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de la fécondé à la troisième ligne de 300 pas. Les
mêmes diftances doivent être obfervées lorfqu’on
ne forme que deux lignes avec leurs réferves ; afin
d’être en état de faire face de touts côtés.
140. Etendre le front autant qu’il faut pour
n’etre pas enveloppé par l’ennemi, & pour l’envelopper
, s’il eft trop ferré. Mais il ne faut pas
tellement diminuer fa profondeur, que l’on n’en
puiffe tirer les feeours néceflaires ; & qu’on ril'que
le tout en un feul front , au cas que les réferves
ne fiffent pas leur devoir. Quand une aile eft fuf-
filamment affurée par la difpofition du terrein , on
peut mettre\toute fa cavalerie à l’autre.
150. Diftribuer les officiers généraux aux ailes ,
au corps de bataille , au corps de réferve ,.fùr
touts les fronts , & à la queue de l’armée.
160. Avoir des gens placés fur les flancs de
chaque efçàdron 3 avec des pelotons de mouique-
taires ; mais qu’ils ayent une' retraite peu éloignée,
ou bien que ce fôient des dragons qui puiffent fe
fauver fi la cavalerie plie.
170. Apofter des gens pour tuef le général
ennemi ; ou , qui faifant Semblant de déferter attaquent
les ennemis par derrière, au fort du combat.
.iS°. Faire naître quelque nouvel événement
dans la chaleur de l’a&ion.
190. Quelquefois ôter au foldat tout efpoir de
retraite 3 & le mener en lieu où il foit réduit à
vaincre ou à mourir.
20°. Tenir à la queue des bataillons des religieux
, des chirurgiens, & des écrivains, pouf
confoler, panfer , & enrégiftrer-les bleffés.
2.10. Compofer les efcadrons- de 150 à 2,00
hommes^chacun fur trois de hauteur, & les bataillons
de 500, de 1000, ou de £500 fantaffins, à
lix de hauteur chacun.
22°. Mettre lagroffe artillerie parmi l’infanterie ,
au milieu & -fur les flancs , & la petite avec la
cavalerie , prefque toute à la tête ; il en faut placer
aufli fur les hauteurs qui commandent la tête , les
flancs, & le derrière de l’ordonnance , pour tirer
par-deflùs l’armée. Que le canon foit placé de
lorte qu’il n’empêche ni la marche , ni les décharges
de la moufqueterie ; & , lorfque la campagne eft
pleine de pierres, que les coups foient plutôt courts
que longs ; afin que le boulet , portant fur les pierres,
les faffent fauter centre l’ennemi.
‘ 23°* Que les efcadrons réfervés pour fecourir
& pour foutenir foient cuiraffiers & dragons ,
poftés avantageufement.
24°. Defliner la forme de l’ordonnance , & en
donner à chaque officier la partie qui le regardé.
2 50. Que les charrettes des munitions fe mettent
derrière quelque hauteur, ou dans quel qu’autre
lieu fûr & couvert ; qu’on les cjiftribue en plufieurs
endroits, afin de ne pas tout perdre'par un feul
malheur ; qu’elles foient couvertes de peaux de
boeuf, & bien gardées auprès de l ’infanterie ; que
les munitions foient fur des charrettes à deux roues,
qui tournent fur leur centre , & qu’on creufe
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quelquefois des folies en terre , pour les garder.
26°. Renfermer le bagage dans une enceinte de
chariots, avec une garde , à la queue de l’armée
& à la portée du moufquet ; ou le mettre à
l’écart fur, quelque éminence , après avoir fait faire
par des pionniers un %flé à l’entour, & y avoir
pofê des gardes 5 ou bien le laiffer derrière dans les
places fortes les plus voifines, afin d’ôter à les
propres foldats le moyen de le. piller, & de s’enfuir.
IL Dans l’aéiion.
i ° . Prévenir l’ennemi, & le charger avant qu’il
foit en bataille.
20. Faire d’abord des prifonniers, qu’on interroge
féparément, avec menaces & tourments 3
pour avoir une fûre connoiffance de l’état de
l’ennemi , & des circonftances. K Prisonniers.
3°.* Occuper les lieux les plus commodes ,
comme les éminences, les paflages, les chauffées ,
pour fermer à l’ennemi les avenues, & affurerfes
flancs & fes derrières.
