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Tous les aides-de-camp ne font pas jeunes, j*en
conviens : quelques généraux en ont d’un âge mûr ;
mais le mérite les a-t-il toujours élevés à cet emploi ?
faire bien les honneurs d’une table, entrer vivement
dans les intérêts pécuniaires du chef auquel ils
-font attachés, être les aveugles .admirateurs de fes
aflions & de fes difcours, les miniftres & les compagnons
de fes plaifirs, voilà fouvent tous leurs titres.
On m’accufera peut-être d’avoir chargé ce portrait.
En vérité, je defirerois qu’il n’y eut pas cent
mille témoins de pareils exemples ; mais du moins
on ne me niera pas que la plus grande partie des
aides-de-camp le deviennent au fortir du collège :
eft-ce là , ou. dans une académie, qu’on peut apprendre
à rendre compte de la pofitipn d’un polie
ou d’une garde ?
Pour énoncer clairement un ordre, il faut l’avoir
vivement conçu. Un jeune homme fans expérience
ni des hommes ni de' la guerre eft-il en état de
iaihr & de rendre clairement des chofes qu’il
n’entend pas ? Pour rendre,un commandement dans
les mêmes termes qu’on l’a r e çu , il faut l’avoir
écouté avec une grande attention. Un jeune militaire
, au milieu dji bruit du canon & de la mouf-
queterie, des fifflem.ents des boulets & des balles ,
en fera - t - il bieç capable ■ } Avec fon ignorance ,
aura - 1 - il allez de modeftie pour ne pas croire
mieux dire que fon général ? N’ofera-t-il même pas
le croire capable de mieux faire, ? Dans une de
nos dernières campagnes en Allemagne, le général
ordonna de placer un régiment derrière une hau- :
teur^ Y aider de-camp comprend que c’e ftla hauteur
qui doit être derrière le régiment : il en porte
l ’ordre, & dans un inftant ce corps, mis en but
à touts les .coups de l’ennemi.perdit un grand
nombre d’officiers & de foldais. .Combien de
bévues femblables* n’auroit-on pas à citer ?
Pour les prévenir, rapprochons les aides-de-camp
de ce qu’ils étoient lors de leur inftitution : choifif-
fons-les, comme autrefois, dans la claffe des militaires
qui joignent l’expérience aux connoiffances
acquifes par l’étude. Imitons le comte d’Enghien
à la bataille de Cerifoles. Il plaça au premier rang
toute la jeune nobleffe françoife , qui avoit abandonné
la cour pour venir combattre fous fes ordres,
& choilit pour aides-de-camp les du Bellay & les
Monneins , qui s’étoient déjà illuftrés par des
aflions d’éclat. Rendons - nous aux confeils de
Feuquieres, de Puyfegur, de S an ta -C ru z , de
Henri de Rohan, & réfolvons - nous enfin à ne
confier l’important emploi à'aide -de - camp, qu’à
des officiers fupérieurs , ou du moins à des capitaines
parvenus à ce grade j non par une commiffion
.acquife à prix d’argent, (qui peut donner le titre',
& ne donne que cela, ) mais par l’ancienneté de
leurs fervices : s’ils ne font pas toujours un gage
certain des connoiffances militaires, ils permettent
au moins l ’efpoir de les y trouver.
Parmi les capitaines au fervice de France ,
peux du corps royal du génie me femblent mériter
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d’obtenir ces places à l’exclufion de touts les autres’
Voici les raifons qui peuvent décider à cê choix.
L Europe entière convient que les ingénieurs fran-
çois font les militaires les plus inftruits ; ainfi,
relativement aux connoiffances , ils rempliroient
dignement les emplois d'aides-de-camp. Les longues
etudes qu’on exige des jeunes gens qui fe deflinent
au genie-, font que l’on n’y parvient guères à la
commiffion de capitaine avant fa trentième année.
