
de ce qu’anciennement , touts les gendarmes étant
gentils-hommes, le commandant de chaque compagnie
leur donnoit ce titje, pour les traiter comme
fes compagnons d’armes ; titre que nos anciens
chevaliers prenoient quelquefois à l’égard les lins des
autres, & en vertu duquel ils s’engageoient à fe
fecourir réciproquement & à ne fe point quitter
dans les occafions. Cette qualité de compagnon pafla
de l’ancienne gendarmerie dans les compagnies
d’ordonnance , 6c elle y eft demeurée.
On ne donne de lettres d’état à un chevau-lèger
que fur le certificat du capitaine-lieutènant ; par lequel
il eft attefté qu’il a au moins une année de fer-
vice ; & on ne lui en accorde point qu’il ne foit
actuellement au fervice. ( Dan. mil.fr. t. Il.p . ç6. ).
CHIEN. Il y a des peuples qui ont employé cet
animal dans les combats. Aucun n’eft plus ami de
l’homme ôc plus propre à vivre avec lui en fociété ,
parce qu’il n’y en a point qui foit auffi intelligent.
Plufieurs chiens ont défendu leurs maîtres en des
combats particuliers. Deux cents chiens ramenèrent
de l’exil un roi des Garamantes , ôc combattirent
ceux qui voulurent s’y oppofer. Les Colophoniens
& les Çaftabales, peuples de l’Afie mineure, eurent
des cohortes de chiens : elles attaquoient les premières
ôc ne refufoient jamais d’aller au combat.
Les chiens des cinibres défendoient les chariots de
leurs maîtres défaits & mis en déroute. ( Plin. hifi.
natur. L. V I I I . C. 40. ). Mafiniffa, fe fiant peu aux
hommes , eut une garde de chiens. ( Alex. ab. \al.
L . VI. C. 22. ). Les habitants des Orcades , ÔC
quelques autres peuples encore ont employé des
chiens à la guerre. Les Turcs en font ufage quelquefois
, non pour combattre , mais pour trouver
dans les forêts les malheureux habitants des provinces
qu’ils dévaluent , & qui cherchent un afyle
contre leurs rapines.-
CHIRURGIEN-MAJOR. Nous raffemblerons
dans cet article tout ce qui peut avoir quelque
rapport aux chirurgiens militaires, &?ncus les con-
fidérerons généralement & particulièrement fuivant
la première de ces vues ; nous définirons le nom
qui leur eft donné, les différentes acceptions qu’on
y attache fuivant leurs différentes fondions, &
nous rechercherons l’époque de leur inftitution.
Suivant la fécondé, nous indiquerons fpéciale-
ment leurs fondions, leur nombre, & l’époque de
leurs créations particulières. Nous expoferons les
connoiffances relatives à leur état, & les différentes
voies qui peuvent conduire à leurs emplois
; nous ferons connoître le plan d’étude théo*
rique Ôc pratique de chirurgie ôc de médecine qu’ils
de vroient fuivre pour y parvenir, la forme de leur
réception, ainfi que les égards qu’ôn a pour eux
dans les corps, ,ou ceux qui leur feroient dus à
raifon de leurs emplois , ou de leurs talents ôc qualités.'
Nous nous occuperons de l’état a&uel de leurs
emplois, de leur degré de Habilité , de la confidé-
ration qu’ils donnent, de l’éducation que doivent
avoir ceux qui les exercent, de leurs qualités phy-
fiques ôc morales, de leurs dépendances, du lieu
de leur réfidence, des honneurs, droits, autorités ,
ôc prérogatives attachés à ces emplois, Ôc des uni-
fo rmes qui les diftinguent.
En parlant des obligations auxquelles leur état
les affujettit, nous ferons remarquer qu’elles font
relatives aux officiers fupérieurs ôc inférieurs, aux
bas-officiers , aux foldats , aux aides-chirurgiens , ôc '
dépendantes des circonftances.
Nous parlerons de leurs appointements, de leurs
récompenfes, ôc de leurs retraites.
Ces divers objets étant préfentés en autant d’articles
ôc de ferions ; nous y dirons d’abord l’état du
chirurgien-major tel qu’il eft aujourd’hui, 6c enfuite
tel qu’il devroit être.
