
y D i s c
Airifi leà h o m m e s font appropriés à
l’exercice de l’art par les loix militaires,
le choix, l'entretien, & les exercices.
L o i x m i l i t a i r e s .
Ces loix conftituent deux efpèces de
droit : l’un , particulier à chaque nation
& conforme à fes moeurs, ell fondé fur
la juftice univerfelle , & dirigé vers la fin
de l’art : l’autre , commun à toutes les
nations, marque les bornes qui doivent
distinguer l’hcmme d’avec la brute , en le
contenant dans l’cbfervation du droit immuable
de la nature , & dans celle des
.engagements particuliers contrariés pour
un temps entre deux nations.
D r o i t m i l i t a i r e n a t i o n a l .
Des loix que ce droit comprend , les
unes règlent l'engagement ; & il eft de deux
efpèces : l’un volontaire & conditionnel ;
l’autre forcé, & exigé par. violence individuellement
, ou étendu à un certain
nombre de citoyens que l’on oblige de
tirer aufort.
Les autres déterminent & fpécifient les
délits, tels oyYaffaffinat, violence , agrejjion,
duel, incendie, v o l, défiobêiffance , fraude ,
lâcheté, négligence, & leurs efpèces; fçavoir,
pour le vol , ]e vol proprement d it, la maraude
, & la.contrebande ; pour la déiobéif-
fance , la mutinerie, la fédition, la révolte ;
qui peut être manifeftéepar les paroles, les
injures, les coups ; pour la fraude , l’im-
pojlure a l'égard de fon nom ou du lieu de fa
naiffance , la contreficiion d’ordres ou de
congés ; pour la défertion , celle qui fe fait
hors ou pendant le fervice, vers le pays natal,
ou d’une ■ troupe nationale à Vautre , ou à
l'étranger ; pour la lâcheté , Y abandon’ de
Jes armes , de fon pofle , de fes drapeaux ; la
reddition prématurée , la fuite ; pour la débauche
, celle de l ’ivrognerie , & celle des filles
publiques.
. Dans un droit militaire dirié par une
faine politique & par l’équité, d’autres loix
doivent déterminer & fpécifier les ariions
dont le principe eft la vertu fous toutes fes
formes, telles que Vhumanité, l'amour de
la patrie , l ’obéiffance , le courage , la valeur,
O U R S
la générojitè, la fidélité. la fageffe , 8c toutes
les autres.
De même que, parmi ces loix , les unes
excitent aux ariions utiles par des récom-
penfes pécuniaires ou diftinftives , comme
les gratifications, les penjions, les louanges ,
les promotions, les décorations, les honneurs ;
les autres préviennent les délits , en prononçant
contre eux des peines pécuniaires
ou corporelles ; & celles-ci font les arrêts,
la prfon , les travaux , les coups : j’y ajoute
à regret la peine de mort, qu’on regarde
encore comme une dure nécefîité. Je tenterai
de prouver ailleurs qu’elle n’eft
qu’une barbarie & une erreur politique.
C h o i x .
Le choix eft dirigé par les qualités génerales
ou particulières. Les générales , ou
communes à touts les militaires, font Y âge,
la vigueur , la valeur, le courage , l’audace ,
l ’intelligence , la foumiffion , la patience.
Les qualités particulières font relatives
aux divers emplois. Celles des officiers font
l ’humanité, le dévouement a la patrie , l’honneur
, l ’émulation , la jufiïce , la purete des
moeurs ; en un mot, la vertu toujours utile ,.
fur-tout dans les chefs. .
