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que dans l’hiver précédent *, mais ils feroient le
cours d’oftéologie fraîche ôc celui d’anatomie ré-
gionnaire fous la préfidence du chirurgien~déoionf-
trateur.
Pendant l’été de la troifième année , ils feroient
affujétis aux mêmes devoirs que ceux que nous
avons prefcrits pour l’été précédent.
Le plan d’étude théori-pratique de chirurgie étant
fin i, & la claffe de chirurgiens pour laquelle nous
l’avons tracé devant être luffifamment inftruite ôc
exercée dans cette partie de l’art de guérir ; nous
penfons que , pour rendre l’inftru&ion plus complexe
6c former des officiers de fanté qui réunifient
aux connoiffances théori - pratiques de la
chirurgie celle de la médecine , il faudroit répartir
les élèves-chirurgiens qui font le fujet de notre attention
, dans les hôpitaux militaires des villes où
il y a univerfité de médecine, afin que pendant
trois ans ils y fuiviffent le plan d’étude théori-
pratique de médecine que nous allons propofer , &
parcouruffent avec autant d’utilité que de fuccès la
pénible carrière de la médecine ôc chirurgie militaire.
Durant la première année de leur réfidence dans
les hôpitaux fubalternes des villes' d’univerfité ; ils
feroient tenus .conformément à leur titre d’aide-
major qu’ils conferveroient, ainfi que leurs appointements
, droits, 6c autorité, de faire les panfe-
ments les plus importants & les opérations les
plus difficiles , fous la préfidence du chirurgien-
major ; ils en régleroient le régime 6c les médicaments.
Le chirurgien-major étant abfent ou malade
, ils en rempliroient les fondions. Accompagnés
d’un élève appointé 6c d’un furnuméraire ,
ils fuivroient le médecin lors de fes vifites, tant
pour y faire faire les panfements 6c les faignées
ordonnées , que pour conférer avec eux fur l’état
des différents malades. Ils affifteroient auffi fouvent
qu’il feroit poffible à la préparation des remèdés,
afin que les connoiffant bien ils puffent juger de
leurs bonnes ou mauvaifes qualités. Ils fuivroient
régulièrement les diverfes leçons qui fe feroient à
l’univerfité: enfin , ils y prendroient leurs infciip-
tions de trimeftre , 6c y recevroient le baccalauréat.
Pendant l’hiver de cette année , ils feroient à
tour de rôle un cours d’anatomie , fous la préfidence
du chirurgien-major. Les élèves des claffes
fubalternes y affifteroient ainfi qu’à ceux qui fe
feroient fucceffivement.
Pendant l’été de cette année , ils feroient un
cours d’appareils , de bandages, 6c d’inftruments
de chirurgie : ils herboriferoient auffi une fois la
femaine.
• Pendant la fécondé année , ils ajouteroient aux
obligations de la précédente celle de faire la vi-
fite des hommes affeélés de maladies chirurgicales,
fous les aufpices du chirurgien - major titulaire. Il i
en feroit de même pour les convalefcents 6c les J
galeux ; avec'cette différence que le médecin pré- |
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fideroit à cette vifite. Ils fuivroient affidumentîes
leçons de l’univerfité ; ils y prendroient leurs tri-
meftres, 6c y recevroient la licence.
Pendant l’hiver de cette année, ils feroient un
cours d’oftéologie fraîche 6c d’anatomie région-
naire.
Pendant l’été de cette même année, ils feroient
les cours de phyfiologie , d’hygiène, de pathologie
, 6c de thérapeutique, relatifs à la chirurgie :
ils herboriferoient une fois la femaine , 6c amfteroient
aux cours d’accouchements qui pourroient
avoir lieu dans leurs réfidences.
Pendant la troifième année , ils rempliroient les
fondions des médecins 6c chirurgiens fous leur di-
reélion j ÔC, en cas d’abfence des uns ou des
autres , il conviendroit qu’ils en fiftent le fervice t
celui du foir pourroit même leur être confié. Ils
fuivroient toujours très exactement l’univerfité ; ils
continueroient à y prendre leurs infcriptions de
trimeftre 6c ils y recevroient enfin le doflorat.
