
rap e t, & va fe perdre en pente dans la campagne,
à vingt ou vingt-cinq toifes de diftance : cette pente
fe nomme le glacis. {V. G l a c is . ). „
Le chemin-couvert ne doit pas être plus élevé que
le niveau de la campagne ; il eft même quelquefois
plus bas d’un pied ou d’un pied & demi a lorfque
les terres du foffé ne font pas fuffifantes pour la
conftru&ion des remparts & du glacis.
Au pied intérieur du parapet du chemin-couvert 9
règne une banquette comme au pied du parapet
du rempart : elle a le même ufage , c’eft - à - dire
qu’elle fert à élever le foldat, pour qu’il puiffe tirer
par-deffus le glacis. Lorfque le chemin- couvert eft
plus bas que le niveau de la campagne, on y conf-
truit deux banquettes : on plante des paliffades fur
la banquette fupérieure , lorfqu’il y en a deux , ou
fimplement fur la banquette , lorfqu’il n’y en a
qu’une. Ces paliffades font des pieux quarrés &
pointus par le haut, qu’on fait furpaffer d’environ
lix pouces la partie fupérieure du glacis ou du parapet
du chemin-couvert : elles fe mettent fort près
les unes des autres, enforte qu’il ne refte guère
d’intervalle entre elles que pour paffer le bout du
fufil. On les joint enfemble par des traverfes ou
pièces de bois, auxquelles elles font attachées avec
de grands clouds rivés en - dehors. Ces pièces de
bois , ainfi horizontales , forment ce qu’on appelle
le linteau. L’ufage des paliffades eft d’empêcher
l’ennemi de fauter dans le chemin-couvert.
On l^iffe aux angles rentrants. des efpaces ap-
.pellés places-larmes. ( V. Pl a c e -d’arme s.).
Il y a auffi aux angles faillants des places-d’armes
formées par l’arrondiffement de la contrefcarpe.
On conftruit de diftance en diftance dans le
chemin-couvert, un parapet de terre qui en occupe
toute la largeur, excepté un petit paffage ; ce retranchement
ou parapet eft nommé traverfe.
Le chemin-couvert n’eft pas fort ancien dans la
fortification ; l’ufage s’en eft établi vers le commencement
des guerres de la Hollande contre Philippe
I I , roi d’Efpagne.
Il fert i° . à mettre des troupes à couvert des
coups de l’ennemi, & à défendre l’approche de la
place par un feu rafant ou parallèle au niveau du
terrein ; 2,°. à affembler les troupes néceffaires
pour les forties, à faciliter leur retraite, & recevoir
les fecours qu’on veut faire entrer dans la
place.
Le chemin-couvert & le glacis font quelquefois
appellés enfemble du nom de contrefcarpe ; & c’eft
dans ce fens qu’on d it, lorfqu’on eft parvenu à fe
loger fur le glacis, qu’on eji fur la contrefcarpe : mais
exactement la contrefcarpe eft la ligne qui termine
le foffé vers la campagne. On donnoit autrefois le
nom de corridor au chemin-couvert. ( Q . ).
Figure 157.
A , A , A . Contrefcarpe.
B , B . Chemin-couvert.
C , C , C. Places-d’armes*
D , D , D. Tiaverfes.
E , E 9 E. Glacis. v
F » F , F. Arrêtes du glacis.
C hemin des ron des. (Fort i f ) . Ce chemin
eft pratique au haut du rempart, devant le parapet :
H e^\P^c® immédiatement au-deffus du cordon ,
c eft-a-dire au niveau du terre-plein du rempart.
II a trois ou quatre pieds de large, & un parapet
de maçonnerie d’un pied & demi d’épaiffeur , &
de trois pieds & demi de haut. On y ménage des
ouvertures ou des entrées à touts les angles de
1 enceinte. Cette forte de chemin ne fe trouve plus
guère que dans les anciennes fortifications j fon
parapet qui eft ruiné dès les premiers jours du
fiege , 1 a fait abandonner comme un ouvrage de
peu d’importance. ( Q .).
CHEMISE. Voye^ R evêtement.