Les parties de cet article, qui font extraites de
l’ordonnance, feront diftinguées : mais nous prévenons
que nous nous fommes plus attachés au fens
qu’à la lettre.
Tout l’article fera traité d’après le plan que
nous venons d’expofer. Pour éviter les répétitions ,
nous établirons des renvois, au moyen defquels
nous ne parlerons qu’une fois des chofes communes
aux différentes claffes de chirurgiens-majors 9
ôc nous remplirons feulement chaque feftion de ce
qui concerne chacune de ces claffes.
A R T I C L E P R E M I E R .
Des chirurgiens-majors en general.
On entend en général par chirurgien-major, tout
chirurgien employé par le roi en qualité de cher
dans une troupe, ou dans un hôpital militaire.
Les chirurgiens-majors faifant, fur-tout en temps
dé paix, plus de médecirie que de chirurgie, il
feroit à propos qu’ils connuffent l’une & l’autre
partie de l’art de guérir, & fuffent nommés chirurgiens
médecins employés en chef dans l’une des
parties ci-deffus défignées. Enfin , les chirurgiens-
majors étant non-feulement dans le cas de faire la
chirurgie ôc la médecine, mais ëncore la pharmacie,
& fouvent même toutes les autres parties' de l’art
de guérir, ainfi que celles qui leur font néceffaires :
il feroit à defirer qu’ils en fuffent inftruits, & que
ce complément fût compris dans l’idée que leur
dénomination porte dans l’efprit.
Il y a deux claffes de chirurgiens-majors ; fçavoir,
ceux des troupes ôc hôpitaux de terre, ôc ceux
des troupes 6c hôpitaux de mer. Nous ne parlerons
ici que de la première. Elle fe divife eh
quatre genres ; fçavoir, les chirurgiens-majors d’infanterie,
de cavalerie, d’hôpitaux, des camps 6c
armées.
Un cinquième genre dont nous ne parlerons
point, parce que leur manière d’être 6c de fervir
diffère effentiellement de celles des autres1, eft
celui des chirurgiens-majors de la maifon du roi.
Les chirurgiens en chef des régiments ou des
hôpitaux
hôpitaux militaires, font connus fous le nom général
de chirurgiens-majors. L ’origine de cette dénomination
vient fans doute de ce qu’ils font compris
dans les états-majors. Peut-être les a-t-on ainfi
nommés pour les diftinguer des autres chirurgiens.
On les appelle auffi officiers de fanté : cette dénomination
leur con viendrait 4 fi on attachoit à leur
emploi le grade d’officier,
il y a toujours eu des chirurgiens 6c des médecins
à la fuite des troupes 6c des armées; mais
l’époque de l’inftitution des chirurgiens-majors eft la
même que celle de la création des régiments 6c de
l ’établiflement des hôpitaux.
A R T I C L E S E C O N D .
D e s c h i r u r g i e n s - m a j o r s d ’ i n f a n t e r i e .
§• i-
Des connoiffances qu’ils doivent avoir«
Les connoiffances des chirurgiens-majors d’in- ’
fanterie femblent, d’après la manière dont ils parviennent
à leur emploi, ainfi que d’après la qualification
de chirurgien, 6c les obligations auxquelles
les affujettit l’ordonnance, femblent , dis-je, fe
borner à celle de la chirurgie, ôc fur-tout de la chi- ;
rurgie militaire. Cependant fi on fait attention que
les chirurgiens-majors.y hors" le temps de guerre , ;
font beaucoup plus de médecine que de chirurgie,
6c que fouvent même ils font obligés, par certaines
circonftances ,..de s’occuper des açcefloires de l’une
6c de 1 autre partie ;.on ne.pourra disconvenir que,
pour remplir l’emploi de chirurgien -major avec
avantage 6c fuccès., ils de vroient embraifer toute
la fcience de la médecine, relativement à l’homme
en général, 6c en particulier à l’homme militaire.
