
i’.otes , & obligés de figner leurs décidons.
Le précieux avantage de n’éleyer aux places
"vacantes que des fujets qui en l'oient clignes ne
fèra pas le feul que produira le livre dès notes j
'ce réglftre obligera meilleurs les officiers .de Yoc-
cuper à connaître par eux-memes les qualités
des foldats confiés à leurs foins. La délicateffe
qu'ils fe font gloire de poffédèr ne leur permettra
pas de juger des moeurs, de la conduite, ôc des
qualités d’un ho tome qu’ils ne Gonnoîtroieçt que
d’après le rapport, fouvent infidèle, de leurs fu b ordonnés.
Ne croyons pas en effet que les basr
officiers nous donnent toujours des notes diéfées
par la juffice ; ils ont parmi leurs fcklâts des compatriotes
, des parents, des amis : comment touts;
•ces titres nfinflueroient-ils pas fur leurs opinions
oc fur leurs jugements ; puilque fouvent le premier
de ces titres infpire feul aux officiers une prévention
dangeteufe ?
Quelques avantages que ceux qui font a&uelle-
ment attachés aux différentes compagnies puifïent
retirer du livre des notes & Me celui des punitions,
ceux qui les remplaceront en tireront de
plus grands encore. Dans l’efpace de huit jours,
tin capitaine connoîtra fa compagnie , un lieutenant
la divifion, un fèrgent fa feclion, &c. Ils
auront découvert à fond les vices, les vertus
de leurs foldats, & toutes les qualités de leurs
fubordonnés , tandis qu’aujourd hui des années
entières peuvent à peine donner ces lumières
indifpenfables* Quand cette dernière confidéra-
tion feroit la feule qui parlât en faveur dés
deux livres que nous propofons *. elle .fuffiroit
pour les faire adopter, Cependant nous ferons
obier ver de plus , au mot congé abfolu * quelques
nouveaux -avantages qui réfuiteroient du livre
des notes ôc de celui des punitions. ( C. ).
BASTINGAGE. Efpèce de retranchement ou
d’abri, fait avec des toiles garnies de bourre ,
paille, herbages, linge, &c. Un officier, commandant
un petit détachementpeut, dans plufieurs
circônftances * tirer un parti avantageux d’un bon
lafiingage.
Dans un village que l’on veut défendre * un
bafiingage, fait d’après les principes, donnés daris
le dictionnaire de marine,* peut fervir de parapet
aux coupures que l’en aura pratiquées derrière les
brèches, ôc dans le milieu des rues.
Dans une maifon, que l’on veut mettre en état
de défenfe un bafiingage peut fervir à boucher
les fenêtres ôc les portes qu’on ne veut pas creneler,
& qu’on n’a pas le temps de murer ou de fermer
d'une autre manière.
Un bon bafiingage , conftruit en avant d’un mur
foible * pourroit diminuer les effets du canon.
Une troupe d’infanterie , dont l’ennemi ne
découvriroit qu’une petite partie , pourroit fe~
mettre à l'abri de la moufqueterie, en conftruifant
un bafiingage avec les hardes de tous les foldats *“
& fur-tout avec leurs facs de toile * que l’on rfcmpîiroit
de paille bien fourrée, de foin* d’herbe
de feuilles, ou de terre. ( C. ).
BASTION. Pièce de fortification , faifant partie
de l’enceinte, 6c compolée de deux faces 6c de
deux flancs. .
Fig. 1 33'. AB, Faces.
B C , Flancs.
CD 5 Partie de l’enceinte, ou de là
courtine.
CE* Demi-gorge.
CEC , Gorgé.
AF* Capitale du bafiion.
A , Angle flanqué..,
B | Angle d’épaule.
C , Angle" dq flanc.
E , Angle du centre.
On nomme bafiion régulier, celui dont, les lignes
ôc les angles correspondants font égaux entre eux.
Bafiion irrégulier * celui dont une des lignes ou un
des angles n’eft pas égal à fon correfpondant.
Bafiion fimple-, celui dont les flancs font droits',
Bafiion à orillons , celui dont les flancs * retirés
ôc convexes vers l’angle du centre , font couverts
par l’extrémité- de la face cette extrémité eft
nommée oriilon.
