
les chofes néceffaires , comme charpie , linge ,
bandes , agaric , vitriol, fil ciré , eau - de - vie ,
eau commune , fel commun, & c . ; le régiment,
ou , mieux encore , l’hôpital ambulant devroit
procurer ces divers fecours.
Us doivent le mettre a l’abri du boulet, & cependant
à portée de fecourir les officiers & fol-
dats blefles de leur régiment, mais de forte qu’ils
puiffent probablement éviter de tomber au pouvoir
de l’ennemi. L’importance de leurs fecours
doit engager les commandants des régiments &
les généraux de l’armée à ne leur donner aucun
ordre ‘qui puiffe en les déplaçant expofer leur vie
ou leur liberté,
Pendant le combat, ils ne peuvent donner que les
fecours de première néceffité. La mauvaife difpofi-
tiondes lieux, les circonfiances rendues défavorables
par les événements , par le gain ou la perte de la
bataille , le manque , ou la modicité des moyens
néceffaires en pareil cas, enfin le peu de temps
que l’on donne à chaque blefié font autant d obf-
tacles qui nuifent aux fuccès des foins rendus.
Comme ces premiers fecours ne font point indifférents
pour la confervation des blefles , il feroit
à defirer que les chirurgiens - majors, munis de
tout ce qui leur feroit néceffairë, & autant qu il
feroit poflible., à l’abri des inquiétudes attachées
à la circonftance , puffent les leur donner , en y
mettant le temps & les réflexions convenables. Il
conviendrait qu’ils ne fiffent aucune operation-
majeure, à moins qu’elle ne fût urgente ou qu iis
fe trouvaffent très près de l’hôpital ambulant : alors
ils devroient s’y rendre pour y attendre les blefles
de leurs régiments , leur donner les fecours necef-
faires, & , en cas d’empêchement, pour y être
au moins confultés. *
Après la bataille -, ils doivent porter des fecours
aux officiers de leurs régiments q u i, étant blefles ,
ne fe feront point rendus à l’hôpital ambulant.
- Ils fe rendront enfuite à cet hôpital, pour donner
leurs foins aux officiers & foldats de leurs
corps : & , en cas d?empêchement de la part des
officiels de fanté de l'ambulance , dont la manie
eft fouvent de vouloir tout faire & ne fe conduire
que d’après leurs propres lumières , ils conféreront
avec eux , tant fur la fituation prefente & avenir
des blefles que fur les opérations & autres moyens
à employer ou à éviter ; parce que, connoiffant
leurs difpofitions phyfiques & morales, ils pourront
ouvrir des avis utiles & modérer le trop grand
penchant qu’on a pour couper en pareille circonftance.
Il conviendroit de plus qu’ils afliftaffent aux
opérations qu’ils auroient jugées néceffaires & in-
difpenfables , afin de veiller à ce qu’elles foient
conformes à leurs vues. Ils fuivront', autant qu il
leur fera poflible le traitement employé, afin d’inf-
truire le chirurgien qui en fera charge des particularités
relatives à leurs malades, & ils lui donneront
les confeils que leur talents & les circonf-
jances leurs fuggereront ; ces attentions garanriront
les blefles des fautes réfultantes de l'ineptie
ou de l’inadvertance. ■ ■ ■ ^ ,
Si le régiment vient à partir , le chirurgien-
major doit l’accompagner, à moins que le corps,
ou le général de l’armée ne lui ordonne de relier .
alors le régiment devrait fe charger de fon équipage
& de les domeftiques ; le général lui procurer
fa fubflftance & celle de fes aides ; & la dépenfe
qu’il pourroit être dans^ le cas de faire pour cet objet
devroit lui être rembourfée par le régiment ou par
le roi.'
§ . X I V .
Des foldats - chirurgiens.
