
p ire , la renie ou tranfvedion de la cavalerie fut
longtemps négligée. Augufte la rétablit St la fit
fouvent lui-même, ( Sueton. Aug.. C. 37 & 38.)
Il permit aux vieux cavaliers , ou' à ceux qui
avoient quelque difformité corporelle , d’envoyer
feulement leur cheval fuivant Tordre du rôle, ô c
de venir à pied, pour répondre, s’ils étoient
cités.
Il abolit l’ ufage de l’accufation, ôc le remplaça
par une autre forme d’examen ; ( id, C 39J ).
Chaque1 cavalier fut obligé de rendre compte de
fa conduite 6c de- les moeurs. Suivant la nature
de leurs fautes, les uns étoient réprimandés, les
autres plus févèrement punis : quelques-uns fubif-
foient des peines ignominieufes. La plus légère
des réprimandes étoit celle qui était infcrite fur
des tablettes, St que le cavalier, convaincu de
faute lifoit à voix baffe err préfence du peuple.
Il y en eut qui furent Tiotés, pour avoir emprunté
de l’argent à un intérêt modique, afin
de le placer à un intérêt plus confidérabîe..
Caligula fit cette revue avec exaditude, 6c punit
avec modération. Il ôtoit publiquement le cheval à
ceux dont la conduite avoit été deshonorante , St
faifoit feulement effacer du rôle, fans les nommer,
ceux qui étoient jugés moins coupables. ( ld. C. 16.).
Avant Néron , les chevaux étoient préfentés
fans harnois à cette revue , afin que Ton vît mieux
s’ils étoient bien tenus. Ce fut fous ce prince
c{u’ils y parurent pour la première fois avec tout
leur harnois. ( Xiphilin. Nero. ).
Compojîtion & divijîon...
Dans la légion de Romulus ^ ’infanterie fut de
trois mille hommes , la c avalent de trois cents,
c eft-à-dire dans la proportion de dix à un. Dans
la fuite l’infanterie fut augmentée, 6c le nombre
dès cavaliers refta le plus fouvent le même pour
les légions employées dans une guerre aduelle.
( Liv. fereubiq. Dionys. L. IX. p. 570. Polyb. L.I.
C. 1 6 ,1 7 - , 18. ). Quant à celles que l’on envoyoit
dans un pays pour le protéger en casdebefoin,
elles n’avoient que deux cents hommes de cavalerie
, tandis que celles qui furent oppofées aux
Gaulois , l’an de Rome 5 2.8 , étoient de cinq mille
deux cents hommes de pied, 6c de trois cents
chevaux. (Polyb. L. II. C. 24. III. 107, V I , 18.
Liv. XXII. 36. ) .»Deux autres légions , l’une en
Sicile' 6c l’autre à Tarente , étoient de quatre
mille deux cents hommes de p ied , 6c de deux
cents cavaliers; mais on y en mit quelquefois au
delà de trois cents. ( Liv. L. X. C. 2.5.). L ’an de
Rome 45 6, Fabius leva une légion de 400© hommes
de pied 6c de 600 chevaux. Sous le confulat de L.
Pofthumius Albinus 6c de T.Sempronius Gracchus,
une légion conduite en Sicile par T . Manlius étoit
de 500© hommes de pied 6c de 40© chevaux. ( Id.
L . XXIII. C. 34. de R. .538, av. J. 215. ). En 573
©n envoya dans l’Efpagne citérieure une légion de
J 200 fantaffins & de 400 chevaux,. En 584, chacune
des légions qui fervoient dans le même pays
fut de 3000 hommes de pied 6c de 330 chevaux.
Celles que Lucullus mena contre Mithridate étoient
de 6000 hommes de- pied 6c de 300 chevaux*
( Appian. Mithrid. p. 2,19, de R. 683 , av. J. 70. )»'
Les cavaliers de chaque légion , quelqu’en fut le
. nombre , étoient divifés en dix troupes nommées
turmes. A in fi, la turme fut compofée en différents
temps de vingt, trente , trente-deux , trente-trois ,
quarante ou foixante cavaliers. Elles étoient di-
vifées1 en dixaines ou décuries, dont chacune avoit
fon chef nommé dèciirion. Celui de la première ,
ou dans fon abfence celui de la fécondé comman-
doit la turme : chaque décurie avoit aufli fon
ferre-file.
La compofition de la cavalerie fut changée fous'
les empereurs. Vers le temps d’Hadrien , 'On joi->
gnoit aux cohortes milliaires deux cents quarante
cavaliers divifés en dix turmes, ôc à celles que'
l’on nommoit quingénaires fix turmes de vingt
hommes chacune. ( Hygin. cajîrarn. ap. J. C. 117. ).
