
bois dur ; quand on la fait de bois ordinaire, on
la reVèt de pièces de bambou. Le fer eft du poids
de quatre onces. La hampe doit être affez groffe
pour remplir la main, & aller en diminuant depuis
le milieu jufqu’en haut. .
Une autre pique, nommée par les anciens meou,
porte un fer long de fept pouces, pefant quatre
onces, & fait en forme de flamme.
Us >en ont encore une autre efpèce qu’ils lancent
contre l’ennemi : celle-ci eft d’un bois très dur ,
plus épaiffe par le haut que par le bas , & armée
d’un fer bien affilé. Les Chinois font.peut-être la
feule nation chez laquelle on trouve aujourd’hui
la gradation naturelle du bâton firrrple au bâton
ferré, & de celui-ci à la pique.
Fig. 85. Longue pique.
86. Pique meou.
87. Pique à lancer.
1 R M E S D É F E N S I V E S .
L’infanterie , la cayalerie , & les arbalétriers
portent le cafque & la cuiraffe.
Le cafque de la cavalerie eft dè fer battu ou
,de tôle , du poids de dix-huit onces. Il eft com-
pofé de trois pièces. La principale, celle qui couvre
la tête , a la forme d’un bonnet pointu. Elle eft
furmontée par une efpèce de màffe ornée d’un
flocon de poil de vache p'eint en rouge. La troi-
fième pièce eft une plaque qui couvre le derrière
du cou : elle porte à-fa partie inférieure deux bandes
de cuivre qui entourent le cou , & à la fupérjeure
deux autres bandes pareilles qui défendent les
oreille^. Le cafque de la cavalerie pèfe trente &
une onces , celui des arbalétriers trente - quatre
©nces.
Fig. 88. Cafque.
a. Plaque qui couvre le derrière du cou.
b. Bandes qui entourent le cou, & qui
couvrent les oreilles.
ç, Maffe ornée du flocon de poil de
vache.
d. Corps du cafque ou bonnet.
89. a. Plaque qui couvre le derrière du cou.
90. d. Corps du cafque ou bonnet.
91. ç. Malte ou panache avec le flocon.
La cuiraffe de la cavalerie eft faite de deux
toiles, entre lefquelies on met eerit qüarante-fix
pièces de tô le , tant grandes que petites , jointes
enfemblç avec dés clous de cuivre au nombre de
mille cinq cents. Cette armure eft ornée de dragons
, nuages, montagnes , eaux, & fleurs. L’extérieur
eft de toile violette, ou d’un rouge tirant
fur le noir* ; le dedans oü la doublure eft de toile
blanche , & les. bçrds font de toile noire. A là
partie fupérieure du tablier il y a de la toile bleue.
On y emploie-viiigt-fix-pieds cinq pouces dé toile
violette , vingt-huit pieds de toile blanche , y
compris la doublure du tablier ; quatre pieds cinq
pouces de toile noire , & un pied dix pouces de
toile bleue. Le prix du cafque & de la cuirafle
eft de 25 liv. 5 f. de notre monnoie.
La cuiraffe eft compofée d’un plaftron qui couvre
le devant du corps depuis le cou jufqu’au milieu
du corps , de deux manches qui s’attachent au
plaftron, de deux pièces couvrant les épaules &
le haut du bras, de deux autres pièces couvrant
les aiffelles, de deux larges bandes formant une
efpèce de tablier qui couvre les cuiffes , d’une
pièce quarrée qui couvre le milieu du corps, &.
d’une autre pièce pareille deftinée à défendre la
hanche^ droite. Il n’y en a point fur la gauche s
du côté du bouclier.
Fig. 92. Cuiraffe. /
a. Pièces des épaules»
b. Manches.v
c. Gardeiaiffelles.
d. Tablier.
e. Pièce du milieu.
