
le brigadier connoiffe les principes de l’art Tiîp-
piatrique , la maladie difparoîtra bientôt ; tandis
que, s’il les ignore, elle fera des progrès 8c deviendra
incurable. Pourquoi n’inftituerions - nous
pas dans les principales villes de garnifon des cours
d’hippiatrique? Pourquoi n’obligerions - nous pas
les brigadiers à y affifter ? Pourquoi n’engagerions-
nôus pas les fimples cavaliers à s’y rendre ? Outr$
les avantages qui en réfulteroient pour les troupes
du ro i, nous répandrions encore dans nos campagnes
des hommes qui , ayant acquis des connoif-
lances fur l’art de connoitre 8c de guérir les maladies
des animaux, y feroient de la plus grande
utilité. Si les brigadiers n’étoient à portée de faire
qu’un feul cours d’hippiatrique , les connoiflances
qu’ils auroient acquifes furies maladies des chevaux,
n’étant que très fuperficielles, pourroient les égarer,
8c les faire fouvent tomber en des erreurs dange-
reufes ; une ignorance eomplette eft peut-être préférable
aux connoiflances fuperficielles ; mais ,
comme ils pourroient affifter à plufieurs cours
confécutifs ; 8c comme ils feroient tous les jours
à portée de faire des expériences, & de rectifier
la théorie qu’ils auroient acquife ; on n’aaroit point
à craindre de voir leur aâiyifé caufer plus de mal
que leur inaéfion. '
Pourquoi les brigadiers ne feroient-ils pas auffi
obligés de fçavoir , fi-non ferrer , du moins raffurer
par quelques clous les fers des chevaux ? Pourquoi
ne les obligeroit-on pas d’affifter a des leçons que
le maréchal expert du régiment leur donneroit fur
cet objet deux ou trois fuis- par femaine ? Ces
différents établiffements ferotent fi peu coûteux ,
fi aifés à former, fi utiles , qu’on ne peut s’empêcher
de voir avec étonnement qu on ait tarde
auffi longtemps à les faire;
La connoiüance de la bonté & de la beauté du
cheval ne devroit - elle pas entrer aûffi dans le
nombre de celles qui font utiles au brigadier ? Ce
coup d’oeil qui fait découvrir les vicês 8c les bonnes
qualités du cheval eft effentiel a tout homme qui
fert dans la cavalerie. Nous ne parlerons pas de
l’art de dreffer les chevaux & les hommes ; il eft
au nombre de ceux qu’il fuffit de nommer, pour
en prouver la néceflité.
Mais ces connoiflances ne fuffifent pas aux brigadiers
pour remplir dans toute leur étendue les
devoirs de leur emploi : il faut de plus qu’ils
réunifient beaucoup de qualités phyfiques 8c morales.
Des qualités phyfiques nècejfiaires aux brigadiers
qui font b as-officiers.
Le foldat françois , même le moins inftruit, eft
fans doute plus éclairé que ne le font les fauvages
& les peuples barbares qui approchent le plus de
l’état de civilifation. Il a cependant quelques-uns
de leurs préjugés ; il penfe comme eux qu une taille
svantageufe, une force confidérable , une faute robufte,
une'vue perçante, une figure mâle * 8c des
traits heureux , donnent de grands -droits au- commandement.
Il tient fortement à cette opinion, &
regarde prefque avec mépris-un bas-officier d’une
petite ftature 8c d’une foible complexion. Toutes
les fois que nous trouverons les connoiflances 8c
les qualités morales réunies aux phyfiques dans lê
mêmefujet, donnons - lui la. préférence : en ne
contrariant pas les préjugés du foldat, noUsacquérons
fur lui un nouvel empire. Cette confédération
puiffante n’eft cependant pas la feule qui doive
nous engager à rechercher dans les brigadiers les
qualités phyfiques que nous venons de nommer.
'Comme leur aéfivité, leur vigilance , 8c leurs foins
continuels peuvent feuls entretenir l’énergie de la
difcipline , 8c par elle la fureté 8c la force, de nos
armées , nous devons choifir pour cet emploi des
• fujëts en qui la vigueur du corps fécondé le
zèle.
