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l'angle poftérieur. (Ælian.p. 52, 34. Arrian. p. 42.),
Les Macédoniens firent ufage de la forme em-
boloïde ou triangulaire. Ils l’empruntèrent des
Thraces , qui la tenoient des Scythes. Ce fut Philippe
qui l’introduifit dans fes troupes & les y
exerça. Cet ordre parut plus fort que le quarré ,
parce que les chefs de file l’entouroient, que le
front étoit moins étendu , que l’introduéfion en
«toit facile par la moindre ouverture qui fè pré-
fentoit ; parce qu’étant terminé en pointe , il divi-
foit facilement la troupe ennemie , que la converfion
& la réverfion , ( ou retour fur le même
terrein après la converfion ) , en étoient plus
promptes & plus faciles que dans le quarré. « L’ef-
cadron triangulaire, dit Arrien, ( p. 45 ) , quoique
marchant en avant fuivant fa profondeur, tourne
en peu de temps par la tête de fes rangs, & la troupe
entière exécute ainfi facilement la contre-marche »
mouvement qui tenoit lieu de la demi converfion.
Je joins ici le texte, parce que les tradùéleurs ne
l ’ont point rendu. CH f iÉ ® * U $ Trço&r*
îs- fiei&oç irço%û)çtt, ùvTÎj r s rjj ap^jf i l oXiya
iiriçot^nsa-«, rîjv TTctreiy tu%iv eofictçaç i%iXl<r<rûutvt]v
irc&Çt%îToii.
Blancard n’a point entendu ce partage, & M.
Guifchard le traduit ainfi : « il faut feulement avoir
l ’attention d’avertir les files de la pointe qui tourne ,
de ne pas fe jettef*;fur leur pivot , & de s’ouvrir
plutôt que de fe ferrèr ». Je ne vois pas dans le
texte un feul mot de cette tradu&ion.
A l’exemple des Perfes & des Siciliens , la plupart
des Grecs , & fur-tout ceux qui étoient les
meilleurs cavaliers employoient l’ordre quarré ;
perfuadés qu’il étoit plus commode pour la formation
& les mouvements, &. plus utile à la guerre,
parce que touts les chefs de file chargeoient en-
lemble , & qu’une troupe ainfi difpofée fe retiroit
plus facilement. On regardoit comme le meilleur
ordre celui dont le front étoit double de la h au teur
, comme huit fur quatre , ou cinq fur dix :
les deux dimenfions étoient inégales pour le nombre
des cavaliers, mais égales quant à fleur étendue,
vuquele cheval eft plus long que large. Quelques-
uns faifoient le front triple de la hauteur , afin d’approcher
davantage de la forme quarréé , parce que
la longueur du cheval eft triple à peu près de fa
largeur : ils mettoient donc neuf de front fur trois
de hauteur. ( Arrian. p. 46. ).
Nos deux ta&iciens obfervent ici que la profondeur
de la cavalerie n’a pas la même utilité
que celle de l’infanterie. ie Ceux qui font derrière,
difent-ils, ne contribuent point à la véhémence
du choc ; ils ne produifent aucune preflion ; ils ne
fe condenfent point avec ceux qui font devant
comme en une feule malle qui agit par fon propre
poids : au contraire, fi on ferre les chevaux, on
y met le défordre & la confuûon. ( ld. p. 49. ).
Cependant d’autres taéliciens avoient penfé le
contraire. Ils employoient un ordre, dont la profondeur
étoit double du front. On le regardoit
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' comme propre à tromper l’ennemi, en lui pféfeii-
« t-ant un front de peu d’étendue, à l’enfoncer par
la profondeur & la force du choc, & à fondre
inopinément fur lui en partant par des lieux étroits
; & difficiles. ( Ælian.p. 48 & 53.).
La forme rhomboïde ou lozange fut adoptée
plus généralement. Vilarque étant à la tête, les
deux cavaliers placés de chaque côté n’avoient pas
befoin de former lin rang derrière lu i, mais d’être
• feulement en arrière , de forte que les têtes de
leurs chevaux fuflent à hauteur des épaules de
celui de Vilarque , que les chevaux difpofés à
leur droite & à leur gauche euffent entre eux un
intervalle , & que la troupe fut unie , fans qu’il y
eût à craindre que les ruades des chevaux qui fe
heurtoient ou qui étoient. vicieux n’y miflent le
défordre, ou que l’animal étant plus long que large
n’atteignît les chevaux voifins en tournant, & ne
bleflat les cavaliers.
