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386 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
de terre. D’après la partie que j ’ai traversée, et ce qu’ils m’ont
désigné comme leur appartenant, je n’estimerais pas à moins
de cinquante milles l’étendue du territoire de Tae-Ame.
Dimanche 7 novembre 1819. J’ai prêché, j ’ai administré le
sacrement, et j ’ai baptisé neuf enfans appartenant aux colons
et nés dans l’établissement.
Départ de la laie des Iles.
8 novembre 1819. J’avais l’intention de faire voile aujourd’hui
pour Port-Jackson ; mais étant revenu tard samedi dernier
de l’intérieur, j ’avais plusieurs affaires à terminer avant
mon départ, relativement à l’administration future de l’établissement,
et ces affaires m’occupèrent tout le jour.
L ’Active leva l’ancre, et alla se placer du côté opposé de la
baie, afin d'être tout prêt à appareiller au moment où nous
embarquerions.
9 novembre. Ce matin, de bonne heure , je me suis préparé
.à quitter Rangui-Hou. Les naturels ont accouru en foule de
toutes parts pour nous dire adieu , ou nous accompagner à
bord. Les uns versaient beaucoup de larmes, et voulaient nous
suivre à Port-Jackson; d’autres tirèrent des coups de fusil,
comme une marque de considération, au moment où le eanot
quitta le rivage.
Il avait été arrêté que M. Samuel Butler et le fils de M. W .
Hall se rendraient à la Nouvelle-Galles du S ud, sur l ’Active,
l’un pour instruire quelques jeunes gens, fils de chefs, à Parramatta
, et l’autre pour être élevé dans quelqu’une des écoles
de la colonie.
Nous prîmes congé de nos amis à Rangui-Hou, avec toutes
les marques d’une affection et d’une considération réciproques.
Quand j’arrivai sur l ’Active qui était mouillé à septmilles
de distance environ, je trouvai le navire encombré de naturels
et environné de pirogues. Il était agréable de voir des chels
ennemis accourir du cap Nord et des bords de la Tamise, pour
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se rassembler sur l ’Active de la manière la plus amicale ,
comme à un rendez-vous commun ; ils n’étaient plus armés de
patous ni de lances , mais ils semblaient tous faire partie d’une
seide communauté. Un intérêt commun les appelait tous à bord
de ce navire, et ce motif chassait toute gêne dans leurs visites.
Leurs réunions amicales contribueront beaucoup à fonder
entre eux une confiance et une amitié mutuelles. Les cbefs me
priaient d’emmener leurs fils avec moi à Port-Jackson.
Comme le vent était contraire , et que je désirais visiter un
district situé sur la rivière Kawa-Kawa, je fis mettre le canot
à la mer, et le révérend M. Butler m’accompagna. Quand nous
arrivâmes à l’établissement des naturels, à dix railles environ
dans la rivière, nous trouvâmes que le chef à qui je voulais
rendre visite était absent. Les naturels du village nous firent
raccueil le plus cordial. Nous y rencontrâmes quelques-uns
des parens de M aw i, qui parurent vivement affectés quand ils
surent que M. Butler l’avait vu. Ce missionnaire versa quelques
larmes avec les naturels, en leur parlant de Mawi, et ils
se témoignèrent mutuellement une sincère affection. M. Butler
promit de leur faire de nouveau visite. Nous restâmes à dîner
au village, car il y avait une quantité de beau poisson ; puis
nous quittâmes ces naturels hospitaliers , s’abandonnant tout
à la fois à la joie et au regret. Ils se réjouissaient de
nous avoir vus, et gémissaient et pleuraient au souvenir de
Mawi.
Dans la soirée, nous fûmes de retour à bord de l ’Active.
Quand le soleil se coucha,le vent devint bon, et nous levâmes
l’ancre. Les cbefs restèrent encore à bord avec leurs fils. J’avais
consenti à en prendre quelques-uns avec moi, mais je fus
obligé de refuser les autres. Dans la chambre , les chefs prirent
congé de leurs fils avec beaucoup de fermeté et de dignité ;
tandis que sur le pont les mères et les soeurs des jeunes gens
se déchiraient le visage, suivant leur coutume, et mêlaient
leur sang avec leurs larmes. Sbongui, le principal cbef, se
sépara de son fils dans la chambre sans verser une seule larme :
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