lerie hippotoxote étoit toute étrangère. Les Romains
ne revinrent à. ces foibles armes que lorfque
leur gouvernement & leur milice furent corrompues
dans toutes leurs parties. Alors la moitié de
l’armée fut de * frondeurs & d’archers, le-javelot
& les flèches prirent la place du pile , & la tiare
fuccéda au calque.
A R M E S î> F F E N S I V E S.
Le verutum avoit un fer triangulaire de cinq pou ces
romains, ( 4 p. 6,415 1. ) , & la hampe de 3
pieds 6 pouces. ( 3 p. a p. 1,1 1. ). Le pilum
qu’au temps de Végue on nommoit jpiculum, &
dont on faifoit alors peu d’ufage, étoit un fort
javelot dont la hampe avoit cinq pieds & demi
romains, ( 4 p. 11 p. 10,3 1 . ) , & le fer triangulaire
neuf pouces , (8 p. 1,95 1. ). Mais ce
n'étoit pas là le pilum que décrit Polybe. Celui-
ci avoit environ trois coudées de hampe , ou 4 p.
3 p. 3 1., en évaluant d’après le pied romain.
Cette hampe étoit ronde & d’une palme de diamètre
, ( 2 p. 8£ 1 ., ) , ou quarrée avec cette même
dimension pour chaque côté. Le fer étoit de même
longueur que la hampe : on l’inféroit jufqu’à la
moitié du bois : ce qui donnoit à Y arme entière
6 p. 4 p. iOj 1. de long.
L’énorme groffeur que cette dimenfion donne
à la hampe, fur - tout à celle qui étoit -quarrée,
me porte à conje&urer que Polybe n’emploie pas
ici le pied romain. Cette hampe quarrée atiroit
eu douze pouces de contour , c’eft-à-dire près de
onze de nos pouces : la plus grande inain ne î’àuroit
pas empoignée. Jufte-Lipfe a cru qué c’étoit tout
le contour qui avoit une palme» Mais alors chaque
côté n’aüroit eu que huit lignes & demie', &
l’auteur grec n’auroit pas mis cette efpèce de pile
au nombre des plus gros , & à côté du rond dont
le diamètre étoit d’une palme. D ’ailleurs le texte
grec n’a aucune ambiguité qui puiffe faire admettre^
cette explication. Il dit nettement : « Quant aux
piles, les uns étoient gros , les autres petits. Parmi
les plus forts , les uns étoient ronds & avoient le
diamètre d’une palme ; les autres quarrés, &
avoient auffi le côté d’une palme ». T»> S'*titrât
II air il fjfy) 'Gfcixîiif, it $ Aetflot. Tssr <ref tarirai
1ii fify ç'geyywAai rta.\(ti<^icîixr rit iïtaiutrçit.
ii S'« Ttrpuya'roi rit ■ &\ivçctr. ( L. Vil. C. 2 1 . ) .
Je fuis donc porté à croire que Polybe écrivant
pour des grecs, a employé une mefure grecque.
En évaluant d’après la mefure olympique, déter-r
-minée pour le p ied , par M. Frèret, (Mêm, de
l'acad. des belles - lettres , vol. XXIV\ p. 505 , ) ,
à 9 p» 11,6 1., la hampe du pilum aura été de
3 p. 8 p. 10,5 1. ; fon diamètre, de 2 p. 5,916 1.,
Y arme entière de 5 p. 7 p. 3,75 1.
Si on déterminoit ces dimenfions d’après la
mefure commune évaluée par M. Frèret, à 7 p.
ï , 5 1. , la longueur de la hampe feroit 2 p. 8 p.
9 L , le diamètre 1 p. 9?8 lf ? la longueur totale ,
3 p. 7 p. 8 1. Ces mefures concilieroient Polybe
&. ’D enys d’Halicarnaffe , en fuppofant que celui-
ci s’eft fervi du plus grand pied grec , ou pied
italique de 11 p. 4,6 1. Il dit que le fer mefuré
d’une extrémité à l’autre, k«!)' ivf&kf ïkciviçx
dxçcdt, n’avoitpas moins de trois pieds de longueur,
qui font 2 p. 10 p. 1,8 1. de nos pieds ; & Polybe,
s’il a employé la plus petite mefure-, lui donne
2 p. 8 p .9 1. Denys ajoute que la hampe rempliffoit
la main ; condition qui conviendroit mieux à
cette dimenfion qu’à celle qui eft prife du pied
olympique, & qui eft un peu forte , fur-tout pour
la hampe quarrée; mais qui cependant feroit pof-
ftble : la main , fans être des plus grandes , pouvoit
en embrafler au moins trois côtés. .