Il y avoit de plus des corps de cavalerie féparés de
la légion , auxquels on donnoit le nom d’ailes :
quelques-uns étoient de cinq cents hommes, 6c
d’autres de mille : on les nommoit vexillations au
temps de Végèce , pour les diftingüer des turmes
attachées aux cohortes 6c appellées légionnaires*
Habillement & équipement.
L’habillement du cavalier étoit le même que
celui des armés à la légère : l’habit nommé tràbea
etoit une toge blanche , bordée de pourpre St
rayée de larges bandes de même couleur; il ne
fervoit qu’aux jours de fêté 6c de pompe.
Le harnois du cheval étoit compofé de deux
couvertures de drap , de cuir, ou de peaux attachées
par trois courroies, dont l’une paffoit fur
le poitrail, l’autre fous le ventre , la troifième fous
la queue. (Æneid. L. VIL V. 277.). La couverture
fupérieure étoit moins longue de moitié que
celle de deffous ,6c avoit les bords inférieurs fef-
tonnés. L’inférieure étoit quelquefois bordée d’une
frange , quelquefois fimple , St plus ou moins
longue. Les courroies portoient des ornements pendants
: c’étoient des glands , des fleurons, des
croiffants. Quelques-unes étoient fimples, 6c quelquefois
l’une étoit fimple 6c l’autre ornée. Les deux
couvertures étoient attachées l’une à l’autre par des
noeuds d’une efpèce de ruban , ou par quatre boutons
plats 6c ronds, placés à l’avant-6c à l’arrière ,
vers la partie fupérieure. Ces boutons pouvoient
fervir aufli à fixer aux couvertures la courroie du
poitrail ÔC la croupière. De chacun de ces boutons
pendoient deux courroies longues de huit ou neuf
pouces;terminées par un bouton femblable. ( Co-
lum. traj. Tab. 7 , 8 , 31 , 3 2 ,2 1 , 3 2 ,3 9 ,1 2 0 8
122, 3 1 ,3 2 .) .
L’ufage des couvertures teintes en pourpre s'introduira
dans Rome avec l’opulence. Le tribu»
Lucius Valerius, faifant l’apologie du luxe contre
M. Porcius Caton , en propofant l’abrogation de la
loi Oppia, demandoit aux Romains s’ils vouloient
que leurs femmes ne portaffent point d’habits de
pourpre, 6c que leurs chevaux fuffent plus ornés
qu’elles. ( Liv. L. X XXIV . C. 7. de R. 558. av.
f j I95-)- .
La felle ne fut en ufage que vers la fin du
quatrième fiècle ; cependant on voit fur la colonne
trajane, (pl. 43. ) , une efpèce.de felle qui paroît
compofée de deux couffins ovales, placés fur,la
couverture inférieure 6c recouverts par la fupérieure.
Les parties antérieures 6c poftérieures de
celle-ci fe recourbent Tune vers l’autre fur le dos
du cheval , en forme de bourlet ou de volute ;
de forte que le milieu de la felle eft. concave
comme dans les nôtres : on revoit encore à la
planche 78 ces efpèces de couffins.
L’ufage des étriers ne fut connu des Romains que
fous le bas empire ; le cavalier fautoit de terre fur
fon cheval : ceux qui étoient moins agiles s’ai-
doient de- la hafte , foitpour y monter , foit pour
en defcendre. (Liv. L. IV. C. 19 .). On.mettoit
vers le bas de la hampe une fiche, fur laquelle on
appuyoit le pied. (Stofch. JVinckelman , p. 170.
Sil.Ital. L. X.Strab. L. III. p. 163. ). On accou-
tumoit auffi les chevaux à fe baiffer en pliant les
jarrets de devant. Mais ces moyens étoient fi peu
commodes que C. Gracchus fit placer des pierres
fur les grands chemins, de diftance en diftance St
des deux côtés, afin que les cavaliers puffent monter
à cheval facilement & fans aide. ( PLutarch. in
Gracch. ). Sous l’empire , les princes , les généraux
, les officiers fupérieurs, eurent à leur fer-
vice des hommes nommés flatores, ( Spartian.
Caracall. Ammian. in Iulian. Valentiniano. ) , pour
les aider à monter à cheval; & cet emploi n’avoit
rien de fervile. Au temps de Domitien, Silius
Hofpes, chef de la première centurie de la première
cohorte , étoit pirateur d’un gouverneur d’Efpagne.
