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chargés, rien ne doit plus s’oppofer à leur adoption.
Mais , fi l’augmentation de poids eft jugée
trop confidérable, il faudra en revenir aux bidons
en fer blanc, 8c pour diminuer les inconvénients
de leur ufage, on pourroit en multiplier le nombre,
leur donner la forme d’un quarré-long ,. 8c les fortifier
par quelques cercles de fer.
Les troupes françoifes qui ont fi puiffamment
contribué à l’heureufe révolution que viennent
d’éprouver les Etats-Unis de l’Amérique fepten-
trionale , nous fourniffent un exemple heureux en
faveur des bidons en bois. Ces troupes portoient,
quand elles arrivèrent dans la partie du nouveau
monde , théâtre de leurs viéloires, de grands bidons
en fer blanc ; elles furent bientôt obligées de les
abandonner , 8c de fe fervir de fceaux en bois que
leur procurèrent les Américains.
a Lés ordonnances militaires veulent que chaque
foldat porte un petit bidon en fer blanc, contenant
une pinte , fait én forme de flacon applati,
.fermé d’un couvercle, 8c concave par un des
côtés, afin de ne pas fe balotter pendant la marche.
Ce petit bidon doit être fufpendu à une courroie
large d’un pouce, pour être porté en bretelle au-
deifus de la hanche ».
L’ufage des petits bidons eft fort fage ; leur forme
eft bonne ; mais on ne peut en dire autant de la
matière dont ils font faits.
Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit
du fer blanc,.en parlant des grands bidons : les inconvénients
font les mêmes. Ainfi nous demanderons
fî l’on ne pourroit pas remplacer ces petits
bidons par de petites bouteilles en cuir , de la
même grandeur. On les. porteroit de la même
manière , 8c on les fermeroit avec un bouchon
ordinaire, attaché au goulot par une petite corde.
Cette bouteille ne ferpit jamais endommagée par
les chûtes des foldats ; elle n’auroit prefque jamais
befoin d’être ni racommodée, ni renouvellée ; elle
ne tacher oit pas-les habits ; elle ne changeroit ni la
couleur ni la qualité du liquide qu’elle contiendroit ;
elle ferait, j’en conviens, plus chère que le petit
bidon en fer blanc , mais fa durée compenferoit fa
cherté. Dans le commencement elle pourroit faire
éprouver quelques légers changements au goût de
' la boiflon qu’elle renfermeroit ; mais cet inconvér
nient n’auroit aucune fuite fâcheufe , 8c ne feroit
pas durable , fur-tout fi le foldat prenoit la précaution
de la remplir d’eau trois ou quatre jours
ayant d?en faire ufage.
L ’expérience feule peut lever les doutes que nous
venons de propofer. Comme il feroit imprudent
d’attendre le moment de la guerre pour faire ces
eflais, on pourroit dans le premier camp de paix
faire l’épreuve des grands bidons. Quant aux petits,
on pourroit les faire pffayer par le premier régiment
qui auroît à faire une route confidérable
dans l’intérieur du royaume. Lors de fon arrivée à
fa garnifon, on conftateroit l’état des petits bidons
§(. dgs bouteilles ; on demandêroit aux fpldats leur
B I S .
avis fur les uns 8c fur les autres. Pour les mettre
touts dans le cas de porter ce jugement avec con-
noiffance de caufe, on pourroit vers le milieu de
la route , donner le petit bidon à celui qui jufques-
là fe feroit fervi de la petite bouteille, & la bou-,
teille à celui qui auroit porté le petit bidon. ( C. )
BILLEBAUDE. On nomme feu de billebaudc
celui qui eft fait fans ordre , & dans lequel chaque
foldat tire en liberté 8c à volonté. Voye[ Feu.
B IL L E T , blanc ou noir. On nomme ainfi de
petits papiers d’égale grandeur , 8c roulés de
manière qu’ils foient de même groffeur. Ils fervent
à décider du fort entre plufieurs hommes dans
certaines circonftances. On en fait autant qu’il y,
a d’hommes qui doivent tirer enfemble. Si le fort
doit décider entre deux criminels condamnés quel
eft celui qui fubira la rigueur de la lo i, on fait
deux billets, dont l’un eft blanc 8c l’autre noir.
Ils font roulés 8c mis ordinairement dans un chapeau
que l’on tient affez élevé pour que ceux qui
tirent ne puiffent les voir. Celui à qui le billet noir,
eft échu eft le malheureux.
