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Avant la fin de l’hiver, il raflemble quatre lé- :
gions, arrive dans le pays des Nerviens ; & avant
qu’ils fe puiffent raffembler , ou s’enfuir, enlève un
grand nombre' d’hommes ou de beftiaux, donne
au foldat ce butin, force l’ennemi à fe rendre &
à donner des otages. {Ib. VI. 3.)
Il marche enfuite contre Ambiorix, ôc envoie
en avant toute fa cavalerie, commandée par Ba-
filus, avec ordre de faire toute la diligence poffible ,
de profiter de l’occalion , de ne point allumer de
feux , afin de cacher fa marche. Le lieutenant,
fidèle aux ordres ôc à l’exemple de l'on général,
fe porta par une marche rapide ôc imprévue fur
les terres des ennemis , fûrprit dans les campagnes
plufieurs habitants , ôc apprit d’eux qu’Ambiorix
étoit à peu de diftanee avec une foible efeorte.
Il y court plus rapidement que les mefîagers ou la
renommée, prend les chariots, les chevaux du
général ennemi, qui cependant a le bonheur de
lui échapper. {Ib. C. z9 6* 30.)-
... Cæfar , informé du foulèvement de l’Auvergne
par Vercingétorix, raflemble fes troupes dans le
Nivernois, traverfe les Cévennes au milieu de
l’hiver , engage fes Romains à joindre le courage
à la promptitude : ils s’ouvrent à travers les neiges
un chemin de fix pieds., ôc defeendent des montagnes
comme un torrent. Les habitants fe croyoient
mieux défendus par leurs monts couverts de glaces
que par un rempart : leur cime n’avoit pas été
pratiquable pendant tout l’h iver, même pour un
homme feul il répandit.fa cavalerie ôc la terreur
dans tout le pays. ( IB. JL. VII. C. 8. )..
Lorfque Eporédorix ôc Virdumar eurent fait égorger
la garnifon de Nevers, ôc diftribué l’argent,
les chevaux, les fourages que Cæfar y avoit laiflTés,
repris leurs otages , incendié la ville , emporté-les
bleds en partie , brûlé où jetté le refte dans la
rivière ; Cæfar , apprenant que- la Loire avoit cru
tellement que touts les gués étoient impratiquables ,
jugea qu’il falloit tenter s’il étoit poffible d’y jetter
des ponts., afin de la palier & de combattre l’ennemi
, avant qu’il" eût ralfemblé toutes fes forces.
Il marche donc nuit & jou r , arrive à la Loire ,
la paflfe promptement, trouve des grains ôc des
beftiaux dans, les campagnes , ôc marche vers-Sens.
{Ib. C. | | & 56. g
, La même célérité qui avoit fournis la Gaule
fervit a la contenir; Cæfar, paflfant rapidement
d’une cité à l’autre , réprimoit le defïr que toutes
avoient, de renouveller la guerre ; il les forçoit
à s’occuper de leur propre confervation, ôc à mettre
en oubli celle des autres : cette conduite reteneit
fes alliés dans la fidélité, & les peuplés fournis,
dans cette paix extérieure que donne la crainte.
{Ib. L. VIII. C .y .y
H. montra la même aélivité durant tout le cours
des guerres civiles. ; ôc. d’abord en Efpagne à la
pourfuite d’Afranius ÔC Pétreius ; ÇBell.civ. L. A
. C. 64. enfuite à celle^de Pompée. En arrivant
à Brindes il; harangua fes légions,, afin de lesren^
C É L
gager à- laifler volontairement en Italie les valets
Ôc les bagages, ôl à mettre tout leur efpoir dans
la viéxoire 6c dans fa libéralité ; touts s’écrièrent
qu’il ordonnât, 6c qu’ils obéiroient avec joie :
il avoit peu de vaiffeaux, 6c voulbit embarquer
autant de troupes qu’il feroit poffible. 11 mit promptement
à là v o ile , aborda près de Pharfale avec
touts fes vaiffeaux portant fept légions, 6c les fit repartir
dans la même nuit, pour aller chercher a
Brindes le refte de fon armée. {Ib. III. C. 6.)*
Arrivé devant Gomphoï , tandis que Scipion 0£
Pompée en étoient encore éloignés, il fait retrancher
fon camp, préparer des échelles , des claies, des
mufcules ou petites galleiies mouvantes ; il expofe
à.lbn armée fouffrante de la. difette. l’avantage de
prendre une ville opulente * d’effrayer les autres
villes par cet exemple, ôc d’achever l’entreprife
avant les fecours. Secondé par fes légions , il attaqua
le j.out même de fon arrivée, à la neuvième
heure , cette ville entourée de murs très élevés , la
prit avant le coucher du foleil, décampa auffi-tôt,
& parut devant Métropolis, avant qu’on y fçût la
prife de Gomphoï.. { Ib. C. 80. ).
