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mièr mîniftre qui a défendu les concordats les re-
gardoit, lans doute , comme un commencement
de la vénalité qui vouloit s’introduire dans l’infanterie
trançoile ; foüs cet al'peét les concordats lui
parurent avec raiion, un fléau des plus funeftes : il
dit encore qu’ils eolevoient à l’officier peu riche
une partie conlidéiable des appointements que
l ’état lui donnoit pour vivre &. cette fouftraâion
lui parât dangereuie ; il ci ut enfin qu’ils pouvoient
priver la patrie de quelques vieux officiers/ dont
l ’expérience pouvoit lervir de guide à les jeunes
camarades , & il voulut les abolir ; fi quelqu’un de
vous doutoit encore des effets dangereux du concordat
, je lui rappelleroi.s quelques icènes dont
j ai été le témoin j je lui dirois t le chef d’un régiment
où règnoi-t l’amitié la plus douce , ayant
imaginé qu. un concordat pouvoit être avantageux
aux anciens officiers du corps , prqpoia d’en créer
y appuyé par fon autorité , paT des parafants, &
par les officiers qui croyoient qu’un concordat
etoit utile, il obtint l’objet de les defirs ; mais il
v it bientôt deux partis fe former ; la froideur fe
placer entre eux , l’amitié s’éloigner, & la haine
prendre, fouvent fa place x le. concordat fubfifta
cependant jufqu’au moment où l’infanterie fran-
çoife éprouva une grande révolution \ .alors il fut
rompu ; mais l’intimité ne reparut pas ; les officiers
qui avoient payé , pre.fque malgré eux,
repro.choient fans çelTe aux autres qu’ils les avoient
induits à faire, cette dépenfe inutile ; le chef toujours
confiant, dans fa manière dé v oir , chercha
à faire pafier- un nouveau concordat, il y réuffit
en employant les mêmes moyens dont il avcit
fait ufage ia première, fois , & cette, fécondé opération
eut les mêmes, fuites que 1a première ;
chaque année ‘ ceux des officiers qu’on a voit
forcés, à figner la convention , faifoient de nouveaux
efforts pour la détruire > & chacun de
leurs efforts donnoit de nouvelles forces à la dé-
fertion qui règnoit dans, le corps après quelques
années d’irrélolution , le concordat, qui lioit les
lieutenants avec les capitaines fut rompu avec
éclat j dès ce. moment on vit trois partis» celui
des capitaines ., celui des lieutenants qui .é.toient
parafants du concordat ceux qui en étoientles
ennemis, en.formèrent un autre ; les je.unes capitaines.
éclairés par leur intérêt, voulurent à leur
tour cafter la convention qui les lioit. avec les
anciens ; ils y p arv in ren t& le régiment fut di-
vifé. en quatre partis très diftin&s. ; vous touts
qui connoiffez quejs maux fuivent la difcorde qui
entre dans un régiment,. vous pouvez vous faire
«ne idée, jufte de l’état de celui dont je vous
parle. vous ferez, forcé de. convenir'qu’un corps
militaire qui n’e.ft pas lié. par un concordat doit fe
garder avec foin de fe foumettre à fe.s loix ; & .
que celui q u i, dans un moment, d’erreur qu de
contrainte , en a établi u n , ne peut trop fe hâter
de te cafter* mais qu’il doit apporter, à la defiruc-
Roft toute tes. ménagements- faits pour prévenir
c o N
les malheurs dont je viens de vous donner un«
idée légère , mais jufte*
Apres, avoir cherché à faire connoître les effets
de.s concordats, il nous refte à parler d’une banque
militaire qui pourroit produire les mêmes avantages
qu’eux, fans être fui.vie des mêmes inconvénients
; cette banque fixeroit les officiers au
fervice , elle leur procureroit une reffource con-
fidérable au moment de leur retraite , •& délivre-
roit 1 état de la charge des penfions militaires,
qui peut devenir onéieufe. (Voye^ Pension.)(C.)>
C O N G É . Permiffion accordée aux gens de^
guerre , de s’abfenter du corps auquel ils font attachés*
Des congés en générât*.