4°. Tirer de l’artillerie dès qu’on eft à portée ;
placer fur la pente d’un lieu -élevé plufieurs rangs
de pièces , les unes derrière les autres ; mais ne
pas s’arrêter fous l’artillerie de l'ennemi, & l’attaquer
au contraire , dès qu’elle commence à
tirer.
50. Commencer la batailleur le côté où l’on
a fes meilleures troupes , & où l’on fe lent le plus
fort, & amufer l’ennemi avec le plus foible , ou
en engageant le combat plus tard de ce côté, ou
en s’aidant -des avantages du terrein.
6°. Combattre valeureufement marcher à l’ennemi
, fl le terrein eft égal, pour donner courage
aux ftens : mais l’attendre de pied ferme , fi
l’on eft bien pofté , &. que le canon faffe un bon
effet.
70. Maintenir exa&ement les diftances ordoh-
nées : qu’elles ne foient ni fi ferrées qu’elles empêchent
les mouvements , ni fi grandes qu’elles
donnent une entrée facile à l’ennemi , ou éloignent
trop les feeours.
8°. Secourir à propos,.& raffraichir ceux qui
font las.
9?. Ne point faire de caracole , & n’engager
les réferves que dans un befoin preffant, laiflant
toujours quelque point d’appui, où les troupes
rompues puiffent fe rallier : cependant courir avec
les corps de réferve aux endroits où leur feeours
eft néceffaire : faire des forties imprévues pour
envelopper l’ennemi, pour le preffer, quand on
le voit ébranlé , où pt-ur quelqu’autre effet. Maf-
finiffa augmenta facilement la terreur des ennemis,
& priva un de leurs flancs du feeours de la cavalerie.
(Zzv. X X X , C. 33.). Soutenir les troupes
qui plient, les rallier, les ramener à la chargé ,
cependant ne pas forcer & précipiter celles qui
font trop excédées & abattues , mais leur donner le
temps de refpirer & de reprendre courage.
io°. Tirer continuellement, non pas touts en-
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Semble , maisies uns après les autres & par intervalle;
afin que les premiers ayent rechargé quand
les derniers ont tiré , & qu’il y ait toujours du feu
en l’air : vifer particulièrement aux officiers.
i i ° . Ne le pas trop éloigner du corps de bataille
à la pourfuite- de l’ennemi ; ne fe poi'nt
débander ; ne point s’arrêter au butin, jufqu’à ce
qu’on foit maître abfolu du champ de bataille.
Celui qui pourfuitinconfldérémentavec des troupes
difperfées ,veut donner à fon adverfaire la vi&oire
.qu’il avoit obtenue. ( Veget. L. 111, C. 26.).
Les Vitelliens s’étant avancés témérairement ,
en voyant Celfus le retirer peu à peu , fe jettèrent
*eux - mêmes dans une embufeade. Les cohortes
légionnaires les attaquèrent en flanc , & la cavalerie
courant fubitement les prit à dos. ( 'Tacit. kijl. L . 11,
C. 25.). Y
Cælar avertit fes officiers de contenir leurs
troupes, de crainte que l’ardeur du combat, ou
l’efpérance du butin ne les emportât trop loin.
(Bell. gall. L. VI11. ). ■
12°. Envelopper par le flanc les efcadrons ennemis
avec des troupes commandées pour cet
effet , qui entrent dans leurs, intervalles : les pourfuivre
quand ils font rompus , ou prendre à dos
ceux qui tiennent ferme.
13®. Ne fe fervir jamais d’une chofe pour un
autre ufage, que celui auquel elle a été defiinée,
afin d’éviter la confufion.
14°. Fatiguer avec fon toible le fort de l’ennemi
; puis venir, avec fon fort tout frais, charger
celui de l’ennemi' qui eft fatigué.
15°. Commencer le combat la nuit ou vers le
foir , fi l’on doit combattre avec peu contre beaucoup
, ou lorfqu’il s’agit d’attaquer un camp. La nuit
donne lieu aux' rules , &. aux embufeades : c eft
pourquoi Fabius évitoit ce genre de combat; (Ziy.
L. X X I I , G. 18.). Il eft vrai quelle couvre indifféremment
d§ Ton voile les aérions lâches Se les
courageuies ; ainfi la valeur n’y eft point excitée
par l’aiguillon de l’honneur , ni la lâcheté retenue
par la crainte de l’infamie ou du châtiment.
i6°. Faire peu de prifonniers afin d’en éviter
l’embarras , Se mettre à l’écart ceux qu’on a
faits.
