
peut fuivre dans fa marche , afin de diftribuer Tes
guides a la tete des colonnes de la manière la plus-
convenable.
C a p it a in e r ie gard e - côte. Diftrift qui
fournit un certain nombre de miliciens garde-
côtes. ( Voyeç C ôtes.) .
. C A P ITA L E . Ligne droite comprife entre le
Roint de réunion des deux demi-gorges d’une pièce
de fortification , ôt l ’angle faillant de cette pièce :
eHe eft nommée capitale, parce qu’elle fert a déterminer
1 etendue d’un baftion , d’une demi-lune,
d’une redoute , d’un réduit, Ôte.
Dans le baftion , c’eft la partie AE du rayon ,
( H; . 13 3 * ) î comprife entre l’angle du polygone
intérieur, ( Voye^ F o r t if ic a t io n , ) , ô t l’angle
correfpondant A du polygone extérieur.
Dans la demi-lune, c’eft la ligne comprife entre
1 angle rentrant de la contrelcarpe , ôt l’angle
faillant de la demi-lune. ( Voyez D em i- lu ne. ).
C A P ITU L A T IO N . Convention particulière
entre deux puiffances. Ainfi une puiflance fait une
capitulation avec une autre puiflance pour lui fournir
des troupes aux conditions d’un traitement, d’une
folde, de certains privilèges , ou pour d’autres
fecours militaires : un corps de troupes , contraint
a fe rendre fait une capitulation avec celui qui l’y
contraint : le gouverneur ou commandant d’une
place affiegee tait une capitulation avec le général
de 1 armee affiegeante, lorfqu’il eft forcé de rendre
fa place.
[ Les articles de la- capitulation d’une place font
propofés parTafliégé. Celui-ci reçoit des otages
pour la fureté de ceux qu’il envoie vers le général
ennemi. Ordinairement ces otages fe donnent réciproquement
, & de dignité égale.
La ftipulation des articles propofés , la modification
ou le refus de quelques-uns fe règlent fur.
un grand nombre de confidérations , dépendantes
des vues ôt des connoiflances du général qui fait
le fiège.
Les articles étant fignés , les affligeants prennent
pofleffion d’un pofte ou d’un front attaqué, félon
ce dont on eft convenu.
Le temps où la garnifon doit fortir étant arrivé ,
©n introduit ordinairement par honneur dans la
place le plus ancien corps de l’armée qui prend les
poftes pour la garde de la place; Ôt, après que
les troupes de l’ennemi font forties , on y fait entrer
«elles qu’on y deftine pour garnifon.
La vifite de l’artillerie , ôt des munitions de
guerre & de bouche qui doivent refter dans la
place fuivaht la capitulation, précède la fortie de
Ja garnifon , ôt fe fait toujours de concert avec les-
officiers d’artillerie ôt les prépofés pour les vivres ,
qui s’en donnent réciproquement des états fignés
& des décharges ; fur lefquels états le général
donne fes ordres afin de pourvoir la place de ce
dont elle manque.
On donne aux troupes qui fortent une efeorte
iaffiCame pour jles conduire furement au lieu marqué
par la capitulation ; de laquelle, fur toutes chofes ,
on fe rendra religieux observateur. -
Les premiers foins qui doivent fuivre la fortie
de la garnifon font la deftruénon de touts les ouvrages
qu’on a faits pour l’attaquer, & la réparation
de ce qui a été endommagé par l’attaque.
Larmee^ne doit point quitter les lignes qu’elle
ne les ait comblées, ôt qu’elle n’ait remis- dans la
place, ou renvoyé la.groffe artillerie ôt tout ce
qui feroit fuperflu pour la défenfe de la place que
1 on vient de prendre. Enfuite elle* peut s’éloigner ,
foit pour le repos des troupes fatiguées du liège ,
foit pour la commodité des lubfiftances, foit pour
l’exécution du projet du refte de la campagne.
Un gouverneur qui allègue des ordres lecrets de
,a Pr*nce pour capituler, lorfqu’il l’a fait avant
dêtre dans le cas dé pouvoir y être forcé , doit,
avoir fait une judicieufe défenfe jufqu’à ce moment
fatal de la capitulation. Au contraire, fi jufqu’au
moment où il a fait battre la chamade , il n’a pas
défendu fon terrein avec toute l’attention & l’opi-
niatrete poffibles ; ôt fi , dès le commencement
du fiège, fa défenfe a été mal entendue , il ne peut
en aucune manière être exeufé auprès du prince
d avoir ménagé fes troupes, puifqu’il n’a pas rempli
fon devoir , ôt que ce n’eft pas à fa capacité ôt à
• fa valeur qu’il doit, la capitulation qui lui a été
accordée , mais feulement à la jufte raifon que
fon ennemi a eue de vouloir finir une telle entre-
prife peu de jours après l’avoir commencée , ôt
d’épargner du temps, des hommes, de l’argent, ôc
des munitions de guerre.