Après la. bataille de Pharfale , Cæfar crut què
l’unique objet de fes foins, devoit être la pourfuite
de Pompée, dans quelque pays qu’il voulût chercher
un afyle ; de crainte qu’il ne. raffemblât de
nouvelles troupes, 6c ne renouvellât la guerre. Il
s’avançait donc fur la même route à auffi grandes
journées que fa. cavalerie le pouvoit faire, ôc fe fai-
foit fuivre par une légion à plus petites, journées.
( lb. C. 102. ).. . - / • v 1
Toute l’hiftoire de. cet homme célèbre eft ua
exemple en- ce genre. Dès que la célérité étoit né-
ceflaire ,. rien ne l’effrayoit, tien ne l’arrêtoit : il
bravoit toutes les intempéries du ciel 6c des faifons,
► toute la fureur , des mers 6c des tempêtes ;• aucun
obftacle, aucune fatigue ne pouvoient le retarder.
Plufieurs autres généraux ont donné l’exemple
de cette vertu guerrière.,, 6c plufieurs fe font perdus,
parce- qu’ils ne l’avoienî pas. La célérité de
Charlemagne eft auffi. célèbre que. celle d’Alexandre
ôc de Cæfar. On le voit fe tranfporter fans
cefle d’une extrémité de l’Europe à l’autre avec une
promptitude étonnante pour touts les hommes Ô£
foudroyante pour fes ennemis. Les difficultés des
chemins, celles du.ciel, les monts les rivières.ne
fembloient pasrallentir fes cour fes: les délais infi-
dieux d’un ennemi foible ou furpris n’avoient fur
lui aucune puiffance : ilalloit. toujours droit a Ion
but lans perdre un. inftant.
La France a vu un autre: grand homme employer
pour elle la même vertu. Du Guefclin ne
laiffa jamais- échapper l’occafion, prévint par-tout
l’ennemi,. fuivit toujours, fes vues fans être, arrêté
par les propofitions captieufes qui lui étoient faites*
Lorfqu’il marcha en Bretagne avec quatre mille-
hommes d’armes,.les confeillefs du duc, effrayés,
de. cet. orage fubit, firent prier le connétable de
fufpendre la. rapidité ordinaire,,,afin qp’ils enflent
CEN
le temps de ramener l ’efprit de leur fouverain, 6c
de l’engager à condefeendre aux volontés du ro i,
mais le connétable ne remettoit point au lendemain
ce qu’il pouvoit faire dans le jour. Il connoifloit trop
bien les hommes, pour fe-repofer fur les paroles d’un
ennemi ; il fçavoit bien qu’elles cachent toujours
quelque piège. Loin de rallentir fa marche, il 1 accéléra.
. ,
Jamais aucun-général n’employa plus a activité
que le fit du Guefclin ; lorfqu’il reprit fur les An-
g Lois les places qu'ils occupoient: on auroit dit que
c’étoit un homme différent de touts les autres ,
auquel nul repos ri’étoit néceflaire. A peina il avoit
reçu un avis qui lui déeouvroit la facilite d une
entreprife qu’il partoit pour l’executer, lans omettre
les précautions les plus capables d’en affurer le fuccès.
Un courier lui apporte une lettre par laquelle les
principaux habitants de Poitiers le prient de s’y
rendre 6c de lui remettre leur ville. Le captai deBuch
la couvroit ■: il falloit ufer de diligence, de fecret ,
ôc tromper un ennemi vigilant Ôc rufé. Bertrand
Fait donner à trois cents hommes d’armes les meilleurs
chevaux de fon armée, ordonne qu’ils foient
prêts dans une heure, 6c répand qu’il va enlever
un quartier de l’armée ennemie. Cette nouvelle eft
portée au captai par fes efpions : c’eft ce que vou-
loit Bertrand. L ’autre craignant par-tout , rappelle
, refferre, contient fes troupes. Pas un foldat
n’ofe s’écarter : touts attendent non fans crainte le
moment de l’attaque. Cependant le connétable paf-
foit à peu de diftanee fans être apperçu, Ôc s’avan-
çoit vers Poitiers. Le parti anglois qui étoit dans la
ville fit fçavoir, au fénéchal Thomas de Percy Ôc
au captai les difpofitions des habitants ôc l’envoi du
courrier : ils virent qu’ils étoient trompés. Percy
prit auffi-tôt la route de Poitiers ôc parut vers midi
devant cette ville : mais le connétable y étoit à la
pointe du jour. A fa vue les portes s’étoient ouvertes
; à fon paflage le peuple à genoux avoit remercié
le ciel de lui envoyer un fi puiffant protecteur;
il l’avoit fuivi en foule en le nommant fon
défenfeur ôc fôn libérateur. L’anglois, apprenant
ces fâcheufes nouvelles, revint triftement fe joindre
à l’armée.
