
troupe voifine , n’occupent pas en largeur un
plus grand elpace : par exemple , il ne faut pas
que l’emplacement de la cohorte quingénaire d’infanterie
dépafle celui des premières cohortes qui
font au-deflus d’elle.. Si' le nombre des hommes eft
plus que fuffifant pour completter la dernière ftrie,
il faut, comme je l’ai d it, refïerrer les autres.
On leur donnera au contraire plus d’étendue,
quand le nom.bre des troupes le permettra ; afin
que l’ordre du campement ne foit pas altéré. On
étendra les lignes de tentes de forte qu’elles forment
un meme nombre de {fries dans la retenture
& dans la prétenture. Lorfqu’il faudra donner aux
fuppléments plus ou moins que nous ne l’avons
preïcrit, toutes les dimenfions feront changées, &
les cohortes camperont autour, du retranchement
fur d’ autres proportions.
Nous avons dit que. la moitié du nombre des
troupes de la retenture eft 6640. La largeur étant
de 600 pieds, je vois combien elle peut contenir
d’hémiftriges. 11 y en aura 1 7 , afin qu’il refte un
efpace fuilifant pour le queftoire. Je divife 6640
par 1 7 , & j’ai 400 pour le nombre d’hommes campes
dans chaque hémiftrige ; qui, en y ajoutant
le cinquième de 400,aura 480 pieds de longueur :
ainfi deux cohortes camperont à côté de la retenture.
En difpofant par ftries les Sumadares & autres
nations, il ne faut ni les divifer en plus de trois
parties, ni les placer loin l’une de l’autre; afin
qu’il n’y ait pour elles qu’une feule teffère,^contenant
l’ordre & le mot en leur langue»
Qn obfervèra d’aligner les piquets de la première
ftrie fur ceux de la première cohorte| afin
que les voies viçénaires s’étendent tout le long
du camp.
Ainfi il y aura feize cohortes fur les côtés du I
«amp , quatre autres aux extrémités de la retend
r e & de la prétenture ; & , dans celle-ci chaque
cohorte occupera 360 pieds fur 60 : les fix autres
cohortes feront en-dedans de la voie fagulaire ».
Nota. La partie latérale de la prétenture a 720
pieds ; celle du prétoire autant ; celle de la retenture
480. Ces trois efpaces font 1920 pieds. Ainfi
les huit cohortes placées fur chaque côté du camp
y occupoient 240 pieds fur 90.
Le front de la prétenture, & le côté poftérieur
de la retenture, ont chacun 1340 pieds; efpace
égal au front de quatre cohortes , dont chacune
occupe 360 pieds. Il y avoit quatre cohortes fur
le côté antérieur, & quatre autres fur le côté
poftérieur du camp.
« Autant que je l’ai pu, mon frère, j’ai étudié &
extrait pour mon inftruâion touts les auteurs. J’ai
expofé en détail tout ce qu’ils ont prefcrit concernant
la forme des camps d’é té , avant d’établir
dans cet écrit les dimenfions du camp. Aucun de
ceux q ui, jufqu’à préfent, ont traité de la caf-
t dmctation ne fpnt entrés dans ces détails ; j’efi 1
père donc que mes foins à cet égard obtiendront J
.Votre fuffrage. . |
Nous avons diftingué toutes les efpèces de
troupes , &diftribué l’armée dans le camp comme
elle doit l’être. Nous avons enfeigné comment
les dimenfions doivent être changées au befoin.
Les ailes milliaires placées dans la retenture , &
1 infanterie ou les cohortes équitées , placées dans
la pretenture fans aucune nécefïité , font une
preuve certaine de l’impéritie du métateur. S’il
n y a pas de cohortes équitées dans l’armée, on
peut mettre les ailes quingénaires aux côtés du
queftoire, afin que la retenture ne foit pas fans
cavalerie.
Quant à la répartition des légions , & à la
diyifion des troupes en deux parties , opération
qui embarraffe les plus habiles, j’en ai applani les
difficultés | en calculant par centuries , & je me-,
fuis attache iîngufièrement à rendre facile l’application
de cette méthode. J’aurai donné lé premier à
votre grandeur une nouveauté qui pourra lui plaire,
fi vous la comparez dans l’ufage à la méthode ordinaire.