Fig. 134. E , Angle du centre.
B , Flancs convexes , retirés vers
l’angle du.centre.
. A , Emplacement des flancs droits.
C -, Ornions.-
Bafiion vuide 3 celui, dont le centre eft plus bas
que le terreplein du rempart. Dans celui-ci la
| ligne intérieure du rempart eft parallèle à l’extérieure.
Fig. 135. C , Centre vuide.
T , Terreplein.
I , Ligne intérieure du rempart.
Bafiion plein, celui -dont le centre eft rempli,
& de niveau avec lè terreplein du-rempart. Dans
celui-ci ," la ligne intérieure du terreplein des
' courtines forme Un angle , dont le foirimet eft fur la
capitale du bafiion.
Fig. 13.6. C 3 Rentre plein.
I , Ligne-intérieure du terreplein des
courtines,.
T , Terreplein.
E), Capitale du bafiion.
Bafiion coupé, celui qui, à la place de l'angle
flanqué * a un ou deux angles rentrants. Il eft bonde
ne connoitre, &. de n’employer "que le nom de
• ce" bafiion.
F ig , 137, A , Emplacement de l’angle flanqué.
B , Angle rentrant.
Bafiion plat, celui dont les deux demi-gorges
forment une ligne droite.
Fig. 130. G , Demi-gorges.
. C , Capitale.
Bafiion détaché, ou de campagne ; redoute en
forme de bafiion.
BASTONNADE. 1'. Peines.
BATAILLE. Àérion entre une armée entière,
6c une autre armée, ou une de £gs parties , qui
font en prcfence , & dont chacune charge l’autre ,
avec intention de la défaire.
Cet article fera rempli par les préceptes 'que
les principaux auteurs anciens &c modernes ont
donnés fur cet objet. Sa grandeur & fon importance
demandent qu’on raffemfcle fur lui les lumières-de
touts les âges. Les préceptes difpofés.dâhs l’ordre
des temps, Ôc confirmés par-quelques exemples ,
montreront lès progrès de Part y & ceux qui font
les plus généraux précéderont ceux de détail ; afin
qqe .çeuxrci, étant rapportés 8c joints aux premiers
comme à leur origine * puiffent former dans l’en-
tendemefit une chaîné de-vérités dont une feule ,
préfente à la mémoire , y retrace toutes les antres.
Lq but d’un plan de 'cre , d’un plan de; campagne
, cles marches , des campements, des feratagêmcs
,i des fürprifes, de tontes les cI f 3rations
d’un rgén;irai, eft de reduire l’ennemi a hv:rcr 'ou
accepter 1une bataille dans une poiitioii fl. délàvantagçufe
, que la - défaite !la plus complette cloive
.en ré fuiter prefque néceffa.irement. Uii gencral doit
donc employer tout ce qu’il peut-réunir de luinières
, de connoifiùnces , de réflexions , de ref-
fources , d’études, & de travaux , pour préparer ce
grand événement , pour lexécuter , & pour en
tirer le plus grand de touts les avantages , celui
de, forcër-l’ennémi à rentrer dans l’ordre humain,
6c à demander la paix.
'Deux auteurs de l’antiquité,, Onofandre &
Végèce , nous ont tranfmis''quelques préceptes fur
cette grande 'action de guerre. Ils n’étoient pas
militaires ; ^cependant on peut trouver dans leurs
ouvrages d’excellentes maximes tirées“de traités
"qui a voient, étécompofés par des militaires, ÔC
qui fubfiftoient de leur temps.
