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ment pour les vendre. En outre, leur ignorance touchant la
manière d’en prendre soin et l ’humidité de leurs maisons, les
mettent bientôt hors d’état de servir. Enfin, quoique jaloux à
1 excès de se procurer de la poudre, ils ne songent guère aux
balles et emploient des pierres à la place. Quelleque soit, du reste,
leur maladresse à se servir de ces armes, telle est la terreur générale
qu’inspirent leurs effets, qu’aujourd’hui la force d’une
tribu dépend, à leurs y eu x , moins du nombre de ses guerriers
que de celui des mousquets qu’elle peut présenter. Quand
Poro entra sur le district de Georges, son peuple frappé d’é pouvante
représenta l’ennemi comme ayant douze mousquets ;
et le nom de K o ro -K o ro , que Ton sait posséder cinquante de
ces armes, n’est prononcé qu’avec terreur à deux cents milles
de la baie des Iles.
Dans cette partie de Tile, les pâs ou forteresses ont été bien
abandonnés ou négligés depuis l ’introduction des mousquets.
Les armes primitives du peuple étaient le mere ou un
court casse-tête qu’ils portaient à la c e in tu re , la lance qui
était longue et pointue aux deux bouts , le patou-patou ou
hache de combat en b o is , et un long casse-tête en os de baleine
et curieux par son tra va il, mais très-rare parmi eux ; ces
armes ont cessé d’être estimées comme moyens de défense.
Maintenant ils attachent la baïonnette , la hache et la baebette
au bout d’un bâton, mais four grande confiance repose sur le
mousquet.
L a plus grande pirogue de guerre que nous ayons vue
avait quatre-vingt-quatre pieds de lo n g , dix pieds de large
et cinq de profondeur, et appartenait à Tareha , de la tribu
de Shongui. Elle était construite avec un seul tronc de koudi
creu sé , et surmontée de planches de deux pieds de hauteur
solidement attachées au corps de la pirogue avec des morceaux
de cbanvre qui servaient à les maintenir ensemble. Les coutu-
res étaient garnies avec du jonc pour empêcher les voies
d eau . A Tavant comme à l’arrière s’élevait un pieu de quinze
pieds de hauteur couvert de bas-reliefs peints en rouge et déeoré
d’une quantité de plumes noires ainsi que les côtés de la
pirogue.
Le cb e f, assis sur l’arrière , gouvernait la pirogue que faisaient
mouvoir les forces réunies de quatre-vingt-dix bommes
nus, peints et ornés dép lumé s; trois autres , debout sur des
bancs , réglaient les coups des pagaies, en répétant avec des
gestes violens une chanson que cbacun de ceux de la pirogue
accompagnait. La pirogue , mue avec une étonnante rapidité,
faisait jaillir avec force Teau de chaque côté; et nous avons
observé d’autres pirogues de guerre qui traversaient la baie des
Iles .sans danger, par des temps où Ton eût regardé comme
imprudent d'exposer les canots du navire à la mer.
La consomption, de violens rhumatismes et les maux d’yeux
semblent être les maladies régnantes à la Nouvelle-Zélande;
plusieurs naturels meurent d’inflammation des poumons ou
des entrailles. Mais quoiqueTep crenous ait dit que, quelques
années aup ara vant, une fièvre contagieuse eût emporté un
grand nombre d’individus de sa tribu, nous ne pûmes observer
rien de semblable.
L ’aspect du pa ys, dans les parties que nous avons visitées,
excepté à K id i-K ld i et sur le bord occidental de la rivière
Tamise, est en général montueux et richement varié de bols
qui sont toujours verts. Ces bois sont rarement très-étcndus,
et les terrains intermédiaires et découverts sont revêtus de
broussailles et de fougères ; mais il doit s’y trouver des plantes
nourrissantes, puisque les bestiaux que nous apportâmes s’y
engraissèrent. I l y a très-peu d’herbe naturelle ; Teau est
abondante et extrêmement bonne. Les naturels cultivent les
terres basses et boisées, où le sol est excellent ; ils ne s occupent
jamais de défricher un sol qui serait ingrat. Leu r unique
instrument pour Tagriculture est la pioche en bois; contens
du produit des morceaux de terre naturellement labourables
qui se trouvent disséminés sur leurs districts , les naturels suppléent
au déficit de leurs vivres avec du poisson et de la racine
de fougère. Il y a une grande variété d’oiseaux que Ton tue
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