- •
Parlons maintenant en peu de mots des retranchements
du camp , & des autres chofes dont les
auteurs militaires ont traité plus au long. On emploie
, dans les camps d’été , les efpèces fuivantes
de retranchements ; favoir, le foffé, le parapet de
gafons , celui d’arbres & de terre , &. celui dç
boucliers.
Dans les poftes ou l’on n’a rien à craindre , on
entoure le camp d’un foffé , feulement pour le
maintien de la dîfcipfine. Il y en a de deux fortes :
1 un eft rétréci par le fommet ( fojja fajligiata , ) ,
ol l’autre nommé punique. Le premier plus large
aA ^on(^ HK« “ partie fupérieure, a fes deux
cotes inclinés l’un vers l’autre jufqu’à la fùrface
du fo l, & l’intérieur incliné vers l’extérieur, comme
dans la première efpèce. La largeur de ces déux
folles doit être au moins de cinq pieds ( 4 p. 6 p.
5 1. ) & la profondeur de trois ( 2 p. 8 p. 7,8 1. ).
On fera devant chaque eatréedu camp, fur toute
la largeur des portes , lin foffé nommé titulus à
caufe de fon peu d'étendue. Dans un camp qui
peut être attaqué, on fera le parapet en gafon ou
en pierres : il fuffit de lui donner huit pieds de
largeur (7 p. 5 p. 0,81. ) , & fix de hauteur ( 5 p.
5 p. 3 ,2 1.).
On fera aufîi un petit parapet nommé lorica,
tant aux foftés qui entourent le camp qu*à ceux
qui feront devant les portes ; & on en conftruira
un femblable fur le grand parapet. Ce petit retranchement
eft nomme lorica fantfa, à caufe de fon
objet. »,
Nota. Eft-ce parce qu’il protège ceux qui défendent
le fofTé ou le parapet, oc que le devoir
du foldat eft d’empêcher que l’ennemi ne le fran-
chifle ?
« Les pieux ou troncs rameux, nommés cervoli>
font employés, lorfque la terre eft fans confiftance,
6 que le gafon fe brife. On ne peut faire de fofTé
dans un pareil fol fans que . les bords tombent $
& le parapet ne peut être conftruk en pierres
fèches, fi on n’en a pas une grande quantité.
Lorfqu’on manque de bois rameux , & que l’on
craint une attaque , on entoure le camp de quatre
rangs d’armes ou boucliers. On pofe dans chaque
rang plus de fentinelles qu?à l’ordinaire , & les cavaliers
doivent faire alternativement le tour du
camp. Si on eft en pays ami, un rang d’armes
fuffira, & les fentinelles feront moins nombreufes.
Dans les terreins pierreux &. fablonneux, le parapet
fera fait d’arbres &. de terre , & fera d’une bonne-
défenfe.
On arrondira les angles du retranchement, parce
qu’ils font les parties foibles, &. on les protégera
par une partie faillante. Le centre de Tarrondiffe-
ment fera au fommet des angles du parapet, devant
ceux que forment les cohortes. De ce centre
on prendra, fur chaque côté, foixante pieds, &.
l’ouverture ou la gorge de l’ouvrage fera un quart
du cercle décrit.
On fera de même extérieurement, devant chaque
porte, un retranchement nommé clavicule , qui
fera décrit du milieu de la porte , pris pour centre
fur la ligne intérieure du parapet. Enfuite , du même
centre , on tracera l’épaiffeur du parapet de la
clavicule. Ainfi, l’entrée direéte fera interdite , &
ceux qui entreront par les côtés feront à découvert.
C ’eft l’ufage de ce retranchement qui l’a fait nommer
clavicule.
Quant au choix du terrein , on préfère celui
qui s’élève de la plaine en pente douce. Dans cette
pofition la porte. décumane eft à la partie la plus,
élevée , afin que le camp commande les environs.
La porte prétorienne doit toujours être vers l’ennemi.
On met au fécond rang le terrein de plaine ; au
troifième celui d’une hauteur ; au quatrième celui
de montagne ; au cinquième celui que l’on eft forcé
de prendre : & cette dernière efpèce eft nommée
camp nécejjité , ( necejpiria cajlra.').
