Romulus j celui-ci entoura l’aventin, le capitole
6e autres poftes importants, de foffés , .de parapets
, de paliffades , ôc y plaça les troupes né-
ceffaires à leur défenfe ( Dionys. L. II. p. 104. ).
Sous Tulliis Hoftilius, ( de R. 81. av. J. 672. ).
J’armée des Albains & la romaine, s’obfervant
l’une & l’autre , ôc s’occupant plus de la défenfe
que de l’attaque, donnèrent aux retranchements de
leur camp plus de hauteur qu’à l’ordinaire. ( id .L .
III.p. 189. ). Sous le même prince, les Fidenates
& les Romains , campés en préfence les uns des
autres , fortirent de leurs retranchements , ôc fe
mirent en bataille. ( id. ibid. p. 164.). Tullusayant
été vainqueur , environna Fidènes d’un retranchement
ôc d’un fo.ffé. Peu après, il força le camp
• des Sabins, ôc fes troupes s’emparèrent des richeffes-
qu’il renfermoit. ( ib.p. 172 .)
Sous Ancus Martius on voit les Latins & les
Romains, après un combat où l’avantage fut é g a l,
fe retirer chacun dans fon camp ; ( ib.p. 179. ) ; les
Sabins fe retirer dans leurs retranchements à l’approche
de la cavalerie des Romains , & ceux-ci s’en
emparer peu de temps après. ( ib.p. 180. ).
On voit ce même prince entourer Vélitri d’un
retranchement & d’un foffé. (de R. 136. av. ƒ. 617.) ;
Tarquin retrancher fon camp près de celui des
Latins ; en fortir pour préfenter le combat, ôc
rentrer dans fes retranchements ; ( ib. p. 189. ) ;
enfin l’ufage des camps retranchés commun dans
<ce temps à touts les peuples d’Italie.
Il fut continué fous la république. Le conful Pu-
blius Servilius attaqué dans le fien par les Volfques
les repoulTa jufques dans le leur, ôc s’en rendit
maître ( id. L. VI. p* 364. Liv. L. II. C. 25 : de R.
2.58. av. J. 495. ). Huit ans après, Titus Sicinius attaqua
le camp des Volfques, fit combler le foffé,
6c marcha aux poftes* les mieux défendus avec
l’élite de fes cavaliers ( Dionys. L. VIII.p. 535.).
Après la défaite des Fabius, les Etrufques marchèrent
contre le conful Ménenius, qui avoit mal
pris fon camp au pied d’une colline ; & , en ayant
occupé le fommet fans aucun obftacle, entourèrent
leur camp d’un foffé profond ôc d’un parapet très-
élevé ( id. L. IX. p. 581. de R. 276. av. J. 477. ).
Treize ans après, le conful Spurius Furius, attaqué
dans fon camp par les Kerniques , fit une for-
tie par la porte nommée Décumane, ôc les repouffa
( Liv. L .41I. C. 5. ).
Ainfi , depuis une époque très-reculée , les
Romains firent conftamment ufage des camps retranchés.
Quant à leur forme ôc.difpofition intérieure
, nous ignorons par quels dégrés elle parvint
à cette perfe&ion que Pyrrhus , -célébré lui-même
dans l ’art des campements, admira fur la rivière de
Siris, en difant que cet ordre des barbares n’étoit
nullement barbare ( Liv. L. XXXV. C. 14. Alex, ab
Alex. L. 1. C. 12. Plutarch. Pirrh.p. 393. A . de R.
463. av. J. 290. ). Cependant, fuivànt Frontin ,
Jorlqu’ils fe furent emparés de fon camp près de
Bénevent, ils y remarquèrent des difpofitions qu’ils
imitèrent enfuite.
■ Ils avoient adopté une forme fimple ôc unique
dont ils faifoient ufage en toute occafion ( Polyb.
L. VI. C. 25. Jofeph. Bell. Jud. p. 835. D. ). Le lieu
étant déterminé, ils l’applàniffoient, s’ilétoit inégal»
Ils y choififfoient l’emplacement d’où l’on découv
r i t le mieux touts les environs, ôc qui étoit le
plus commode pour donner l’ordre. La tente du
général y étoit placée , & on le nommoit prétoire.