Lorfqu’on décime des foldats, ils tirent au fort
de cette manière. Il en eft de même de ceux
qui font fujets à la milice. Avant le. tirage on a
foin de mêler plufieurs fois les billets , afin d’éviter
toute fraude 8c connivence.
Bil l e t de c a is s e . C ’eft le billet par lequel
un tréfpriçr reconnôît devoir à un officier une certaine
femme , foit pour fon décompte, foit comme
un dépôt qu’il lui a confié à la veille d’une aélion ,
afin de ne pas s’expofer à perdre tout ce qu’il a ,
s’il eft fait prifonnier de guerre, ou que fes héritiers
n’en foient point fruftrés , s’il eft tué.
Bil l e t d’honneur. C ’eft celui par lequel un
officier engage fa parole d*honneur a payer une
fomme qu’il doit pour marçhandife reçue, argent
reçu, ou perdu au jeu. Voyeç Honneur.
Billet de lo gem ent. C ’eft un billet donné
par le maire , conful, échevin , ou tel autre magif-
trat d’une ville, & contenant le nom& les qualités
de l’habitant dans la maifon duquel doit loger l’offir
cier, fergent, ou foldat qui en eft porteur.
Bil l e t d’h ô p it a l . C ’eft celui qui eft donné à
un fergent, maréchal des logis, foldat, cavalier, &c.
pour qti’il fpitreçu dans un hôpital militaire. Voyeç
H ô p it a l .
BISCUIT. L’auteur de l’article bifcuit, du dictionnaire
de Marine, ayant donné les détails les
plus inftruâifs fur la manipulation 8c la conferva-
tion du bifcuit, nous nous bornerons à examiner
ici fi l’on ne devroit pas, pendant la guerre, nour-?
rir quelquefois les foldats françois, avec cette
efpèce de pain , 8c-fi ce changement de nourriture
ne feroit pas avantageux pour les foldats, pour les
généraux , 8c pour l’état.
Si le bifcuit étoit un aliment peu fain, s’il portoit
avec lui le germe de la maladie la plus légère, la
queftion ferpit réfolue ; le bifcuit devroit être
banni à jamais ; la çonfervatiori des foldats doit erç
çff«t
B I S.
effet fixôr l’attention de l’homme d’état aufli bien
que celle de l’écrivain militaire, 8c de concert ils
doivent foumettre leurs calculs à cet objet important.
Mais, comme le bifcuit ne peut nuire a
la fanté , fur-tout quand bn n’en fait pas un ufage
continuel, & comme il eft même plus fain 8c plus
nourriffant que-le pain de munition, parce qu’il
eft épuré d’une plus grande quantité de fon , nous
pouvons commencer ou plutôt continuer notre
examen. Dix-huit onces de bifcuit contiennent plus
de fucs nourriciers que vingt-quatre onces de pain
de munition ; ainfi les foldats à qui on donnera du
• pain pour fix jours feront moins bien nourris , &
cependant plus chargés, que ceux a qui on donnera
du bifcuit pour huit jours.
Dix-huit onces de bifcuit n’occupent pas plus
de place que fix onces de pain ; ainfi le foldat à
qui on aura donné du pain pour fix jours fera
trois fois plus embarraffe que celui à qui on aura
diftribué du bifcuit pour le même temps.
Le bifcuit peut refter fix jours 8c plus dans le fac
du foldat, fans éprouver un changement fenfible;
après'fix jours'le pain de munition n’eft plus mangeable
: fouvent dès le quatrième la moififfure s’y
met, ou bien il a perdu fon goût 8c fa faveur.
Le foldat qui aura reçu du bifcuit mangera un
aliment fait avec du bled de bonne qualité, bien
moulu, & bien manipulé ; parce qu’on aura profité
de l’hiver pour faire toutes ces opérations. Le foldat
à qui on donne du pain de munition mange
quelquefois du bled gâté, ou du moins avarié,
des farines échauffées, en un mot du pain mal fait
8c de mauvaife qualité ; parce que les entrepreneurs
font fouvent de mauvaife foi, & que les cir-
conftances contrarient fréquemment la bonne préparation
du pain.
Il eft aifé de conclure , d’après çes différentes
obfervations , que les troupes doivent defirer qu’on
leur donne quelquefois leur pain fous la forme de
bifcuit.
