d’hiver sont à l’abri des rats sur une plate-forme établie au
sommet d’un poteau bien lisse auquel ils montent à l’aide
d’une échelle mobile. Iis se procurent du feu en frottant vivement
un bâton pointu dans une rainure du même bois , dont
la poussière s’enflamme dans un instant. Leur procédé, pour
préparer les alimens, consiste à rôtir la viande ou le poisson
sur le feu , ou bien ils creusent un trou dans la terre, y font
chauffer une grande quantité de pierres, enveloppent ce qu’ils
veulent faire cuire dans des berbes vertes et recouvrent le tout
avec de la terre. L’équipage du Snapperavah adopté cc moyen
pour faire cuire son pain à l’aide de pierres rougies.
Leurs pirogues bien construites et décorées de sculptures
résistent diflicilement à une grosse mer ; mais lorsque Teau est
calme et unie, les rameurs leur impriment une grande vitesse.
Les pirogues de guerre sont généralement simples , et ont de
soixante-dix à cent pieds de longueur : c’est aussi le nombre
des combattans et des rameurs; elles marchent avec une promptitude
extraordinaire. Les grands filets de pêche ont de un à
deux milles de longueur et entre dix à douze pieds de hauteur ;
ils sont faits avec les fibres du pbormium , sans aucune préparation.
La mer est très-poissonneuse.
On trouve de Teau douce presque partout, mais elle n’est
pas toujours d’un goût agréable. Le pays est infesté de rats ;
on n’y rencontre aucun reptile venimeux. On voit fréquemment
de petites chauve-souris, des iguanes, des lézards, beaucoup
de moustiques, de grosses mouches, des abeilles, des
criquets et des sauterelles. La vue d’un lézard alarme les Insulaires,
quoiqu’ils mangent souvent des animaux plus sales.
Ce peuple n’avait pas encore de cocbons à l’époque du voyage
du Snapper. M. Edwardson leur en a donné plusieurs dont ils
ont pris le plus grand soin ; ils paraissaient sentir toute l’importance
de ce présent.
Leshabitans de Tavai-Pounamou croient qu’un Être-Suprême
a tout créé, excepté ce qui est l’ouvrage de leurs mains, ot
qu il ne leur fera aucun mal. Ils l’appellent Maaouha (sans
doute Mawi). Rockou-Nouï-Etoua est un bon esprit qu’ils
supplient nuit et jour de les préserver de tout accident. Kow-
koula est Tesprit ou Etoua, qui gouverne-le monde pendant
le jour, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher. Ils appellent
à baute voix Rockou-Nouï-Etoua et Kowkoula à leur
secours. Rockiola est Tesprit nocturne, la cause de la mort,
des maladies et de tous les accidens qui peuvent arriver pendant
les heures de son règne ; c’est pour cette cause qu’on s’adresse
à lui et à Rockou-Nouï-Etoua pendant la nuit. Il existe
des traditions fabuleuses au sujet d’un homme ou d’une femme
qui habite dans la lune.
Les choses belles et curieuses qu’ils voient entre les mains
des Européens leur font regarder c.eux-ci comme des espèces
de diables ou d’esprits (Etouas). Ils observent les blancs avec la
plus grande attention, et épient leurs démarches. La dissimulation,
qui gâte cbez eux quelques heureuses dispositions, leur
caractère vindicatif et leur esprit rusé les rendent sensibles à
la moindre olfense; il est alors très-diffielle de les apaiser. Si
un cbef reçoit un présent moins considérable qu’un autre cbef,
ou si Ton fait un cadeau à un bomme du peuple, la colère du
premier ne connaît plus de bornes. Cette susceptibilité rend,
trop penible la position d’un étranger qui traite avec ces peuples,
et qui, à tout événement, doit chercher à plaire à tous.
C’est au manque d’une sage politique qu’il faut attribuer la
mort de plusieurs blancs.
On peut citer parmi les nombreuses victimes de la férocité
des insulaires le capitaine Tucker et l’équipage de son canot;
cinq hommes du canot du Sydner-Cove, bâtiment pêcheur,
tués par Hunneghi, cbef d’Owaï, dans la partie orientale du
détroit de Foveaux; quatre hommes de la goélette Brothers
massacrés au bâvre Molîheux ; plusieurs matelots du général
Gates ; enfin trois Lascars du brick Matilda qui avaient déserté
pour cause de mauvais traitemens : trois autres qui furent
épargnes enseignèrent aux naturels la manière d’attaquer
les Européens pendant les fortes pluies, lorsque les fusils iic