corrections et additions; les noms des districts et les autres remarques
y furent insérés d’après les renseignemens qu’il donna
durant les six mois qu’il demeura ici. Suivant la carte et les
documens obtenus de To\iki, l’île Nord de la Nouvelle-Zélande,
sa patrie, est divisée en buit districts gouvernés par leurs
chefs respectifs et par d’autres qui leur sont subordonnés. Le
plus grand de ces districts est Shouraki, dont les hahitans sont
dans un état de guerre perpétuel avec les autres tribus. Cependant
il y a des intervalles de paix, pendant lesquels ils se rendent
visite, et font entre eux des échanges de lin et de jade vert
dont ils fabriquent des haches et des ornemens. Touki nia avec
opiniâtreté que tous les Nouveaux-Zélandais fussent cannibales;
ce n’était pas sans une grande difficulté qu’on pouvait
l’amener à parler de ce sujet, et même à y faire la moindre attention;
mais quand il le faisait, c’était pour en exprimer la
plus grande horreur. Cependant, il en vint enfin à confesser
que tous les hahitans de Pounamou, l ’île méridionale, et ceux
de Shouraki mangeaient les ennemis qu’ils prenaient à la guerre ;
ce qui fut confirmé par Oudou, car son père avait été tué et
mangé par le peuple de Shouraki.
« Nonobstant la probité habituelle de nos hôtes, particulièrement
de Touki, dit le capitaine King, je suis disposé à
croire que ces horribles banquets se pratiquaient généralement
dans toute l’étendue des deux îles. »
Ils nous dirent que les classes inférieures sont entièrement
subordonnées à leurs supérieurs; et l’on en pouvait juger par
la grande déférence que Touki eut toujours pour Oudou.
Rangatira-tiki-tiJd signifie un chef principal ou un homme
pourvu d’une grande autorité. Cette attribution supérieure est
désignée par la répétition du mot tiki-tiki: ce titre semble héréditaire.
Tanga-roa ou tohounga est un prêtre; son autorité
en plusieurs circonstances est égale et quelquefois supérieure à
celle du tiki-tiki.
Rangatira-poudi, un chef inférieur ou gentilhomme.
Tane-moukaï, un laboureur.
Touchant les coutumes et les manières de ces peuples, voici
les documens que le gouverneur fit passer à l’auteur.
« Les Nouveaux-Zélandais enterrent leurs morts. Ils pensent
aussi que le troisième jour après l’enterrement le coeur se sépare
du corps. Cet événement est annoncé par un léger
souille de vent qui en donne avis à un Atoua ou divinité inférieure
qui plane sur la tombe, et emporte l’ame dans les
nuages. Sur sa carte, Touki a tracé une route imaginaire qui
traverse Ika-Na-Mawi dans toute sa longueur, savoir : depuis
le détroit de Cook jusqu’au cap Nord, que Touki nomme Te
Reinga. Tandis que l’ame est reçue par le bon Atoua, un mauvais
esprit est aussi tout prêt à emporter la partie impure du
cadavre par la môme route, vers le Te Reinga, d’où il le précipite
dans la mer.
» Le suicide est très-commun parmi les Nouvcaux-Zélandais.
Il a souvent lieu pour le plus léger motif. Ainsi, une femme
qui a été battue par son mari ira peut-être se pendre immédiatement
après. Nos deux naturels semblaient parfaitement au
courant de cette manière de terminer leur existence, car ils
menaçaient souvent de se pendre, si on ne les renvoyait pas
chez eux. Du reste, comme ils ne faisaient ces menaces que
dans leurs momens de mélancolie , ils finirent bientôt par en
rire eux-mêmes.
» Ilsparaissentn’employcraiicunc autre division du temps que
les révolutions de la lune , qu’ils comptent jusqu’au nombre de
cent; et ils appellent cette période tahi tau, c’est-à-dire un tau
ou une centaine de lunes. C’est ainsi qu’ils calculent leur â g e ,
et supputent tous les autres événemens.
» Oudou et Touki convenaient tous les deux qu’on pourrait
obtenir une grande quantité de lin travaillé pour des bagatelles,
comme desbacbes, des ciseaux, etc. Ils disaient que dans la
plupart des lieux le lin croissait naturellement en abondance ;
qu’en d’autres endroits on le cultivait en séparant les tiges par
la racine, et les plantant trois à trois dans chaque trou, à la distance
d’un pied les unes des autres. Du reste, ils accordaient
TOME III. G
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