17°. Couvrir avec des troup.es un marais ou un
foffé ; Se , lorlque l’ennemi s’avance, feindre de
fe retirer par de certains paflages faits exprès, Se
le prendre ainfi comme au piège : quand on prévoit
qu’il viendra charger avec furie dans quelques endroits
, lui drelfer des embûches avec des chariots
chargés de feu d’artificë , avec des fougaffes, Se
autres femblables Stratagèmes.
i8°. Informer de toutes parts le général.de ce
qui fe paffe : il doit lui-même être en lieu d’où il
puiffe tout voir , pour envoyer du feeours où il
en faut, profiter de fes avantages , balancer le bien
Se le mal, quand une partie de l’armée prévaut St
que l’autre cède : pourluivre le fuccès, quand il
iurpaffe le défordre, St fecourir les troupes qui
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plient, lorfque le défordre eft plus grand que le
fuccès.
19°. Pourfuivre l’ennemi défait avec la cavalerie
légère St des troupes commandées , St le charger
fans lui donner le temps de fe rallier. Au contraire,
quand on a perdu l’efpérance de la viétoire, fe
retirer le mieux que l’on peut.
I I I . Quant aux fuites de la bataille , on la
gagne ou on la perd.
i° . Lorfqu’on a vaincu , rendre grâce à Dieu,
enfevelir les morts, publier la viéloire , l’exagérer
St la, pourfuivre ; pouffer vivement le refte de
l’armée battue, ne lui pas donner le temps de fe
reconnoître ; jetter la terreur dans le pays par
le feu , le fer , les ravages ; employer les menaces ,
la force, les ménagements ; foulever les peuples ,
gagner les alliés , corrompre les amis tandis que
les efprits avides de nouveauté font ébranlés , quë
le refpeér pour l’auiorité eft perdu , St que le
magiftrat tombe dans le mépris. Après la défaite
de Cannes, ceux des alliés qui étoient reftés fidèles,
commencèrent à chanceler, parce qu’ils défefpé-
roient du fa-lut de la république. ( Liv. L. X X I I I ,
C. 6. ). Les Carthaginois vaincus furent abandonnés
par les Nupiides. A priés, défait par les Cyrenéens ,
fut' chaffé par fes propres fujets : tout eft contraire
aux vaincus : tout favorife le vainqueur. ( Tacit.
agricol. C. 33.). Il faut prendre des places , s’y
fortifier , s’y établir , -di vifer fon armée , pour faire
en même temps plufieurs entreprifes, ne point faire
de dégât dans les /provinces, qu’on veut fe con-
ferver en propriété , ou pour y prendre des quartiers.
2°. Dans la défaite , ne point perdre courage ,
parce que les armes font journalières ; emmener le
réfte de l’armée, rallier ce qui s’eft débandé , armer
les habitans du p ay s , faire de nouvelles levées ,
fe jetter dans les lieux forts : pourvoir aux paflages,
garnir les frontières & les places , couper les forêts,
rompre les ponts, inonder les'campagnes , avoir
recours aux forces auxiliaires , mais avoir foin
que les Tiennes prévalent ; parce que les auxiliaires
font prefque. aufli dangereufes que celles des ennemis
inconftantes , infidèles, défobéiffantes.
30. Pour la retraite , rallier fes troupes , ou fur
le champ de bataille, ou dans le lieu le plus proche
qu’il eft poffible , afin d’y tenir ferme, & de réfifter
aux.petits corps de l’ennemi qui pourroient fuivre,
fe jetter dans la place la plus considérable, & la
plus expolëe ; emmener la meilleure partie des
bagages -§ brûler le refte ; envoyer en avant des
troupes pour préparer, racommoder, & occuper
les paflages par où l’on doit marcher ; dès qu’on a
paffé un défilé , le garnir , le défendre, le retrancher
; & , s’il y a un bois , le couper : facritier
à l’arrière-garde une partie des troupes pour fauver
l’autre ; fe féparer en quatre ou cinq corps qui fe
retirent par divers chemins ; charger tête baiftée
lès partis ennemis qui s’avancent loin de leur gros ;
les couper, leur dreffer des embufeades ; marcher