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Les brevets qu’obtiennent les capitaines dès
carab\niers y (voye{ § .X X V I , ) , ÔC k s commifi-
110ns qu’on donne aux premiers lieutenants de ce
corps , ront-encore une de leurs prérogatives.
Les officiers des carabiniers ont la pèrmiffion de
porter les marques diftinélives du grade dont ils
ont obtenu la commiffion ou le brevet ; ainft un
capitaine de ce corps porte lou.vent l’épaulette
de lieutenant-colonel. ( Pbye^ Uniformes. ).
Les appointements des officiers & tes carabiniers
font encore une prérogative que le corps des carabiniers
a fur le relie de la cavalerie. Pour juger
de cette prérogative, on n'a qu’à comparer'l’état
que nous en avons, donné dans les différents paragraphes
de cet article avec celui qu’on donnera
dans l’article cavalerie. On doit encore faire- entrer
en ligne de compte le revenu de la finance qu’ont
payée les officiers de cavalerie.
La malle générale du corps des carabiniers eft
plus conlidérable que celle de la cavalerie : le roi
ne donne que 1 28 livres pour chaque cavalier ,
& il donne 147 livres 5 fols pour chaque carabinier.
Tous les avantages que nous venons de détailler
doivent donner, ôc donnent en effet au corps
qui en jouit, un degré de beauté auquel ne peuvent
atteindre les régiments, de cavalerie : ils doivent
lui infpirer 6c lui inipirent un zèle ardent
pour de fervice d’un fouverain qui le traite d’une
maniéré fi diftinguée : nous nous en convaincrons
cans la l l i* ie&ion de cet article*
§ . X L I 1
Des variations que le corps des carabiniers a
éprouvées.
Une hiftoire dans laquelle on auroit configné
toutes les variations qu’ont éprouvées les diffé- j
rents corps des troupes Iran cou'es leroit un ouvrage I
peu agréable à beaucoup des leéteurs, mais qui j
pourroit etre très utile aux militaires, 6c fur-tout !
a leurs legiflateurs. En comparant les allions de
chaque régiment, avec la formation qu’il avoit à
lepoque ou il les a faites,, on pourroit aile—
ment tirer des conjeâures favorables en faveur
de telle ou telle compofition. Si on trouvoit, par
exemple , que l’efprit militaire n’a jamais eu plus
d’énergie , qu’il n’a jamais été meilleur que lorlque
les troupes étoient compofées de telle maniéré ;
que la difcipline n’a jamais eu plus de nerf que
lo ri que les régiments étoient conflit nés 6c armés
de telle façon ; que l’armee n’a jamais obtenu de
plus grands fuccès que lori-qu’e le a été exercée
fur tels principes ; on côncluroit qu’on doit fe
rapprocher de cette compofition , de cette fo ma-
tion, de cet armement, de ces principes, ôc éviter
avec foin" de retomber dans telle ou telle
autre conftuution. Par le moyen de ces rapprochements
on parviendroit à donner aux troupes
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françoifés une forme auffi bonne que folide;
Après ces réflexions que nous avons cru nécef-
faires, nous allons parler des variations que les
carabiniers ont éprouvées ; en laiflant aux per-
fonnes qui par leur genre 6t. leurs emplois font
faites pour donner des loix aux militaires, le foin
de faire les rapprochements que nous venons
d’indiquer , ôc d’en tirer les conféquences qu’ils
peuvent offrir.
La reffemblance qui exifte entre le mot carabin
6c le mot carabinier a fait croire à quelques per-
fonnes que les féconds tiroient leur origine des
premiers ; il n’en eft cependant rien : ce font les
aâions de valeur des carabiniers, qui ont créé ce
corps ; quand on a une origine auffi -belle, pourquoi
en chercher oit-on une douteuie en des temps
recules ? Il n y a que les hommes dénués de mérite
perfonnei qui ayent béioin de s’étayer de celui de
l’ancienneté. Les premiers carabiniers durent leur
exiftence aux grenadiers. Louis XIV ordonna , en
1667, qu’il y auroit quatre grenadiers dans chaque
compagnie de fes régiments d’infanterie. En 1670,
il réunit ces grenadiers, 61 en forma une compagnie
par régiment. Les développements heureux que ce
changement de nom avoit produits, la manière diftinguée
dont ces hommes choiiis le conduilirent
pendant qu’ils lurent répandusdans les compagnies
de chaque régiment, & plus encore, lorfqu’ils furent
reunis en compagnies, nt croire qu’une inflitution
lemblable opéreroit dans la cavalerie des effets
auffi avantageux que dans l’infanterie. Dès l’année
1676 , le roi fit prendre des carabines à quatre
gardes-du-corps de chaque brigade. Le maréchal
de Créqui, ayant tiré le plus grand parti de ces
carabiniers, on en mit, en 1677, quinze par brigade,
& bientôt après on les porta julqu’à dix-lèpt.