Notre intention, en faifant graduer en médecine-
les fujets qui compofent la claffe d’élèves dont
nous parlons , n’eft pas de placer dans les régiments
des médecins, mais des chirurgiens-médecins, parce
qu’il nous paroît plusutile qu’ils foient tels , 8c que »
dans les troupes, l’art de guérir puiffe être confié
tout entier à une feule claffe d’officiers de fanté*
Nous obferverons auffi qu’ils ne répondroient point
à notre intention, s’il leur arrivoit de fe prévaloir
mal-à-propos de ce titre, 6c s’ils difcontinuoient
de faire la chirurgie, avant que l’âge ouïes infirmités
les en empêchaffent. Nous repréfenterons
auffi que les infcriptions de trimeftres 6c la prife
des grades devroient être payées par le gouvernement,
ou accordées gratis par les univerlités.
Pendant l’hiver de la troifième année, ils feroient
le cours d’opérations fous la préfidence du chirurgien
major , ôc celui-ci feroit très abrégé, vu leurs-
autres occupations. ..
Pendant l’é té , ils feroient les cours de phyfiologie
, d’hygiène, de pathologie, 6c de thérapeutique
, relatifs à la médecine. Le médecin préfi-
deroit à ces cours, 6c leur feroit lesobfervations.
convenables : il iroit auffi une fois la femaine her-
borifer avec eux afin de les inftruire de plus en plus-
dans cette partie.
Ce plan d’étude 6c de travail théori-pratique de
chirurgie 6c de médecine étant fini, il conviendroit
de placer fans délai les chirurgiens dans les régiments.
Pour cet effet, il faudroit ne point nommer
aux places de chirurgien-major qui viendroient à
vaquer pendant les trois premières années de ce
plan d’inftruélion. Cette propofition nous paroît
d’autant moins répugnante que les ckirurgiens-majors
des' autres régiments , ou ceux des hôpitaux des
villes où fe trouveroient des régiments fans chirurgien
major , fe feroient un devoir de les fuppléer
fans en tirer aucune rétribution. On devroit auffi ,
par préférence , placer les plus anciens élèves, à
moins que leur mauvaife conduite ne les privât de
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la récompenfe due à leurs travaux. S i , malgré les
précautions défignees , il n’y avoit point de place
vacante à la fin des trois années, on leur donner oit
un bon de chirurgien-major, dont ils feroient ufage
dans l’occafion. La cour prendroit note de ces
fujets , 6c du lieu de leur réfidence, tant pour les
rappeller en temps 6c lieu , que pour leur accorder
les récoïnpenfes qu’ils pourroient mériter. Si , dans
le nombre de ces chirurgiens-médecins il y en ayoit
qui préféraffent de fe fixer dans quelque ville du
royaume, il nous paroîtroit jufte qu’on leur en
accordât la liberté, 6c qu’on leur donnât de préférence
les places~de chirurgiens ou de médecins
des hôpitaux de charité : ils y fécond Croient les
vues bienfaifantes de notre augufte monarque , ainfi
que celles dès-fondateurs , parce qu’il ne fuffit pas
pour la fociété d’avoir des hofpices ouverts à l’indigent
infirme ; il faut encore y attacher des officiers
de fantév.en état de les fecourir.
Le projet que nous propofons pour le choix ÔC
l’inftru&ion des élèves chirurgiejis deftinés à l’emploi
de chirurgiens-majors , ainfi que le plan d’étude
théorie-pratique de chirurgie 6c de médecine auxquels
ils devroient être affujétis , nous paroît
devoir être accueilli avec d’autant plus d’em-
preffement, que par fon moyen on procureroit aux
régiments, ôc fucceffivement aux hôpitaux Ôc aux
armées, une claffe d’officiers de fanté vraiment
utile. Si on la créoit, elle pourroit feule occuper
touts les emplois de la chirurgie militaire avec
avantage,.fuccès , facilité, économie pour le roi,
6c on procureroit aux provinces des fujets capables
de fecourir , fur-tout dans les hôpitaux de charité,
l’humanité gémiffante fous'le poids des maux
6c de la misère. Cette vérité bien fentie pourroit
déterminer le gouvernement à agréer ce projet,
qui paroît réunir touts les avantages. En effet, il
n’interdit les prétentions que tout diirurgien devroit
avoir, qu’à ceux que le manque de capacité , de
génie, d’éducation, 8cde bonne conduite, doivent
en faire exclure. Il feroit naître l’émulation Ôc
1 entretiendroit j il encourageroit ôc récompen-
feroit les talents ôc le mérite ; il préviendroit les
injüftices , 8c ^ donneroit à l’état une claffe de
chirurgiens-medecins , auffi fçavants théoriciens
qu’habiles praticiens, en état par conféquent de
fecourir les officiers 6c les foldats qui leur feroient
confiés , ôc de fe rendre utiles aux citoyens malheureux
qui auroient befoin de leurs fecours ; enfin,
fans être onéreux au gouvernement, il formeroit
des hommes précieux par leur utilité , ôc par l’éfi-
cacité avec laquelle ils feconderoient les vues humaines
ôc bienfaifantes de fa majefté.