-* f. Garde-hanche.-
La cuiraffe des archers ou arbalétriers eft dé même
forme, &. des mêmes couleurs. Elle eft ornée de
fept dragons en broderie d’or. Le dedans eft garni
de foixante pièces de fer battu ou de tôle , quatre
cents gros clous & fix cents petits de fer battu.
Le calque & la cuiraffe coûtent 20 liv. 6 f. 9 d,
de notre monnoie.
La cuiraffe .des fufiliers eft de toile fourrée de
coton, & couverte de clous de cuivre battu. Le
dehors eft de toile noire, & la doublure de toile
bleue* Il faut vingt & un pieds cinq pouces de
toile noire, & quatorze pieds cinq pouces de toile
bleue: deux livres de coton fuffifent pour lafour-
rur,e\ k.e nombre des clous de cuivre battu eft
fixé à cinq cents foixante & d ix , & pour chaque
clou il y a derrière la doublure un morceau de
cuir fur lequel il eft rivé. Il faut de plus douze
pouces de toile noire & onze pouces de toile
bleue", tant pour-le dehors que pour la doublure
du collier.- Le prix du cafque &. de la cuiraffe eft
de 9 liv. 15 f.
Fig. 93. a. Manches. .
b. Garde-aiflèlles.
Les Chinois fe fervent aufti de cafques & de
cuiraffes faites de rotin ; d’une autre cuiraffe- faite
de fils d’acier ; d’une autre encore à l’imitation
de la peau de l’animal appellé ni, que l’on dit
être une efpèce de lion. Pour faire cette cuiraffe
on prend cinq livres de l’herbe nommée teou-kçu-
fiao , c’eft-à-dire , herbe à pénétrer les os\ trois
livres de graine de rave ou raifort. On met le tout '
dans cent livres d’eau bien claire, & on le fait
bouillir jufqu’à cent fois. On paffe çette eau dans
un tamis fin. On jette ce qui refte dans le tamis,
& on conferve l’ea u , dans laquelhî oit met des
écailles de tchouen-chan-kia , tenant encore à la
peau. Il faut cent de ces peaux pour compofer
la cuiraffe en entier. On ajoute trois livres de fe l,
autant de falpètre le plus- foible, nommé pUJîao;
cinq onces de falpètre à faire la poudre, ( ho-fiao) ,
huit*
M O G O L S.
huit onces de lou-cha, efpèce de terre blanche.
On fait bouillir tout cela enfemble pendant un
jour & une nuit : on le bat enfuite ; & , quand
on l’a réduit en pâte, on l’étend fur une planche
fort unie , & on-imprime deffus telle figure qu’on
veut. Cette cuiraffe eft très légère &. à l’épreuve
du trait.
'Fig. 94. Cuiraffe de rotin.
95. Cafque de rotin.
96. Cuiraffe à l’imitation de l’animal appellé
ni.
97. Cuiraffe de fil d’acier.
Les foldats armés feulement du fabre & du
bouclier , portent un cafque de cuivre battu , en
forme de tête de tigre , pefant huit onces. La
plaque recouvrant le co u , & les bandes formant
le collier & les garde-oreilles , font faits avec deux
pieds huit pouces de toile jaune. Ce cafque coûte
1 liv. 10 fols 7 den.
Fig. 98. Cafque en tête de tigre.
a. Bonnet. .
b. Collier.
Les troupes qui portent ce cafque ont un bouclier
rond fait de rotin , ou d’une efpèce de jonc, dont
il faut quatre livres quatorze onces. l ia deux pieds
cinq pouces de diamètre , &. coûte 4 1. 5 f. 6 d.
L’extérieur eft orné d’un mafque, & peint de
différentes couleurs-,
Fig. 99. Côté extérieur du bouclier.
106. Côté intérieur.
Le bouclier de la cavalerie eft aufti de forme
ronde. Il eft d’ün bois léger & couvert de cuir.
