
derrière les tentes des tribuns ; la cavalerie faifant
face d’une part au queftoire, de l’autre au marché ,
& l infanterie aux faces latérales du camp.
PR. Voie ou rue principale.
Q R . Vo ie ou rue quintane.
SS. Emplacement laiffé pour placer les troupes
étrangères ou celles des alliés , qui fe
joignaient a l armee pendant la campagne.
B. Porte prétorienne, ou queftorienne , ou extraordinaire.
K . Porte principale droite.
D . Porte principale gauche , ou quintane.
L. Porte décumane.
W W . Vélites poftés pendant le jour le long des
faces extérieures du retranchement.
XXXX. Garde de dix vélites placée de jour7 à
chaque porte.
FF . Gardes ou factions de quatre hommes, poftées
de nuit le long des faces intérieures du
retranchement.
Y Y . Retranchement avec fon foffé &fes banquettes.
Nota. Il y a le long du parapet, en plufieurs
endroits, une double banquette, qui fervoit aux
foldats à monter d.effus pour le défendre.
Ainfi la forme du camp romain étoit quadran-
gulaire , & à peu près équilatérale’. La difpofition
de fes rues, & de toutes Tes autres parties , lui
donnoit l’apparence d’une ville. Des tentes aux
retranchements , on lailïoit une diftance de deux
cents pieds fur les quatre faces. Cet efpace pro-
curoit plufieurs avantages très importants. Il ren-
doit facile & commode l’entrée & la fortie du
camp , parce qu’on pouvoit s’y rendre par les
rues adjacentes , & qu’il n’arrivoit ni concours ,
ni engorgement dans une feule & même rue. On
y plaçoit le bétail amené au camp, ainfi que le
butin , & on les y gardoit pendant la nuit. Mais
ce que cet intervalle avoit de plus avantageux ,
c’eft que , dans les attaques de n u it, le feu & les
traits ne parvenoient que très rarement jufqu’aux
troupes , & prefque toujours fans e ffe t, vu la
grandeur de l’intervalle, & l’abri des tentes voi-
iines du retranchement.
Lorfque les troupes alliées étoient plus nom-
breufes qu’à l’ordinaire, foit au commencement,
foit dans le cours de l’expédition , les furvenantes
occupoient, outre la place qu’on a déjà dite, tout
le refte de l’efpace qui entouroit le prétoire , &
on tranfportoit au lieu qui paroiffoit le plus convenable
le quefteur & le marché. Quant à celles qu’on
avoit amenées dès le commencement de la campagne
, quand on jugeoit qu’un nombre plus grand
que de coutume étoit néceffaire, & qu’on en re-
cevroit de nouvelles, on plaçoit les premières en
leconde ligne de part & d’autre des légions, & parallèlement
aux faces latérales du camp.
Lorfque l’armée approchoit du lieu où elle devoit
camper, le tribun & les centurions prépofés à cette
fonéHon prenoient les devants ; lorfqu’ils avoient
examiné tout l’emplacement du nouveau camp, il*
marquaient d’abord & place de la tente du conful,
& le coté fur lequel le camp des légions devoit être
établi, ils traçoient enfuite l’emplacement du prétoire
, l’alignement des tentes des tribuns, celui
des premières tentes des légions , & de celles des
extraordinaires , de l’autre côté du prétoire. Enfuite
us plantoientun vexille au lieu où la tente confulaire
devoit etre placée ; un fécond vexille fur le côté
du prétoire qui regardoit le camp des légions ; un
troifieme fur le milieu de l’alignement des tentes
des tribuns j un quatrième fur le premier alignement
du camp légionaire. Celui qui marquoit la
tente confulaire etoit blanc ; les trois autres pourpres.
Le camp des extraordinaires étoit marqué ,
foit avec des vexilles d’autres couleurs, foit avec,
des halles j celui des légions l’étoit avec des halles.
A in fi, dès que les troupes découvroient remplacement
de leur camp, le vexille du conful leur
en indiquoit toutes les parties : & , comme chacun
connoiffoit la ligne & la partie de cette ligne où
il devoit camper, parce qu’il l’occupoit toujours ,
| les légions entroient dans leur camp de même
| que des citoyens, fortis en armes de leur ville, fe
! rendent, en y rentrant, droit à leurs habitations ,
fans erreur & fans confulion ; parce que les quartiers
& les rues leur en font connues depuis longtemps.
( Polyb. L. V I , C 39. ).