Si le bifcuit doit obtenir de la part du foldat la
préférence fur le pain de munition, à plus forte
çaifon doit-il être préféré par les généraux. Ils y
ont en effet l’intérêt de leur armee , & celui de
leurs propres fuccès. Combien de fois les généraux
n’ont-ils pas été gênés dans leurs opérations par
rétabliffement des fours ? Combien de fois n’ont-
ils pu marcher avec autant de célérité que les circonftances
l’aùroient exigé, parce que le pain
n’étoit pas fait ? Combien d’occafions heureufes
n’ont-elles pas été négligées ? Combien d’operations
importantes n’ont-elles été manquées , parce
qu on ne pouvoit faire porter aux troupes des
vivres pour huit jours ? Combien de fois les foldats
embarraffés par le volume du pain de munition &
Surchargés par fon poids, ne l’ont-ils pas jetté ou
donne dès le commencement de la première
marche, &c. Que l’on faffe fur la frontière des
magafins confidérables de bifcuit, qu’on le mette
çq des tonneaux préparés comme pour les voyages
Art militaire. Tome I,
B X V 3 4 J
de long cburs, 8c touts ces inconvénients difparoî-
tronti-,; | ■ | - . , . | *-•
Puifque les foldats 8c les généraux retireroienf
de grands avantages de l’ufage du bifcuit, l etat y
gagneroit par cela même, 8c ces avantages réfléchis
ne feroient cependant pas les leuls. Les frais
de tranfport pour les munitions de bouche feroient
moins confidérables, les convois moins gros 8c
moins fréquents ; les armées plus leftes, & le fuc-
eès plus certain ; les entrepreneurs des vivres,
pouvant faire les achats à leur volonté , pouvant
manipuler dans l’intérieur du royaume fans fe
déplacer, 8c ne payant pas la main d'ceqVre aufli
cher , exigeroi.ent un prix moins exceffif pour
chaque ration : les villes pour lefquelles on crain-
droit pourroient être aifément approvifionnées
pour plufieurs années : l’ennemi détruiroit en vain
les moulins, détourneroit fans fruit les riîiffeaux
des environs de celles fur lefquelles il auroit des
projets ; on jetteroit avec plus de facilité un fecour»
de vivres dans celles qui feroient déjà affiégées : il
réfulteroit enfin de l’ufage du bifcuit une infinité,,
d’autres avantages, qu’il eft plus aifé de fentir que
de prévoir 8c de décrire.
Un écrivain militaire a prétendu que, pour,
accoutumer le foldat à coucher au bivouac , il fal-
loit le faire coucher à platte terre pendant la paix.
Nous ne poufferons pas les précautions jufqu’à
cet excès qu’on pourroit taxer de démence, s’il
n’avoit l ’air d’une plaifanteriè ; mais nous dirons
que, fi on fe réfolvoit à faire pendant la guerre
un ufage fréquent du bifcuit, il faudroit • pendant
la paix en faire manger au foldat, au moins une
fois par femaine. Ce changement plairoit aux
troupes françoifes ; elles s’accoutumeroient à cette
nourriture , 8c apprendroient. à préparer cet aliment.
( C . ) . ■
B IV A C ,o u bihouac, b'iouac, bivouac. Le premier
eft le plus conforme à l’étymologie. C e
mot eft compofé des deux mots hollandois , by _
wakt, dont l’un by fignifie auprès 8c l’autre fignifie
veille. .
C ’eft une veille extraordinaire que fait dans les
occafions périlleufes une garde , une divifion, oa
même une armée entière , formée en bataille, 8t
tenant fes armes. Si l’ennemi eft très proche 8c le .
danger, imminent, on tient dans cet état la troupe
entière, 8c debout. Si le fecret eft néceffaire , on
ne lui permet pas d’allumer des feux. Quelquefois
on laiffe le dernier rang, ou quelques divi-
fions, fe repofer 8c faire du feu , tandis que les
autres veillent : après un certain temps ceux qui
ont pris du repos veillent à leur tour , 8c ceux qui
ont veillé fe repofent. Quelquefois on ne permet
i à une partie de la troupe que de s’affeoir ou de
' fe coucher en tenant le fufil entre les bras.
Quand on circonvalle une place, l'armée paffe
les nuits au bivac, jufqu’à ce que les lignes de
circonvallation fpient achevées, 8c meme celles
de coptreyaflation, lorfque la garnifon eft nom«
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