Le général, dit Onofandre , confidérera fur-tout
dans fes difpofitions , l’ordre, l’efpàce, & la qualité
des troupes qù’il doit oppofer à celles de l'ennemi,
relativement au génie , aux armes , Ci aux moeurs
des différentes nations^
"Je 11e peux ni approuver àbfolument* ni blâmer
ceux qui font détruire leurs .retranchements., qui
placent leur armée de forte qu’elle ait à dos une
grande rivière ou des efcar'pements & précipices
impraticables* afin de la mettre dans la néceffité de
vaincre ou de périr. Tout ce qu’on exécute avec
de grands rifques tient plus de la témérité que de
la prévoyance , 6c dépend plus de là fortune que
du jugement. Lorfqu’on veut en un moment tout
acquérir ou tout perdre , comment la viéfoïrë
peut-elle être attribuée à la prudence, 6c la.défaite
à la réio'urion ? Que l’on permette a quelques
•foldats d’expofor leur vie par cftentation de coü-
rage pleur fuccès peut être avantageux ; leur perte
nuit peu. Mais je ne peux approuver qu’on tente
la fortune en expofant comme un enjeu toute fon
armée.
Ceux-là fur-tout me paroiffent s’égarer * qui *
pouvant nuire très peu à leur ennemi par une victoire
, 6c caufer le plus grand .dommage aux leurs
par une défaite , uient de femblables réfolutions.
Cependant* fi la perte deTarmée eft inévitable ,
à moins que l ’on-n’ait recours à ces moyens extrêmes
* &. fl l’ennemi perd tout avec la bataille,
j’approuvé ceux qui ferment aux leurs toutes les
■voies de la fuite. Dans ces polirions douteufes,
l’audace' eft préférable : il faut tenter de fauver
les flens en détruifant l’ennemi, plutôt que d’attendre
dans une lâche ina&ion une perte allurée.
- Il eft important'd’apprendre aux foldats que ,
non-feulement dans ces polirions * où il 11’y a évidemment
aucun falut pour les fuyards, mais en tout
lieu S i en tout combat, une mort certaine pourfuit
ceux qui fuient ; -que l’ennemi les fuit & les atreint
fans obftacle ; tandis que ceux qui tiennent-ferme a
'& qui fe défendent, font moins expofés à périr.
Lonqu’ils feront bien perfua-dés qu’une mort bon-
teufè eft le partage des fuyards , une mort glo-
îicufe celui des braves qui fe défendent , & qu’il
y a plus de rifque à quitter fon rang qu’à le garder ?
iis (esprit plus courageux & plus fermes dans les
dangers. Une armée peifuadée de cette vérité remportera
une viéloire complette y ou n’éprouvera
que des pertes légères.
Outre les difpofitions préméditées , les circonstances
du combat en demandent fouvent de 'nouvelles
& d'imprévues. Avant de fortir du port,
le pilote a préparé tout ce qui eftnéceffaire. S’élève-
t-il une tempête , il ne fait plus ce qu’il veut , mais
ce qu’il eft forcé de faire: il s’expofe au danger avec
audace , S c , fans'fe rappellér les règles de fon art,
ne s’éclaire que des circônftances. De même les
généraux ont formé leurs troupes à l’exercice de
1 art j ils les ont difpofées. dans 1 ordre le plus avantageux
: mais la tempête du combat fait naître des
événements 6c des dangers imprévus qui troublent
ôc renverfent les préparatifs. Alors 9i jettant un coup
d’oeil rapide fur ces nouvelles combinaifons , iis
en tirent leurs réfolatiohs , plutôt d’après la né-
ceftité du hafard que d’après les reffources de leur
mémoire.
Dans le combat, le général doit modérer fon
courage, Ôc même rie pas en venir aux mains avec
l’ennemi. Quelque foiént les effets que puiffe avoir
Ion courage , ils feront moins utiles que fa mort ne
feroit nuifible. La prudence du chef opère plus que
fa force. Un foldat vigoureux &. brave peut l’égaler,
6c Je "remplacer dans la mêlée ; mais nul autre que
lui ne prévoirôit, Ôc n’inventeroit ce qu’il y a de
plus utile. S i, oubliant qu’il doit diriger les coups ,
il defeend a la fonction de les porter de fa propre
rna-n , il abandonne ce-qu’il y a de plus eflfentiel,
ôc fe me t dans l’impuiffance de procurer les fecours
qui pourront être néceflaires. Lorfque celui duquel
le falut de l’armée dépend en fait fl peu de cas
qu il s’expofe aux plus grands dangers, il fembie
chercher en même-temps fa perte & ce le desftens ,
6: mérite plutôt la réputation de général incapable*
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