§ . I V . ^
De Vinjlallation des chirurgiens-majors.
La forme de 1 inftallation des chirurgiens-majors
dans les corps eft une chofe arbitraire ; cependant
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il nous paroîtroit convenable qu’il y eût fur ce
point une règle établie d’après la manière dont ils
font, ou celle dont ils feront confidérés par la cour.
En attendant qu’elle prononce à cet égard ,
nous penfons qu’ils pourroient être annoncés d’abord
aux commandants des régiments où ils feroient employés.
Ils s’y préfentèroient à leur arrivée, pour
être conduits ôc préfentés par eux à tous les officiers
du corps , ou à fon défaut par un officier qui les
inftruiroit des ufages du corps.
Si les anciens chirurgiens-majors étoiëiit préfents
lors de l’arrivée de leurs fucceffeurs ; ce ferpit à
eux qu’il appartiendroit de lesinftaller, 6c ils de-
vroierit en même temps les inftruire dé la difpofi-
tion phyfique ÔC morale de chaque officier, ainfi
que de la conduite qu’ils auroient à tenir en certaines,
circonftances.
Il feroit donc utile, ôc il faudroit pour l’avantage
des débutants que les anciens chirurgiens-
majors ne fe retiraffent qu’après avoir inftallé leurs
fucceffeurs, ôc les avoir inftruits des objets qui font
du reflort de leur emploi.
Quant à la réception des chirurgiens-majors dans
leurs corps , il feroit avantageux qu’efie fe fît à la
tête du régiment affemblé,aùn d’ajouter un degré
de confidération à ce que les officiers 6c les loldats
doivent à des hommes qui leur font auffi utiles.
Cette réception honorable 6c flatteufe accroîtroit
leur affurance , ôc les feroit marcher d’un pas plus
fur 6c plus ferme dans l ’exercice de leurs fondions ,
ainfi que dans l’obfervation des chofes d’ufage.
§• -V .
De Vétat des chirurgiens-majors dans leurs corps.
Les chirurgiens-majors n’ayant ni rang ni autorité,
militaire relative à leurs fondions, leur état fe réduit
à bien peu de chofe ; il faut cependant convenir
qu’il y a des régiments qui leur accordent ce que
l’ordonnance fembleleur refufer, qui lesfoutiennent
ôc les favorifent dans l’exercice de leur art, Ôc les
dédommagent des foins Ôc des peines auxquelles ils
font affujétis, fur-tout pendapt les routes ôc en
temps de guerre.
Dans un temps fâcheux ôc difficile, les chirurgiens
majors font non-feulement expôfés à altérer
leur fanté par les fatigues multipliées, 8c fouvent
par la privation des chofes de première néceffité •
mais iis courent le rifque de perdre ou la vie ou
leur fortune. Cette vérité appuyée fur des faits
inconteftables ne pourroit-ellq pas déterminer la
cour à donner plus de confidération à leur état. Ne
pourroit-on pas , comme autrefois , leur accorder
des lettres d’officier , ôc attacher à leur emploi les.
avantages que donnent dans le militaire le rang ôc
l’autorité ? Les quartier - maîtres-tréforiers jouiffent
de l’un ôc de l’autre , fans qu’ils ayent à remplir des
fondions plus militaires ôc plus périlleufes que celies
des chirurgiens-majors.