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certaine importance, mais ne pourra défrayer toute la dépense
des navires. Si le chanvre avait de la valeur, avec le
temps, il est probable que ces deux objets rempliraient à peu
près ce but.
La difficulté matérielle que j ’avais à surmonter était de me
procurer une cargaison, ayant presque épuisé mes objets d’é-
cbange, soit pour acheter des provisions, soit en cadeaux aux
naturels. Les Nouveaux-Zélandais travaillent quand ils sont
payés, mais ils ne font rien pour rien ; et prétendre se procurer
une cargaison sans leur assistance eût été chose impossible.
Des sabords de charge forent ouverts dans le navire,
et il fut prêt pour recevoir le bois de construction. Au bout
dune semaine, il fit voile pour Kawa-Kawa, le district du
bois. J’avais peu d’objets d’échange, ce qui causa quelque
délai; car le forgeron n’était pas capable de fabriquer assez
vite tout ce qui était nécessaire. Plusieurs chefs s’engagèrent à
fournir un nombre convenu d’espars. Ils me prièrent d’aller
avec eux pour leur désigner les arbres que je voulais faire couper;
je le fis, et en quinze jours nous eûmes notre cargaison à
bord.
Probité des naturels.
Je les trouvai tous de la plus exacte probité dans leurs marchés,
et quelques-uns parmi eux me firent crédit jusqu’à ce
que le forgeron eût terminé les haches pour le paiement. Nous
n’eûmes aucun démêlé avec eux pendant tout notre .séjour à
cette rivière, pourtant nous n’avions aucun moyen de défense
contre un nombre d’hommes aussi considérable que celui qui
babite ces districts; nous étions au contraire complètement
à leur discrétion. Je ne leur imposai aucune contrainte, mais
je les laissai monter à bord en tout temps et en quelque nombre
que ce fût, les jours du dimanche exceptés, où nous avions le
service divin. Un certain nombre de chefs vivait constamment
avec nous , ainsi que plusieurs de leurs serviteurs.
Nous n’éprouvâmes que deux vols de peu d’importance
tandis que le navire fut dans la baie.
Un des cbefs découvrit un homme du peuple avec deux livres
de fer environ , et me l’amena. Le chef était furieux contre
lui. Je fis mettre l’bomme au cachot jusqu’à ce que T a ra , le
cbef principal, vint à bord. A son arrivée, il fut informé
du délit, et demanda que le voleur fût conduit sur le pont;
à son approche. Tara s’élança vers lui avec une bûche à la
main, et l ’eût assommé sur la place, si je ne lui eusse sauvé
la vie en le faisant esquiver de 1‘Active et sauter dans une pirogue.
Le cbef lui ordonna de quitter son territoire et de n’y
plus remettre les pieds.
Je perdis plus lard deux rasoirs. Les chefs en apprenant
cette circonstance en parurent affectés, et me dirent qu’ils espéraient
que je ne soupçonnais aucun d’eux d’un tel crime,
attendu qu’un cbef était certainement incapable de voler. Ils
pensaient que j’avais été trop indulgent en permettant à leurs
serviteurs de venir à bord, car on ne pouvait se fier à eux;
mais ils m’assurèrent que si le voleur était jamais découvert,
en quelque temps que ce fû t , il serait mis à mort.
Ils me présentèrent, comme dédommagement, une natte de
prix, l ’une des plus belles que j’eusse vues, ajoutant que tant
que je resterais dans leur district, je n’éprouverais aucune
perte à laquelle ils ne fissent en sorte de remédier. Ils furent
tous chagrinés de ce v o l , et l ’un d’eux resta deux jours el
deux nuits assis sur le pont, sans vouloir venir manger dans
la chambre, déclarant qu’il était honteux d’une pareille conduite.
Le vol et l’adultère sont des crimes punis de mort. En remontant
la rivière Kawa-Kawa, j’observai sur le sommet
d’une très-haute colline une croix romaine, et demandai aux
naturels ce que cela signifiait ; ils répondirent que c’était pour
pendre les voleurs. Ils commencent par les tuer, puis ils laissent
leurs cadavres suspendus jusqu’à ce que le temps les détruise.