11 y a ordinairement dans touts les régiments u»
foldat - chirurgien par bataillon. Ils font accordes
aux chirurgiens-majors, tant pour lés aider en leurs
fondions , que pour accroître l’utilité dont ils
peuvent être^à leurs corps. Ces foldats-chirurgiens
n’ayant communément aucune diftinélion, aucune
haute-paye $ point de logement particulier , ÔC
de plus étant lu jets à la difeipline militaire , ne
jouiffent par conféquent d’aucun des avantages qui
pourroient les faire confidérer des bas-officiers, ot
des foldats. Cependant il feroit jufte que le xe- <
giment leur accordât quelque diftinélion ; par
exemple, un habit uniforme d’élève chirurgien-
furnuméraire , ayant le bouton du régiment ,
vefte & culotte afîorties ; un logement particulier
qui ferviroit de rendez-vous aux malades , de
falle de panfement, & de réfidence pour le foldat
chirurgien qui feroit dé garde. Il faudrait de plus
qu’ils reçuffent une haute-paye, foit de leur régiment,
foit du roi, qu’ils fuffent fous la difeipline
des chirurgiens-majors, & que MM. les officiers
& bas-officiers ne puffent. févir contre eux , ni
les contraindre à des chofes qui n’auraient point
de rapport au fervice des malades ou qui feroient
contraires à ce qu’auroient ordonné les chirurgiens-
majors. Cet article eft d’autant plus effentiel qu ils
ne feront jamais affurés de difoplèr de leurs aides ,
fuivant que la circonftance fexige , s’ils n ont fur
eux une police exclufive. Il conviendroit aufli qu ils
-euffent droit de les punir , & de les deftituer meme
de leur emploi, fi le cas l’exigeoit.
Leurs devoirs fe réduifent , a- peu oe choie
près, aux fuivants. Ils doivent fe rendre touts
les jours chez le chirurgien-major, ou par - tout
ailleurs, à l’heure qui leur fera indiquée’, foit
pour l’accon^pagner chez MM. les officiers malades,
ou dahs les chambrées de foldats, foit pour
exécuter ou faire exécuter lçs ordres dp. chirurgien-
major , foit enfin pour y recevoir les inftructions
qu’il jugerait à propos de leur donner.
Ils feront alternativement de garde au quartier,
pour remédier aux accidents qui. pourroient fur-^
venir pendant le jour. Comme ils font plus frequents
dans les troupes à cheval & dans le corps royal
d’artillerie que dans l’infanterie , cette précaution
eft encore plus effentielle dans ces corps. Les
- memes
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ïnémes événements pouvant avoir lieu la nuit J
il conviendroit qu’ils couchaffent dans le logement
dont nous avons dit qu’il devoit être à portée
de celui du chirurgien-major , afin qu’on les trouvât
au befoin, fans troubler le repos, des foldats de
Jeur chambrée.
Ils doivent affifter , autant que leurs autres fonctions
pourront le leur permettre , aux différentes
leçons & aux panfements qui fe font dans les
hôpitaux militaires, ainfi. qu’aux vifites des médecins
& des chirurgiens. Leurs régiments étant
en route , ils feront tenus d’être alternativement,
l’un à la fuite de la compagnie de chaffeurs , &
l’autre aux équipages, pour y rendre les fervices que
les circonflances pourroient exiger, & y exécuter
les ordres du chirurgien-major. Arrivés au lieu du Io- Fement, ils lui rendront compte de leur million,
inftruiront du lieu de leurs logements, qui devroient
être, de même que leurs étapes, femblables en tout
à ceux des fergents : on pourroit , par préférence ,
leur accorder le logement de l’armurier, lorfqu’il n’y
en a point de préfent au corps.
Après huit années de fervice dans leurs régiments
en qualité d’aide-chirurgien , ne pourroit-on
pas les admettre, d’après les certificats des chirurgiens
majors, au concours d’élèves-chirurgiens titulaires.;
& , à mérite égal, les préférer, fur-tout
s’ils étoient plus anciens de fervice ? Quant à
ceux qui ne voudraient pas courir cette carrière ,
on leur accorderait un certificat, à la faveur duquel
ils pourraient être employés dans les armées.
Ces petits avantages exciteraient leur émulation ;
ils les rendroient plus utiles aux chirurgiens-majors,
& par conféquent aux régiments.