Lorfque deux coniuls & quatre légions étoient
renfermés dans un même retranchement, les deux
camps, difpofés chacun comme il vient d’être d it,
fe réuniffoient par leur partie antérieure , où étoient
placés les extraordinaires. Alors la figure du camp
devenoit oblongue , l’emplacement double, & le
perimetre , fefquialtere , ou plus grand d’un tiers.
Les tentes des Romains étoient de peaux. Cæfar
dit que dans les légions qu’il fit paffer de Sicile en
Afrique fans bagages, il y avoit très peu de foldats
qui couchaffent fous les peaux, & que les autres
s’étoient fait de petites tentes avec des vêtements,
des rofeaux, & des joncs entrelacés, arundinibus
fcirpifque contextis. ( Je lis ici fcirpis au lieu de
coriis, copiis, fcopis, que portent la plupart des
manufcrits, & de topiis, fioreis, copulis , que Sau-
maife & Julle-Lipfe ont propofé d’y fubllituer. ).
Ces tentes de peaux étoient fixées à des piquets,
avec des cordes , & fans doute fouténues comme
les nôtres avec deux fourches & une traverfe. Elles
contenoient chacune huit hommes au temps d’A drien.
Si on fuppofe qu’elles furent toujours à peu
près de même grandeur, il faut fuppofer en même-
temps qu’on en augmenta le noinbre en ràifon de
celui dç$ centuries.
Le retranchement confiftoit en un foffé & un
parapet fait des terres tirées du folle. Ce travail étoit
partagé entre les romains & leurs alliés. Ceux-ci
faifoient les deux faces latérales ; ceux-là les deux
autres : chaque légion en conftruifoit une. On ré-
C A S
jpàrtiffoit l’ouvrage également entre les manipules.
Les centurions y étoient préfents, & dirigeoient
celui de la partie dont leur manipule étoit chargé ;
deux tribuns celui d’une face entière.
Dans les camps où l’armée devoit demeurer
quelque temps, on faifoit des créneaux au parapet ;
& on y conftruifoit, de diftance en diftance , des
tours qui lui donnoient l’apparence d’un rempart
:de ville. Dans les intervalles de ces tours on plaçoit
les baliftes, catapultes, lithoboles , oxyboles , 6c
autres machines de guerre. ( Jofeph. Bell. jud. p.
83 5. D . Hirt. Bell. gall. L. V l l l , C. 49. ).
Végèce fait mention de trois fortes de retranchements.
( L. I I I , C. 8. ). Lorfque l’armée ne devoit
paffer qu’une feule nuit dans le camp , on ne faifoit
qu’un parapet de gazons , épais d’un demi-pied ,
( 5 P* 3 !•)• O n élevoit ce parapet à trois pieds
feulement au-deffus du fo l, ( 2 p. 8 p. 7 ,8 1. ) ; &
l’endroit d’où l’on avoit levé les gazons formoit une
efpèce de foffé. Si la terre étoit trop légère, pour
qu’on pût y couper le gazon , on c.reufoit à la hâte
un foffé profond de trois pieds, ( 2 p. 8 p. 7,8 l. ).
& large de quatre, ( 4 p. 8 p. 5 '1. ) • ou en d’autres
©ccafions profond de fept pieds, ( 6 p. 4 P* 2 ,2 1. ) ,
& large, de neuf, ( 8 p. 1 p. 9 ,4 1. ). On en rejet-
toit les terres en dedans, pour former un parapet
que l’on faifoit avec des pieux , ou des chauffes-
trapes de bois. ( L. / , C. 24. ). Jo'feph donne à ce
foffé quatre coudées de largeur & de profondeur ;
qui, fuivantïa mefure olympique, font 4 p. 11 p. 1 ol.
Mais, lorfqu’on devoit relier dans un camp plus
longtemps, & près de l’ennemi, on donnoit au
foffé depuis neuf jufqu’à d ix -fep t pieds de largeur,
( 8 p. 1 p. 11,41. à 15 p. 5»p. 0,21.) fur neuf
de profondeur. On en jettoit les terres en dedans
fur des broffailles , des troncs , & des branches
d’arbres, qui lés; foutenoient. On donnoit quelquefois
au parapet deux pieds d’épaiffeur , ( 10 p.
10 p. 7,2 1. ) , quelquefois dix fur dix de hauteur,
( 9 p. 10 1. ). On le faifoit avec des pieux d’un
bois très dur , tel que le chêne & l’érable , &
placés très proche l’un de l’autre ; oncles nommoif
valli ou fudes. Ces pieux préfentoient en - dehors
deux ou trois branches pointues , & quelquefois
quatre. ( Hirt. Bell, afric. Ccefar. Bell. civ. L. 111,
C, 63. Virgil. G toi-g. L. U s v. 2 , 23 : ferv. ad.