®n ne craindroit donc point qu’un aide-de-camp
Put nuire au fuccès d’une affaire par quelqu’aéle
d’étourdèrie. Les ingénieurs ayant des appointements
fixes, la paie des aide -d e - camp ne feroit
point un furcroit de dépenfe pour l’état. Un jour
d’aéiion, les ingénieurs font.prefque inutiles, &
ce jour eft celui où les aides-de• camp font le plu
néceffaires. Pendant un fiège , les aides-de-çam
font peu utiles I & les ingénieurs très occupés ;
ainfi, le fervice de l’ingénieur ne nuiroit jamais à
celui d’dide-de-camp, 6t réciproquement; De plus ,
comme les ingénieurs n’ont:*point de foldats à
inftruire , point de troupes à.commander; comme
pendant la guerre ils font prefqu’inutiles dans l’intérieur
du royaume, on peut fans crainte les attacher,
en grand nombre,, au quartier général. On fera
obligé ,. dira - t - on peut - être , d’augmenter ce
corps ? En ce cas omn’y trouveroit plus d’économie
, mais il n’en pourroit réfulter qu’un bien :
a-t-on jamais trop de bonnes chofes ? -
Si j’avois l’honneur d?être du corps royal du
génie, on pourroit me foupçonner de prévention
& d’amour propre; mais, comme je porte un
uniforme différent, que je connois fort peu d’ingénieurs
, que je n’y ai perfonne qui m’appartienne ,
.on croira facilement que l’amour du bien m’a feul
infpiré cette idée. ( C ) ].
Il eft réglé, par la dernière ordonnance fur le
ferv.ke .de campagne, qu’un général en chef aura
quatre aides-de-camp, un lieutenant-général, deux,
un maréchal de .camp, un ; s’ils en ont davantage
, le roi ne les paye pas. Le nombre des aide-
de-camp, attribué à un officier général , ne devroit-
il pas être déterminé relativement au nombre de
troupes qu’il commande i Alors il pourroit l’être
avec jDrécifion, par la raifon même , félon la nature
& l’état phyfique des chofes. Si , dans cette déter-
.mination, l’on confidère feulement le rang que
cet officier général occupe dans l’état militaire ,
pn n’a plus que la mefure incertaine & variable
du fafte & de l’opinion.
A ID E -M A JO R , officier qui aide le major
. dans fes fondions, & le remplace dans fon abfence.
L’ordonnance du 25 juillet 1.665, article X X I ,
prefcrit que les aide-majors rouleront avec les
lieutenants, 6c commanderont du jour de leur
brevet d’aide-major, 6c avant les lieutenants reçus
depui^ eux. Que fi lefdits aide - majors ont été
lieutenants dans les régiments où ils fervent , avant
que d’être aide-majors, ils commanderont fuivant
leur ancienneté çldites charges de lieutenants,
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Celle du 25 février 1670, & 24feptembre 1677,
porte que pour donner moyen aux majors 6c aide-
majors de donner toute lèur application aux fonctions
de leurs charges, veut là majefté quïls ne
puiffent en pofféder d’autres , tant qu’ils en feront
pourvus.
L’aide-major étoit choifi par le colonel parmi
les capitaines où les lieutenants du corps. Celui
qui montroit le p'ius de difpofitions, de talent,
6c de goût pour cet emploi, avoit la préférence.
Les aide-majors de l’infanterie , de la cavalerie,
des dragons, 6c des huffards , ont été fupprimés
par les ordonnances du 25 mars 17 76 , concernant
ces différents corps.
Il en a- été confervé trois dans le régiment du
r o i , infanterie ; l’un avec titre d’aide- major du
corps 6c rang de major ; les deux autres attachés,
l’un au troifième 6c l’autre au quatrième bataillon,
avec rang de capitaine commandant ou de capitaine
en fécond. (Ordonn. du premier avril 1776 +
art. X ) '
Le* aide - majors des places font des capitaines
ou lieutenants que leur âge, leurs. bleffures ou
autres infirmités émpêchent de fervir à la guerre,
fans les rendre incapables d’un fervice moins pénible.
L’ordonnance du premier mars 1768 ftatue ainfi
leurs'fondions, tit. 1 , att. 17. Les aide-majors
des places, auquelsfa majefté n’a point fait expédier
d’ordre pour commander en l’abfenee du major
ou autres officiers . fupérieurs , n’y ' commandent
qu’âprès touts les capitaines 6c avant touts les
lieutenants, a moins qu’ils n’aient obtenu, pendant
le temps de leur fervice dans les troupes , la
-commiffion de capitaine ; auquel cas , ils roule-
roient avec les autres capitaines pour le comman-
dement, fuivant l’ancienneté de leur commiffion.
