
s<? A P P
campagne des environs unie , fans aucun couvert
ni commandement, jufqu’à l’extrême portée du
canon ; le tout fans autre dehors ni retranchements
Extraordinaires ».
Vauban compte enfuite que l’inveftiture de la
place, les lignes de circonvallation, les amas des
matériaux ■ emploient neuf jours. Il en compte
autant de l’ouverture de la tranchée à l’attaque du
chemin couvert ; pour l’attaque & la prife du
chemin couvert, quatre jours ; pour la defcente &
le partage du foffé, trois jours ; pour letabliffe-
ment des batteries en brèche , ou l’attachement
du mineur, quatre jours; pour la prife totale de
la demi-lune, trois jours ; pour le partage du foffé
devant les deux bartions , quatre jours ; pour l’éta-
bliffement des batteries en brèche pour ouvrir la
pla ce, ou l’attachement du mineur, quatre jours ;
pour la défenfe des brèches, deux jours; pour la
reddition de la place après la capitulation, deux
fours ; pour les retards caufés par la négligence &
les fautes de l’ennemi, quatre jours ; ce qui fait en
torit quarante-huit jours.
Mais, s’il y avoit d’autres ouvrages extérieurs,
la défenfe feroit prolongée. Un réduit revêtu &
terraffe a lepreuve dans la demi-lune pourroit
tenir trois ou quatre jours ; un bon retranchement
tevetu a la gorge des bartions, cinq ou rtx jours,
plus ou moins , félon qu’il feroit bien fa it, & la i
défenfe de l’intérieur des bartions bien ménagée &
bien entendue.
i Les tenailles retarderoîent l’ennemi de quelques
jours. Un bon ouvrage -à corne , bien revêtu,
avec demi-lune & chemin couvert, pourroit l’ar-
reter dix ou douze jours ; des redoutes, un avant-
chemin couvert, des^contre-gardes fur les bartions,
retarderoient auffi fes progrès. C ’eft ce dont il
faut* faire de juftes eftimations, & les faire plus
fortes que foibles, parce qu’elles règlent la force
des garnifons & la quantité de l’dpprovijîonnement j
deux chofes qu’il feroit dangereux d’e'ftimer au-
deffous du befoin, Vauban convient enfuite que
fon ertimation eft fort refferrée, & qu’il auroit dû
compter la durée du fiège plus longue : mais il a
penlé que la perte des hommes, les bleffés, les
gens épars & cachés, pouvoient faire un équivalent
de huit ou dix jours, capable de fuppléer au défaut
dans le calcul de la durée, fi les confom-
mations font bien ménagées.
Il compte le nombre des hommes néceffaires à la
défenfe par celui des bartions , & l’évalue ii fix
cents hommes d’infanterie par baftion, & foixante
de cavalerie, ou le dixième de l’infanterie ; non
compris les officiers des troupes, les valets, l’état
imajor de la place, les ingénieurs, mineurs, artilleurs
, charpentiers, charrons, armuriers, ouvriers
de toute forte, médecins , chirurgiens , apothicaires,
aumôniers, infirmiers , valets attaches à
l ’hôpital, intendant & commiffaires. Il eft néceffaire
d obferver que, s’il y a des ouvrages détachés &
jo ig n e s , les troupes que l’on y met rentrent
A P P
difficilement, & que par conféquent on ne doit
pas. les compter parmi celles de la garnifon.
Vauban, ayant égard avec raifon aux travaux
desaffiégés , demande que la ration de pain foit
portée à deux livres, « Si elle eft trop foible d’une
livre & demie, dit-il, quand on n’eft point affiégé,
& dans le temps que les troupes font en repos &
au large ; à plus forte -raifon le doit-elle être pendant
le fiège , lorfque le foldat eft accablé de peine
! de fatigue, & qu’il eft le plus fouvent réduit à
fon pain ieul, fans avoir de quoi faire une écuellée
de foupe ».
Il donne enfuite des tables très étendues & très
détaillées de toutes les munitions de bouche ôc
provifions néceffaires. Pour les abréger & préparer
un calcul prompt & facile, je vais les réduire à
ce qu’il faut par baftion. Il fuffira enfuite de multiplier
chaque quantité par le nombre des baftions
de la place pour avoir la totalité de chaque forte
de munition. Je commence par les vivres.
Vivres.
Le calcul eft pour trois mois ; la ration portée ^
deux livres de pain. Le feptier de grain, pefant
235 livres, & déchargé de vingt livres de fon,
doit donner 138 rations. 660 hommes pour un
baftion confommeront 660 rations qui demandent
376 feptiers. On y ajoute un cinquième pour les
officiers, 1 état major, les ingénieurs, artilleurs, &c ;
ce qui fait environ 431 feptiers par baftion. E t ,
comme on met dans le pain un tiers de feigle, il
faudra 301 feptiers de froment, & *50 de feigle.
Multipliez cette quantité par le nombre des,baftions
de la place que vous voùlez approvifionner.
Les pois font comptés à raifon .d’un quarteron
par ration pour trois jours de la femaine, y compris
une augmentation d’un fixième pour les autres
perfonnes qui pourront en confommer. Il en faut
32 feptiers.
