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réuni sous un seul ch e f, mais divisé en petites tribus indépendantes
gouvernées par leurs chefs respectifs, dont les rivalités
les entretiennent dans un état d’hostilité perpétuelle les uns
envers les autres.
(Tome U , pages 3o6 et suiv.) Mais dans les relations sociales
el domestiques, où la nature du coeur humain peut se montrer
dans toute sa vérité , nul bomme n’est plus aimable que le
Nouveau-Zélandais. Placé au milieu de sa famille c l de se.s
amis, il parait d o u x , affable et affectionné : loin d’exercer une
autorité rigoureuse sur ceux qui dépendent de lu i, sa conduite
envers eux est certainement pleine de douceur et d’amenité,
quelque abjects et quelque insignifians qu’ils soient d’ailleurs
à scs regards. Sous ce rapport les chefs de la Nouvelle-Zélande
se distinguent particulièrement des classes supérieures des
îles Tong a qui traitent souvent le peuple avec une cruauté indigne
, témoin Finau , le roi de ces îles , qui fit tuer d’un coup
de fusil un kouki ou plébéien, sans le moindre motif qui p û t
justifier un pareil acte. Jamais on n’a vu des arikis ou des
chefs subordonnés, à la N o u v e lle -Z é la n d e , tremper leurs
mains dans le sang de leurs cliens d’une manière aussi peu excusable;
s’ il arrive que ceux-ci commettent des fautes, leurs
chefs les punissent avec douceur et modération , et ne les mettent
à mort que pour les crimes qu’ils regardent comme odieux.
Les scntimens les plus tendres de la pa renté, sage inspiration
de la nature, se font remarquer dans toutes les classes de ce
pays, dans les plus humbles comme dans les plus élevées. Les
chefs portent leurs enfans sur leur dos, en les retirant du sein
de leurs mères dès Tâge le plus tendre, pour qu’ils ne soient pas
un embarras pour elles dans leurs laborieuses occupations.
Il faut faire observer aussi que les hommes s’entendent très-
bien à nourrir leurs enfans et qu’ils ont un talent particulier
pour les soigner. Je n’ai jamais vu de père plus tendre pour
son enfant, que le chef W iw ia semblait l ’être pour un beau
garçon qu il apporta sur son dos dans une visite qu’il nous fit ;
il déploya les attentions les plus grandes pour cette petite
créature, tandis qu’elle était suspendue par les bras autour dè
son cou et qu’elle semblait complètement heureuse des soins
de son père. Dans Tinlérieur de leurs tribus, ces peuples ne sc
portent jamais à des actes de fureur sans y être provoqués par
des motifs très-sérieux, leurs dispositions naturelles étant d’une
humeur égale et pacifique ; mais quand ils forment des coali-,
tions partielles, la circonstance la plus triviale est capable de
les porter à une violence elïVénée. Le courage surnaturel, cet
attribut caractéristique de toutes les nations sauvages, leur
est propre à un degré èmineùt, et il n’est jamais adouci ni
tempéré par la pitié. Sur le cbamp de bataille il est rare qu ils
accordent ou attendent quelque merci ; et quand le combat est
terminé , leur vengeance n’est pas satisfaite qu’ils ne se soient
montrés de véritables barbares en dévorant leurs victimes, le
dernier des outrages que Tbomme puisse faire à l ’humanité.
( Tome I I , pages Sog et suiv. ) Les superstitions les plus
grossières régnent à la Nouvelle-Zélande, et le mot tabou
décide très-souvent les actions d’une race entière. Pou r suivre
la valeur de ce mot dans ses acceptions nombreuses et diverses,
il faudrait détailler minutieusement toutes les circonstances
de l ’économie politique de ce p eu p le , lâche au-dessus
de nos forces. Non-seulement il règle leurs institutions,
mais encore leurs travaux journaliers ; et il y a a peine un seul
acte de leur vie auquel cet important dj?syllabe ne se trouve
mêlé. Bien qu’il les assujettisse, comme on a pu v o ir , à une
foule de restrictions absurdes et pénibles, il est néanmoins fort
utile par le fait dans une nation si irrégulièrement constituée.
En l’absence des lo is , il leur offre la seule garantie capable de
protéger les personnes et les propriétés, en leur donnant un
caractère sacré et authentique que personne n’ ose violer. Sa
puissante influence peut même arrêter les pillards les plus cruels
et les plus avides. Ce serait un bonheur pour les naturels, s ils
pouvaient tous être sous Tégidc de cette garantie mystérieuse;
mais ce n’est pas là ee qui a lieu , la protection qu’il assure se
borne seulement à un certain ordre de personnes qui peuvent