Content de l’effet que cet ellai avoit produit/
Louis-le-Grand rendit, le 26 décembre 1679, une
ordonnance, dans le préambule de laquelle il déclare,
« qu’ayant reconnu que les carabiniers au’il
avoit établis dans lès gardes-du corps avoient été
d’une grande utilité dans les guerres paflées, il vou-
loit que dorénavant , il y en eûit deux dans
chaque compagnie de la cavalerie . que ces deux
carabiniers fufient choifis parmi les cavaliers les
plus adroits à tirer, & qu’ils euflent 13 livres de
loide , au lieu de 10 livres 10 fols qu’avoient les
autres cavaliers ». '
La manière diftinguée dont les carabiniers'fer-
virent à la bataille de Fleurus , où le maréchal de
Luxembourg les avoit raflèmblés & fermés en
c >rps , engagea le roi à en créer une compagnie
d..ns chacun de fes régiments de Cavalerie. L’ordonnance
de la création des compagnies de carabiniers
eft du 26 o£lobre.‘ Elle porte qu'il y
aura dans chaque régiment une compagnie de ca- .
rabïnïers qui fera lurnuméraire ; que cette compagnie
fera toujours complette ; qu’elle fera commandée
par un capitaine , deux, lieutenants , un
cornette, deux maréchaux-de-logis , ôc deux bri-
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gadîers ; qu’elle fera compofée de vingt-fept carabiniers
6c d’un trompette ; que le roi fe réierve
la nomination des_ officiers de ces compagnies ;
que la majefté veut que le capitaine des carabiniers
choiiifle , en prélence des chefs du corps , les cavaliers
qu’il veut faire entrer dans l'a compagnie ;
que dans la première formation , ÔC dans touts
les remplacements , ce capitaine prendra les carabiniers
à tour de rôle dans chaque compagnie ;
que les capitaines de cavalerie ne pourront réierver
pour eux que les deux brigadiers 6c les deux plus
anciens cavaliers ; que chaque carabinier aura 12 liv.
de fôlde ; que la compagnie te s carabiniers campera
à la gauche du premier efeadron , 6c marchera
toujours à la tête. La même ordonnance
accorde des gratifications annuelles à chacun des
•officiers des carabiniers.
b Par une ordonnance du 30 décembre de la même
année , il fut détendu aux capitaines des carabiniers
d’admettre dans leurs compagnies d’autres cavaliers
que ceux qui auroient été pris" dans les compagnies
des mêmes régiments.
Les compagnies des carabiniers ayant été parfaitement
en état de faire ia campagne de-1691 ,
olles campèrent entemble , 6c composèrent une
brigade féparèe , à laquelle on donna un brigadier
6c deux .meftres de camp. Les compagnies des
carabiniers furent ralfembiégs de même pendant
l ’année 1692.
Cependant la différence des habits , le peu d’en-
femble qu’il y avoit entre des officiers 6c des Ibldats
qui portoient des noms 6c des uniformes différents
; mais fur-tout la conduite brillante que les
carabiniers tinrent à Norwinde, engagèrent le roi
■ a former un feul corps de toutes les compagnies
de carabiniers ù,e fa cavalerie, en exceptant cependant
les compagnies allemandes. Le corps des carabiniers
ie trouva compofé alors de cent compagnies
qui lurent diviiées en cinq brigades , chaque
brigade en quatre elcadrons, 6c chaque efeadron
en cinq compagnies. Chaque brigade lut commandée
par un meftre de camp, un lieutenant-
colonel , un major , ôc un aide-major. On donna
a ce nouveau corps un uniforme riche 6c brillant,
allez lemblable à celui qu’il a aujour d'hui : îleut
deux étenoarts par escadron, 6c un timbalier par
brigade. Le roi vit au mois de mars 1694., dans la
plaine de Royal-Lieu , proche Compiegne , les
carabiniers qu’il venoit de créer, 6c il s’appiaudit
•de fon ouvrage.