On peut ahffi concilier ces deux auteurs , 'en
fuppofant que Polybe a employé la mefure olympique
, Denys la mefure commune, & en adoptant
la corre&ion de Jufte-Lipfe qui, au lieu de êxetrê'gK,
lit.ex, facripv ou rai «xpar. Denys aura
dit que la partie du fer qui failloit au-dëlà de la
hampe avoit 1 p. n p. 4,5 1., & Polybe lui donne
1 p. 10 p. 5,25 1 ., fuivant la mefure olympique^
Je fuis porté à préférer cette déterriiination, parce
qu’elle s’accorde mieux avec les dimenfions que
Végèce donne au pilum.
La partie du fer qui recouvroit le bois étoit de
deux lames ou bandes appliquées aux deux côtés
oppofés de la hampe. Elles y étoient fixées avec
plufieurs pointes, de forte que le fer fe rompoit
plutôt que de fe détacher de la hampe ; quoiqu?à
l’endroit ou il touchoit l ’extrémité du bois , il eut
un doigt & demi d’épaifleur { 8,5 1, ). ( Polyb,
: L. VL C. 2 i , Ernejli. 8°.).
La pointe étoit triangulaire , & les deux angles1
de la bafe légèrement recourbés. Cette pointe
étoit trempée : le refte du fer étoit mou , afin qu’il
fe pliât à l’inftant du coup , Sç que le javelot
devînt inutile , ou xeftât fufpendu au bouclier. Il
y avoit un autre pilum moins gros, mais dont les
autres dimenfions étoient les mêmes.
Marius fit à cette arme un léger changement,
afin de la rendre plus embarraffante pour l’ennemi
dont elle auroit percé le bouclier. A l’une des
deux pointes de fer qui de fon temps fixoiènt les-
deux branches de la hampe , il fubftitua une
cheville d’un bois foible & fragile, qui venant à
être brifée par la violence du coup, ne retenoit plus
là hampe dans la direéfion du fer , & le javelot
reftoit fufpendu par fa pointe recourbée. (Plu ta r ch .
p. 419. E.). .
Le pilum fe lancoit de près , & fon fer long &
pefant faifoit de larges blefïures. -Les fbldats de
Philippe en furent effrayés : aucune des armes
grecques n’avoit un effet auffi terrible. ( Lucan.
L. Vil. v. 460. flor. L. II. C, 7. ). Pour le lancer,
le foldat mettoit le pied gauche en avant, mais
comme il falloit s’arrêter pour prèndre cette po-
fition, les troupes qui s’abandonnoient fur l’en-
nemj , ne pouvant pas fufpendre une marche
rapide, jettoient le pilum à terre & tiroient l’épée.
( Ve^et. L. I. C. 20. Liv. L .IX . C. 13. Ccef. L. 1.
La hafte vélitaire avoit environ deux coudées
d é ’hampe, ( 2 p. 2 p. 11 1 . ) , & un doigt de
'diamètre (7 ,5 1 . ) ; le fer , un fpithame de longueur.
( 7 p. 5,75 1.). 11 étoit fi aminci & fi aigu
qu’il fe replioit au premier coup , & que la halte
ne pouvoit pas être renvoyée par l’ennemi.
(Polyb, L. VI. C. 2C;). ^
Celle des Triaires paroît avoir été à-peu-près
fe® b labié à celle des Grecs. Aulîi Polybe la
nomme-t-il S'opo.*, pour la diftingeur de la veli-
taire , que le même auteur nomme -ypcff-tyos &
- (L . VL C. 20 6» 22.). Il paroît par les
médailles que la hafte excédoit au moins de tout
le fer la hauteur du corps. Les Triaires nel’ein-
pjoyoient que comme arme de main , & en frap-
poient fur-tout le vifage de l’ennemi. (Liv. L. X. C.
28. Le Beau , Mém. vol. XXIX. p. 330.). Legcefum
étoit un javelot léger que les Romains empruntèrent
des Gaulois.
L’épée romaine étoit courte : elle avoit la pointe
excellente , & tranchoit fortement des deux côtés,
parce que la lame étoit forte & ne plioit pas.
.(Liv. L X X I I , c. 46. SU. Ital. L. VIII. Polyb.
L. V I , C. z i . ) . Aucun auteur ne nous en a con-
fervé les dimenfions : il faut recourir aux monuments
, & ceux-ci ne peuvent les donner quë
par approximation ; parce que les artiftes n’emploient
que l’oeil pour mefurer les objets , & recherchent
plus la grâce que la précifion. C ’eft
pourquoi. les auteurs modernes diffèrent fur la
longueur de cette arme. Patrice lui donne vingt-
deux pouces, Folard. dix-huit, M. de Maizeroy
vingt-huit. (Patrie, par ail. milit. part. I I , L. I I I ,
C. 5. Fol. T. 111 y p. 294. Mai^. e(f. milit. p. 120.).
Si les eftampes qui nous repréfentent la colonne
trajane font fidèles , ce monument nous offre des
épées de différentes longueurs. (Voy. pl. 2 , 5 ,
.6 , 33 , 5 ç , 60, 6 5 ,6 6 , 7 6 , 8 3 ,8 8 ,9 4 ,9 5 ,
96 , 98, 9 9 , 101 , 103, 108, 1 10 , 1 1 2 , 1 1 3 ,
12 4 , 125 ,1 2 8 . ). Celles de la planche m pa-
roifient avoir au moins vingt - fix pouces ; on
en voit à la foixante-leizième & ailleurs, qui n’en ont
que quinze ou feize. Cependant la plupart parodient
êtreen totalité de vingt à vingt & un pouces.