Les congés militaires peuvent être dtvifés en
congés ablolus & en congés limités., Le. foldat qui
obtient un congé abfolu eft absolument libre : celui
qui n a qu’un congé: limité doit rejoindre fon corps
a 1 époque qui lui eft fixée. Dans la première lec-
tion de cet article nous parlerons des congés ab*
foïus, & dans la féconde des congés limités.
Nous diftinguons en France» comme on diftin-
guoit à Rome, plufieurs, efpèces de, congés militaires
»
Parmi les congés abfohis nous avons des congés
connus fous le nom de congés d’ancienneté. Us
reprefentent ceux que les Romains, appelloient
miJJÎQ.
_ Nous: avons des congés de grâce, y ils font la gra+-
tiofa mijjio des Romains,
Nos congés de réforme, remplacent la cenforia
mijjio.
Nos congés. infamants font. la turpis 6- ignominiefit:
mjjio.
Nos divers congés limités nous tiennent lieu dtfc
commentas»
_ Avant de donner une- idée“ dé cés. différente!-
efpèces de congés & d’offrir les réflexions qu’elles,
doivent faire naître , nous remarquerons, pour là.
derniere fois la pauvreté- de-notre langue, militaire».
Dès le moment où l?on difoit d’un foldat romain
mijjionem habuit, on faifoiî connoître- qu’il avoit eu-,
un- conge-honorable fi en France on fe bornoit à.-
dire de meme il a eu fon congé-, on s’expoferoit.
a cinq- ou- fix qüeftions différentes,..
Ce n étoit pas en créant des mots.-barbare.s que-
les vainqueurs du monde avoient. enrichi leur vo--
cabulaire militaire. r mais en faifant ufage dé.
quelques, adjeétifs. connus qu’ils plaçoient avec art*.
Seroit-ilimpofiible de le.s imiter?.
S’il eft. vr.ai,. comme l’abbé de Condillac l’aflùre^
"que. la perfection du, voc.abulaire.de chaque fcience
annonce la perfeéfion. de la fcie.nce ^Ile-même , il
nous, refte de grands pas. à. fair& dans celte de. te
guerre*
C O M
§. Ier.
Des congés abfolusl
On connoît en France fix efpèces de congés ab-
folus.
Les congés d’ancienneté.
Les congés de grâce.
Les congés qu’obtiennent les foldats gentilshommes.
Les congés que l’on donne aux foldats qui ont été
engagés avant l’âge prefcrit par les ordonnances.
Les congés de réforme ,
Et enfin les congés infamants*
§ . 1 1 .
Des congés abfolus connus fous le nom de congés
d’ancienneté.
On appelle congé d’ancienneté , celui qu’on
donne à un foldat qui a fervi le nombre d’années
pour lequel il s’étoit engagé.
Nous ^ ne fournies pas encore très éloignés du
temps ou un foldat qui avoit contraéié ün engagement
ignoroit qu’elle feroit l’époque où fa liberté
lui feroit rendue : tantôt une ordonnance du roi
prolongeoit d’un an le fervice de toute l’armée ;
quelquefois une autre défendoit de donner chaque
année plus d’un congé d’ancienneté par compagnie ;
fouvent enfin la rufe ou la force éloignoient encore
davantage l’époque des congés ablolus. Grâce à
1 efprit d’équité & de philofophie qui a éclairé notre
fiècle ; ,on a reconnu enfin , ou au moins on eft
fur le point de convenir que l’engagement militaire
eft un pur contrat entre le iouverain & le
fujet ; que les deux parties contrariantes font également
obligées à tenir les conditions énoncées dans
raéle de. l’enrollement ; que cet aéle devient nul
dès que les deux parties ont fatisfait à fes claufes ,
ou qu une déliés a omis d’en remplir quelqu’une,
que nulle autorité que la nécefixté même, la plus
impérieufe de toutes les loix , ne peut donner de
IextenfiQn .au contrat d’enroliement fans violer
je droit le plus faint & le plus facré , celui
de la liberté des citoyens. En conféquence on
donne leur congé aux foldats dès le moment où les
années pour lefquelles ils s’étoient engagés font
révolues ; & pour que perfonne ne puiffe, douter
qu ils,ont fatisfait aux conditions qu’ils s’étoient im-
pofees, on leur remet une feuille de papier qui eft
connue fous le nom de cartouche.