Si les chirurgiens - majors étoient affujettis aux
devoirs qui viennent d’être énoncés, il conviendrait
qu’indépendamment des deux foldats aides-
chirurgiens , ils euffent deux, ou au moins un
aide-chirurgien inftruit, qui feroit pour l’uniforme ,
les appointements, & le logement, comme les
aides-chirurgiens titulaires des hôpitaux ; que ces
aides fuffent choifis par eux , & qu’ils euffent le
droit de les deftituer. Ils devraient aufli être affujettis
aux mêmes devoirs que ceux que nous avons
prefcrÿs aux foldats aides-chirurgiens, & il faudroit
que ceux d’entre- ces derniers qui auraient le plus
de talent & de conduite puffent prétendre aux
places de ceux qui les précéderaient. Ceux-ci ,
de même, devroient être admis au concours pro-
pofé pour l’éleétion des chirurgiens-majors ; & ,
à mérite égal , être préférés. Quant à ceux qui
ne voudraient pas embraffer cette carrière, il leur
■ ferait délivré par les chirurgiens - majors un -certificat
, à la faveur duquel ils pourroient être employés
dans les hôpitaux de l’armée.
§ . X V .
Appointements des chirurgiens-majors.
Les appointements des chirurgiens - majors , en
Art militaire. Tome 1,
C H I 6 6 *
gârnïfon, font de iaoo livres, avec logement de
capitaine. Indépendamment de ce logement, il
conviendroit qu’ils en euffent un fécond pour
loger , ainfi que nous l’avons dit , leurs aides-
chirurgiens , pour y vifiter les malades & les
recrues, panfer les hommes incommodés de blef-
fures légères , &c. A ces appointements , les
officiers joignent prefque toujours un traitement
qui eft abfolument arbitraire , & qui peut être
regardé comme un abonnement pour les foins
que les chirurgiens-majors leur donnent. Comme
la cour ne fait aucune mention des devoirs
& des foins que les chirurgiens-majors doivent
avoir pour les officiers malades , il paraît que
fa majefté n’a pas eu intention de les comprendre
dans le traitement qu’elle leur fait pour les bas-
officiers & foldats. Mais, quand ils y feraient compris
, les chirurgiens-majors, ne leur devroient des
foins que comme chirurgiens, & non comme médecins.
Ainfi , les foins qu’ils leur rendent en cette
qualité méritent récompenfe ; & voilà peut-être
la raifon de cet abonnement, à la faveur duquel
les chirurgiens - majors peuvent remplir leur état
avec une forte d’aifàn.ce & d’agrément. Ils le feroient
avec plus d’utilité , fi le roi leur accordoit un
traitement qui les mît dans le cas de fe paffer de
celui que leur font les officiers : ce traitement
pourroit être de 2.400 livres par an, fans aucune
retenue ; & , quoique avantageux , il ne feroit
pas exceifif. Les chirurgiens - majors vivent ordinairement
avec les capitaines ; ils font à peu près
autant de dépenfe qu’eux ; & , n’ayant que très
peu ou'point de patrimoine , ils ont befoin d’é-
conomifer, pour ajouter dans leur vieilleffe à la
penfion modique que leur fait la cour. D ’ailleurs
les économies qu’ils pourroient faire au roi fur-
paffant de beaucoup l’avantage qu’il leur feroit ,
il n’en feroit pas léfé.
Le traitement des chirurgiens-majors , lorfque
leurs régiments font en route, confifte en deux
rations de bouche & une de fourage : ce qui
forme communément une fomme de 1 liv. 4 fols
par jour. Cette diminution d’appointements, ayant
îieu dans une circonftance ou les dépenfes font
plus grandes , feroit contraéler des dettes à la
plupart des chirurgiens-majors, s’ils n’ayoient pas
de reffources pour compenfer ce défavantage. Il
conviendroit qu’ils euffent en route une étape
proportionnée à leurs appointements , ou qu’ils
confervaffènt leurs appointements fans étape , à
moins qu’on ne voulût la leur donner à titre d’indemnité
, fur-tout pendant la guerre.
Le logement de capitaine doit leur être con-
fervé. Il feroit aufli très utile qu’on leur en accordât
un pour leurs aides ; & il paraîtrait jufte qu’on
leur paffât für les équipages, foit au compte du
roi , foit à celui du* régiment , une malle pefant
fix cents livres , dans laquelle feroit la plus grande
partie- de leurs livres , de leurs inftruments , de
leurs médicaments & uftenfiles indifpenfables ; ôc
■ p p p ?
5 .