaire, et feraient tout ce qu’ils pourraient
pour rétablir sa santé, car ils étaient pleins d’affection
pour lui et prenaient le plus vif intérêt à sa conservation.
Nous sommes fâchés d ’annoncer la mort de ce jeune
homme qui promettait tant. La nouvelle de cet événement
est arrivée depuis les dépêches de M. Marsden;
mais nous n ’avons rien à ajouter aux réflexions que
M. Marsden faisait à la vue de sa mort probable et prochaine.
{Missiunnary Register, août iS i6 , pag. 3.3o. )
n É P A R T D É F IN IT I F D E R A N G Ü I -H O Ü .
Samedi 2G février i 8i 5. Ayant tout terminé relativement
aux colons, je m’embarquai avec M. Nicholas. Ce matin nous
levâmes l’ancre et fîmes voile.
J’avais permis à dix Nouveaux-Zélandais de m’accompagner
à Port-Jackson ; il y avait huit cbefs ou fils de chefs et
deux serviteurs. Ils étaient tous embarqués le vendredi, et
leurs amis se rassemblèrent de tous côtés pour leur dire adieu.
Plusieurs cbefs vinrent aussi nous reconduire jusqu’à Ventrée
de la baie. Cela donna lieu à beaucoup de pleurs et
de lamentations. MM. Kendall, Hall et King étaient aussi à
bord. Les cbefs parlèrent d’une manière très-affectueuse, et
déclarèrent que si Doua-Tara mourait, ils protégeraient les
Européens, et que personne ne leur ferait de mal. Plusieurs
sollicitèrent la faveur de venir avec moi à Port-Jackson ; je fus
obligé de les refuser, tant parce que nous n’avions pas de place,
qu’à cause des frais considérables qu’entraînent leur passage
et leur retour à la Nouvelle-Zélande, ainsi que le séjour que le
navire peut faire à Port-Jackson. Je leur dis qu’en tout autre
temps je leur ménagerais un passage , mais qu’il fallait que ce
fût par tour : ils se contentèrent de cette promesse.
La femme du cbef principal pleura beaucoup et se déchira
la figure, les épaules et la poitrine , jusqu’à ce que le sang ruis-
.selât. Elle promit de ne boire ni manger pendant cinq jours
et cinq nuits ; mais assura qu’elle resterait assise dans sa cabane
, et dormirait en priant pour nous durant tout ce temps.
C’est une femme très-agréable, qui parle un peu anglais et
aime beaucoup les Européens. Elle et son mari Tara me supplièrent
de leur envoyer deux ou trois Européens pour vivre
avec eux; mon intention est de leur envoyer un couple marié
quand VActive y retournera, si j’ai des nouvelles favorables de
l’établissement et si je trouve des sujets convenables.
Nous étions arrivés près des Pointes, quand les pirogues
s’en allèrent avec nos amis en larmes; mais nous fûmes obligés
de remettre à l’ancre jusqu’au changement de la marée. Tandis
que nous étions mouillés, nous reçûmes la visite d’un chef de
la rivière Tamise qui venait d’arriver. Vers midi nous appareillâmes,
et fîmes roule pour le cap Nord.