Ils y plantoient d’abord le vexille , ôc traçoient à
l’entour un quarré dont chaque côté étoit à cent
pieds du vexille (83 p. 8 1. ) ; ôc dont la furface
contènoit quatre plèthres. Le refte du camp oc-
cupoit le terrein fitué en dehors fur un des côtés ,
Ôc qui paroiffoit le plus commode pour l’eau 6c
pour les fourages.
Parallèlement à ce côté & à la diftance de cinquante
pieds ( 41 p. 6 p. 41. ) , on établiffoit fur une
ligne droite les tentes des douze tribuns de l’armée
confulaire ; l’efpace laiffé entre le prétoire
ôc les tentes des tribuns étoit deftinée à leurs chevaux
ôc à leurs bagages. Le devant de leurs tentes
étoit tourné vers le camp des deux légions , & par
conféquent l’arrière vers le prétoire : le côté que
ces tentes regardoient eft nommé par Polybe le
front du camp. Elles étoient également diftantes
entre elles , ôc occupoient toute la largeur du camp
des deux légions. Cette partie où étoient les tentes
des tribuns étoit celle que l’on nommoit principia.
A cent pieds de diftance, on traçoit une ligne
parallèle à l’alignement des tentes des tribuns, ÔC
c’étoit à cette ligne que l’on commençoit le tracé
du camp des troupes. On la divifoit en deux parties
par urîe perpendiculaire abaiffée du point où
étoit le vexille ; ôc , de chaque côté de cette perpendiculaire
, on marquoit l’emplacement de la cavalerie
de chaque légion, en laiffant entre deux
un intervalle de cinquante pieds (4 1 p. 6 p. 41. ).
Le tracé étoit le même pour la cavalerie ôc pour
l’infanterie'; l’emplacement du manipule étoit égal
à celui de la turme èc de figure quarrée : celui-ci
étoit tourné vers la rue , Ôc s’étendoit en longueur
a la diftance de cent pieds (83 p. 8 1. ). On lui
donnoit autant qu’on le pouvoit la même profondeur
, & on en augmentoit les dimenfions , quand
les légions étoient plus nombreufes.
On plaçoit les triaires de chaque légion de part
& d’autre derrière la cavalerie ; de forte que l’emplacement
de chaque manipule répondoit à celui
de chaque turme, ôc lui étoit égal en longueur.
Il étoit moins large que long , parce que les triaires
étoient à peu près moitié moins nombreux que
les princes ôc les haftats : Ôc , comme le nombre
des hommes dans ces différentes efpèces d’armes
étoit fouvent inégal, on diminuoit la largeur de
l’emplacement, fuivant les circonfiances ; mais on
y confervoit conftamment la même longueur. Les
tentes des triaires étoient adoffées à celles de la
cavalerie, de forte qu’elles fe touehoient par leuç
partie poftérieure, ôc que l’entrée des unes étoit
tournée du côté oppofé à celpi que lentree des
autres regardoit.
A cinquante pieds de diftance , & parallèlement
à la ligne qu’elles formoient, on plaçoit en fens
oppofé les tentes des princes qui formoient ainfi
deux nouvelles rues , en s’étendant depuis 1 efpace
de cent pieds laiffé devant les tentes des tribuns
jufqu’au côté oppofé de l’emplacement total. Les
haftats étoient adoffés aux princes, ainfi que^ les
triaires à la cavalerie : ôc, comme ces trois efpeces
d’armes formoient chacune dix manipules, toutes
les lignes de tentes 6c toutes les rues étoient de
longueur égale. ,
Les tentes de la cavalerie alliée étoient placées
à cinquante pieds de celles des haftats , 6c leur entrée
tournée vers' elles. La ligne qu’elles formoient
étoit parallèle aux précédentes , 6c fe terminent
aux mêmes côtés. Les tentes des ^manipules de
l’infanterie alliée étoient adoffees a celles de la
cavalerie, 6c tournées vers le retranchement 6c
la face latérale du camp. Dans chaque manipule ,
les deux centurions occupoient les deux premières
tentes, l’un à la droite , & l’autre a la gauche.
L ’infanterie alliée égaloit en nombre celle des
légions , moins le cinquième , tiré pont former les
extraordinaires : 6c la cavalerie, qui étoit le double
de la romaine, avoit un tiers de moins , tire pour
la même troupe : ainfi, l’une Ôc l’autre furpaffoient
encore en nombre chaque ligne formée dans le
camp par l’infanterie 6c par la cavalerie romaine.