CHEV A L DE BOIS. On nomme ainfi un
treteaufait de deux planches jointes en dos d’âne ,
& portées par quatre pieds d’environ une toife de
hauteur. C ’eft l’inftrument d’une peine militaire : il
eft fur la principale place , dans les villes de guerre :
on condamne les foldats qui ont contrevenu à cerf-
tains points de difcipline à fe tenir fur le cheval
de bois pendant un nombre déterminé de jours , à
la garde montante. L’ordonnance du i er juillet
1727, concernant les crimes & délits militaires,
article X X V II I , porte que « celui qui vendra fa
poudre &. fon plomb fera mis pendant quinze jours
fur le cheval de bois, à la garde montante ».
On y expofoit autrefois, les filles publiques ,
trouvées avec des foldats : l’ordonnance du 25 juin
175° concernant le fervice des places les y cori-
damnoit par l’article 604. Mais, ce châtiment étant
toujours l ’occafion de propos très indécents , celle
du I er mars 1768 concernant le même objet a fage-
ment profcrit cet ufage, par l’article 20 du titre 19.’
CHEVAL-DE-FRISE. Arme défenfive. C ’eft
une pièce de bois longue de douze à quinze
pieds 9 de fix à dix pouces de diamètre , taillée à
pans, & traverfée de chevilles de bois longues de
cinq ou fix pieds, taillées en pointe, & quelquefois
garnies de fer. Cette arme fert à fermer* des pafi«
lâges étroits , comme chemins creux , ravins ,
gorges de montagnes, brèches, &c. ; on peut même
en rouler du haut en bas d’une brèche fur les
troupes qui montent à l’affaut. Mais fa principale
utilité confifte à mettre l’infanterie à l’abri du choc
de la cavalerie. Lorfqu’une armée eft très inférieure
en cavalerie, foit pour la qualité, foit pour le
nombre , il faut la munir de chevaux-de-frife portatifs
,qui puiffent être joints folidement enfemble ,
& former par-tout un retranchement devant l’infanterie.
Les Ruffes en ont fait ufage avec fuccès
dans leurs guerres contre les Turcs. V. fig. 158.
CHEVALERIE. Les chevaliers, nommés milites
ou équités dans nos anciennes hiftoires, commencèrent
fous les premiers rois de la troifième race
à former dans l’état un ordre militaire , auquel
on donna te nom de chevalerie. Cet ordre politique
fut inftitué à l’imitation des chevaliers romains
, des gaulois, & des germains. Comme il
feroit difficile de répandre fur cet objet plus de
lumières , d’intérêt , & d’agrément que l’a fait
M. de Sainte Palaie , je vais emprunter de fes mémoires
cette partie fi curieufe &. fi intëreffante de
notre hiftoire militaire. Ils font faits avec tant de
fçavoir & de grâce qu’il me paroît très difficile
d’y ajouter, & plus difficile encore d’en retrancher
quelque chofe.
Eflayons cependant, & remontons d’abord juf-
qu’à l’enfance de celui que l’on deftinoit à devenir
chevalier. Dès qu’il avoit atteint l’âge de fept
an s , on le retiroit des mains des femmes, pour
le confier aux hommes. Une éducation mâle &
robufte le préparoit de bonne heure aux travaux
de la guerre , qui étoit l’objet de la chevalerie. Au
défaut des fecours paternels, plufieurs cours de
princes , & plufieurs châteaux étoient des écoles
toujours ouvertes , où la jeune nobleffe recevoit
les premières leçons du métier qu’elle devoit faire ,
& même des hofpices où la générofité des feigneurs
fourniffoit abondamment à touts fes befoins. Cette
reffource étoit la feule dans ces fiécles malheureux
, où la puiffance & la libéralité des fouverains,
également reftreintes, n’avoient point encore ouvert
une route plus noble & plus utile , pour
quiconque vouloit fe dévouer à la défenfe & à la
. gloire de leur état & de leur couronne. S’attacher
à un illuftre chevalier n’avoit rien en ce temps-là
qui pût avilir ni dégrader : c’étoit rendre fervice
pour fervice, & l’on ne connoiffoit point les raffinements
d’une délicateffe plus fubtile que judi-
cieufe , qui auroit refufé de rendre à celui qui
vouloit généreufement tenir lieu de père les fer-
Vices qu’un père doit attendre de fon fils. Si l’on
trouve que je fais aux fiècles dont je parle plus
d’honneur qu’ils ne méritent, en leur attribuant
des idées fi faines, & des fentiments fi vertueux,
on peut chercher dans la vanité des mêmes fiècles
la lource de cet ufage : mais il faudra du moins
avouer que la vanité concouroit alors au bien
public, &. qu’elle imitoit la vertu.
