
chèrent a Londres ; ôc, fe rendant maîtres de cette
capitale , qui fe rendit fans défenfe, ils jouirent de
touts les droits & de toutes les prétentions qu’ils
avoient fur l’Angleterre. La guerre civile étoit finie,
dit le continuateur de,.Forefti, f i Charles 1er , roi
d Angleterre , fuivant le confeil de Robert , prince
palatin , avoit marché droit à Londres, immédiatement
après avoir gagné la bataille d’Edgekill.
Il fe peut qu’après la viéfoire , vous foyez obligé
de différer juiqu’à la campagne prochaine le liège
d’une place fur laquelle vous avez deffein d’entreprendre
; fait parce que la faifon eft trop avancée,
foit parce que vous n’avez pas les provifions. de
guerre & de bouche néceffairqs ; foit enfin par
quelqu’autre obftacle , qui n’exiiftera plus dans la
campagne fuivante.
. ' Alo rs , avancez-vous le . plus avant que vous
pourrez dans le pays, yoifin de cette.place; enlevez
des campagnes circonvoifines touts les troupeaux
& toutes les voitures ; jettez dans les rivières
les grains & les légumes ; répandez l'huile, le v in ,
& toutes les autres denrées qu’il n’eft pas poflible
de faire tranf porter en lieu de fureté brûlez Les
villages, faignez les étangs ,. rompez les moulins
& leurs canaux ; intimidez les pay fans, afin que ,
manquant de toutes choies, & appréhendant d’être
mal-traités par vos partis , ils fe réfugient dans la
place, & contribuent à. en confumer plutôt Les-
.vivres.
On m’objeciera peut-être qu’en ufer ainfi , c’eft
vouloir ne pas trouver de fourage pour la cavalerie,
lorfque l’année prochaine vous viendrez faire
le fiège ou le blocus de cette place, parce que les
payfans ne femeront pas. Je réponds., que ces
mêmes payfans, qui prévoient que la. campagne
fuivante. vous rentrerez dans leur pays, s’abftièn-
dront de femer , indépendamment de toute autre
confidération. On l’éprbuva dans la guerre des
deux couronnes contre les alliés, fur les.frontières
de Portugal & de Catalogne. Les-habitans de ces
contrées , jugeant bien que leurs'mciffons feroient
fouragées par l’une ou l’.autre. armée ,. préférèrent
d’acheter des grains dans leslieux.plus avancés vers
l ’intérieur du royaume^.
D ’ailleurs, fi le pays eft naturellement abondant
en fourages., votre cavalerie ne fouffrira pas beaucoup
en manquant de la paille.de ces grains ; fur-
tout fi vous, avez'eu. vous-même la précaution de
faire femer beaucoup de: grains fur la frontière ,
& d’établir dans quelquer'bon pofte de.grands ma?
gafins de fourage & d’avoine..
S i , malgré ce que. je. viens, de. dire., il- vous
paroît inutile de faire ravager le pays /parce que le
gouverneur aura tiré, d’ailleurs, des. vivres & des
fôurages pour fes. magafins , j’ofe avancer qu’ils
ne feront point affez abondants pour foutenir longtemps
le. fiège ou le. blocus , d’une, grande, ville.
Les gouverneurs , quelques rigides, qu’ils - .fiaient,
ne fe débarraffent prefque jamais de toutes les
bouches, inutiles. ; il refte. toujours, dans, leurs
places plufieurà familles que la pitié y fouffre
fur différents prétextes qu’elles allèguent, & d’autres
qui font accroire qu’elles ont des provifions fuffi-
lantes pour plufieurs mois. Quand les environs
d’une grande v ille , qui n’eft pas maritime , font
épuifés de vivres , & n’ont plus de voitures , en
vain les familles qui refterit dans cette place vou-
droient faire des provifions ; cette précaution n’eft
plus poflible ; & , lorfque celles qu’elles avoient
faites feront confommées, le gouverneur fe verra
obligé de leur faire diftribuer des vivres de fes
magafins , foit pour les empêcher de mourir de
faim , foit pour éviter que le peuple rie fe foulève,
lorfque l’afliégeant, à coups de canon, forcera
toute forte de perfonnes à refter dans la ville.