Les capitulations fe font relativement aux cir-
conftances. Dans les campagnes de 1667 ôt 1672,
elles furent différentes. Dans la première , le roi ,
ne voulant pas que la rapidité de fes conquêtes
fut arrêtée par une longue défenfe , accordoit fans
difficulté les honneurs militaires aux garnifons qui
fe rendoient. Il en prit beaucoup dans peu de
temps en Flandres; dans l’autre, il tint une conduite
toute différente : les places ne manquoient de
rien ; mais les gouverneurs incapables étoient forcés
par les peuples, effrayés .de la rapidité des con- ,
quêtes du roi , de capituler ôt de fe rendre prifon-
niers.
Dans la première, on obfervoit feulement de
ftipuler la conduite de la garnifon qu’on envoyoit
dans une ville où Ion ne vouloit pas aller. Si le
roi avoit tenu la même conduite en 1672 , il auroit
trouvé les dernières places qu’il auroit attaquée®
trop bien pourvues ; ôt n’auroit pas été prudent
d’en former le fiège , parce que l’infanterie qu’on
étoit obligé de biffer dans les places que l’on con-
quéroit diminuoit l’armée.
Cette facilité à prendre des places eft quelque-
: fois captieufe Ôt un ftratagème de l’ennemi, pour
divifer nos forces par les garnifons qu’on établit,
ôt tomber enfuite fur nous avec avantage, quand
nous nous fommes ainfi affaiblis..
Lorfqu’on écoutelespropofitions d’un gouyerneua?
kffiégé, on d o it, pour régler les articles de la
'capitulation , avoir autant d’attention à la confti-
tution générale de la guerre qu’à l’état de l’armée
ôt de la place affiégée.
En 1673 » Dupas, gouverneur de Naërden ,
fe rendit honteufement à M. le prince d’O range,
quoique M. de Luxembourg , quelques heures
avant qu’il fût afliégé , l’eût affuré d’un fecours.
Il fut dégradé dans un confeil de guerre , ôt con-
'damne a une prifon perpétuelle. Il ne fut pas condamné
à mort , parce qu’on ne trouva pas. d’ordonnance
qui.condamnât un poltron. Les troupes
étoient en bataille , ôt ce fut. à leur tête qu’il fut
dégradé.
La défenfe de Grave , en 16 74, fut belle ôt
longue. Il eft certain que la place n’auroit pas été
rendue fans un ordre réitéré du roi. M. le prince
d’Orange pour honorer là valeur de M. de Char-
m illy , accorda tout ce qu’il demanda dans fa c a pitulation
, ôt ajouta même des articles honorables
en fa faveur, au-delà de ce qui étoit convenu.
Il arriva la même chofe à Philisbourg , en 1676.
M. Dufay la défendit jufqu’à la fin de la campagne
, ôt ne capitula que parce qu’il manquoit
de fufils ôt de pierres à fufil : M. le duc de Lorraine
agit à fon égard comme M. le prince d’Orange
à celui de M. de Chamilly.
La belle défenfe dufnarquisd’Uxelles à Maïence ,
en 1689, engagea M. de Lorraine à le traiter avec
toute la diftinétion poflible, ôt à lui accorder tout
ce qu’il demanda.
Dans la même année , la belle défenfe de Bonn, i
par M. le baron d’Asfeld , mérita encore la con-
ïideration de M. l’éleéfeur de Brandebourg Ôt de
M. de Lorraine, qui en faifoient le fiège. La garnifon
fe défendit avec une valeur incroyable, ôt
auroit tenu très longtemps ; mais un bombardement
général enleva les commodités du fiège. Cependant
ils ne fe rendirent qu’après qu’ils eurent perdu touts
les dehors , que le corps de la place ceffa d’être en
état de défenfe , ôt que M. d’Asfeld eût été blefle
a mort, en donnant fes ordres fur le rempart.