C ’eft auffi la longueur du modèle que M. le comte
d’Hérouville fit voir à M. le Beau , & que M. le*
baron- de Stofch avoit fait exécuter d’après quelques-
monuments antiques qu’il avoit- fous- les> yeux.
(Mém. de V Acad. T. X X X IX , p. 483.). Voici la
description que M. le Beau en a donnée. « Elle
eft , dit-il, longue de vingt pouces & demi, 1-rge'
d’un pouce neut lignes vers la poignée : la diminution
vers-la pointe n’eft que de fix ou fept lignes.
Elle fe termine en''langue de carpe ;-eft épaiffe r
pefante, tranchante des deux côtés. La poignée
en torme de bec d’aigle , eft longue de fix pouces,-
Elle a quatre pouces de contour la traverle y. haute
de 4 lignes a quatre pouces & demi de longueur ».
Ainfila lame avoit quatorze pouces & demi.
Les Romains avoient emprunté des. Efpagnols
la forme de cette épée : ils l’avoient dès l’an de
Rome 392. On voit dans Tite -L iv e , Titus Manlius
ceindre l’épée efpagnole pour combattre le
gaulois, qui dénoit au combat le plus brave de
l’armée roffiaine : mais l’attention de l’hiftorien à
défigner cette épée prouve que les Romains, en
aVoient d’une autre forme. (■ Liv. L. V ; l l , C. 10.
Aul.G c ll.L . IX , C. 13. '. U n auteur anonyme
cité par Suidas, (voce [/.zyciiç■/, 1 , dit que cette
arme ne fut fubftituée a l a iCiaune épée qu’après
la bataille de Cannes, (de R. 5 3 7 ) , & que ce
fut à l’imitation des troupes d’Annibal. C ’eft peut-
être à cette époque que l’ufage en devint générât
dans la légion.
Cette épée étoit Y arme la plus terrible que les
Romains empïoyaflent; Dans la guerre contre
Philippe , fon effet n’effraya pas moins les Macédoniens
que celui du pilum. Accoutumés à combattre
contre les Grecs Sc les Illyriens, ils n’avoient
encore vu que des bleiTures faites par les haftes Sc
les f lè c h e s& rarement par des lances, Lorfqu’ils
eurent fous les yeux l’affreux fpettaele d’entrailles
à découvert, de bras & dé têtes féparés du tronc
par les coups de l’épée efpagnole ; ils virent avec
effroi quels étoient les hommes & les armes qu’ils
avoient à combatre. (Liv. X X X /, C. 34. ).
Cependant le foldat romain trappoit plutôt de
pointe que de taille, & dirigeoit fur-tout fes coups
au vifage & à la poitrine. (Polyb. L. I l , c. 33»
Liv. L. XXII , 7. 46. Veget. L. C. 12. ).
L’épée étoit portée par un ceinturon paflé e»
bandoulière , de l’épaule gauche à la hanche droite ,
de forte que le pommeau touchoit prefque la
partie inférieure de la- poitrine, & que le bout
.du fouteau s’éloignoit en arrière, de là pofitiorr-
• verticale , d’environ cinq ou fix pouces. (Column*
traj. loc. cita'. ).
Sous les Empereurs , le foldat: portoir deux
épées ,- la plus longue à gauche ,- l’autre à droite"
& à la ceinture. Celle-ci étoit une efpèce: de poignard
d’un fpithame de longueur , ou huit pouces
deux Innés-. Végèce le nomme femi/pat/ia , &
l’épée longue fpatha. On voit auffi fur la colonne-
trrajane des légionnaires , des armés à la\légère » &
dès frondeurs qui portent un petit fabre. recourbé,
( Tab. 27 , 50 , 57 , 6a» 64 , ). ( V. Jofeph. belL
jud. L. I I I , C. 5, Tacit. annal. L. X L Herodian,
X. II , Ç, i 8.).<
Dans les b eaux temps de la république, l’arme-
| ment, fut fimple & des matières les plus.communes,
; La poignée de l-épée étoit de corne ; le ceinturon
• de-cuir , &c garni de têtes de clous , pour le rendre
plus folide r les ornemens inutiles ne déparaient
point encore le foldat. Lorfque les dépouilles- de
TA fie eureit introduit le luxe dans Rome,, l’o r ,
l’argent, &■ les pierreries brillèrent aux. poignées
1 des épées, fur les-10 une aux.,, lue les- cemt urous