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sur un rocher, qui pleuraient et se lamentaient amèrement. Je
leur en demandai le motif, et j’appris que leur mari était le
chef qui avait demandé .à passer à Port-Jackson. Je leur dis de
ne pas se désoler, puisque je ne pouvais pas le prendre, le navire
étant plein.
Quand nous arrivâmes au village, je fis observer aux naturels
que j’avais besoin d’une pirogue pour nous reconduire à bord.
Sur-le-cbamp ils en lancèrent une à l’eau et la remplirent
d’hommes. La mer était extrêmement houleuse, et l ’Active était
à une grande distance de terre. Je m’attendais à trouver quelque
difficulté à regagner le navire; mais comme les naturels n’y
voyaient aucun danger, je m’efforçai de me convaincre que
mes craintes étaient sans fondement : j’entrai donc dans la pirogue
qui eut bientôt traversé le ressac furieux et gagné t Active.
Quelques-unes de ces pirogues ont quatre-vingts pieds de long,
et il est admirable de voir avec quelle adresse les naturels les
manoeuvrent dans une mer houleuse.
Avant de quitter le rivage, j’informai Jem que VActive resterait
toute la nuit en panne, si le vent ne l’entraînait pas au
large ; et qu’au matin nous gouvernerions sur terre pour visiter
son beau-père, et recevoir à bord le lin qu’il avait préparé.
Le vent étant resté le même toute la n uit, nous ne pûmes
rallier la terre, mais nous étions to u t -à - fa it dans la même
position que la veille au soir. Du reste, Jem vint de bonne
heure avec un message du cbef qui m’invitait à me rendre à terre.
Je le priai de retourner et de dire au cbef que la mer était trop
grosse, que je n’étais point habitué à leurs pirogues et qu’en
conséquence je n’osais m’y hasarder; mais que s’il avait du lin
a m envoyer, le navire attendrait jusqu’à ce que j ’eusse reçu sa
réponse. En même temps, je lui fis passer un présent de quelques
instrumens tranchans que j ’avais réservés exprès pour lui.
Trois heures après, Jem revint avec une provision de patates
et environ trois cents livres pesant de lin , et un jeune garçon
que le chef me priait de conduire à Port-Jackson ; Jem voulait
aussi y aller avec nous, pour s’en revenir au premier voyage
de VActive a la Nouvelle-Zélande. Je ne voulais point frustrer
les espérances de ce chef qui me témoignait une si grande confiance
en me remettant son fils, ainsi je permis à l’un et à l’autre
de rester sur le navire. Puis nous mîmes immédiatement à la
voile et fîmes route avec une belle brise pour Port-Jackson.
Jem me dit que le fils aîné du cbef que j’avais vu à terre avait
beaucoup d’envie de venir, mais que sa mère n’avait pas voulu
y consentir.
J’avais maintenant douze naturels passagers à bord, sans
compter ceux qui faisaient partie de l’équipage.
On. quitte définitivement la Nouvelle-Zélande.
C’était avec la plus vive satisfaction que je quittais la Nouvelle
Zélande , et je n’y avais pas éprouvé le plus léger accident,
la moindre insulte ou provocation. J’avais complètement
rempli l’objet de mon voyage, et j’étais satisfait de mes recherches,
relativement au véritable caractère et aux dispositions de
ces insulaires ; j’étais pleinement convaincu qu’il n’y avait
point d’obstacles réels à leur civilisation, ni à l’introduction
du christianisme parmi eux , et que sous le rapport des efforts
humains, il n’était besoin que d’une prudence ordinaire de la
part de ceux qui voudraient se dévouer à cette entreprise humaine
et charitable.
On éprouve unefurieuse tempête.
Rien de remarquable n’eut lieu dans la traversée, jusqu’au
20 mars. Alors nous fûmes assaillis par une tempête furieuse
du sud-ouest, accompagnée de tonnerre et d’éclairs, qui nous
força à mettre à la cape pendant près de deux jours. Nous
n’étions pas loin alors des cotes de la Nouvelle-Hollande.
Quelques-uns des Nouveaux-Zélandais furent très-alarmés;
ils s’attendaient à voir à chaque Instant le navire brisé en
pièces, particulièrement le chef Temarang.ji ; il pleura beaui
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