
armés de piqifÊs ; les autres de javelots courts &
durcis au feu. (Tarit, annal. I I 3p. 3 3 ,40. L ip f ).
Leurs épées étoient plus longues que l’épée romaine.
( Die. L. X X X V I ll ,p. 10 1 , C. ). Ils n’aboient
ni cafque ni cuirafle, & combattaient prefque
nuds, de même que les Gaulois. » Qui ne fçait,
difoit Cæfar à fes troupes , que nous avons le corps
défendu de toutés parts, & que les Germains font
prefque nuds. ( Ccef. bell. gall. L . V I , C. 21. Dio..
Ibid, p. 99 , A . ).
11 y avoit peu de Germains qui fiffent ufage
des piques. Ils portaient des haftes qu’ils nommoient
$rAînées, mot qui lignifie lance. Le fer en était
court, étroit, & perçant: cette arme fervoit comme
trait & comme arme de main. Le cavalier n’avoit
ue le bouclier 6c la ffamée ; le fantaflin lançoit
es traits à une diftance immenfe , 6c en portoit
un grand nombre. Il combattoit nud ou couvert
d’un léger fayon. Il n’y avoit dans fon armure
nulle oftentation ; le bouclier ,feul étoit peint des
.couleurs les plus choifies. La cuirafle, le cafque
étoient rares, (Tarit. German. p. 267 , lipf. 40.).
F R A N C S , F R A N Ç O I S .
Dans la bataille où Clodion fut défait par
Ætius, au pays d’Artois, en 4 3 1 , les Francs, peuple
germanique , portoient des habits fort étroits, une
efpèce de ceinturon, une hache & des javelots
qu’ils lançoient avec beaucoup de jufteffe, & des
boucliers qu’ils faifoient tourner avec dextérité.
Après avoir jetté leur javelot, ils s’élançoient fur
l ’ennemi avec une vîteffe qui égaloit prefque celle
de leurs traits.. (Sidon. Apollin. Majorian.panegyr.).
Ceux qui pafsèrent en Italie, fous Théodebert I ,
roi d’Aufixafie, au nombre de cent mille hommes ,
n’avoient ni a rc , ni javelot. Les cavaliers feuls
portoient des haftes, & il y en avoit peu : prefque
toute l’armée étoit d’infanterie. Leurs armes étoient
l ’épée , le bouclier , & la hache. Le fer de celles-
ci étoit épais 6c à deux tranchans. Au fignal ils
commençoient le combat en lançant la hache,
& brilant, de ce premier coup, les boucliers de
l’ennemi , ils en faifoient enfuite un grand carnage.
(Proçop. bell. Goth. L .H ,p . 226. Grot. 8°.).
(A n 535..)'. , : . . .
Agathias , qui vivoit fous Juftimen , décrit ainfi
les armes des Francs. (C a filin ,l’an 553.). «Les
uns , dit-il, aiguifoient les haches , les autres ces
javelots qu’ils nomment angons ; d’autres répa-
roient les boucliers. L’armure de cette nation eft
fimple 6c groffière : elle exige peu d’ouvriers, &
ceux qui en font ufage la réparent facilement.
Les Francs ne connoiffent ni les cuirafîesÉ ni les
bottines. La plupart ont la tête nue : il y en a
peu qui portent des cafques. Ils ont lé corps
nud jufqu’aux reins , & portent des braies de
toile ou de cuir qui les couvrent depuis les hanches
jufqu’aux pieds. Ils ont très peu de chevaux, parce
gu’ijs font élevés de très exercés à combattre à
pied : ce genre de combat eft celui de la nation;
Ils portent l’épée fur la cuiffe, 6c le bouclier fuf-
pendu au côté gauche. Ils ne font ufage ni d’arcs,
ni des autres traits qu’on lance de loin ; mais de
haches à deux tranchants , 6c d’angons, qui eft leur
arme principale. (Voy. Angon. ) . (L . I I , p. 3 6 ,
Plantin, 1694, 4’° .) .
Cependant ils employèrent les flèches à la dé-
fenfe des villes & des retranchements. Quintin,
l’un des lieutenants de Marius , tyran des Gaules,
ayant attaqué , au-delà du Rhin, une troupe de
Francs, couverte par un abattis, ceux-ci tirèrent
fur les Romains des flèches empoifonnées, dont
les moindres bleflùres étoient mortelles. ( Gregor.
tur. L i l ï , C. 9. ).