En 1695", -a t^te tourna au gouverneur de Dix-
mude , affiégée par M. de Montai : il rendit fa
garnifon prifonnière de guerre après trois jours de
tranchée ouverte. Le roi Guillaume le fit mettre au
confeil de guerre , qui le condamna à perdre la tête.
Ce fut à l’occafion de cette reddition que le roi
Guillaume manqua d’obferver fa capitulation de
Namur, ôt ne voulut pas retenir M. de Boufflers.
La garnifon étoit prifonnière de guerre ; ô t , en
fonféqyen .e du cartel pour la rançon ou l’échange,
il pretendoit que cette garnifon lui devoit être
rendue a fa première réquifition : mais ces cartels
ne doivent s’entendre que pour les cas particuliers,
comme les partis, ôte. Sans infraftion aux cartels,
dans ces cas, une garnifon peut être gardée juf-
qu apres la fin de la campagne : il eft fous entendu
dans une capitulation que la garnifon fera prifon-
mere , au moins pour toute la campagne.
M. de Feüquières, avec un corps de cavalerie,
inveftit Deinfe en 1695. Le gouverneur avoit deux
bataillons dans cette place ; q u i, quoique non baf-
tionnée , étoit hors d’infulte. Il fut fi effrayé qu’il
fe rendit fur la nouvelle même de l’arrivée des
troupes ennemies,,Ôt ftipula fi pofitivement que fa
garnifon, ferôit prifonnière jufqu’à la fin de la campagne
que cela ne fit pas de difficulté. Ce gouverneur
fut dégradé dans un confeil de guerre.
En 1703 , M. le duc de Bourgogne prit le vieux
B.rifaçk : l’empereur , mécontent de la conduite
du gouverneur , le fit mettre au confeil de guerre-,
qui le condamna à perdre la-tête. M. le comte de
Marfilly , qui s’y trouvoit auffi , fut dégradé par
' le même confeil de guerre.
Il- y a auffi des capitulations en campagne ; ces
> deux-ci font honteufes ; telles furent celle de M. le
duc de Saxe Eifenac, en 1667, ôt celle de Hochftet :
la poftérité ne devroit apprendre celle-ci qu’avec
le châtiment exemplaire de la lâcheté d’une pareille
conduite. {Feuquières, c. 100, pag. 3 2^ ,4 ° .) .
On n’approuvera jamais la conduite des gou-*
vemeurs qui croient devoir fe ménager une capitulation
, avec ce qu’on appelle fauffement des mai- _
ques d’honneur ; il eft toujours fort à'eraindre que
les fautes dans la défenfe, ou la capitulation prématurée
, ne les ayent acquifes. Jetieps ces marques
d’honneur pour véritables marques! de honte ; ôt
je crois que l’attaquant eft bien plus difpofé à traiter
avec ces marques d’honneur un gouverneur qui lui
difpute tout fon terrein avec capacité ôt valeur,
ôt qu’il croit encore en difpofition de lui vendre
bien cher ce qui lui refte., que celui dont la défenfe
a été fans capacité ; ôt qui, par conféquent, n’aura
pas mérité l’eftime de fon ennemi.
Quoique l’hiftoire nous montre des exemples
où un brave homme a quelquefois‘été viâime de
fa fidélité à fon prince , Ôt de fa valeur ; cependant
c’eft le moyen le plus fûr pour obtenir'une capitulation
honorable, que de fe défendre en brave
homme.
Il eft affreux que dans ce cas de grands hommes fe
foient fouillés de barbarie. Le trait d’Alexandre que
nous rapporte Quinte-Curce , le-rend auffi odieux
que fes brillantes qualités militaires le font admirer.
Ce prince, ayant pris G aza, Ôt plein de rage ôt de
fureur d’avoir été deux mois devant cette place
qui lui ouvroit l’entrée de l’E gypte, fit fouffrir à
Bétis, un des eunuques de Darius, des tourments
affreux , parce qu’il avoit été fidèle à fon maître ;
il fit égorger dix mille hommes ôt vendre le refte
des habitants. Ce prince , à qui la fortune, dit M.
Rollin , changea le coeur dans ce cas-ci, fut affez
cruel pour faire percer les talons au malheureux
Bétis, ôt y ayant fait paffer une corde, il le fit
traîner à la queue d’un char , jufqu’à ce qu’il
mourut. (J .) .
Le ferment qu’un homme nouvellement pourvu
d’un gouvernement prête en France porte en termes
exprès qu’il ne rendra la place qui lui eft cou*
Q q q y