naturels ont exécuté un grand shaka ou danse, en réjouissance
de la paix qui a été proclamée.
J ai fait appeler Shongui, Tareha et les autres chefs, pour
leur parler du mal qu’il y avait à voler, et je me plais à dire
qu’ils m’ont écouté avec une grande attention.
Shongui, qui avait été à Port-Jackson , leur raconta quels
châtimens on infligeait aux voleurs dans ce pays. <• Je les ai
vus, dit-il, avec les fers aux jambes, liés à un poteau et fouettés
, et j ’en ai vu un pendu pour ce crime. »
Ils convinrent tous qu’il était fort bien de punir les voleurs ;
ils ajoutèrent qu’ils seraient contens que j ’eusse une maison
pour les renfermer, sans leur donner à manger, avec les fers
aux pieds, comme à Port-Jackson ; ou qu’au moins, à défaut
de prison, il faudrait mettre les fers aux pieds de celui qui
serait surpris à voler, et le laisser au milieu du bois, afin que
cbacun de ceux qui le verraient pût dire ; « Voilà un voleur. »
Et qu’alors, disaient-ils, il pousserait des cris jusqu’à en
mourir.
Je répliquai que je ne ferais point cela de ma propre volonté,
mais que s’il m’arrivait de trouver quelqu’un des leurs
coupable d’un pareil crime, je les en instruirais sur-le-cbamp,
et leur expliquerais de mon mieux la nature et l’étendue du
délit.
Après avoir encore conversé quelque temps sur ce sujet, les
cbefs demandèrent quand je retournerais à Rangui-Hou; je
leur répondis que ce serait le lendemain de bonne heure.
Alors ils dirent que si cela nous convenait, ils convoqueraient
tous leurs gens, bommes, femmes et enfans, pour leur enjoindre
de la manière la plus solennelle de ne rien nous dérober.
Je fis observer que ce serait très-bien fait; et comme je devais
partir de bonne heure, je fixai cinq heures du matin pour la
convocation du peuple. Sur quoi je leur souhaitai une bonne
nuit et me retirai pour reposer, car il était dix heures du
soir.
T décembre I8ig. Au point du jour, nous entendîmes les
chefs et leurs messagers qui appelaient à haute voix tous les
habitans du villag e , jeunes et vieux.
A six heures nous sortîmes de cbez nous, et je vis la plus
grande réunion d’hommes , de femmes et d’enfans, que j’eusse
jamais vue depuis mon arrivée à la Nouvelle-Zélande. Chaque
cbef mit ses gens en groupe séparé, et ils s’assirent tous par
terre en laissant un passage dans le milieu. Quand ils furent
tous rangés en ordre et qu’on leur eut fait connaître le motif
pour lequel on les avait rassemblés, les cbefs .se levèrent cbacun
à leur tour, haranguèrent l’auditoire, et menacèrent des
ebâtimens les plus sévères ceux qui se rendraient coupables de
v ol, les pères comme les enfans, les femmes aussi bien que
les esclaves. Quand cela fut fini, tous ceux qui étaient présens
exprimèrent aux chefs leur satisfaction pour ce qu’ils
venaient de faire ; e t, par manière de récompense, je leur distribuai
un millier d’hameçons. Ensuite ils se dispersèrent fort
paisiblement.
Nous allâmes déjeuner, puis nous nous mîmes en route pour
Rangui-Hou, et de-là nous nous rendîmes aux salines à Ma-
nawa-Oura.
24 juin 1820. Celte semaine, un naturel travaillant dans
mon jardin, déterra les pierres sur lesquelles le père de Touai
fut rôti et ensuite mangé. Il fut tué dans un combat entre son
peuple et celui de Shongui, d’où ce dernier sortit vainqueur.
Cet bomme raconta l’affaire avec une simplicité vraiment touchante,
et 11 ajouta ; « Mon pere fut tué à cette même époque. „
Te causai encore avec lui toucbant les maux de la guerre et la
coutume révoltante de s’entre-manger. Il dit que c’était l’ba-
bitude de son pays de manger ses ennemis. Je lui demandai
.s’il avait jamais mangé de la cbair bumaine. Il répondit que
non, et que cela ne lui plaisait point. Je voulus savoir pourquoi.
Il répéta seulement : « Cela ne me plaît point. »
iq juillet. A Maupere, il y a un très-beau lac d’eau
douce, de six milles de long sur quatre de large. Les naturels
disent que sa profondeur est de deux à six brasses. Il