Il paroît que les Romàïfis n’ont point fait ufage
du fer à cheval, quoiqu’ils le connuffent, ôc qu’il
fut fous Traj an au nombre des ornements de leurs
enfeignes. Les mulets de Néron St de Poppée
avoient une chauffure , les uns d’argent & des
jmtres d’o r , que les auteurs latins nomment folea
comme celle des hommes. ( Sueton. Nero. C. 23
& 20. Xiphil. Nero. P lin. L. X X X 11I. C. 49. ).
.Elle étoit attachée avec des courroies , ou des cordons
dores, OTrctpl tct i'zriyjjyaeL. Il paroît que c’étoit
une efpece de fandale, que l’on attachait au pied
du 1 animal. *Mais les chevaux de la cavalerie en
avoient-ils de femblables ? C ’eft un ppint fur lequel
ni les auteurs anciens, ni les monuments ne
nous éclairent. Le cheval de Marc Aurèle, &
ceux qui font repréfentés fur les médailles, fur
‘1 Cu ‘onne trajane, fur la colonne antonine , fur
les bas reliefs, ont la corne toute nue.
Le mot phalere etoit le nom générique de plusieurs
efpeces d ornements que portoient les çhevaux
St même les hommes. C’étoit, fuivant Suidas,
une plaque ronde ou ovale , ccctiS’Ipko? , que
l’on mettoit fur le front des chevaux ; fuivant
Servius St Pline , une efpèce de collier qu’ils portoient
pendant au cou. ( Æneid. L. VII. v. 278-
P lin. L. X X X VII. C. 74. Aul. Ge.ll. L. V. C. 5.
Ammian. L. XX. ). Héfychius dit que c’étoit une
efpèce d’afiragale placé fur le cafque. Julien proclamé
empereur, St n’ayant point de diadème,
employa pour c e t . ufage une phalère de cheval.
Ainfi , la phalère pouvoir fervir comme collier ÔC
comme couronne.
Touts les chevaux repréfentés fur la colonne
trajane, (pl. 78 & 89. ) , ont une efpèce de collier
qui porte à fon. extrémité fupérieure un bout de
couroie terminé en fleuron. Ce collier ne feroit-
il point une phalère ? Et ces cavaliers , dont une
partie ont la tuniqe relevée St font fans cuiraffe,
ne feroient-ils pas les chevaliers lés plus diftingués
6c les plus riches, qui dès ce temps commen-
çoient à quitter les armes défenfives ? ( Veget. L . 1.
C. XX. ) ? Ceux qu’on voit aux planches 120 6c
122 ont touts la cuiraffe , 6c les chevaux n’ont
point de collier ; mais on en retrouve aux planches
21 ,'43 , 78 6c 79.
La phalère devint une marque diftin&ive des
chevaliers romains , ainfi que l’anneau. Çelui - ci
fut de fer dans fon origine , enfuite d’or , ÔC
porté par les fénâteurs , puis par les principaux
d’entre les cavaliers, qui voulurent fe diftingüer
auffi du refte du peuple. ( Plin. L. XXXIII. C. 4.
& feq. ). L’ufage n’en étoit pas encore fréquent
vers l’an de Rome 448. Pline rapporte que
les nobles, indignés de ce que Flavius qui avoit
trahi le fecret des principaux de l’é tat, en publiant
les faftes, avoit été. fait édile ôc tribun du peuple ,
quittèrent les anneaux d’or ; ( Ib. C. 6, ) ; 6c obferve
que la déposition de cette marque diftin&ive n’eut
lieu que pour une partie du lénat , 6c nullement
pour les cavaliers. « Ceux-ci déposèrent, dit-il 9
non les anneaux , mais la phalère n.
L’anneau ne fut pas attribué exclufivement au
fénat St aux cavaliers : ( Appian. Libye. ) : il paffa
jufqu’aux foldats; 6c ce fut peut-être pour fe distinguer
d’une manière plus particulière qu’une
partie du fénat 6c des cavaliers portèrent l’anneau
d’or. Lorfque, dans la fécondé guerre punique ,
Magon préfenta au fénat de Carthage les anneaux
d’or des chevaliers romains tués dans les fix batailles
gagnées par Annibal, il dit que cet ornement
n’étoit porté que par les cavaliers , ÔC même
par les principaux d’entre eux. (L iv . L. XXIII,
C. 12 .) . Au temps de Marius, plufieurs fénâteurs
portoient encore l’anneau de fer. (Plin. ibid.).
Les cavaliers qui remplirent les fondions de juges
au temps des Gracques confervèrent la marque
diftindive de l’anneau. Çelui d’or ne fut pas général
dans l’ordre équeftre, même au commencement
de l’empire. (Plin. L. XXXIII. C. 7.). Quand
Augufte régla les centuries des juges , la plupart
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