Madagascar et à l’Ile-de-France. Nous avons beaucoup mangé
de ces quat."e espèces d’berbages qui abondent dans le pays, et
dont l’usage a été salutaire à nos scorbutiques, dans le temps
où notre bonne intelligence avec les sauvages nous permettait
d’en faire ramasser tous les jours ; ils nous témoignaient beaucoup
d’étonnement de nous voir manger de ces berbes.
» J’avais formé sur l’île Motou-Aro un jardin dans lequel j’avais
semé des graines de toutes sortes de légumes, des noyaux
et des pépins de tous nos fruits, du blé, du millet, du maïs,
enfin de toute espèce de graines que j’avais apportées du cap
de Bonne-Espérance. Tout réussissait admirablement : plusieurs
noyaux étaient sortis de terre : le blé surtout poussait
avec une vigueur étonnante. La terre du pays est excellente
pour la végétation. Dans les endroits où j’ai été obligé de remuer
la terre pour faire le cbemin nécessaire au transport de
nos mâts, j’ai trouvé jusqu’à cinq pieds de profondeur une
terre noire et végétale, sans aucun mélange. A cette profondeur,
j’al trouvé la même terre mêlée de pierrailles , et surtout
de petits cailloux transparens.
»Je ne me suis pas contenté de former un jardin surfile Mo-
lou-Aro ; j’ai planté des noyaux et des pépins de fruits dans
tous les quartiers que j’ai parcourus, dans les plaines, dans les
vallons , sur les coteaux et même sur les montagnes; j’ai également
semé un peu partout des différentes espèces de graines,
et la plupart des officiers de nos vaisseaux en ont fait autant.
Nous avons inutilement engagé les sauvages à semer ; nous
leur avons expliqué fusage du blé et des autres grains nourriciers,
la qualité des fruits dont nous leur faisions voir les
noyaux. Ils m’ont paru entièrement brutes sur ces objets.
»J’ai trouvé en différens endroits de l’argile très-propre à faire
de la poterie. Notre iqaître canonnier, bomme fort ingénieux,
a fait monter un tour de potier sur lequel il a tourné, en présence
des sauvages, des vases de terre, desécuelles, des assiettes;
il les a fait cuire devant eux. Quelques-uns de ces ouvrages
ont parfaitement réussi : il les a donnés aux sauvages qui les
avalent vu tourner et cuire ; mais je doute qu’ils mettent à
profit cette industrie qui leur donnerait mille commodités.
»Je n’ai vu dans le pays d’aulrcs quadrupèdes que des cbiens
et des rats. Les cbiens sont une espèce de renards domestiques
tous noirs ou blancs, très-bas sur jambes, les oreilles droites ,
la queue épaisse, le corps alongé , la gueule très-fendue, mais
moins aiguë que celle du renard, le même cri; iis n’aboient
pas comme nos cbiens. Ces animaux ne sont nourris qu avec
du poisson : il paraît que les sauvages ne les élèvent que poulies
manger ; on en avait embarqué quelques-uns dans nos
vaisseaux. On n’a jamais pu les apprivoiser comme nos cbiens :
ils étaient toujours traîtres et mordaient souvent. Ce serait une
espèce dangereuse à conserver dans un lieu où l’on voudrait
élever ou garder des volailles; ils les détruiraient comme de
vrais renards.
» Les rats sont de la même espèce que ceux qui se trouvent
dans nos champs et dans nos forêts : les sauvages les
mangent.
• Nous avions sur notre vaisseau quelques cochons, des moutons
du cap de Bonne-Espérance, et des cabris, dont la vue
causait le plus grand étonnement aux sauvages toutes les fois
qu’ils venaient à bord ; ils les regardaient avec la plus grande
surprise , ce qui prouve qu’ils n’ont point de tels animaux dans
leur pays. Ils n’avaient également jamais vu de poules ni de canards
domestiques ; ils paraissaient fort étonnés d’en voir dans
nos cages. Ils n’ont absolument aucun animal domestique que
leurs chiens.
» On trouve sur leurs marais des canards sauvages , des sarcelles
et des poules bleues semblables à celles de Madagascar,
des Indes et de la Chine, mais d’un bleu plus foncé. On voit
dans leurs forêts de très-beaux pigeons ramiers de la grosseur
d’une grosse poule ; leur plumage est magnifique , d’un bleu
changeant et doré. Ces oiseaux sont un gibier excellent On
trouve dans les mêmes forêts de très-gros jaerroquets dont le
pUimage est noir, varié de bleu et de rouge; des loris de la pe