Quelques-uns formoient le rhomboïde par rangs
& par files.; d’autres par rangs & non par files ;
d’autres par files & non par rangs. Ceux qui le dif-
pofoient par rangs & files faifoient le rang du milieu
impair, comme de 13 ou de 15 ; celui de devant &
celui de derrière moindre de 2 , favoir de 11 ou
de 13 ; les fuivants de 9 ou de 11 , & ainfi de fuite
jufqu’à l’unité ; de forte que fi le rang du milieu étoit
de 15 , tout le rhombe étoit de 113 . La moitié du
rhombe étoit nommé ép.£ohov ou coin.
Ceux qui n’admettaient ni files ni rangs pré-
tendoient que dans cette difpofition les conver-
fions & charges étoient plus faciles -, parce qu’il
n’y avoit aucun obftacle ni à droite , ni à gauche ,
ni en arrière. Ils placèrent donc les cavaliers à
droite & à gauche de Vilarque , de forte que les
tetes. des chevaux furtent à hauteur des épaules du
cheval qui précédoit, & forjnaflent ainfi les deux
premiers rangs ou faces antérieures du rhombe , en
nombre impair, onze par'exemple. Ils plaçoient
enfuite derrière l’ilarque le zugarque , & formoient
en dedans deux rangs parallèles aux premiers,
mais moindres de deux hommes : les deux
premiers étant de onze, les deux féconds étoient
de neuf, &. ainfi de fuite jufqu’à l’unité. P^olybe
a fait ufage de cet ordre au nombre de 64 , & en
forme de yçj ou de coin. Philippe de Macédoine
l’inventa , 8c il plaçoit les meilleurs foldats' à la
pointe , afin que les autres furtent encouragés ,
fortifiés , & conduits par eux, comme un fer l’eft
par une pointe forte & bien acérée.
La difpofition par files, mais fans rangs, fe fai-
foit comme il fuit. On formoit une file d’un nombre
quelconque, dont Vilarque étoit le premier , &. le
ferre-file le dernier. On plaçoit enfuite de part &
d’autre une autre file, dont les chevaux étoient de
chaque côté des intervalles de la première ^ &. pré-
cifémeht vis-à-vis leur milieu. Les deux nouvelles
files avoient un cavalier de moins que la première.
S’il y en avoit dix dans la première , la fécondé en
avoit neuf, latrçifième huit, & de même jufqu’à
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un : cette difpofition étoit commode pour les à
droite & les à gauche. Elle rentroit-dans les précédentes
, & n’en différoit qu’en ce que la tête des
chevaux qui formoient les files fecondaires étoient
moins avancés , & n’alloient pas à hauteur des
épaules du cheval qui les précédoit. ( ldi p. 2.9. ).
La difpofition par rangs & non par fif§s fe pre-
noit ainfi. On failoit un rang impair, qui étoit celui
du milieu, & on formoit les autres devant & derrière
, de forte que les chevaux furtent vis-à-vis de
ï ’intervalle du rang poftérieur ou de l’intérieur.
L’efcadron re&angulaire avoit ou le front plus
grand que la hauteur, ou la hauteur plus grande
que le front. Le premier de ces deux ordres étoit
préférable pour le combat, à moins que l’on ne
voulût percer la troupe ennemie. Alors celui qui
avoit le plus de profondeur étoit le plus avantageux
, de même que pour cacher le nombre de
la cavalerie & engager les ennemis au combat.
L’ordre fur un feul rang fans profondeur n’étoit
bon que pour le pillage, pendant lequel on n’a-
voit rien à craindre , ou pour en impofer par l’apparence
d’un grand front , ou dérober à la vue
quelque objet ou quelqué manoeuvre.
Les iles ou efcadrons fe formoient, comme les
pfiles , tantôt devant la phalange , tantôt à fa
droite & à fa gauche, & quelquefois derrière les
pfiles. Le premier efcadron étant de 64 , fon premier-
rang étoit de 15 , le fécond de 13 , le troisième
de 11 , & ainfi de fuite jufqu’à l’unité. Le porte-
enfeigne étoit au fécond, rang, à la gauche du zugarque.
Il y avoit en tout foixante-quatre iles ,
laifant 4096 hommes , & chaque île avoit fon
ilarque.
Deux îles formoient une épilarkie de 128
hommes.
Deux épilarkies une tarentinarkie de 256.
Deux tarentinarkies une hipparkie de 512 , &
c’eft ce que les Romains nommoient ala.
Deux hipparkies une épipparkie de 1024,
Deux épipparkies une tèle de 2048.
Deux tèles un epitagme de 4096.
