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aimait son mari, elle se livre volontairement ainsi que ses enfans;
car elle désire que le vainqueur lui fasse subir ainsi qu’à
ses enfans le même sort que son mari a éprouvé. Si le parti
refuse de remettre la femme du cbef, il est de nouveau attaqué
par l’ennemi, qui ne renonce au combat qu’après être devenu
maître de la femme, ou avoir tout-à-fait remporté la victoire.
Qand ils ont pris possession d’un cbef et de sa femme, après
avoir tué celle-ci, les corps sont placés devant les cbefs.
L’ariki ou grand-prétre appelle alors les cbefs, afin de préparer
le corps de l’homme pour leur dieu; la prêtresse, qui
est aussi ariki, ordonne aux femmes des chefs de préparer
également le corps de la femme. Les corps sont ensuite placés
sur des feux par les chefs et leurs femmes; car étant taboués,
ces corps ne peuvent être touchés par personne du peuple.
Lorsque les corps sont préparés, les arikis prennent chacun
un morceau de viande dans un petit panier qu’ils suspendent
à deux bâtons plantés en terre, comme devant être la nourriture
de leurs dieux ( à qui ils vont offrir leurs prières et
qu’ils vont consulter toucbant leur guerre actuelle) , afin que
ces dieux aient la première part des sacrifices.
Tandis que ces cérémonies s’accomplissent, tous les chefs
sont assis en cercle autour des corps, dans un profond silence,
le visage couvert de leurs mains et de leurs nattes, car il ne
leur est pas permis de jeter les yeux sur ces mystères. Pendant
ce temps, les arikis prient et prennent de petits morceaux de
la chair des sacrifices, qu’ils mangent. Les arikis seuls ont le
droit de manger de ces corps consacrés.
Quand tous les rits sacrés sont accomplis, les arikis rapportent
la réponse qu’ont faite leurs dieux à leurs prières et à leurs
offrandes. Si ces prières et ces offrandes sont accueillies, le
combat recommence immédiatement, et tous en commun se
nourrissent de la cbair de ceux qui sont ensuite tués. Ils les
mangent, non pas tant pour se repaître de leur cbair que
par gratification mentale, et pour donner une preuve authcu-
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tique de leur vengeance amère, aux yeux de leurs ennemis.
Désirant connaître si les arikis priaient leurs dieux en secret,
au moment où ils accomplissaient les cérémonies en question,
je leur fis une demande à ce sujet. Ils répondirent ; « Non;
mais à voix baute et intelligible, afin que tout le monde entende
leurs prières; à moins que les arikis ne désapprouvent
leurs projets; en ce cas, leurs prières ne peuvent être entendues.
» Non-seulement les Nouvcaux-Zélandais ont peur d’être
tous tués dans le combat, s’ils entreprennent la guerre sans la
permission de leur dieu, mais leur superstition leur fait craindre
de succomber sous la fureur de leur propre dieu ou de
celui de leurs ennemis.
Ils croient fermement qu’un prêtre a le pouvoir de faire
périr par des charmes ou des cncbantcmens ; et c’est à cette
cause qu’ils attribuent la mort de plusieurs personnes.
Je dois observer ici que je n’avais jamais découvert que les
Nouvcaux-Zélandais fissent des sacrifices humains à leurs dieux
en aucune occasion, avant que Sbongui et Temarangai m eussent
fait cc rapport. Mais je suis maintenant convaincu qu’ils
pratiquent ces cruelles cérémonies.
Lorsque j’eus fini cette conversation, je me promenais sur
le rivage, quand je rencontrai une jeune femme d’une figure et
d’une tournure fort intéressantes. Elle me pria de lui donner
une piocbe. Je lui demandai qui clic était et d’où elle venait.
Elle me dit qu’elle était prisonnière de guerre, qu’elle avait
été prise entre le cap Est et la rivière Tamise, et amenée à
Rangui-Hou par l’armée de Sbongui; et que sa tante, qui
était une grande reine, se nommait Hina. A Parramatta j a-
vais entendu parler aux naturels de cette femme, comme possédant
un vaste territoire et ayant de nombreux sujets; et
M. Kendall, dans sa correspondance avec moi, m’avait par
hasard mentionné son nom. Cette jeune femme m’apprit que
Shongui avait attaqué leur pays à l’improvistc. Elle avait
été faite prisonnière dans la ville : son père, sa mère et sept
soeurs s’étalent échappés, aucune de ces personnes n’avait