La paix ayant permis .en 1698 de rendre à l a-
..grieulture 6c aux arts une partie des bras que la
guerre leur avoit enlevés , on réforma loixante
•compagnies de carabiniers. On réduiüt le nombre
«deselcadrons à dix, lans diminuer cependant l’état-
uvajor du corps.
Lorlque ia guerre recommença en 1702 , on lit
.nne augmentation dans, le nombre d’hommes dont
•chaque compagnie des carabiniers ctoit compofée.
.Depuis 1702 j.ufqu ehJ756,1es recueils d’.ordon-
!
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nances n*en contiennent aucune qui foit-» relative à
la compofition des carabiniers , 6c le dépôt qui
eft établi dans ce-corps ne renferme rien qui puilfe
nous iervir de guide pendant ce long efpace : nous
l'ommes donc fondés à croire que les carabiniers
n’ont lubi pendant cinquante-quatre an$ aucune
eipèce de changement.
L’ordonnance du 6 novembre 1756 , qui eft la
première que nous ayons retrouvée, eft principalement
deftinée à mettre les officiers de cavalerie
à portée de participer à l’avantage d'entrer
dans une troupe auffi dijlïtiguèe , ôc à rellreindre à
une jufte meiure l'obligation où la cavalerie étoit
de fournir à l'entretien du corps des carabiniers•
Cette ordonnance porte en fubltance que les chefs
de chaque brigade rendront compte au fecrétaire
d’état ayant ie département de la guerre ; que les
brigades feront données alternativement à un meftre
ce camp de cavalerie , ou à un iieutenant-colonel
du corps ; que les compagnies leront auffi données
alternativement à un lieutenant du corps , ÔL à
un capitaine de cavalerie en pied ou réformé ,
qui aura au moins cinq années d’ancienneté de
capitaine ; que chaque régiment de cavalerie jouira
de cette grâce à tour de rôle ; qu’il y aura toujours
dans les carabiniers un cornette par eicadron , ÔC
que cette place fera remplie de préférence par
les fils des officiers de ce régiment; que les lieutenants
de cavalerie alterneront aufli avec les cornettes
ôc les marëchaux-de-logis des carabiniers 9
pour devenir lieutenants dans ce corps ; enfin que
chaque compagnie de cavalerie ne fournira qu’un
carabinier dans l’efpace de quatre ans.
Juiqu’en 17 5 7 , les. meftres de camp commandants
les brigades des carabiniers les conlervoient,
quoiqu’ils luiient promus au grade d’officier-général
; à cette époque , xette diftinélron fut fup-
priniée, parce qu’en ralentiffantl’avancement, elle
pouvoir éteindre l’émulation.
En 175.8 , le commandement du corps des cara-
hiràers fut confié à M. le comte de Provence : il
éprouva alors les changements fui van ts.
La majorité particulière de chaque brigade fut
lupprimee , ôc on créa un major général. Un couler
v a les aide-majors de brigade , pour en taire
le détail fous les ordres du major général : en
établit de plus un ious-aide-major par brigade,
La m ême ordonnance crée un meftre-de-camp—
lieutenant-inipeâeur de ce régiment, auquel elle
aihgne les appointements , 6c impole les devoirs
dont nous avons parié dans le § . III de la première
lèétiun de cet article.
Le 27 avril 1759 , il parut une nouveHe ordonnance
concernant le corps des carabiniers. Eile
crée une place de premier aide-major, pour Joulager
le major dans les détails de tout-le corps. Le .droit
des capitaine de cavalerie, aux compagnies des
carabiniers eft coniervé ; mais le roi ne s allreint
plus à lu ivre l’ordre des régiments: le réglement
porte qu’on choifira les capitaines parmi les plus