de VActive qui avait mis sous voiles, mais qui avait été obligé
de mouiller de nouveau , à cause de la marée qui était contraire
, et si forte que le navire ne pouvait l’étaler avec la brise
légère qui régnait.
Mauvaise conduite de quelques marins.
A mon retour, quelques-uns des chefs m’informèrent que le
baleinier Jefferson était arrivé et avait mouillé dans l’anse
près le village de Tara; il y avait eu une querelle sérieuse
entre les gens du bord et le cbef Tara, qu’ils avaient menacé
de tuer. Ils déclarèrent en outre que s’il arrivait quelque
chose à Tara, le Jefferson serait détruit et l’équipage massacré;
ils me suppliaient d’aller à bord et de prendre connaissance
des motifs de la querelle. Je partis affecté de cette nouvelle,
et leur dis que j ’allais me rendre à bord du Jefferson ;
que si l’on avait fait du mal à T ara, le coupable serait transporté
.1 bord de l'Active el conduit à Port-Jackson, pour être
puni par le gouverneur Macquarie. Je pris la plus grande
hache de charpentier que nous eussions à bord, pour en faire
présenté Tara, sachant bien que rien ne lui serait plus agréable
, et je me rendis dans une pirogue à son village. Je le
trouvai chez lu i , et en lui offrant la hache, je lui racontai ce
que j ’avais appris. 11 déclara qu’il était allé à bord du J e fferson,
et qu’on lui avait mis un pistolet sur la gorge, avec
menace de le tuer. Je le priai de m’accompagner pour me désigner
la personne qui l’avait outragé. Il lit avancer sa pirogue
et partit, accompagné de son père et d’un autre chef.
Quand il arriva à bord, il montra l ’homme qui avait menacé
de tirer sur lui, et exposa la cause de leur querelle ; mais
comme l’affaire finit par s’arranger entièrement à la satisfaction
du cbef et de ses amis , il n’e.st pas nécessaire d’en dire davantage
à cet égard, sinon qu’il me parut que tout le tort était
du côté des Européens.
Je restai toute la nuit à bord du Jefferson : le matin suivaut,
comme je me promenais sur le gaillard d’arrière avec le
second maître, je vis un des chefs dans une colère épouvantable,
et Toupe, frère de Tara, désignant la tête du mât et en
même temps faisant des signes à quelques-uns des naturels ,
comme s’il voulait leur faire pendre quelqu’un. J’allai aussitôt
vers le maître et lui demandai la cause de ce tumulte. Le cbef
qui était si furieux montra un jeune homme armé d’une épée,
et dit que cet homme avait frappé plusieurs fois sa femme
avec celte arme; qu’ayant voulu s’y opposer, il en avait reçu
lui-même plusieurs coups. J’engageai le cbef à se calmer, et lui
promis que l ’homme serait puni s’il avait eu tort. Je m’adressai
au jeune bomme à l’épêe, qui me répondit d’une manière fort
insolente, et employa un langage très-inconvenant envers moi
comme envers son officier; il refusa aussi tout rapprochement
avec le chef, bien que celui-ci et sa femme ne lui eussent pas
donné le moindre sujet de plainte. Je dis au cbef que je dénoncerais
la conduite du jeune homme au gouverneur Macquarie,
qu’on allait chercher M. Kendall, qui était nommé par le
gouverneur pour recevoir leurs plaintes contre les Européens;
qu’il les déposerait sur le papier et que je les porterais à Port-
Jackson , ce qui fut exécuté. Ils assistèrent à l ’enquête quand
le jeune homme fut conduit devant M. Kendall comme magistrat,
et ils furent très-satisfaits de ce qui eut lieu.
Je demandai à Toupe pourquoi il avait désigné la tête du
mât au moment de la querelle. 11 me dit qu’il recommandait
alors à ses compatriotes de ne faire de mal à personne à bord
qu’à l’bomme qui avait frappé le chef et sa femme de son épée,
et de le pendre à la tête du mât.
Les maîtres des navires devraient être très-attentifs à ne pas
confier une épée aux mains d’un jeune matelot étourdi et méchant,
surtout parmi des nations sauvages. Les naturels qui sc
trouvaient alors à bord du Jefferson, quand cette affaire eut
lieu , auraieut pu s’en emparer sur-le-cbamp. On devrait aussi
leur défendre à tous, le cbef du canton seul excepté, de monter
à bord ; et il faudrait apporter le plus grand soin à ce