dont les eaux très-limpides dégouttaient d’un rocher, et m’ont
paru avoir la propriété de pétrifier. J’y ai ramassé un débris
de crabe pétrifié , des cailloux dont le noyau était fort dur, et
les couches extérieures, qui se levaient par feuilles, n’avaient
pas encore acquis bf même dureté, quoique de nature pierreuse.
J’y ai vu des masses de silex liées ensemble par un ciment
naturel fort dur, et formant do très-gros blocs. Enfin ,
nous avons trouvé partout de l’ocre d’un très-beau rouge , ce
qui annonce que la terre contient du fer.
» Quoiqu’il paraisse que le jade soit commun à la Nouvelle-
Zélande , puisque les sauvages en ont presque tous des haches,
des ciseaux, des figures gravées, des ornemens d’orclllcs, je
n’ai pu voir le lieu d’où ils le tirent; j’ignore s’ils le trouvent
dans des rivières en forme de cailloux , ou si la nature l’a placé
dans des carrières. Ce jade est d’un beau vert à demi-transparent,
plus foncé que les jades connus dans les autres parties du
monde. 11 s’cn trouve des morceaux cbatoyans qui sont d’une
couleur changeante très-agréable. C’est avec le jade, qui est
une des pierres les plus dures, que les Nouvcaux-Zélandais
sculptent tous leurs ouvrages.
» Les terres qui environnent le port des Iles présentent un
mélange agréable de plaines, de coteaux, de vallons et de
montagnes. Partout où il n’y a pas de forêts, la terre est couverte
de fougères; celles qui croissent au bord de la mer et sur
les montagnes ont buit à dix pieds de hauteur. Ce sont ces
grandes fougères que les sauvages préfèrent pour en arracher
les racines, qui sont grosses comme le pouce, et dont Ils font
la base de leur nourriture.
« Leurs forêts sont composées d’une assez grande variété d’arbres
, parmi lesquels je n’ai reconnu qu’un très-beau myrte
fort odorant qui s’élève à trente et quarante pieds, le gaïac , le
sassafras et divers arbres à bois rouge, dont un ressemble au
bois de natte à petites feuilles de nos îles de France et de
Bourbon. Nous en avons tiré de bonnes courbes pour le radoub
de nos vaisseaux.
. Mais l’arbre qui domine toutes les forêts, est un cèdre a
feuilles d’olivier. J’ai fait abattre de ces cèdres qui avaient
plus de cent pieds de tige depuis la terre jusqu’à la naissance
de leurs branches, et jusqu’à cinquante-deux pouces de diamètre.
Les arbres sont très-résineux : la résine en est blanche,
transparente, et rend une odeur agréable d’enecns lorsqu’on
la brûle. Il m’a paru que ce cèdre était l’arbre le plus commun
et le plus haut du pays : il a de l’élasticité, et je l’ai jugé très-
propre à faire des mâts de vaisseau.
.. Les forêts sont claires en quelques endroits, en d’autres
elles sont embarrassées de beaucoup d’arbrisseaux dont quelques
uns sont épineux, et d’une liane très-commune qui s’élève
jusqu’au sommet des plus hauts arbres.
» Au reste, quoique nous fussions à la Nouvelle-Zélande eu
juin et juillet, qui sont les mois les plus froids dans cette partie
australe du monde, je n’ai vu aucun arbre qui eût perdu les
feuilles. Les forêts étaient aussi vertes qu’elles le sont en France
dans le milieu de l’été. Il y avait néanmoins de petites gelées
de temps en temps; et j’ai vu l’eau des marais prise le matin, de
l’épaisseur de deux ou trois lignes ; mais le soleil fondait cette
glace légère une heure après son lever. Je n’ai pas vu tomber
de la neige dans les plaines : je n’en ai aperçu que sur les montagnes
les plus élevées. J’ai remarqué que les pluies venaient
ordinairement de l’E. et du N. E. , ce qui est le contraire de
notre climat de France.
• Les marais sont pleins de joncs et de gladioles. On trouve
dans les terres pierreuses, sur la pente des coteaux qui ne sont
pas brisés, une grande quantité d’une espèce de mauve assez
haute, dont les sauvages tirent une filasse soyeuse très-belle ,
un tithymale à feuilles de cyprès, qui ressemble à un arbrisseau;
différentes sortes de bruyères; des solanums à pommes
jaunes et sans épines, une immortcllc.dorée fort agréable. Ou
trouve dans les terres du voisinage de la mer du céleri de très-
bon goût, l’alleluia qui a l’acide de l’osclllc, du cresson d eau
à larges feuilles, et la même espèce de morcllc (|ui .se mange à