
cuir portée fur l'épaule droite, & qui tombe fur la
cuiffe gauche , oh elle porte l’épée. Varron définit
le baudrier une ceinture de cuir ornée de bulles ou
de lames : B a lth e um quod cingulum è corïo habebant
b u lta tum , B a lth e um di&um.
Properce en donne en vers une idée femblable :
Prohibant cx.fi balthea lento, bovis.
Ces expreffions ne font pas fort propres à fixer
l'imagination fur la forme de cette efpèce de ceinture.
Il y a des auteurs qui croient qu’elle ceignoit
feulement les hanches, comme nos ceinturons
actuels , & avoit de même un. pendant portant
l’épée à gauche. Si l’on recueille les différentes acceptions
dans lefquelles les anciens prenoient ce
mot , on fera tenté quelquefois de regarder leur
baltheus comme un ceinturon , tandis que d’autres
anciens ne nous laiffent pas douter qu’il n’allât
de l’épaule fur la cuiffe. Vitruve emploie ce mot
pour exprimer le petit lifteau qu’on met au haut &
au bas des colonnes, pour la ceinture d’une voûte ,
ou pour une chaîne de pierres de taille.
Pline s’en fert pour exprimer le degré le plus
haut des amphithéâtres , & le poète Manilius
nomme le zodiaque baltheus J lellatus.
Malgré ces titres pour croire que le baltheus étoit
un ceinturon, plufieurs fçavants le regardent comme
le baudrier 3 fuivant notre acception aéhielle, &
leur fentimeftt femble autorifé : on fçait qu’en général
les anciens portoient leurs armes pendantes
de deffus l’épaule ; &. que c’étoit une des raifons
pour lefquelles on les appelloit armes 3 parce qu’ils
regardoient les bras comme les armes naturelles
de l’homme. D ’ailleurs, des expreffions pofitives
fembîent à cet egard s’oppofer au doute : Virgile
nous montre le roi Evandre portant fon épée au
côté , pendante de deffus l’épaule : tum late ri atque
Jtumeris Jublïgat enfem.
Le même poète dit la meme chofe du baudrier
de Pallas , qu’Enée reconnoît fur l’épaule de
Turnus.
Infelix hurnero cum apparuit alto
BaLheus , & nous füLjerunt cingula bullis
PaLlantis puerï.
D ’un autre cô té , on fçait que les anciens portoient
l’épée pendante de deffus l’épaule. Polybe
le dit formellement ; on le voit fans équivoque
dans les monuments anciens , fur-tout dans la
colonne Trajane & dans l’Antonine.
Ainfi on peut regarder comme certain ce que
dit Ifidore dans fes origines ; fçavoir , qu’on appelle
indifféremment baltheus & cingulum une large
courroie dont non-feulement on eft ceint, mais
encore d’où les armes font fupendues : baltheus
d icitu r 3 non ta n tum quo cingimur 3 f e d etiam à quo
arma dépendent.
Les guerriers , confidérant le b a u d r ie r. comme
une partie confidérable de l’armure , l’embellif-
jfoient de plaques fort riches. Virgile dit qu’Euriale,
après avoir fait un carnage affreux des Rutules
furpris dans leur camp , n’emporta que les pha-
lères de Rhamnès & fon baudrier garni de bulles
d’or.
E u r y a lu s p k a le r a s R h am n e t is . & a u r ea b u l l i s
Cingula.
Il paroît, par un paffage de Trébellius, que ces
ornemens étoient fort riches , & qu’ils n’avoient
pas uniformément la figure de bulles. Cet auteur
dit que Saloninus , étant encore enfant, prit les
ceintures de plufieurs guerriers qui s’en étoient
debarraffés dans un feftin, & qu’elles avoient des
garnitures d’or en forme d’étoiles : cum cingulapleris-
que militantium ponerent hora convivii , Saloninus
puer his auratos conflellatofque baltheos rapuijfe per-
hibetur. Saumaife dit que ce n’eft point confiellatos,
mais pufiulatos qu’il faut lire : ce qui fignifieroit
dans ce cas ci la même chofe que ce qu’on entend
par bulla. Il fe fonde apparemment fur ce“ que
cette expreffion eft employée par les anciens 3
& particulièrement par Martial, qui parle de bulles
ou puftules d’argent, qui fe détachent avec éclat
de deffus l’ivoire.
