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les coups de feu, foit par les coups de flèches,
a fuivi pour ceux-ci une méthode fort fage. Afin
fle faire mieux comprendre aux gens de Ion métier
qui liroient fes ouvrages, la manière de panfer
les plaies faites par les flèches, les précautions
qu’il falloit prendre, les incifions xju’i l , falloit
faire ? & l’ufage des inftruments dont il fe falloit
fervir, il fit defliner les diverfes efpèces de flèches
en ufage de fon temps, & particulièrement les
différentes figures de leurs fers ; connoiffance
dont la cure des blefïures dépendoit beaucoup.
Ainfi, en travaillant a perfeéKonner la chirurgie ,
il a travaillé , fans y penfer , pour l’hifloire. On a
fait graver les figures qu’il nous a laiffées de ces
différents fers de flèches.
Fig* 57 & 58. Arcs.
59. Quarreau.
60. Vireton.
6 1 . Matras.
' Remarquons avec l'auteur , que parmi ces
flèches j il y en avoit dont la tige étoit inférée
dans le fe r , & d’autres dont le fer étoit inféré
dans la tige, afin que le fer demeurât dans le corps
de celui qui en étoit bleffé ; ce qui rendoit la
plaie très dangereufe ; & que le fer de quelques-
unes étoit de la longueur de trois doigts, & moins
Jong dans les autres.
Au refte, quoiqu’Ambroife Paré ne prétende
nous repréfenter ici que lès flèches dont on fe fer-
voit de fon temps, on peut dire qu’il nous donne
en celle-ci les flèches des fiècles plus reculés. Cette
arme a pu varier ; mais il a toujours fallu qu’elle
fut de figure droite, pointue, empennée pour
l'ordinaire ; il n’y a guère que le fer dont la figure
ait été différente. Quant à la longueur, on fe
régloit fur celle de i’arbalête ou de l’arc. ■"
On compte aufîi parmi les flèches & les dards
une autre efpèce de trait, quoiqu’il n’eût point
de pointe ; on l’appelloit un matras. Il étoit beaucoup
plus long que les flèches, beaucoup plus
gros, & armé au bout', au lieu de pointe , d’un gros
fer arrondi, pour fracafler les boucliers * les cui-
rafles, & les os de ceux contre lefquels on le tiroit :
mais il n’étoit lancé qu’avec de groffes arbalètes.
( Voye{ A rc & A r ba lè t e .).
La fronde étoit encore en ufage fous Philippe
Augufte ( 1180.). On lit dans fon hiftorien Guillaume
le Breton, (pag. 2 1 3 .) .
Funia hrevesfimd.it lapides , glandefque rotundas.
Depuis ce temps, on ne trouve les frondes que
rarement dans notre hiftoire , & entre les mains
de payfans. Dans le récit du combat donné en
Bretagne fous le règne de Philippe de Valois, entre
les troupes de Gautier de Mauny, chevalier anglois,
& celles de Louis d’Èfpagne qui commandoit fix
mille hommes pour le parti de Charles de Blois
contre celui du comte de Montfort, Froiffart dit
que ce qui donna l’avantage à Mauny, fut que
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durant l’aéfion furyinrent les gens du pays, qui les
fuivoient à boulettes & à frondes,
On en fit encore ufage en 1572, au fiége de
Sancerre : les payfans huguenots qui s’étoient réfugies
dans cette v ille, employèrent cette arme pour
épargner la poudre. D ’Aubigné, qui rapporte ce
fait, dit qu’on appella pour lors les frondes, des
arquebufes de Sancerre.
On ufoit aufîi dans les fiéges, fous la fécondé
race, d’une efpèce de fronde femblable au fufti-
bale des anciens : c’étoit une fronde attachée à
une efpèce de levier , avec laquelle on jettoit des
pierres, foit des approches fur les remparts, foit des
remparts fur les approches. On employoit encore
cette machine, même depuis l’invention du canon.
