( T i i f r f r
418 PIECES JUSTIFICATIVES.
Un chef blessé.
Dans la première visite que fit M. Marsden à Kaï-Para,
il écrit :
Nous trouvâmes le père du chef coucbè sous un abri ; il était
bors d’état de se lever, par suite d’un coup de lance qu’il
avait reçu long-temps auparavant. Koubou et deu.v autres qui
nous accompagnaient versèrent beaucoup de larmes et firent
de grandes lamentations sur lui. La place où il était eoucbé et
même le terrain à quelque distance de son abri étaient taboués.
Sa femme et une jolie petite fille étaient dévouées à lui donner
leurs soins. On ne permit de fouler ce sol sacré à personne
autre qu’à moi et à M. Ewels qui m’avait accompagné depuis
mon départ du Coromandel. Nous nous assîmes par terre près
de ce malheureux guerrier. Il me montra sa cuisse : la cbair en
était gangrenée, et il ne pouvait plus la remuer. Nous lui donnâmes
un peu de thé qu’il aimait beaucoup. Les naturels semblaient
tous prendre beaucoup de part à ses douleurs.
Nous passâmes la soirée à converser sur les affreuses calamités
de la guerre , les avantages de l’agriculture et du commerce
, objets sur lesquels ils paraissaient vivement désirer
de s’instruire. Koubou montrait une grande aversion pour la
guerre, improuvait la conduite de plusieurs de ses compatriotes,
et racontait comment le peuple de Kaï-Para avait été
ravagé et maltraité par la guerre ; qu’ils avaient combattu plusieurs
années contre les Ngapouïs et les tribus de la baie des
Iles; et qu’en ce moment même les Ngapouïs étaient encore
sur le district de Kaï-Para égorgeant et pillant ses habitans. Je
déplorai ces calamités publiques, et leur témoignai l’espoir
que, quand un plus grand nombre d’Européens résideraient
parmi eux, ils mettraient un terme à leurs disputes continuelles.
Le lendemain matin, M. Ewels et moi nous nous dirigeâmes
vers les montagnes de sable, accompagnés d’un des chefs, afin
PIECES JUSTIFICATIVES. 419
d’avoir une vue de l’Océan occidental et de ses rivages. Nous
passâmes par un pâ situé sur un terrain très-fortifié, mais le
chef nous dit qu’ils ne pouvaient plus le protéger contre leurs
ennemis, depuis que les armes à feu avaient été introduites à
la Nouvelle-Zélande ; il nous montra l’endroit d’où les ennemis
avaient fait feu sur eux dans le pâ, et fit l’observation que la
distance était trop grande pour faire usage de leurs lances. Les
dunes de sable sont très-élevécs, et de leurs cimes on jouit
d’une vue très-étendue vers la mer et vers l’intérieur. On n’y
rencontre aucune végétation, et le sable s’y joue au gré des
vents qui l’agitent ; ces dunes ont plusieurs milles de large et
s’étendent le long de la côte à droite et à gauche, au-delà des
limites que l’oeil peut atteindre.
Nous retournâmes ensuite au village. A notre arrivée, nous
trouvâmes que Kouhou et les deux jeunes gens qui avaient fait
tant de lamentations amères sur le cbef blessé, la veille au soir,
s’étalent déchirés jusqu’à cc que leurs visages fussent couverts
de sang, et avaient renouvelé leurs gémissemens douloureux.
Koubou me supplia de prier notre Dieu pour le pauvre malheureux
souffrant; je promis de le faire , et leur dis qu’il n’y
avait qu’un seul Dieu , et que notre Dieu était aussi le leur. Je
me rendis sous l’abri du malade et m’agenouillai près de lui.
Il se traîna sur scs mains et s’étendit à mes côtés; ayant déco<i-
vcrt sa cuisse et posé sa main sur la partie souffrante , il me
regarda d’un oeil plein d’espoir, comme s’il pensait que je
pouvais le guérir. Sa conduite me rappela colle de Naaman.
{ Missionnary Register, septembre 1822,
pageZSq et suivantes. )
SU IT E DU JO U R N A L D E M. M A R SD E N , D A N S SO N T R O I S IEM E VO Y A G E
A LA N O U V E L L E - Z É L A N D E .
juillet. Nous nous levâmes de très-bon matin el nons
préparâmes pour notre voyage. Nons avions à marcher assez
27"
l i
i l l ;
: 1;
; i ri
-ri y