Et niveum candens pufiula vincit ebur.
Suidas parle d’un corps de troupes qu’on appelloit
monoçoni 3 a caufe de la richeffe de leur baudrier ou
de leur ceinture.
Nous avons eu long-temps l’ufage des baudriers
dans nos troupes, & il n’a ceffé que bien avant fous
le règne de Louis XIV. Il les ôta en 1684 aux
foldats des gardes françoifes & fuiffes , & enfuite
a toutes les troupes. Enfin les baudriers ont été
bannis des armées & de la cour , &. quittés de
touts ceux qui portenfl’épée. Il n’y a que les Suiffes
qui gardent les portes des hôtels^, que l ’on voie
en baudriers, &. les cent-fuiffes à la cour, quand
ils font de garde ou employés à quelqu’autre
fervice. ( J. ).
BÉFROI. On nomme ainfi dans les places de
guerre , ou dans les villes voifines de l’ennemi, une
tour 3 un clocher, ou autre lieu fort élevé d’où
l’on donne des fignaux. Une cloche avertit le foir
ceux qui font au - dehors que l’on va fermer les
portes, & qaHl faut rentrer dans la place. Le même
fignal appélle à un incendie , & inftruit le matin
de l’ouverture des portes. Si la place eft affiégée ,
c’eft du haut du béfroi que l’çrn examine pendant
le jour ce qui fe pane au dehors. Un homme, nom-*
mé Guefieur, fait des fignaux convenus , qui inf-
truifent de ce qu’il voit. Ils fe font ordinairement
avec un drapeau. Cet homme peut ofiferver aufli
pendant la nuit, lorfqu’elle eft claire ; & il feroit
bon de jour & même de nuit qu’il fûf pourvu
d’une bonne lunette.
BÉLIER. Machine kataballiftique , employée
par les anciens pour détruire les remparts. V. Ditf*
d'antiquités.
BÉNÉDICTION. Les princes chrétiens eurent
un
un ufage pîeux qu’ils obfervèretff à l’égard d'eux-
mêmes , & qu’ils preferivirent ou auquel ils exhortèrent
leurs, troupes : c’étoit avant une guerre, de
recevoir la bénédiction des prêtres, après s’être mis
en état de grâce par des oeuvres de religion 3 telles
que celles de fe confeffer & de communier. On
voit même que., du temps de l’ancienne chevalerie
, dès qu’un jeune gentilhomme étoit fort! de
page, fes parents le prefentoient à l’autel, & que
lé prêtre célébrant lui attachoit au côté une épée
fur laquelle il avoit fait plufieurs bénédictions. Après
cette cérémonie , le jeune gentilhomme étoit
compté au nombre des écuyers.
Comme je crois que ces cérémonies prirent
leur origine, ou du moins furent obfervées avec
plus de rigùeur au temps des croifades ; je vais
rapporter la bénédiction que l’évêque devoit donner
dans ce cas ; &. voici la cérémonie confacrée par
l’églife, telle qu’elle étoit preferite par le Pontificale
Romanum.
Celui qui fe préfente pour recevoir la croix, &
être béni avant fon départ pour une expédition,
foit pour la défenfe de la religion, foit pour aller à
la conquête de la Terre-Sainte, doit être à genoux
devant l’évêque j un affiftant tient la croix que
l’on doit bénir & lui remettre ; l’évêque , debout
6c fans mitre , dit fur cette croix les prières fui-
yantes:
■ÿ. Adjutorium noftrum in nomine Do-
mini.