Lorfqu’il y a des chemins qui aboutifTent aux
cctés du camp , il faut y veiller avec foin. Toute
pofition doit être voifine d’une rivière ou d’une
lource. 11 faut éviter celles qui font dangereufes,
& que les anciens nommoient novercæ ; telles que
le voifinage d’une montagne d’où l’ennemi peut
fondre fur le camp ou découvrir ce qui s’y pafte ;
celui d’un bois où il peut fe cacher ; d’un ravin ou
d’un vallon par lequel il peut fe gliffer fans être découvert
; d’un torrent qui, en temps d’orage, pour-
roit inonder le camp.
Lorfqu’on- eft près de l’ennemi , il ne faut pas
oublier de faire au retranchement deux degrés en
un grand nombre d’endroits. { Nota. C ’étoit afin
que les troupes qui dévoient le défendre puffent
monter fur le parapet. ). On conftruira des cavaliers
( tribunalia ) auprès des portes , pour y établir
les machines, oc on les placera fur-tout aux endroits
ou le parapet fait des angles ( coxat ) , à ceux
ou font les troupes de nouvelle levée , & aux points
ou 1 on n a pu éviter une pofition dangereufe »■ ,.
L*art de la caflramétation continua de s’altérer
fous les fucceffeurs d’Adrien. La même forme générale
fut confervée ; mais celle des retranchements
& Tordre intérieur furent changés. Au temps de
Maurice & à celui de Léon , on entouroit le camp
de chariots à la manière des barbares. Si le lieu le
permettoit, on creufoit un*foffé large de cinq ou fix
pieds fur feptouhuitde profondeur, & on rejettoit
les terres en dedans. Àu dehors on mettoit des
chauffe-trappes ; on creufoit des trous , au milieu
defquels on enfonçoit un petit pieu , qu’on recou-
vroit d’un peu de terre , & on les faifoit connoître
aux troupes , afin que les foldats n’allaffent pas s’y
jetter.
Le camp avoit quatre grandes portes, & plufieurs
autres plus petites. Un des chefs campoit à côté de
chaque porte, pour veiller à fa garde. A l’intérieur ,
près des chariots , étoient placés les gens de trait,
& à la diftance d’environ trois ou quatre cenw
pieds, le refte des troupes , hors de la portée des
traits de l’ennemi.
Deux grandes rues, larges de quarante à cinquante
pieds fe croifoient au milieu du camp , &.
de part & d’autre étoient les tentes avec peu d’intervalle
entre elles ; chaque turmarque campoit au
milieu de fa troupe.
La tente du général n’étoit point au milieu de»
deux grandes rues, afin qu’elle ne gênât point ,
& qu’il ne fût point gêné. La cavalerie, autant
qu’il étoit pofîible , occupoit le centre & non les
extrémités. Les comtes auxquels le général avoit le
plus de confiance étoient placés aux portes, afin
qu’après l’entrée de la nuit, qui que ce fût n’osât
fortir du camp , ou bien y entrer fans la permiffion
du général.
On pofoit toutes les nuits des gardes tirées de lar
cavalerie. Chaque turmarque avoit un de fes man-
dateurs ou porteurs d’ordre à la tente du général,
& chaque drongaire ou comte à celle du turmarque.
Plufieurs trompettes fe tenoient à la tente du général
, pour y donner les fignaux. ( Maürit. L. i l. C.
8 , § 22. Léo. taélic. C. IX. §. ip. ).
Fig. 143. Camp de deux centuries fuivant Hygin.
AB. Rangs des tentes.
CD . Rangs des armes.
EF. Petites rues.
: GH. Emplacement occupé par les chevaux & les
chariots. ;
XK. Piquets où les chevaux étoient attachés.
Fig. 144. Camp d’une cohorte ou fix centuries,
. fur fix rangs de tentes..
Fig. 145. Camp d’une cohorte ou fix centuries
fur trois rangs de tentes.
Fig. 146. Camp d’une cohorte ou fix centuries
fur deux rangs de tentes.
Fig. 147. Camp de trois légions & des troupes
que Ton y joignoit.
A B CD . Prétenture.
EFGH. Prétoire St fes cotés,
IKLM, Retenturç,