Alfonfe V I , roi de Caftille , ayant deffein d’en-r
lever aux maures la ville de Tolède r ne fe contenta
pas. dans la campagne précédente de ravager
& dé bruLer tout .le pays d’alentour ;.il fit avancer
le plus loin qu’iLput des détachements, pour commettre
toute forte J’aéles d’hoftilité , afin qu’en
appauvriffant. ainfi le -pays, il ne fût pas. poflible
l’année fuivante , aux. habitants, de Tolède , de
trouver les chofes néceffaires pour foutenir un
fiège : ce qui facilita au prince la prife de cette
place..
Lyfandr.e marcha vers Athènes,, immédiate?
ment après avoir gagné la bataille d’Egos. Pendant
fa marche,,il ordonna de renvoyer touts les A thé?
niens que fes troupes, faifoierit prifonniers', en
leur enjoignant de.le retirer dans Athènes, fous
peine de la v ie , dans quelqu’autre endroit qu’on
les rencontrât. Il eft évident que le. deffein de
Lyfandre étoit de remplir Athènes de bouches inu?
files, afin que.les vivres de.cette ville.fuffent plutôt
confommés.
En ravageant les environs.de.la place, que vous,
avez deffein d’afliéger, ne ruinez pas les édifices ,.
les étangs, les.fontaines ,. les puits, & les. arbres , à
une lieue de diftance.
L’empereur Léon- difo.it à. fan général Nice?
phore :u vous détruirez dans le pays des ennemis
tout ce qui.pourroit.leur être utile : mais vous con?
ferverez tout ce qui pourra ièrvir à vos. troupes » . .
On peut croire que les ennemis prendront eux-r
mêmes la. précaution de ruiner touts les édifices
qui pourvoient vous favorifer & les incommoder °.
mais fouvent un gouverneur.n’éft. ni affez. hardi,
ni affez, ferme, pour faire, démolir les maifons &
les couventsde. la„catnpagne, détruire les oliviers &
les autres.arbres, fruitiers .il craint .d’irriter les pror
priétaires, les moines., &. le peuple.
Le meilleur fruit que. Tón peut tirer, de la vie?
taire, eft-une. paix utile.& honorable ; parce.qu’oito
n’expofe plus au fort des armes, & aux éyèner
ments, douteux de la.guerre.,.,les avantages qu’on
a remportés*,
Diodore., parlant dès Carthaginois qui avoient
gagné la bataille deCronium contre Denys, tyran,
de Syracufe, dit. qu'au milieu, de. leur profpéritï ^.
iTpJfant tn horfunes fitges, ils avoieltt envoyé demander
la paix. .
On ne peut jamais faire 'Une paix plus honorable
& plus avantageufe, qu’après une victoire ;
parce que les ennemis, dont les forces font diminuées
& le courage abattu , confentiront plus facilement
aux prétentions de votre prince. Un malheur
qu’on a commencé d’éprouver, én fait craindre
de plus grands..
Les prétentions du prince viéiorieux doive’nt etre
proportionnées à la grandeur de fa viétoire & aux
fuites que l’ennemi en doit craindre. Cependant il
ne doit pas oublier que c’eft dans la guerre fur-
tout qu’on éprouve l’iriconftance de la fortune. Le
moindre accident inefpéré change en un moment
les fituations. Malgré la fuperiorite du nombre , les .
avantages du terrein , toutes les précautions de la
conduite la plus fage, on peut être vaincu apres
avoir été vainqueur.
Impofer aux vaincus des conditions trop dures ,
c’eft les réduire à la néceflité de combattre en de-
fefpérés ; &. la valeur que le danger & la néceflité
rendent furieufe peut vous enlever la victoire- Si
les ennemis, réduits par vos armes à la dernière
extrémité, acceptent des propofitions trop défa-
vantageufes pour eux, ils chercheront continuellement
l’occauon ou le prétexte de rompre le traité.
Tout ce qui eft violent ne peut durer. Mais , au
contraire , les vaincus obferveront plus fidèlement
les conditions de paix, fi le vainqueur » en ufant
modérément de la viéfoire, a confenti d’adoucir la
douleur de leur défaite. - ~ . •
• Les princes neutres deviendront vos ennemis,
fi vous ne faites pas la paix, lorfque votre victoire
excitera leur jaloufié , & qu’ils commenceront
à craindre les progrès d’un trop puiffant
vainqueur : vous courez le même danger à l’égard
de vos alliés ; parce que les uns & les autres , pour
éviter leur propre ruine, voudront mettre de
juftqs bornes à votre agrandiffement.