Lefpece d indépendance dont avoient joui les
hauts barons , au commencement de la troifième
race, & 1 état de leurs maifons, compofées des
memw officiels que celle du r o i, furent pour leurs
lucceffeurs comme des titres qui les mettoient en
drou imiter, par le fafte de ce qu’ils appelaient
leur cour , la fplendeur & la magnificence qui
n appartenoient qu’à la dignité royale. D ’autres
eigneurs fubalternes , par une efpèce de contagion
trop ordinaire dans touts les fiècles , en cherchant
e plus en plus à fe rapprocher de ceux-ci, s’ef-
lorçoient egalement d’élever l’état de leurs maifons :
on trouvoit dans un château , dans un monaftère ,
U offices femblables à ceux de la cour d’un fou’
ram, ex , comme le roi commettoit ces offices
aux princes de fon fang, les feigneurs diftribuoiept
auffi de pareilles dignités à leurs parents, qui , d»
leur c o té , regardoient ces places fous le même
point de v u e , & trouvoient, en les acceptant ,
de quoi fatisfaire la vanité dont ils fe repaiffoient.
Enfin l’intérêt perfonnel, le plus puiffimt de touts
les motifs , obligeoit les grands feigneurs qui vou-
loient s agrandir encore , ou du moins fe maintenir
dans leurs poffeffions légitimes, & dans leurs ufur-
pations, a s attacher par des bienfaits & par des
recompenfes ceux qui leur étoient inférieurs ; &
ces derniers fe trouvoient dans la néceffité indif-
penfable de s’appuyer des grands , pour s’élever
ou pour fe défendre contre l’autorité ou la tyrannie
de quelques autres grands feigneurs voifins,
qui les tenoient dans la crainte & dans la dépen-
dance. r
Les premières places que 1 on donnoit aux jeunes
gens qui fortoient de l’enfance étoient celles de
pages , varlets, ou damoifeaux ; noms quelquefois
communs aux écuyers. Les autres domeftiques,
d un ordre très inférieur, étoient diftingués par
celui de gros varlets-, mais fouvent auffi confondus
par les mêmes dénominations de pages, de garç
o n s , de varlets. Les fonélions de ces pages étoient
les fèrvices iordinaires des domeftiques auprès de la
perfonne de leur maître & de leur maîtreffe : ils
les accompagnoient à la chaffe, dans leurs voyages,
dans leurs vifites ou promenades , faifoient leurs
ménagés, & les fervoient même à table. Les premières
leçons qu’on leur donnoit regardoient principalement
Vamour de Dieu & des dames ; c’èft-à-
dire la religion & la galanterie. Si l’on en croit
la chroniquede Jéhan de Saintré , c’étoientordinai-
rement les dames qui leur apprenoient en même
temps le catéchifme & l’art d’aimer. Mais autant
la dévotion qu’on leur infpiroit étoit accompagnée
de puérilités & de fuperftitions , autant l’amour
des dames, qu’on leur recommandoit, étoit rempli
de raffinement : j l femble qu’on ne pouvoir, dans
ces fiecles ignorants & greffiers , préfenter aux
hommes la religion fous une forme affez matérielle
pour la mettre à leur portée ; ni leur donner de
lamour une idee affez pure, pour prévenir les
delordres èc les excès dont étoit capable une nation
qui confervoit par-tout le caraaère impétueux
qu’elle montroit à la guerre. Pour mettre
e jeune novice en état de pratiquer ces bifarres
leçons de galanterie, on leur faifoit de bonne heure
faire choix de quelqu’une des plus nobles , des plus
belles, & des plus vertueufes dames des cours qu’ils
fréquemment ; c’étoit-là qu’ils dévoient rapporter
comme a l’être fouverain , touts fes fentiments ’
toutes fes penfées, & toutes fes aéfions. Cet amour
auffi indulgent que la religion de ces temps-là fé
prêtoit & s’accommodoit à d’autres paffions moins
pures & moins honnêtes.
Les préceptes de religion Iaiffoient au fond de
lepr coeur une^forte de vénération pour les chofes
famtes , qui tôt ou tard y reprenoit le deffus • les
préceptes d’amour répandoient duns le commerce