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en général sur la partie septentrionale do la Nouvellc-Zélaude.
Le jeudi, n janvier, nous nous retirâmes à Pahia. L à ,
nous trouvâmes nos frères fort inquiets de l’esprit de trouble
et de conquête qui animait les naturels, et surtout de certaines
menaces alarmantes qui avaient été proférées contre la tribu
de Pahia. Si elles venaient à être mises à exécution , ils devaient
se trouver inévitablement exposés aux mêmes désastres que
nous venions d’essuyer ; en cgnséquence, ils commencèrent à
emballer sur-le-champ ceux de leurs effets qui pouvaient l’être,
dans l’intention de les envoyer à Sydney, pour éviter qu’ils
tombassent entre les mains des naturels.
Le vendredi nous reçûmes un billet de MM. Clarke et
Kemp de K id i-Kid i, qui nous assurait qu’ils avaient eu l’avis
que Shongui avait reçu une blessure dangereuse, en poursuivant
les Ngate-Po dans leur fuite; que cette nouvelle avait
produit un grand trouble parmi les habitans de leur station ;
que plusieurs d’entre eux étaient allés au secours du chef blessé,
et que les autres se préparaient à les suivre ; que deux des principaux
personnages leur avaient assuré que, dans le cas où
Sbongui mourrait ou serait dangereusement blessé, les habitans
de Kidi-Kidi seraient certainement pillés ; et que, comme
ils auraient assez à faire pour se défendre eux-mêmes, ils ne
pouvaient promettre de protéger les missionnaires. Cette nouvelle
était accompagnée de la prière de leur envoyer sur-le-
cbamp deux canots pour sauver les effets les plus précieux de
la Mission,
Le dimanche on apporta une lettre des frères de Kidi-
Kidi, qui nous informait qu’un courrier était arrivé de Shouki-
Anga pour leur annoncer la mort de Shongui ; ils s’attendaient
a chaque instant à voir paraître une troupe qu i, 'disait-on ,
venait pour les piller; et ils demandaient qu’on leur envoyât
sans délai un canot pour madame Clarke, ce qui fut exécuté.
Au point du jour, le lundi matin, le canot qui la veille au
soir était parti pour aller prendre madame Clarke, parut en
vue, avec un pavillon rouge en tête du mât; c’était le signal
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dont on était convenu s i, à l’arrivèc du canot à Kidi-Kidi, la
nouvelle de la mort de Shongui paraissait être authentique.
L’aspect de ce signal produisit une forte sensation, et
l’on déploya la plus grande activité pour mettre en sûreté, à
bord du navire , les objets de la Mission.
Le mercredi 17 , nous allâmes à Rangui-Hou. Là nou.s
rencontrâmes quelques naturels qui venaient d’arriver de Wangaroa
où ils étalent allés, faisant partie d’une expédition commandée
par les cbefs Waï-Kato et Ware-Porka. Leur but était
de réclamer des patates, et satisfaction de la perte que leur
avait fait éprouver le parti de Sbongui, tandis qu’il se trouvait
campé dans leur voisinage. Par ces gens, nous apprîmes
qu’au moment où la troupe de Shouki-Anga que nous avions
rencontrée le 1 o pendant notre fuite, arriva à notre établissement,
ceux qui la composaient chassèrent les premiers pillards
qui appartenaient au parti de Shongui. Ceux-ci ne purent
emporter que la plus légère portion du butin, et les autres
s’emparèrent du reste, et retournèrent le lendemain matin à
Shoiiki-Anga, chargés de ces dépouilles. Les bâtimens de la
Mission, ainsi qu’une centaine de boisseaux de blé en paille
que nous venions de ramasser dans la grange, avaient été réduits
en cendres. Le bétail, composé de buit bêtes, les chèvres,
la volaille, e tc ., avaient été tués. Les têtes, les pieds, et
d’autres parties des bestiaux, étaient étendus çà et là sur le sol,
confondus avec d’autres objets que les pillards n’avaient pas
jugé mériter la peine d’être emportés. Non contens de ce qu’ils
avalent trouvé à leur disposition, ces barbares avaient déterré
le corps de l’enfant de M. Turner, inhumé quelques mois auparavant,
uniquement pour s’emparer de la couverture dans
laquelle ils supposaient qu’on l’avait enseveli; et ils avaient
laissé le corps de ce pauvre enfant exposé en plein air, comme
un monument de leur impitoyable cruauté. Ces gens nous
apprirent aussi que Shongui n’était point mort, mais quune
balle lui avait traversé le corps. Elle avait brisé l’os du cou ;
elle avait pénétré dans le côté droit de la poitrine , suivant
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