Monftrelet la nomme fondefle : « & aufîi en autres
lieux, dit-il, furent faits plufieurs fondefi.es, bri-
colles, & echelles ». ( Daniel milice franc, tom* 1. )•
Ceci fuffit pour donner une idée des armes
employées par les François, jufqu’au temps oii
l’invention des armes à feu les a fait „abandonner
& releguer dans les arfenaux. Un ouvrage intitulé
Panoplie, qui vient d’être propofé par fouf-
cription,les feraconnoître plus en détail. Quant
aux armes à feu, yoye^ le DiElionnaire d’Artïl-
lerie.
Celles des autres peuples de l’Europe furent à-
peu-près femblables dans les mêmes âges. Il ne nous
refte plus qu’à parler fuccintement de celles qui
font employées aujourd’hui par les principales
nations de l’A fie.
C H I N O I S .
A r m e s o f f e n s i v e s .
L’arc & les flèches font encore une des principales
armes des Chinois. Ils ont des arcs de qûatre
grandeurs différentes : les plus.foibles font, difent-
îls, de foixante-dix livres, c’eft-à-dire que celuèqui
les tend fait le même effort qu’il feroit pour lever
un poids de foixante-dix livres. Les autres font
de quatre-vingt, de quatre-viçgt-dix , & de cent
livres. Ceux qui vont au-delà font de parade, ou
pour les hommes dont la force eft au-defïus de
l’ordinaire. Le prix que l’empereur paye pour un
arc Ample eft un tael ou 7 liv. 10 f. de notre
monnoie.
On n’emploie, pour tendre l’arc, que le pouce
& l’index. Le pouce eft armé d’un anneau de corne
de cerf ou de quelque pierre précieufe.
Les flèches font aufîi de différentes grandeurs.
Les plus grandes ne fervent que pour l’exercice.
Elles ont, au lieu de fer, un bouton de bois, creux
& percé de plufieurs trous. On en fait ufage aufîi
à la guerre ,pour donner des avis à ceux des ennemis
qu’on veut attirer à fon parti, ou qu’on a
déjà gagné. Alors on met un billet dans le bouton
creux | & on lance la flèche du côté de ceux entre
les mains defquels on veut qu’elle tombe. Ces
flèches, utiles pour cette v u e , nuifent quelquefois *
en ce que ceux qui ont des intelligences fecrètes
avec les ennemis, ou qui n’en ayant point encore
voudroient s’en former, foit pour fe venger de
quelque alfront re çu , foit en des yfpérances de
fortune , ramaffent ces fortes de flèches, & font
des avis qu’ils y trouvent l’ufage convenable à
leurs deffeins.
Une autre flèche de moindre grandeur eft armée
d’un fer à-peu-près femblable à celui de-nos ef-
pontons. Une troifième , plus pe tite , porte un
trident de fer qui les rend très redoutables. Il y
en a encore d’autres dont voici les noms, & les
formes.
Fig. 75. Flèche en fourcils.
76. Flèche en cifeaux.
77. Flèche à percer la cuiraffe.
- 78. Flèche à divifer les épaules.
Celles qu’on nomme en chinois efprits caches
font au nombre de trois attachées enfemble fur
une efpèce de planchette : elles peuvent atteindre
à la diftance de cent pas. Il y a aufTi des flèches
à feu qu’on lance parole moyen de Ja poudre.
( Voye^ art milit. chin. fuppl. pl. XVI. )
Le carquois eft fait de cuir , & divife en plufieurs
étages ou rangs, dans lefquels on met des
flèches de différentes grandeurs.
Le premier rang contient les plus grandes, ou
flèches d’exercice.
Le fécond eft divifé en trois compartiments,
contenant chacun quatre flèches de moindre grandeur
que les précédentes , &■ armées en fer de
pique.
Le troifième a aufîi trois compartiments , contenant
chacun une flèche de moindre grandeur que
celles du fécond rang, mais d’une forme différente.
