M. Georges Clarke de Kidi-Kidi parle ainsi de la mort
et du caractère de ee chef :
Mort de Shongui.
Shongui est mort le 5 mars 1828, après une maladie
de près de quinze mois, occasionée par la blessure d’un
coup de feu qu’il reçut à la prise de Wangaroa, en janvier
1827. Sa réputation comme guerrier est devenue célèbre
dans les deux ou trois grandes îles connues sous le nom de
Nouvelle-Zélande, et esl parvenue jusqu’aux rives de la Grande-
Bretagne. Ses attentions constantes pour les Européens lui
avaient mérité leur considération. Rien ne put jamais le déterminer
à en faire périr un seul, bien que le traitement qu’il
reçut quelquefois à bord des navires eût suffi à un Anglais qui
eût joui de son influence pour l’engager à donner le signal de
la vengeance. Sa conduite en général à notre égard fut toujours
affeetueuse, et ses derniers momens furent employés à
inviter ceux qui lui survivaient à nous bien traiter, et à ne
nous obliger sous aucun prétexte de quitter l’île. Quant à son
ame, sous le rapport de l’éternité, elle était livrée tout entière
aux plus épaisses ténèbres, bien qu’il sentît que sa fm arrivait.
Sbongui avait souvent entendu les paroles de l’Évangile; mais
comme elles contrariaient scs projets, il rejeta jusqu’au dernier
moment les offres de miséricorde qui lui furent faites, et
négligea la seule affaire nécessaire. Sa famille , qui consiste
en cinq enfans, deux fils et trois filles, est privée d’un des
pères les plus tendres qui aient probablement existé. Tous les
babitans do cette partie de l’île reconnaissent que, sous ses
ordres, ils ont joui d’un bonbeur constant et d’une supériorité
marquée sur leurs ennemis du Sud, durant les vingt dernières
années. Il semblait n’avoir pas encore atteint l’âge de soixante
ans, et, avant de recevoir sa fatale blessure, c’était un homme
tres-actif et qui paraissait devoir arriver à un âge avancé.
C’est l’usage à la Nouvelle-Zélande de sacrilier au moins
quelques-uns des esclaves d’un cbef au moment où il meurt;