L’arc 6c la flèche ne furent point en ufage fous
la première- race des rois francs qui s’emparèrent
de la Gaule. Celui des cafques & des cuirafîes
s’introduifit peu-à-peu: les rois furent les premiers
qui en portèrent. Dagobert, roi d’Auftrafie, eut
fon cafque percé d’un coup qui lui emporta une
partie de la chevelure. Clotaire I I , fon père, étant
venu à fon fecours fur le bord du V e fe r , le fit
connoîtae au duc des Saxons , en ôtant fon cafque ,
6c laiffant flotter fa longue chevelure. ( Geßa
Trane or. reg. C. 4 1 .) (Vers 62.2,.).
A r m e s d é f e n s i v e s .
Le cafque & la cuirafle devinrent enfuite communs
à toutes les troupes ,6 c , fous la fécondé race , on
voit paroître l’armure complette. Le moine dô
Saint-Gai, décrivant l’armure de Charlemagne,
y joint des braffarts ou manches de maille, des
cuiflarts de lames de fer, & des bottines de fer ,
ou chauffes de maille. Il ajoute que ceux de la
fuite du prince , 6c ceux qui l’accompagnoient
dans les combats , avoient à-peu-près la même
armure , mais ne portoient point de cuiflarts , afin
de monter plus facilement à cheval. ( Duchene
feriptor. hiß. Franc, y (7 68.).
Les cuirafîes étoient des cottes de mailles qui cou-
vroient le corps depuis la gorge jufqu’aux cuiffesP
On y ajouta enfuite des manches de mailles 6c des
chauffes de mailles : Grégoire de Tours en parle en
divers endroits. Comme une partie de l’adreffe des
combattants étoit de trouver le défaut de la cuirafle ,
e’eft-à-dire les parties où elle fe joignoit aux autres
pièces de l’armure;afin de percer l’ennemi, par ces
endroits mal protégés, on chercha les moyens de
remédier à cet inconvénient, 6c on réuflit à rendre
les chevaliers prefque invulnérables, en joignant
tellement toutes lés pièces de leur armure, que
ni la lance, ni i’épéè, ni le poignard ne puffent
guère pénétrer jufqu’à leurs corps ,6c à les rendra
àffez fortes pour ne pas être percées. Voici ce que
dit Rigord à ce Tu je t , (p . 2 20) , « lè chevalier
Pierre de Mauvoifin, ( à la bataille de Bouvines) ,
faifit par la bride le cheval de l’empereur Othon,
6c ne pouvant le tirer du milieu de fçs gens qui.
fentraînoîent, un autre chevalier appelle Girard
T ru y e , porta à ce prince un coup.de poignard
dans la poitrine ; mais il ne put le bleffer à caufe
de l ’épaiffeur dès armes dont les,chevaliers de
notre temps, dit-il, font impénétrabiement couverts
». Et en parlant de la prife de Renaud de Dam-
martin, comte de Bologne, qui étoit' dans la même
bataille du parti d’Otnon. « Ce comte, d i t - i l,
abattu & pris fur fon cheval........... un fort garçon
appellé Cômmote........ .. lui ôta fon cafque, 6c fe
bleffa au vifage.............Il voulut lui enfoncer fon
poignard dans le ventre ; mais les bottes du comte
étoient tellement attachées & unies aux pans de
fa cuirafle, qu’il lui fut impoflible de trouver un
endroit pour le percer ».
Guillaume le Breton décrivant la même bataille ,
dit la même chofe encore plus clairement. Ses
expreflions marquent diffinélement que cette manière
de s’armer avec tant de précaution étoit
nouvelle, & que c’étoit pour cette raifon que
dans les combats on çherchoit à tuer les chevaux,
afin de renverferles cavaliers, & de les affommer
où de les prendre, parce qu’on ne pouvoir percer
leur armure. Il obferve que c'était par le défaut de
cette précaution que dans les temps précédents il
périffoit tant d’hommes dans les batailles-
Ainfiy, dans celui dont nous parlons, pourvu
que le cheval ne fût point r-enverfé, que le cavalier
fe tînt bien ferme fur lés étriers, lorfque l’ennemi
veüoit fondre fur lui avec la lance, il étoit
invulnérable , excepté par la vifière du cafque :
il falloit être bien adroit pour y donner. Cette
adreffe s’acquéroit par les divers exercices alors en
ïifagè dans les tournois.