Xit. 2 , art. 6. Un des aide-majors fera alter-
nativement de femaine pour remplacer le major !
dans .toutes les fondions auxquelles il ne pourra
vaquer ; ce qui ne difpenfera pas- cet aide-major
du foin de la police du quartier qui lui aura été
affecté.
Art. 7. Les aide-majors & fous-aide-majors fe
trouveront touts les matins chez le major 'de la
place, pour 1 informer de ce qui fefera paflé pendant
la nuit dans leur quartier, ou le matin à l’ouverture
des portes, & pour recevoir fes ordres
AIDE -M A JO R GÉNÉRAL, officier qui’aide
en fes fon&ions le major général 'de l’armée. -
A ID E -M A R É C H A L G É N É R A L D E S
LO G IS , officier qui aide en fes fondions le
maréchal général des logis de l’armée.
AIDE DU P A R C DES VIVRES , commis
qui aide en fes fonctions le principal commis du
parc. Voÿer Subsistances.
A IG R E T T E . Chez les anciens l’aigrette, ornement
du çafque , étoit ordinairement ou de
crins de cheval qui flottoient en arrière, ou de i
• plumes blanches, rouges, ou noires, qui s’élévoient {
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d’un pied & demi ; ce q u i, ajouté à la taille du
foldat, le faifoit paroître , non pas- une fois auffi
grand qu’il étoit, comme le dit Polyb e, ft ce
n’eft à ceux dont la peur troubloit étrangement
la v u e , mais du moins beaucoup plus grand. Cet
ornement, en contribuant à la beauté du cafque,’
pouvoit infpirer quelque terreur , .non-feulement
ai\x enfants, au fils d’H eélor, mais aux guerriers
même : tout ce qui porte avec foi l’idée de grandeur
6c de majefté en impofe.
L aigrette ne. fut point en ufage à Rome dans
fes premiers fiècles ; ce furent les Samnites qui
lui en donnèrent l’exemple. D’abord les généraux
romains la méprisèrent comme un vain ornement.
Ils remarquèrent enfuite que cet ornement agiffoit
fur l’ame, & quelquefois lui imprimoit un fen-
timent de terreur. Bientôt tous-les légionaires,
excepte les Veûtes, portèrent des aigrettes de trois
plumes d’une coudée de haut.
A u de Végèce, les cafques dés'centurions
differoient de ceux des foldats par les aigrettes.
Ils avoientj dit-il, des cafqu'es de fer avec des
aigrettes tranfveifes & argentées afin d’être plus
facilement-reconnus. ( L. 2 , C. 16.) Il y en avoit
meme qui- etoient dorées, fuivant Julius Italicus,
Rroit-ce en effet des plumes- qui formoient ces
aigrettes, ou n'étoient-elles pas alors de métal
& celles des centurions argentées & pofées tranf-
yerfalement afin de les mieux diftinguer ? Dans
la fuite il n’y eut que les officiers qui portèrent
des aigrettes , & ce furent plutôt-des jubés que
des plumes. ^
Dans ces derniers temps on a placé fur les
chapeaux de quelques-uns de nos régiments une
petite aigrette de plumes, haute de quatre ou cinq
pouces ornement difpendieux, mefquin, fans
utilité. Lorfque le foldàt combattoit corps à corps
il împortoit de lui donner un appareil impofant;
mais aujourd’hui que les troupes s’approchent rarement
a cent cinquante pas,- à quoi ferviroient
pour notre infanterie, même les grands panaches
canens &,famnites ? Ceux7ci.du moins avoient
de la grandeur & de. la magnificence : mais on
peut dire de nos petites-plumes de femme, fi
meffeantes a des foldats, ce que Lucius Papirius
diioit des aigrettes aux anciens romainsnon criffas
vulnera fa c e r e . ' J
1 I H Ie tiers d’une troupe, lequel efl:
a la droite ou à;la gauche du tiers qui forme le
centre de cette troupe.
Les ailes font les jiarties les plus foibles, parce
qu elles font plus éloignées l’une de l’autre que le
centre ne l’eft de chacune d’elles , qu’elles ne
peuvent s entre fecourir que difficilement, & font
par Confequent expoféès à être attaquées , dé-
bordées, .tournées, enveloppées.-
Il faut donc fuppléer à cette foiblefle naturelle '
en les appuyant -à une rivière non guéable- à
des marais impraticables, à un efcarpement difficile
a gravir & flanqué par dés batteries; à un