• Le foldat demande auffi que fes bas - officiers
ayent acquis par plufieurs années defervicele droit
de le commander : il efpère trouver dans ceux qui
ont atteint un âge mûr cette fageffe que l’expérience
donne prefque toujours ; il va même jufqu’a
dgfirer que l’ancienneté feule ait le droit de fie faire
obéir. En foufcrivant à ce defir, nous n’élèverions
le plus fouvent au rang de brigadier que des hommes
peu capables de le remplir. ( K A v an c em en t .) .
Pour avoir en même-temps des bas-officiers prudents
, expérimentés, 8c quipuiffent fupporter les
fatigues de la guerre, remettons en vigueur une
ordonnance donnée par Louis le Grand , le 4
novembre 1684 : elle portoit que les places de
brigadier, dans les compagnies de cavalerie 8c de
dragons, ne pourroient être remplies que par des
hommes qui, ayant les qualités néceffaires pour
s’en bien acquitter , auroient encore fix ans de
fervice. ' . ' ■ t
Le foldat obéit avec moins de répugnance au
brigadier qui a reçu le jour dans une claffe de la
fociété un peu é le v é e , & dont les parents vivent
dans une honnête aifance, qu’à celui qui a ete
pris parmi les plus pauvres 8c les derniers des
citoyens : fatislaifonsici fes defir s j ils font d accord
avec le bien du feryicë.
Que l’homme qui aura une femme & des enfants
n’obtienne point notre fuffrage pour etre brigadier;
il eft vraifemblable que nous le verrions plus
occupé de fa famille que dé fa brigade ; ou ,
s’il partageoit fes foins entre'les objets chers a
fon coeur , 8c ceux que le devoir lui rend
facrés, les uns 8c les autres en fouffrir oient'fans
douté. . ,
[ Nous ne voulons pas cependant, favoruer ex-
clufivement le célibat, profcrire l’etat du mariage ,
8c faire entièrement céder la politique au zele
militaire. Si la famille du brigadier étoit loin de
lui , elle ne pourroit nuire en aucune manière à
I l’accompliffement de fes devoirs. Si 1t brigadier
I étoit certain que fa mort n’influeroit point fur la
fortune
fortune de fa femme & de fes enfants, & qu’ils
pourroient continuer de vivre honnêtement , fui-
vant leur état, le titre, les liens, les devoirs de
père de. famille ne s’oppoferoient certainement
point à ce qu’il remplît ceux de citoyen. (K.) ].
Des qualités morales nècejfiaires aux brigadiers qui
font bas - officiers»
La bravoure, la probité , l’obéiffance, l’amour de
la gloire, de fa patrie, de fon roi, de fes drapeaux ,
de fes chefs, font les qualités morales indifpenfables
au foldat : il faut fans doute que le brigadier réunifie
ces vertus ; il faut de plus que l’ambition des
grades plus élevés que le fien , & le defir des
diftinéfions l’animent. S’il n’eft pas enflammé par
ces paffions fécondes en effets heureux , il languira
dans une ftérile apathie.
Le brigadier doit être a# if, difcrët, prévoyant :
dépourvu de ces vertus, il commettroit chaque
jour des fautes qui pourroient avoir les plus fu-
neftes conféquences.
Sans une juftice impartiale , mais tempérée par
la douceur , l’affabilité , & une forte de politeffé ;
fans une grande patience, le brigadier dégoûteroit
les jeunes foldats, qu’il eft chargé, d’habituer au
i°ug:
S’il ne fçait réprimer les mouvements de la
colère & vaincre fa prévention , il punira mal-à-
propos ou avec humeur , 8c les punitions qu’il
infligera révolteront au lieu de foumettre.
Si le brigadier ignore l’art de fe faire aimer, fans
defcendre cependant à cette familiarité qui relâche
ou brife même les liens de la difcipline , il eft ou
mejprife ou haï par fes foldats; 8c ces deux fen-
timents font également dangereux. S’il eft dominé
par 1 amour du vin , qui olèra lui confier la com-
miffion la moins importante ? Ses moeurs font-
elles relâchées ? Celles de fes foldats feront diffo-
lues. Eft - il fans humanité ? Ses cavaliers feront
des barbares qui voudront toujours fe baigner
dans le fang , qui ne fe plairont qu’à détruire , &
pour qui les incendies 8c la dévaluation feront les
fpeélacles les plus agréables. En un mot, comme
les exemples des brigadiers font tout puiffants fur
leurs brigades, nous devons faire germer dans leurs
âmes toutes les vertus que nous voulons propager
dans nos armées, & en'arracher touts les vices que
nous voulons déraciner du coeur des foldats. (C.). •
BRIGAN C H , BRIGANTES. Les hiftoriens de
la baffe latinité donnent ce nom à une efpèce de
troupe. Venoit - elle d’Angleterre, où il y a eu un
peuple de même nom, dont Tacite a parlé dans fes
annales 8c dans la vie d’Agricola ; ou n’étoit - ce
quun furnom, donné à ces brigancii, à caufe de
leurs pillages ?.
