paix, et il fut convenu que Tareha et Titore nous accompagneraient
vers Oudou-Roa , qui était sur Motou-Roa. Le vent
étant favorable, nous fûmes bientôt rendus, et nous eûmes
une conversation très-satisfaisante. Tous, à l’exception d’un
ou deux, .semblent disposés h la paix. ,
10 mars. Au point du jour, les Oudi-Kapana traversèrent
l’établissement. Ils s’arrêtèrent'un moment pour écouter les
nouvelles et pour voir M. Marsden. Après le dîner, j ’allai
à Korora-Reka pour voir Oudou-Roa qui venait d’arriver de
Motou-Roa. Il dit qu’il était inutile, pour faire la paix, d’attendre
que tout le monde fût rassemblé, et il semblait douter
de la sincérité de ses adversaires.
11 mars. Après le déjeuner, Rewa, M. Marsden et moi,
nous nous dirigeâmes vers le pâ. A la demande de Rewa,
nous hissâmes le pavillon blanc pour annoncer que nous venions
traiter de la paix. A notre arrivée, tout le monde .se
rassembla. Je leur dis que nous étions venus pour recevoir
leurs instructions, quant au message dont nous allions nous
charger près d’Oudou-Roa, et savoir s’il serait de paix ou de
guerre. Maintenant le moment pressait. Avant que la foule se
fût rassemblée, les cbefs répliquèrent que nous avions raison;
mais qu’il était nécessaire qn’Oudou-Roa députât quelque cbef
vers le pâ, et qu’ensuite l’un des cbefs du pâ se rendrait du
côté des ennemis. Ce point étant arrêté, nous allâmes à Korora-
Reka, où nous trouvâmes Oudou-Roa avec d’autres chefs.
Ils parurent consentir à celte proposition; mais ils attendaient
l’arrivée de Mango et de Ka-Kaha, les deux fils de Sbongui,
ce cbef de Tako qui avait été tué ; car c’était à eux qu’ap-
partenait désormais le droit de tirer vengeance de la mort
de leur père. Je dis à Oudou-Roa que nous étions fatigués
daller et venir; mais lui et les autres répondirent que nous
ne devions pas nous fatiguer, mais prendre de la force et
du courage. Il ajouta que, si ces deux jeunes gens arrivaient
dans la nuit, il nous enverrait une pirogue, et que la paix
serait conclue le lendemain matin.
i 3 mars. Au déjeuner, Toï-Tapou arriva, cl parla de la
nécessité de faire la paix, ajoutant que les tribus éloignées
allaient arriver, et qu’alors personne ne pourrait plus les
retenir.
Dimanche i 4 mars. Toï-Tapou et Rewa insistaient pour
que la conférence eût lieu avec Oudou-Roa et les autres chefs
à Korora-Reka, attendu qu’on voyait plusieurs pirogues pousser
au large de Motou-Roa. C’est pourquoi je m’y rendis moi-
même , et je saisis l’occasion de parler aux naturels de leur
condition actuelle et des offres de paix éternelle faites par
Jésus-Cbrist. Tous parurent disposés pour la paix. Le soir, le
service eut lieu comme de coutume. Ware-Noui vint du pâ,
et semblait fort inquiet du retard apporté à la conclusion de
la paix.
16 mars. Après le déjeuner, M. Davis et moi, nous allâmes
à Motou-Roa pour voir Ka-Kaba et Mango , les fils de
Shongui. Au milieu de la baie, nous recueillîmes le vieux
Kossin qui s’élait embarqué dans une frêle pirogue, et qui eût
certainement chaviré si nous n’étions venus à son secours. Les
naturels de Motou-Roa parurent disposés à écouter tout ce
que nous voulions leur dire. Avant de les quitter, nous apprîmes
d’eux qu’ils mettraient en mer le lendemain matin , et se
porteraient peut-être vers la rivière.
17 mars. Au lever du soleil, nous observâmes un grand
nombre de pirogues, dont plusieurs se dirigeaient vers l’entrée
de la rivière. Nous mîmes à l ’eau deux canots portant chacun
un pavillon blanc, et nous poussâmes vers les pirogues qui
venaient d’aborder la terre.
18 mars. Les naturels qui étaient montés hier avec nous au
pâ pour faire la paix, sont descendus ce malin avec quelques-
uns de ceux du pâ pour se rendre à Korora-Reka et ratifier la
paix. Nous les accompagnâmes dans nos deux canots, comme
hier, et les naturels nous montrèrent toutes sortes d égards . les
discours furent beaucoup plus convenables qu’ils ne l’avaient
été la veille.