Faites la paix avec ceux que vous avez défaits
dans une bataille, fi vous avez befoin de vos
troupes contre de nouveaux ennemis. Après avoir
vaincu ces derniers, vous pourrez de nouveau continuer
la guerre contre les autres.
Lorfqu’Héraclide., ambaffadeur d’Antiochus ,
roi de Syrie, propofa des conditions de paix avec
Rome,Scipion lui (répondit que fes propofitions
faites plutôt àuroient pu être acceptées : mais que
les Romains s’étant rendus maîtres de Lyfima-,
chie , ainfi que du paffage de la Cherfonèfe ,étôient
en Afie ; qu’il falloit qu’Antiochus propofât une
paix plus avantageüfe aux Romains. Ceux-ci demandèrent
toujours quelque chofe de plus, à me-
fure que leurs armes faifoient de plus grands progrès
; & Antiochus fut contraint de folliciter le
traité qu’il.avoit rejetté.
Lorfque les ambaffadeurs de Lacédémone allèrent
propofer la paix à la république d’Athènes,
jds rçpréfentèrent que, fi le vainqueur, dont les
forces foiit extrêmement fupérieures, - exige des’
conditions trop dures,, la paix ne fera pas d’une ,
longue durée ; quand même le vaincu fe fèroit
obligé par ferm nt à les ©bferver ; mais que le
traité fera fidèlement gardé ; fi, en n’impofant que
des conditionsraifonnables, le vaincu a lieu de fe.
louer de la modération du vainqueur.
Pendant qu’on traite de la paix, continuez vos
opérations de guerre ; fi vous les fufpendiez , les
ennemis pourroient employer ces moments de
repos à rétablir leurs forces , à rendre le courage à
leurs troupes ,-& à prendre des avantages qui les
mettroient en état de continuer la guerre. D ’ailleurs,.
en ne fufpendant point le. cours des opérations,
la crainte des accidents imprévus fait que
l’une & l’autre, cour s’empreffe de conclure le.
traité de paix.
Lorfque la paix avec l’Ætolie fut propofée à Philippe
, j’y confens , répondit-il ; mais, en attendant
qu’elle foit conclue , je continuerai la guerre ,
fans que cette confidération m’arrête dans mes
entreprifes. > t
P olyb e, parlant des conditions de paix que les
Galates propofoient à Cnéius Manlius , dit que ce
n étaient que des artifices employés pour gagner du
temps , & envoy er leurs enfants y leurs femmes , <5*
toutes leurs richejjes, à l ’autre bord du fleuve Halis.
La différence de la durée des congrès d’Utrecht
& de Cambray eft remarquable. Le premier fe
tint pendant que les armées agiffoient, & la paix,
fut d’abord .concluele fécond , pendant une fuf-
penfion d’armes ; il dura cinq ans, & on fe fepara
fans avoir pris aucune mefure contre la continuation
de la guerre.
S’il doit fe pàffer un affez long temps depuis la
concluûon du traité de paix jufqu’à l’exécution, des
conditions; tâchez de vous emparer de quelque,
place, qui puiffe vous fervir de fureté pour l’ac-
compliffement de ce qui a été ftipulé ; c’eft ce que
fit le comte de Mercy ; il mit garnifon dans Palerme,
dès qu’il eut arrêté avec l’armée d’Efpagne que la
Sicile feroit évacuée.
Los Carthaginois, ayant ete défaits a la bataille
de Cabale, promirent d’abandonner entièrement
la Sicile. Denys fit une trêve avec eux fur cette
efpérance. Les troupes carthaginoifes fe retirèrent
aufli-tôt après dans les places qu’elles avoient en
cette île. Sous prétexte d’attendre que la république
de Carthage confirmât le traité , elles fe
refirent ; & , lorfque. le temps de la fufpenfion
d’armes fut écoulé, elles attaquèrent l’armée de
Denys ,& gagnèrent la bataille de Cronium. Les
Carthaginois offrirent alors la paix a Denys : mais
ce fut e@ prenant de plus fages précautions que ce
tyran de Syracufe;.
Il y a des circonftancès oh la prudence demande
qu’on ne fe fie qu’à fes propres forces, fans
compter fur l’affeéfion des troupes ou des peuples
qui font ou qui ont été nos ennemis. C leon, citoyen
diftingué d’Athènes, dans un difeours contre les
P p ij