Il paroît que ce nom fut donné à une compagnie
que la ville de Paris arma 8c foudoya en l’an 1356,
pendant la détention du roi Jean , en Angleterre.
Nos anciennes chroniques en parlent même avant
Art militaire» Tome I»
cette époque î Curn quatuor millibus peditum Arma-
torUm , duobus millibus Brigantum , 6» ducentis equi-
tibus armatis. Albert. Argentin. Chron.
D ’autres auteurs en parlent comme de troupes
réglées ; 8c ifparoît que c’étoient des troupes d’infanterie
fur lefquelles on pouvoit compter ; puifque dans
l’hiftoire de Louis de Hongrie, par Jean Thwroczius,
( c. 2 0 . ) , on les voit feuls compofer la garnifon
d’une place que ce prince affiégea ; oppidum fiump-
niam vocatum & muniturn , in quo multi erant Brigancii
pedites , expugnavit ; 8c on lit dans le même
auteur , ( c. 27 ) ; Briganciis & balefirariis anglicis
eufiodiam cafiri muniendo refiervavit. Il en eft parlé
de même dans Villain , Froiffart , Monftrelet. On
lit dans le compte de Drach, tréforier des guerres ,
an 13 50 : pour Guillaume Collet 3 archer à cheval ,
trois autres archers à cheval, & quatre bngans à pied.
Ces troupes qui dans, les commencements étoient
réglées , fe corrompirent, devinrent des fcélérats,
& ne furent plus en effet que des brigands, qui
ravageoient 8c pilloient comme les Brabançons,
Cotereaux, Routiers , Malandrins , 8c autres.
( Duc ange GloJJdr. ). ( J. ).
BRIG ANDAG E . o i t m i l i t a i r e .
BR IG AND 1NE. Efpèce de corfelet, fait de
lames de fer , attachées les unes aux autres fur leur
longueur par des clous rivés ou par des crochets.
On ornoit cette partie de l’ancienne armure : la
vanité, mère du luxe , s’introduit par-tout avec
lui. Saint-Gelais dit dans le verger d’hopneur :
Avanturiers , & outrageux foubdars ,
Tant là qu’ailleurs , pour être brigands dignes ,
Fournis d’àrnois & riches brigandines.
NEt ailleurs :
Beaux gorgerins , dorées brigandines.
BRISURE. Partie GH ( fig. 134.) prife fur le
prolongement de la ligne de défenfe , pour joindre
dans le baftion à orillons la courtine HI au flanc-
concave B.
BRUGNE. Voyeç Hau b e r .
BU C C E L LA 1RES. On lit dans les réglements
militaires de l’empereur Maurice , qui régna de
582 à 602,, que les kuccellaires étoient une troupe
particulière, qui faifoient partie de la garde du
général avec les fpathaires. ( Liv. 1 , C. 2, 9. ) .
Conftantin Porphyrogénète', êepecicot/, ( de
912 à 959 ) donne ce nom à ceux qui portoient le
pain des foldats , afin que ceux-ci fuffent plus leftes
8c moins chargés. @>vx.ëKkoç, dit-il, eft un pain fait
en anneau, KçtHehkoetS'kç : Kekkctptoç fignifie
garde du pain , ra ctpra. Olympiodore dit
que l’ufage de ce nom commença fous Honorius ,
qui régna de 393 à 423. -
BUCCINE. Inftrument militaire des Romains.
Voyeç Instruments.
BUTIN. Biens mobiliers pris à l’ennemi par
les foldats avec l’aveu de leur général. Voye^ D ro it
m i l i t a i r e ..
Chez les peuples guerriers, fournis à une difei-
Z z