On y avoit égard dans le tracé ,6 c , en proportion,
de cet excédent, on donnoit à l’emplacement def-
tiné aux troupes alliées plus de largeur fur une
longueur égale à celle que les troupes romaines
occupoient.
Dans cette difpofition, il y avoit cinq rues dirigées
de l’arrière au front du camp. On en formoit
une fixième tranfverfale. en laiffant un efpace de
cinquante pieds entre la cinquième 6c la fixième
turme, ainfi qu’entre le cinquième ôc le fixième
manipule. Cette rue , qui traverfoit tout le camp
par fon milieu , parallèlement à la ligne formée
par les tentes des tribuns , étoit nommée quintane,
parce qu’elle s’étendoit le long des cinquièmes
turmes & manipules. Celle qui alloit du front ou.
des principia à l’arrière du camp étoit nommée
principale. (A le x , ab alex. L. 1 , C. 1 2 .) .
Dans le terrein qui étoit derrière les tentes des
tribuns, de part 6c d’autre du prétoire, on plaçoit
d’ùn côté le marché, de l’autre le quefteur
6c. fa fuite. En arrière de j la dernière tente droite
6c gauche des tribuns , l’élite des cavaliers extraordinaires
, & quelques-uns des volontaires qui fui-
voient le conful par attachement, formoffent une
ligne repliée ( g’TriKcip'Trtov ) le long de la face latérale
du camp. Les tentes des uns étoient tournées
vers celles du quefteur ; celles des autres vers le
marche ; ôc rion-feulement ils campoient le plus
fouvent ainfi auprès du conful; mais ils l’accompagnoient
lui ôc le quefteur dans les marches ôc
dans toutes les occalions où ils pouvoient leur
être utiles. Les fantaflins deftinés au même fervice
que ces cavaliers leur étoient adoffés , de forte
que l’entrée de leurs tentes étoit tournée vers le
retranchement.
Au-delà, Ôc de l’autre côté du marché , du
prétoire, ôc des tentes du quefteur , on laiffoit
une rue large de cent pieds, parallèle aux tentes
des tribuns, ôc qui avoit la même étendue que
le camp. C ’étoit le long de cette rue qu’étoient
campés les cavaliers extraordinaires , leurs tentes
tournées vers le prétoire. Au milieu de l’emplacement
de ces cavaliers , ôc vis-à-vis de la tente
du général, on laiffoit un paffage large de Cinquante
pieds , perpendiculaire à la grande rue ,
Ôc qui conduifoit au retranchement.
Les tentes de l’infanterie extraordinaire, adoffées
à celles de la cavalerie, étoient tournées vers le
retranchement ôc la face antérieure du camp.
L’efpace vuide qui reftoit de part ôc d’autre le
long des deux faces latérales, entre les extraordinaires
ôc leur élite, fervoit à placer les troupes
étrangères , ôc celles des alliés qui fe joignoient
à l’armée pendant la campagne.
Fig. 142. Camp romain décrit par Polybe.
G. Tentes du général.
PP. Prétoire.
Q . Queftoire ôc tentes du quefteur.'
F. Marché.
T T . Tentes des Tribuns.
Pp. Tentes, des préfets des troupes alliées.
Nota. Polybe n’en a point parlé. Jufte-Lipfe a
conjeâuré , avec beaucoup de vraifemblance ,
quelles étoient placées à la tête du campdes troupes
alliées, comme celles des tribuns à la tête du camp
des légions ; les préfets des alliés ayant les mêmes
fondions que les tribuns.
C R . Cavalerie romaine.
Nota. Toute la cavalerie eft diftinguée dans cette
figure par une teinte plus foncée.
NN. Princes.
HH. Haftats.
C A . Cavalerie alliée.
IA. Infanterie alliée.
CE. Cavalerie extraordinaire , tirée de la cavalerie
alliée.
IE. Infanterie extraordinaire , tirée de l’infanterie
alliée.
Ce. Cavalerie d’élite , tirée de la cavalerie extraordinaire.
le . Infanterie d’élite-, tirée de l’infanterie extraordinaire.
Nota. Jufte-Lipfe s’eft trompé pour la place de
cette troupe. Polybe dit expreffément qu’elle étoit