Les bleflùres que l*es chevaliers recevoient dans
les combats, n’étaient d’ordinaire que des contü-
iions, çaufées, ou par des coups de mâflùe, ou
par de violents coups de fabrè, qui fauffoient
quelquefois l’armure : "ife étoient rarement bleffés
jufqu’au fang. Ceux donc qui étoient lès plus
robuftés, & les plus forts pour fupporter lé poids
de leurs armes très pefantes, & pour affener, oü
pour foütenir un coup, avoient l’avantage. Ainfi,
la force du corps étoit alors plus néceffaire qu’elle
ne l’eft aujourd’hui;
Une autre raifon dé ces précautions que pre-
noîent les chevaliers pour leurs armes défenfives,
fut la néeeflité de fe bien couvrir dans les tournois
mêmes. C ’étaient des- jeux militaires, danslefquels
il n’èntroit aucun? animofîté : on ne voulùit qu’y
faire briller fa force & fon adrefle.-
C ’eft pour cela, dit un traité manuferit' des1
tournois, qiie les chevaliers tournoyoientd’ëpées-
rabatues, lès taillants 6c pointes rompues : c e s -
épées s’appelioientr épées gracieufes, glaives cour- \
lois , armes- courtoifes. ( Du Cange fur Joihy-..
dijfertat: 6. ).
Une des; règles dè ces tournois étoit de ne
frapper qu’au corps ou à la tête ; celui qui donnoit
É# bras (M aux cuifles étoit - exclus du prix du
tournois. Gela s’obfervoit même dans les combats
finguliers , 6c dans les défis qui fe faifoient
entre ennemis, quand on étoit en guerre.1
Nous èn avons un exemple dans Froiflart, qui-
parle d’un duel entre un écuyer françois & un
anglois, en préfence du comte de Bouquincam :
« & joufta, l'écuyer françois, dit-il, à la plaifance
du comte moult bien : mais l’anglois fràppa trop
bas, tant qu’il bouta fa lance tout droit en la cuifle
du françois. Trop en fut le comte de Bouquincam
courroucé 6c aufli touts les feigneürs, 6c dirent-
que c’étoit deshonnêtement joufté ». Ce régie-'
ment n’étoit que pour les duels ; dans les combats-
en troupes, on donnoit aux bras 6c aux cuifles
comme au corps & à la tête.
Nonobftant toutes ces règles, il' arrivoit aflez-'
fouvent des accidents fâcheux dans les tournois ;
c’étoit afin de les-prévenir, que les chevaliers
prirent tant de précautions pour fortifier leurs armes-
défenfives, aufli bien que dans les combats;
Voici deux deferiptions de l’armure des chevaliers
de ce temps là , l’une tirée du moine de Maire-'
moutier, qui.vivoit fous Louis lè Jeune ;T’autre:
du préfident Fauchet, qui l’a faite d’après les an-'
; qie-ns hiftoriens.
« Quand on fit chevalier Geoffroy, duc de'
Normandie, dit le premier de ces auteurs, on lui:
amena des chevaux, 6c on lui apporta des armes.
On le revêtit d’une cuirafle incomparable, tiflue-
de doubles macles ou mailles de fe r , que nulle-
flèche 6c nulle lance ne pouvoit percer. On lui
donna dès bottes ou chauffes-de fe r , faites pareil-"
lement de mailles doublés. On lui mit aux pieds-
des éperons dorés, & on lui pendit au cou un’
bouclier où des lions d’or étoient représentés. On'
lui^ mit fur la tête un cafque tout brillant de pierres -
pré cieufes , & fi bien forgé , qu’il’n’y avoit point
d’épée qui pût le fendre ou le faufîer. On IuL
apporta une lance de bois de frefne, armée d’un4
fer de poi&ou, & puis une épée du tréforf
royal ».
La defeription de Fauchet convient’aflei avea*
la précédente. « Quant aux hommes de-cheval,*
dit-il, ils chauffoient de chauffes* de mailles, des*
éperons à molètés aufli larges que la paume de la'
main; car c’èft un vieux mot, que le chevalier'
commence à s’armer par les chauffes. Puis endof*-
foit un gobiffon.. . . . . . C ’étoit un vêtement long ,r
jüfques fur cüiffes 6c contre-pointé;. . . . . Deffus;
ce gobiflon ils avoient une chemife de mailles , ►
longue jufqu’au deffous des genoux, appelîée aubes"
ou haubert-, du mot' albusi. . . . . pour- ce que les-'-
maillés de fer bien polies , forbies & reluifantes en*
fembloiènt plus blanches. A ces chemifeS étoient-
coufues les chauffes', ce difent les annales de-
France, parlant de Régnault', comte de Dammar--
tin , combattant à la bataille de Bovines. Un^
capuchon ou coëffe aufli de mailles , y tenoit pour-'
mettfe la tête dedans; lequel capuchon fe rejet-' toit derrière ^ après que le chevalier s’ètoit ôté -