7$. Qui feçit coelum 6c terram,
ÿ . Dominns vobifeum.
ïÿ. Et cum fpiritu tuo.,
O R E MTJ S,
Omnipotens Deus qui crucis flgnum pre-
tiofo Filii tui fanguine dedicafti, quique
per eamdem crucem Filii tui Domini nollri ,
Jefus Chrifti mundum redimere vôluiRi , '
6c per virtutem ejufdem venerabilis crucis I
humanum genus ab antiqui hoRis chirogra- j
pho liberaRi, te fuppliciter exoramus ut ■
digneris hanc crucem paterna pietate be- i
nedïcere f 9 & cceleRem ei virtutem Sc gra- j
tiam impartire ; ut quicumque eam in paf- I
fionis Sc crucis unigeniti tui ftgnum, ad
tutelam corpofis & animæ, fuper fe gefta-
verit, coelefti gratiæ plenitudinem, in ea , I
P C munimen valeat tuæ benedi&ionis acci- j
pere. Quemadmodum virgam Aaron rebel- !
lium perfidiam repellendam benedixifti, ita
6c hoc lignum tua dextra bene*j*dic , &
contra omnes diabolicas fraudes virtutem
çi tuæ defenfionis impendas; ut portantibus
Art militaire. Tome i.
illud animæ pariter & corporis profperita-
tem conférât, falutarem &c fpiritualia in
eis dona multiplicet. Per.eumdem Chriftum
Dominum noftrum. R^, Amen.
Enfuite l’évêque jette de l’eau bénite fur la
croix , é£ fuç celui à qui elle eft deftinée , ôc dit :
O R Ë M U S .
Domine Jefus Chrifte , Fili Dei vivi ;
qui es verus & omnipotens Deus, fplendor
& imago Patris, & vita æterna, qui tuis
difcipulis afferuifti ut quicumque vult
poft te venire femetipfum abneget, & fuam.
crucem tollens te fequatur, quæfumus im-
menfam clementiam tuam ut himc famu*
lum tuum, qui juxtà verbum tuum feip-
fum abnegare, fuamque crucem tollere &
te fequi, ac contra inimicos noftros pro
falute populi tui eleûi properare & pugnara
defiderat, femper & ubique protegas ac à
periculis omnibus eruas , Sc vinculo pecca-
torum abfolvas, acceptum que yotum ad
eftectum deducas optatum. Tu Domine t
qui es via, veritas, & vita , & in te fpe-
rantium fortitudo, ejus iter bene difponas,
& profpere cuncla concédas; ut, inter præ-
fentis fæculi anguflias , tuo femper auxilio
gubernetur. Mitte ei Domine Angelum
tuum Raphaelem , qui Tobiæ cornes fuit
in itinere fuo, ejufque patrem a corporis
cæcitaté liberavit ; in eundo ac redeundo
fit ei defenfor contra omnes vifibiles Sc
invifibiles hoftis infidias, & omnem mentis
Sc corporis ab eo caecitatem repellat. Qui
cum Deo Pâtre & Spiritu Sanâo vivis Sc
régnas Deus, Per omnia fæcula fæculorum.
p/. Amen,
L’évêque s’aflled enfuite ; & , ayant fa mitre, if
lui remet la croix, en difant :
Accipefignum crucis, in nomine Paftris,
& Fi'j’lii, Sc Spiritûs Sanûi. Amen.
L’évêque enfuite jette de l’eau bénite fur lui ; il
eft toujours à genoux ; il baife la main de l’évêque ,
fe relèv e, & s’enva.
B É N É D I C T I O N D E S A R M E S .
L ’ufage de cette bénédiction eft une marque de la
conlidération qu’elle a eue chez les peuples chrétiens
& guerriers. L’églife y a confacrc des cérémonies
qui font toujours dans le pontifical romain ,