.Quoique le miniftère françoîs ait fixé d’une maniéré
irrevocable que les congés feroient délivrés
aux foldats après, le dernier jour de la huitième
annee de leurs fervices , la dernière guerre a obligé
a enfreindre plufieurs -,ois une loi aufli ju f t l
«Quelques-uns des foldats qui étaient dans nos co-
temes^ concourant avec nos alliés à. leur acquérir
> hberte ont été privés pendant un temps affez.
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confiderable de celle dont ils auroient dû jouir*
S il eft jamais permis de violer' les conventions
quon a faites , c ’eft fans doute dans la circonfi
tance ou la France fe trouvoit alors. Pour fe
mettre neanmoins à l’abri de tout reproche d’infidélité
, ne devroit-on pas à l’avenir inférer dans
le contrat d’enrollement la claufe fuivante : Si les
befoins du royaume & U falut général qui ejl pour
touts les ordres de' Vétat une loi fuprême , forcent
jamais leminiflcre à demander aux foldats quils prolongent
la durée de leurs fervices au-delà du terme pour
lequel ils fe feront engagés, on leuraccorder a un dédommagement
pécuniaire proportionné au nouveau Jacrifiee
qu’on exigera d’eux. ». Au moyen de cette claufe
qu oh feroit connoître à l’homme qui viendroit
P°E.r ^ entoiler, quand on feroit forcé par une né-
ceffite abfolue de prolonger la durée des engagements
militaires , on ne feroit qu’ufer d’un droit
quon auroit inconteftablement acquis»
m ^ ota ^éditeur. Cet article avoit été donné ’
a împreiiion au moment où de grandes raifons
politiques & militaires ont obligé le miniftère
, françoîs a demander aux foldats qu’ils prolongeaient
la duree de leurs fervicesau-delà du terme
pour lequel ils s’étoient engagés. Ils y ont prelque
touts acqiuefce avec plaifir, tant l'amour de la
patrie eft ardent & fincète en eux. Afin de les
dédommager du facrificè qu’on exige d'eux, on
leur donne pour chaque année un huitième du
prix dun engagement ordinaire. L’auteur de cet
article avoit ' fenti la néceffité de ce dédooema-
gement ; .1 ne refte donc plus qu’à inférer dans
le contrat d enrollement la claule qu’il vient de
prppofer , & qu’a arrêter d’une manière tien po-
Imve la diftribution des congés de grâce toutes les
fon que les circonftances obligeront de fufpendre
les conges abfolus. r
Quoique nous venions; de dhe que tout foldat
qui avait fervi le nombre d’années portées par
fon engagement recevoit fon congé abfolu il eft
cependant une: circonftance où la loi le prive de
fa liberté. C e ft lorfque pendant la durée de fe»
I ™ : a C0DtEaaé un mariaSe a de
Tout foldat, ( dit l’ordonnance du 6avnT 1686
ordonnance inlerée dans le manueLde 1 infanterie I
& quon ne trouve point dans un recueil ens
quinze volumes des ordonnances militaires de
Loms-le-Grand ) , tout foldat qui s’ tjl marié fans-
la permtjjion du chef Je Jon corps eft privé de fore
conge d ancienneté, &. Jenfé nier, engagé ou L a -
gage que du jour de fon marias-___f *
Cette loi. eû-elle jufte î eft-elle néceflàbe >
les fo-101 PU,S Jufie change de caraflère tout«:
les lois quelle n eft pas connue de ceux qui doivent
y obéir, U on peut affirmer qu/ibidy a-peut-être
S r deUX ?Ua,tS dans chaflue régiment qui conseillent
celle dont nous parlons. Mais fuppofoi»
: ,}s gouvernement faffe imprimer un- état «!&,
de ,oa£s Ies çrime», de touts les délits, &