Les connoiffances des chirurgiens-majors, , con-
fidercs feulement comme chirurgiens, ne devroient
pas fe borner a celles qui paroiflent leur être pref-
crites : elles devroient encore s’étendre à des maladies
auxquelles touts les hommes font fujets, telles
que les maladies des y e u x , des dents, des gencives
, à la conftruétion des bandages herniaires, ÔC
autres machines employées par l’art de guérir. La
connoiffance des accouchements ajouteroit même
a leur utilité par les fecours qu’ils donneroient ,
non-feulement aux femmes qui font à la fuite des
régiments auxquels ils font attachés, mais encore
à celles qui habiteroient les lieux de leur réfidence
, 6c qui fouyent n’y ont aucun fecours de ce
genre.
Les connoiffances des chirurgiens-majors, comme
medècins,. devroient auffi comprendre, outre la
medecine militaire, toutes les autres parties de
l’art avec fes acceffoires, tels que la chymie, la
pharmacie, 6c la botanique : la connoiffance des
maladies des femmes 6c des enfants les rendroit
jauffj plus utiles.
Art militaire. Tome /,
hes chirurgiens-majors devraient Si pourroient avoir
auffi quelques notions de phyfique , de méchani-
que, & d’hiftoire naturelle : la phyfique fur-tout leur
deviendroit très avantageufe , lorfqu’il s’agiroit de
fe former une idée jufte de la nature du climat nouvellement
habité, de fe rendre raifon des effets
varies que pourroient éprouver les différents indi-
• vidus. pendant les diveriës faifons , dans les diffé-
; rents pays, pendant. 6ç après les paflages plus ou
moins prompts d’un pays k l’autre, afin de piévoir
les divers, effets qui pourroient en réfujter , ôc
d’employer les moyens capables de les prévenir ,
de les diminuer , ou.de les détruire.
Les chirurgiens r majors devroient particulièrement
s’appliquer, à^connoitre l’homme militaire
comme étant l’objet confié à leurs foins. Ils devroient
donc chercher 6c faifir avec empreffement
toutes les occafions d’apprécier, les difpofitions
phyfiques 6c morales des individus qui compofent
le corps auquel chacun d’eux eft attaché, afin de tenir
une conduite convenable à chaque circonftance.
Ceci fera expofé plus en détail dans la fuite de cet
article* <■
§ . I I.
De Vélection des chirurgiens-majors.'.
Avant l’établiffement des amphithéâtres dans les
hôpitaux du-premier ordre, touts les chirurgiens
pouvoient prétendre aux places de chirurgiens-
majors des régiments ; & , pour y parvenir , il
fuffifoït que les colonels les propofaffent au mi-,
niftre. L’intérêt qu’ils avoient de fe procurer de
. bons chirurgiens les obligeoit à prendre touts les
renfeignements qui pouvoient juftifier leur choix ,
6c ordinairement ils étoient fatisfaits.
# Cette forme d’éleâion pou voit avoir l’inconvénient
de favorifer les fujets intrigants, ou protégés,
au préjudice des plus inftruits ; mais elle n’excluoit
aucun de ceux qui pouvoient y prétendre à raifon
de leurs connoiffances ôc de leurs qualités. D ’ail-
leurs-j elle avoit l’avantage d’encourager ôc d’exciter
les talents de chaque fujet, en favorifant les
prétentions de touts.
Ces difpofitions font bien changées depuis que
1 ordonnance du 2 mai 1781 a prononcé ainfi :
“ A l’avenir on ne pourra parvenir aux places de
chirurgiens-majors qu’autant qu’on aura été em-
plpyé en qualité d’aide-major dans les hôpitaux
militaires, 6c qu’on y aura fucceffivement parcouru
les grades inférieurs». Il eft jufte de préférer
a mérite égal les chirurgiens-aide-majors des hôpitaux
militaires aux chirurgiens dès premières écoles
6c des autres hôpitaux du royaume ; mais donner
exclufivement ces places aux premiers, c’eft faire
le-bien particulier aux dépens du général, c’eft décourager
les talents,. 6c priver les régiments de bons
chirurgiens : il eft finon impoffible, du moins très
difficile, de faire un bon chirurgien-major d’un élève
qui rie fera jamais forti d’un hôpital militaire ;
N n n n