Plufieurs autres hommes de guerre ont confirmé
l'avantage de la célérité par de grands exemples. On
les trouve répandus dans toute l’hiftoire. Je n’en raf-
femblerai point ici un plus grand nombre : ceux qui
précèdent fuffifent : ceux que j’y pourrois ajouter ne
préfenteroientque les mêmes faits fousd’autresnoms-.
C EN TRE d’une troupe : partie qui en occupe le
milieu.
Soit une troupe quelconque, A D , (fig. 155 ),.
diviféé en trois parties-, AB , B C , CD-; la partie
BC en eft le centré*
Le centre d’une ligne quelconque eft en général
fa partie la plus forte. C ’eft pourquoi, dans l’attaque,
i l faut aflailUr vivement l’une ou l’autre aile,
©u toutes, deux , contenir feulement le centre ôc le
greffer àmefure que l’attaque des. ailes réuflk..
Ç H A 573
C entre du bojliori. Vaye1 Ba s t io n .
CHAINE. Soldats placés de diftanee en diftanee
autour d’un terrein.
On forme autour d’un camp une. chaîne de gardes
6c de poftes autour d’un pofte une, chaîne de fenti-
nelles; autour d’un terrein où l’on fourrage, une
chaîne de troupes. Voyeç G a r d e . F o u r r a g e .
CHAMADE . Signal fait avec le tambour, pour
inftruire l’ennemi que le commandant d’une troupe
affiégée veut capituler.
Si l’on veut traiter de tout autre objet, comme
de trêve, de rançon,.Ôc autres chofes. femblablës
le fignal fait alors n’eft point appelle chamade. On-
dit battre la. chamade ; ce qui ne peut pas fup-
pofer que la trompette foit l’inftrument, de. ce
fignal. Cependant on .remploie .au lieu de tambour;
mais on ne, dit point alors qu’on a battu,
la chamade, non plus que lorfqu’on arbore un drapeau
blanc qui eft auffi un fignal du., deffein de.
capituler.
CHAMBRÉE. Affociation de plufieurs foldats
qui mangent enfemble fous la direction d’un bas-
officier. Voye^ B a s -o f f i c i e r .
CHAMEAU. Animal dont quelques anciens
peuples ont fait ufage dans les combats. Les Arabes
les y employaient. ( Diodor. L. III. p. 12.5. B. y
Cyrus en avoit dans fon armée, lorfqu’il défit.celle
de Croe.fus. Il les fit oppofer à la cavalerie ennemie*
parce que, dit Hérodote, le cheval craint le chameau,
ôc ne peut en foutenir ni la vue ni l’odeur
( L. L C. 80. ). Xenophon rapporte auffi que r
lorfque les chameaux de Cyrus marchèrent à la
cavalerie lydienne, ils en étoient encore loin quand
les chevaux prirent l’épouvante , fe cabrèrent » s’enfuirent,
fe jettèrent les uns fur les autres. ( Cyr*
infiit. L. VIL p. 176. E“ Franco/, f o l 159.6.).. Il y
avoit des chameaux avec la cavalerie perfe .qu’A -
géfilas défit fur les rives, du Pa&ole ; mais, il ne pa-
roît pas. qu’ils ayent combattu en cette oecafion».
Dans la bataille livrée aux Romains par Antio-
chus, on retrouve dès archers arabes , montés fur
des dromadaires ôc portant des épées à lame étroite,
mais- longue de quatre coudées , afin de pouvoir ,
de l’élévation où ils étoient, atteindre leurs enne*
mis. ( Liv. L. X X X V ll. C. 40. ). Il paroît cependant
que l’ufage du chameau pour la guerre n’a été
ni général, ni confiant, ôc qu’il y eft beaucoup-
moins propre que le. cheval, mais très, utile comme
bête de fomme.
CHAMFRAIN. Pièce de l’armure.-du. cheval y
laquelle lui couvroit la tête.
CHAMP DE B A T A IL L E . Lieu d’une. afiion;
entre deux armées. Poye^B a t a i l l e . •
Rien n’eft plus propre à infpirer de l’éloignement
pour la guerre que la vue-d’un champ de bataillcpew
de temps après l’aétion. Dans l’efpace. de plufieurs-:
milles on ne voit que des cadavres nuds ôc teints de:
fang, des bleffés dont les-foibles ggmiffements. an>-
noncent leur mort prochaine ; d’autres-dont les cris>
perçants appellent en vain. des-.fecQurs j des- lau^r