La cavalerie, pefamment armée , avoit la lance
longue , ou k'ovtoç , la pique moyenne ou S'ôpv ,
& la demi-pique, ou , l’épée ou fabre recourbé
, (jj.k.yjuçci') , le javelot, le calque , la
cuirafle , le bouclier &. les bottines ; celle qui
avoit des boucliers étoit nommée thyréophore ;
celle qui portoit le javelot nommé xyfte , portoit
le nom de xyftophore. ( Xenoph. L. 111, p. 499.
A.&demagift. equit. 995. C. G l.v e t.^o ç s^ùctu'Trés.
Arrian. Tatfic. pag. 15 ) .
La cavalerie légère ou acrobolifte , c’eft-à-dire
qui combat de loin , étoit armée de la demi-pique
du javelot, de l’arc & des flèches. On nommoit
upacontijte, & proprement tarentine , celle qui
portoit la demi-pique , l’épée , & la hache ; les
archers a cheva} hippotoxotes ou fcythes.
„ , -Atexandre forma une troupe de cavalerie fem-
Hable a nos dragons 3 & la nomma , ou
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doubles combattants. Elle étoit armée plus légèrement
que les oplites , plus pefamment que la
cavalerie , & combattoit à pied ou à cheval. Un
hupérète qui fufvoit chaque cavalier , prenoit fon
cheval, & le cavalier devenoit oplite. ( Pollue•
onom. Qiiïnt-Curt. L. VI. Alex, ab Alex. L. VI. C•
22. ). Le même prince eut auflï de la cavalerie
fanjjbphore. ( Arrian. L. 1. pag. 39. IV. 247. ). Il
y en avoit dans fon armée de grecque, de thrace ,
& d© thertalienne. 11 eut de plus des corps d’infanterie
& de cavalerie qui formoient une parti#
de fa garde. Ces corps étoient compofés des jeunes
gens les plus diftingués, & avoient reçu de lui le
nom de compagnons ou d’amis. Ceux qui fer-
voient à pied étoient les plus nombreux ; & ,
comme Arrien n’en fait aucune mention particulière
dans les ordres de bataille qu’il décrit, il ert:
vraifemblable qu’ils faifoient corps avec la phalange.
( Suidas vocc'&eÇoiTeçoç. Arrian. Alex.p. 107.
392- )■
Ceux qui fervoient a cheval compofoient huit
corps , dont un étoit principalement dirtingué
par le nom d'ile , ou elcadron royal. ( Arrian.
pag. 184. ) ; car en général on les défignoit touts
parce nom. ( ld. pag. 15 3 , 156 , 18 2, 183.
Ils étoient commandés par huit chefs qui furent
fubordonnés au feul Philotas jufqu’à fa mort, Sc
enfuite à Clitus & Hépheftion. ( ld. L. III. p .
227. ). Le corps entier étoit de 1800 hommes ;
ce qui donne po«r chaque efcadron 225 : ce corps
étoit le meilleur de toute la cavalerie d’Alexandre.
( Diodor. L. XVII. p. 500, 571 , A . Arrian. ».
18 4 ,2 18 . L. 111. ).
Quant à l’Agèma auquel Quinte-Curce. donne
Clitus pour ch e f, on voit que c’étoit le premier
efcadron des amis qui dans Arrien eft aufli commandé
par Clitus, & nommé agèma royal. L ’infanterie
des amis avoit aufli fon agèma ou première
troupe, & il y en avoit un des hupafpiftes ,
qui portoit le nom d’hupafpiftes royaux : il y en
avoit un de la cavalerie ; c’étoit dans chacun de
ces corps une troupe d’élite. ( ld. L. 111. p. 183.
L. V. p. 333. V il. 462. V. p. 316. III. p. 184.
V-F- 335 > 359 . 379- ^ppian. Syr. p. 107. C. 9 ) .
Les argyrafpides , ainfi nommés , parce que
leurs boucliers étoient garnis de lames d’argent,
ne formoient pas un corps particulier. En conciliant
Diodore , Quinte-curce, & Arrien, on voit
qu’ils faifoient partie des hupafpiftes. Les deux
premiers difent que Nicanor commandoit les ar-
girapides à la bataille d’Arbelles : Arrien dit que
Nicanor commandoit à la même bataille tout«
les hupafpiftes. ( Diodor. L .X V ll.p . <31. Quint-
Curt. L. IV. C. 13. ).
Diodore nous apprend dans un autre endroit
que les argyrafpides étoient un corps de vétérans
fexagénaires & même feptuagénaires que fon courage
& fon expérience rendoient invincible. ( L .
X IX . p. 686 , 693. ). C ’étoit donc un corps d’élite
, faifant partie des hupafpiftes ; & , cqhm&ç