Ajoutons-y les connoiffances , & plaçons
au premier rang celle des fciences mathématiques
, parce que leur étude accoutume
l ’efprit à l’ordre, à la précifion , qu’elle
forme le jugement , qui eft l’inftrument
univerfel de l’entendement, le principe de
la moralité, la règle des aflions humaines,
& qu’elle fraye la route aux fciences phy-
Jîques & phyftco-mathématiques relatives à
l’art. Joignons-y les arts mécaniques les plus
utiles à Ja guerre , tels que ceux de Yar-
quebufier , du menuifier , du ferrurier, &C
autres femblables, qui peuvent être fort
’avantageux, en certaines circonftances :
les principes généraux de l'art militaire ,
& les principes particuliers propres aux
diverfès fondrions : les langues des peuples
qui, pour me fervir de l’expreflion commune
, font nos ennemis naturels : car , à
mes yeux , tout homme ennemi d’un autre
homme eft un être hors de fa nature : je
dirai même que cette vérité me paroît
P R E L I M I N A I R E . iij
encore plus vraie à l’égard d’un peuple
entier , & d’autant plus qu’il eft plus civi-
lifé. Les officiers doivent fçavoir aufli les
langues des meilleurs auteurs* militaires ,
tant tariiciens qu’hiftoriens. Je ne prétends
pas que chaque officier puiffe réunir toutes
ces connoiffances. Il doit acquérir celles
qui font effèntielles, & faire parmi les
autres le choix que lui dirient fon talent
& fon goût naturel : un corps militaire
doit être femblable en ce point à la grandè
fociété , où le fçavoir & les talents répandus
dans touts les individus contribuent
â l’utilité générale.
Il eft encore une connoiffance effentielle
a l’officier ; celle de l ’homme en général, de
l'homme national, & fpécialement de ceux
qu'il dirige , afin qu’il puiffe modifier à
l’egard de chacun d’eux la juftice univerfelle
, & tempérer fa rigueur par l’indulgence
de: l’humanité.
Les qualités particulières aux bas-officiers
font la prudence & la fermeté , jointes aux
connoiffances néceffaires à leurs fonctions.
Celles du foldat, la force & l'adrejfe.
E n t r e t i e n .
L’entretien confifte dans les chofes né-
ceffaires à la vie fçavoir, les vivres, qui
font le pain , le bifcuit, la viande , les légumes
, le f e l , le vin , le vinaigre , & les
fourrages : le bois, lès uflenfiles ; l ’habille-
ment y qui comprend les vêtements y le linge y
la coiffure , & la chauffure : le logement dans
les maifons des habitants , fous les tentes
ou les baraques, 8c dans lequel en touts
lieux il faut rechercher la falubrité, qui
confifte dans la poftion & dans la propreté:
enfin la médecine, qui maintient ou rend
la fanté.
E x e r c i c e s .
Les exercices font gymnafliques ou militaires
; ceux-là , propres à développer &
augmenter les forces du corps, réduits en
fcienee & employés par l’antiquité , très-
négligés de nos jours ; ceux-ci propres à
former aux mouvements utiles à la guerre;
ils confiftent dans la tactique particulière, &
dans 1 emploi des armes.
La tactique particulière règle la difrïhution
des hommes en différents corps d’infanterie
& de cavalerie, & leurs mouvements.
La diflribution comprend la formation par
troupes défignées en différents temps f-Sr
des noms divers : -
La compaction qui règle le nombre des
officiers , bas-officiers , ôc foldats de ces
troupes :
L’ordonnance en files , rangs, & places,
relativement aux fonriions, à l’intelligence,
la bravoure, l’adreffe, la force, & la nature
des armes.
Les mouvements comprennent la marche
dans laquelle on confidère la poftion, l'équilibre
, le pas & fa forme , fa longueur , fa
durée , & fon enfemble..
Les évolutions, qui confiftent dans la
contremarche , la converfion, la formation &
le développement des colonnes.
\Jemploi des armes comprend toutes celles
qui font en ufage , comme fufiL, piflolet,
épée , chevaux , canons , mortiers , fortifications
; & par conféquent, non feulement
le maniement des armes de l’infanterie & de
la cavalerie, dont il faut confidérer la com-
pojition & l'exécution, mais aufli les .écoles
du génie & de l’artillerie.
S E C O N D E D I V I S I O N .
D e s a r m e s .
La nature n’a point armé l’homme, comme
plufieurs autres animaux ; mais elle mit en
lui l’intelligence & le raifonnement, facultés
qui l’ont muni d’armes nombreufes
& redoutables.
Elles font a r m e s d e m a in , m é c a n
iq u e s , ou d é f e n s iv e s .
A r m e s d e m a i n .
Je divife celles-ci en armes d’efcrime , qui
font le bâton , la majjue, la made, l ’épieu ,
le poignard, la baïonette, Cépée , le fabre , la
hache, la lance, la pique , & en armes de j e t ,
telles que les pierres, le dard, le ja v e lo t, &
toutes fes efpèces.
A r m e s m é c a n i q u e s .
Les mécaniques font kataballifliques ou
a ij