On voit encore d’autres boucliers dans les troupes
chinoifes, comme celui de rotin qui eft fort léger,
& réfifte à la ' flèche & au fabre, le bouclier à
queue d’hirondelle , & le bouclier de réfiftance ,
ainfi appellé, parce qu’il eft un peu plus fort que
1 lès autres. Il eft aufti plus large par le bas que par
le haut; & , comme il eft plus petit, il eft moins
embarraffant.
Fig. 101. Bouclier de la cavalerie. '
102. Bouclier ,de rotin.
103. Bouclier a queue dlhirondelle.
104. Bouclier de réfiftance.
Je ne parle point des autres efpèces de machines
.que les Chinois nomment boucliers, &
dont ils fe fervent dans les lièges. Ce font ce que
nous appelions des mantelets.
Je n’ai point compté non plus parmi les armes
offenfives celle qu’on nomme fabre en forme de
faulx : elle me paroît devoir être de peu d’ufage.
C ’eft un fer en ferpe qui a un crochet à fon extrémité
inférieure : ce fer eft porté par un manche.
On pourroit dire de cette arme , comme de celle
en croijjant -de lune, qu’elle eft plus propre pour
la parade que pour les .combats.-
Fig. 105. Sabre en forme de faulx.
- 106. Arme en crqiffant de lune.
Art militaire. Tome 1,
A r m e s o f f e n s i v e s .
Les armes offenfives des Mogols font l’arc ôc la
flèche, le javelot nommé pagaie, long de deux
à trois pieds, la pique de dix à douze pieds de
longueur , l’épée, le fabre , &c le poignard, de différentes
formes & dimenfions. Les figures de ces
armes en feront plus voir que la defcription ne
pourroit faire.
Fig. 107. Arcs & flèches.
108. Zagaie.
' 109. Pique,
n o . Épées.
i i i . Poignards.
A r m e s d é f e n ' s i v e s .'
Leurs armes défenfives font un petit bouclier ,
une cotte de maille qui defcend jufqu’au genou,
& pour quelques-uns le cafque.
La cavalerie mogole porte l’arc & le carquois
chargé de quarante ou cinquante flèches, la zagaie ,
le fabre, le poignard, &. le bouclier. La cavalerie
maratte a la pique.
Une partie de l’infanterie eft armée de fufils :
ceux qui n’en onfpas portent l’arc & la pique, qu’ils
emploient au commencement-du combat, avant
d’en venir axa. armes de main. D ’autres ont la cotte
de mailles. 11 y en à peu qui portent le cafque ;
parce qu’il feroit trop incommode en un climat
aufti brûlant. Chaque chef de troupe èft oblige
de fournir des armes à fês foldats : de-là vient
fouvent qu’elles ne font pas les mêmes dans chaque
corps. On dit que l’arfenal particulier de l’empereur
eft aufti abondant que magnifique *- fes
-zagaies, fes flèches , fes carquois , les fabres font
couverts de pierres précieufes. Mais les armes les
plus brillantes font communément les moins redoutables.
Le luxe de ces ornements conviendroit,
mieux à des femmes. Cependant l’emphafe orientale
donne des noms pompeux à ces armes. Un
des fabres s’appelle alam-guir , ou conquérant de
la terre , un autre falé-alam , vainqueur du monde.
Le matin de chaque vendredi le grand M o g o l,
profterné dans| fon arfenal, demande à Dieu la
grâce de vaincre fes ennemis avec fes beaux fabres :
on peut croire que l’être éternel &. infini n’écoute
pas plus cet orgueilleux atome-qu’un homme n’é-
couteroit le roi d’une ruche q u i, prêt à combattre,
lui demanderoit la viétoire.
L’empereur a un nombre prodigieux de chevaux,
& cinq cents éléphants deftinés à le porter. Il
leur donne des noms fuperbes , & leurs harnois
font du luxe le plus exceffif. Celui qu’il monte ,
porte un trône éclatant d’or & de pierreries. Plusieurs
autres le fuivent, couverts de plaques d’or
& d’argènt „d e houffes brodées en or , de cam-
panes & de franges d’or.
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