Fig. 7 9 . a . A r c dans fo n étu i.
b. Ceinture de cuir.
c. Anneau de cuivre.
d. Agraffe ou crochet de cuivre.
e. Poche de cuivre quifert d’étui à l’arc.
f. Anneaux de cuivre, auxquels on attache
l’étui de l’arc &. le carquois.
g. Flèches.
h. Carquois.
i. Premier rang des flèches.
k. Second rang.
l. Troifième rang.
Outre ces arcs , les Chinois en ont eu de plus
^grands qu’un feul homme pouvoit bander à deux
mains , d’autres ou plufieurs hommes à la fois em-
ployoient leurs forces. On lançoit avec ces arcs
des javelots, des lances, des flèches, des pierres ,
& on s’en fert encore aujourdhui contre les tigres
dans quelques campagnes. Le père Amiot en a
vu qui lui ont paru ne pas différer de nos arbalètes.
Ils ont aufîi une arme ou arbalète qu’ils nomment
nou-koung. L’invention en eft ancienne. Tchou-
Ko-leang qui vivoit fur la fin des han poftérieurs
Fa perfeéfionné. On peut avec cette arbalète
lancer jufqu’à dix flèches à-la fois.
Fig* So. A . Echancrures pour contenir les
flèches.
B , C . Trous dans lefquels oh met les
deux branches de la pièce de
fe r , qui fert à bander l’arc.
C ^ C . Arc. 11 doit être dé- bois de
mûrier.
D . Flèche.
E. Corde de l’arc.
F. Lieu oh Fon met le pouce pour
tenir l’arc ferme.
G. Petite boète à contenir les flèches.
H. Couvercle de la boète.
I, Pièce de fer avec laquelle on bande
l’arc.
K . Corps de la machine.
L. Pied.
M. Pièce de fer pour arrêter le couvercle
de la boète.
Le fabre courbe eft une arme commune à toutes
les troupes ; mais il eft de longueur differente pour
chacune d’elles. Ceux de l’intanterie font les plus
longs : ceux des arbalétriers font de. longueur
moyenne. Celui de la cavalerie eft le plus court.
' Pour'forger le fabre des arbalétriers on emploie
quatre livres de fer , & pour l’acerer, neuf onces
d’acier. Pour faire rougir le fer & 1 acier , & le
battre , on emploie vingt livres de charbon de
pierre. Le fourreau eft tait de» bois , & couvert
de la peau du poiffon appellé tfe-yu , que 1 on
recouvre d’un vernis. La poignee eit de bois recouvert
de cuivre. La garniture du fourreau eft
aufîi de cuivre. Un cordon de fil de foie eft pafTe
dans la garde. Ce fabre coûte à l’empereur .6 tfien ,
6 fen , 5 lï ou 4 liv. 19 f. 6 den. de notre monnoie.
Fig. 81. Long fabre de l’infanterie.
82. Sabre court de la cavalerie.
83. Sabre des arbalétriers.
84. Fourreau.
La hache eft une autre arme offenfive de l’infanterie;
les fufiliers s’en fervent, lorfque leurs
munitions font épuifées. On emploie pour la fabriquer
trois livres huit onces de fe r , deux onces
d’acier, & fix livres de charbon de pierre. Elle
revient à 3 liv. de notre monnoie. On la porte
dans un étui de cuir , & elle a au manche unt
cordon de foie. La forme n’en eft pas différente
de celles de nos haches ordinaires.
Les Chinois, religieux confervateurs de leurs
ufages , ont encore celui du bâton. Il eft long
de huit pieds à huit pieds cinq pouces , & porte
le nom de chao-lin qui eft celui de la. foret ou
croît le bois dont on le fait.
Ils ont un autre bâton, long de fept pieds , dont
l’extrémité eft armée d’un fer long de deux pouces,
&. pefant quatre onces.
Ils fe fervent de la pique , & lui donnent différentes
longueurs. La plus longue doit être d’un