former avec ses armes tout le peuple de ce pays. En cas de
siège , elle paraissait être bien fournie de toutes sortes de provisions,
excepté d’eau : nous aperçûmes une grande quantité
de racines de fougère, qui leur sert de pain, et de poissons
secs amoncelés en tas ; mais nous ne remarquâmes pas qu’ils
eussent d’autre eau douce que celle du ruisseau qui coulait
tout près et au-dessous du pied de la colline. Nous n’avons
pas pu savoir s’ils ont quelque moyen d’en tirer de cet endroit
pendant un siège, ou s’ils connaissent la manière de la conserver
dans des citrouilles ou d’autres vases ; ils ont sûrement
quelque ressource pour se procurer cet article nécessaire à la
vie, car autrement il leur serait inutile de faire des amas de
provisions. Nous leur témoignâmes le désir que nous avions
de voir leurs exercices d’attaque et de défense; un jeune Indien
monta sur une des plates-formes de bataille, qu’ils appellent
Porara , et un autre descendit dans le fossé ; les deux
combattans entonnèrent leur chanson de guerre , et dansèrent
avec les mêmes gestes effrayans que nous leur avions vu employer
dans des circonstances plus sérieuses, afin de monter
leur imagination à ce degré de fureur artificielle q u i, chez
toutes les nations sauvages, est le prélude du combat.
(^Tome III^ pag, 122 etsuw.)
C’est ainsi que Cook représente les naturels de la
baie des Iles, quand il y mouilla en novembre 1769 :
Nous aperçûmes plusieurs villages au côté occidental de la
baie, tant sur les îles que sur la terre de la Nouvelle-Zélande,
et plusieurs pirogues très-grandes s’avancèrent vers nous ; elles
étaient remplies d’indiens qui avaient meilleur air que tous
ceux que nous avions vus auparavant. Ils étaient tous vigoureux
et bien faits ; leurs cbevcux noirs étaient attachés en touffes
au sommet de la tête et garnis de plumes blanches. Dans chacune
des pirogues il y avait deux ou trois chefs, dont les vêtemens
étaient de la meilleure espèce d’étoffe et recouverts de
peaux de chiens, de manière qu’ils présentaient un coup-
d’oeil agréable. La plupart de ces Indiens étaient marqués
de moko, comme ceux qui étaient venus auparavant au côté du
vaisseau. Leur manière de commercer était également frauduleuse,
et, comme nous négligeâmes de les punir ou de les
effrayer, un des officiers de poupe, qui avait été trompé, eut
recours, pour se venger, à un expédient qui était à la fois
cruel et comique. Il prit une ligne de pêche , et quand l’homme
qui l’avait friponné eut approché sa pirogue très-près du côté
du vaisseau, il jeta son plomb avec tant d’adresse, que l’hameçon
saisit le voleur par le dos ; il tira ensuite la ligne ; mais
l’Indien se cramponnant sur sa pirogue, l’hameçon rompit à la
tige et la barbe resta dans la chair.
( Tome I I I , pag. i 48. )
En décembre 1769, Cook recueillit la tradition suivante
de la bouche des babitans du cap Nord de la
N ouvelle-Zélande.
Voyant que ces insulaires étaient si intelligens, nous leur
demandâmes en outre (par Tupia) s’ils connaissaient quelque
autre pays que le leur; ils répondirent qu’ils n’en avaient
jamais visité d’autres, mais que leurs ancêtres leur avaient dit
qu’au N. 0 . 1/4 N. ou au N. N. O . , il y avait une contrée fort
étendue, appelée Uliinaraa, où quelques-uns de leurs compatriotes
étalent allés sur une grosse pirogue; qu’il n’en revint
qu’une partie , et qu’ils rapportèrent qu’après un passage d’un
mois, ils avaient vu un pays où les habitans mangeaient des
cochons. Tupia, s’informant alors si ces navigateurs avaient
ramené quelques cochons avec eux, ils répondirent que non. Il
faut remarquer que quand ils faisaient mention des cochons ,
ils n en décrivaient pas la figure, mais ils les désignaient seule