Eneïd. Ammian. L, XX X I, Vrg. ibid. Propcrt. L,
IP. Polyb. L. XV11, C. 14. Varr. de line:, latin,
Ammian. L. X X V ) .
En préfence ou peu loin de l’ennemi, une partie
des troupes travaillplt armée de l’épée , tandis que
l’autre étoit fous lés armes au-delà du foffé. Les
centuries qui travailloient dépofoient leurs boucliers.
& leurs bagages autour des enfeignes , &
on les diflribuoit également le long de l’ouvrage.
K Vga. L. 111. C. 8. Tacit. annal. IL y M. Po-
pilms Lænas , ayant pris fon camp fur une coline
Tourne de l’armée ennemie, tint en bataille les
haftats & les princes , tandis que les triaires conf-
âruffoient le retranchement. (Z iy . Z. VIL C. 28.}.
c a s î 3 ï
Quelquefois on oppofoit à l’ennemi la moitié de
l’infanterie & de la cavalerie. ( Veget. 1 , C, 2Ç.
m . 8. ). 1
On pratiquoit au milieu de chaque face du retranchement
un paffaee large & commode, pour
l’entrée des bêtes de lomme & pour la fortie des
troupes. Ces paflages étoient fermés par des portes,
& défendus quelquefois par des tours. {Jofeph. Bell»
jud. 111. y La porte la plus voifine du prétoire étoit
nommée prétorienne ou queflorienne. ( Liv. Z .
X X X lV sC . 47. ). Elle étoit tournée vers l’o rient,
ou vers l’ennemi, ou vers la route que l'armée
devoit prendre. ( Veget. L. I , C. 23. ). C ’étoit
par cette porte que les légions fortoient pour le
combat. ( Fejl. ptatorta. ). On la nommoit auffi
extraordinaire , parce que les troupes de ce nom
y étoient campées. ( Liv. L. X L . C. 27. ).
Celles des deux faces latérales étoient nommées
principales ; l’une principale droite, & l’autre principale
gauche. ( Liv. Ibid. ). La principale gauche
étoit auffi nommée quintane , parce qu’elle étoit
près des cinquièmes manipules de la fécondé légion ,
ou que la rue quintane y conduifoit. C ’étoit par
celle-ci qu’entroient ordinairement les convois, les
vivres , & les munitions. ( Alex. ai. alex, L. 1,
C. 12. ). La quatrième oppofée à la prétorienne
portoit le nom de décumane , parce qu’elle étoit
voifine de la dixième cohorte de chaque légion.
( Liv. 111, C. 3. Tacit, annal. 1, pag. 23 , Lipf. /f<l.
Veget. L . 1 , C, 23. ). On voit à la planche X X V III
de la colone trajane une attaque du camp romain
par les Daces, du côté d’une des portes.
Les cavaliers étoient exempts du travail des
retranchements, excepté dans les cas de néceffité.
L’an de Rome 301 , les cenfeurs P. Sempronius
Sophus, & Manius Valérius Maximus en notèrent
quatre cents , parce qu’ayant été commandés en
Sicile pour ce travail, ils avoient refufé de le
faire. On leur ôta le -cheval public , & on -les
obligea d’en acheter à leurs frais. ( Val. max. L. 1,
C. 9 , § 7 , 16 70,8 °.). L’an 679, Aurélius Cotta ,
ayant ordonné aux cavaliers, dans une occafion très
preffante ^ de travailler aux retranchements, il y
en eut plufieurs qui le refusèrent. Le conful porta
plainte contre eux aux cenfeurs, & ils furent notés.
Il obtint auffi du fénat que la folde qui leur étoit
due ne leur feroit pas payée. ( Frontin, Liv. I V ,
C. 1. ). Sous l’empire , les vétérans étoient difpen-
fés de ce travail, ( Tacit. annal. 1. ) . ainfi que
plufieurs autres, nommés par Végèce , ( L. 11 r
C. 7 . ) > foldats principaux; fçavoir: les tribuns,
les ordinaires , ou chefs des premières divifions ;
les auguftales & Flaviales, qui avoient été joint»
aux ordinaires par Augufte & par Vefpafien , le»
imaginifères, les enfeignes nommés alors draco-
naires , les tefféraires , les çampigènes ou maîtres
d’efcrime, les métateurs , qui choififfoient l’emplacement
du camp , les options ou lieutenants , les
bénéficiaires , ( Fejl, bénéficiant ) , qui étoient.
exemptés par le tribun , les- écrivains , les joueur*