La ration de fèves fera la même , mais pour deux
jours feulement, & même augmentation : 21 feptiers.
Même quantité de lentilles.
Riz & orge mondé de chacun, 2 - feptiers.
Boeuf & vache à demi-livre par ration pour les
cinq jours gras de la femaine, y compris un dixième
d augmentation, & chaque boeuf & vache compté
à 3 50 livres pefant. Il en faudra 23 3 | quintaux.
Mouton pour les malades & bleffés : chaque
mouton eftimé à 30 livres pefant ; 80 quintaux.
Veau & volaille, pour les bleffés ; ce qu’on en
pourra nourrir chez lès bourgeois, dans les couvents
, & dans les foffés.
Fromage pour les deux jours maigres de chaque
femaine, un quarteron à chaque foldat. 43 quintaux
; & , ft on y veut une agmentation d’un
dixième, 47 quintaux. Les tables portent 64 : ce
qui eft vraisemblablement une erreur ; ou l’augmentation
feroit portée à plus d’un tiers, & par çonfé-
quent bien forte.
A P P
Morue ftche, ou ftock-fish, 69 quintaux : morue
ye rte , idem.
Hareng fors & blanc, de chacun 23 quintaux.
! Beurre falé ou fondu, à demi - quarteron par
ration, pendant deux jours de chaque femaine,
33 quintaux ; les tables portent 32.
f" Bonne huile de noix ou de navette pour éclairer ,
& pour les foupes des jours maigres, cinq barriques,
ou 2 pipes ■ £.
f Noix en coques ; 5 feptiers { : poires & pommes
sèches, ce qu’on en pourra trouver.
Nota. Il me femble que, dans ce cas denécef-
fité très urgente, on peut retrancher beaucoup de
ces provifions des jours maigres, s’il eft poflible
«l’avoir affez de viande, & en donner toutsles jours
la ration de demi-livre ; ce qui fera une augmentation
de 93 quintaux pour le boeuf, & en totalité
326-^-quintaux. O n -y trouvera deux avantages ,
celui de l ’économie , & celui de nourrir mieux le
foldat : celui-ci eft fi grand qu’il faut tout y facrifier.
Poires & pommes sèches, & fruits verds , ce
qu’on en peut raffembler.
Pruneaux pour les malades 1 quintal ; & au-
deffus de quatre baftions n’augmenter que d’un
quintal par baftion.
Huile d’olive de bonne qualité, 3 pipes ou 6
barriques.
ff Herbes potagères que produiront les jardins.
H Orge en grain pour ptifannes &. nourriture de la
Volaille, 23 feptiers; ,
Sel, 21 minots. Poivre 23 livres; gérofle 4 £
livres ; canelle & mufcade 2 ~ livres.
BoiJJbns.
i Vin de bonne qualité, une chopine de Paris trois
fois la femaine; calculé au muid de 280 pintes, &
ifur 660 hommes comme ci-deffus, 46 muids. Il
faut de plus que les cabarets en foient pourvus,
autant qu’il fera poffible.
jj Ou bierre, fi le pays en fournit plus que de vin,
|trois fois autant, ou 138 muids.
Eau-de-vie, à raifon de deux petites mefures
par jour, de celle que les brandeviniers vendent
un fou aux foldats , 1 8 muids. Si cette eau-de-vie
étoit diftribuée toute entière aux foldats, chaque
homme en auroit un peu plus que t| , ou environ
un tiers de pinte par jour : ainfi l’on comprend dans
cet article la confommation des hôpitaux.
Fours de dix ou douze pieds de diamètre chacun
J avec les inftruments & uftenfiles néceffaires ; 4 poui
&. 5 baftions; 5 pour 6 & 7 ; 6 pour 8 & 9 ; 7
Ipour 10 & i i ; 10 pour 12 &. 13 ; n pour 14 &
*5 i I2 P°ur ï 6 , ï 7 & ï8.
Moulins à cheval, capables de moudre 6 à 7
eptiers par jour ; un de moins qu’il n’y a de
ï Daitions jufqu’à 12 ; deux de moins pour 12 & i-i
: trois de moins pour 14 & x 5 ; 4 de moins pour 16 :
S «tt-d-dire l i , &. autant pour 17 &. 1%,
A P P 87
Moulins à bras pour un feptier par jour ; 17 pour
4 baftions; 19 pour 5 ; 22 pour 6 ; augmentez de
deux par baftion jufqu’au 9e qui en aura 3 ; de
deux enfuite jufqu’au 14e qui en aura 3. Le 15*
2, le 16e 3 , le 17 &. le 18* 2 chacun.
jFourages.
Foin en rations de 20 livres, avec augmentation
d’un .tiers pour les autres chevaux ; 72000 rations
par baftion.
Paille en ratipns ou bottes de 5 livres , idem.
Avoine en rations de % de boiffeau, mefure
de Paris, ou trois picotins de 160 pouces cubes
chacun; le feptier compté pour 32 rations, avec
l’augmentation du tiers, & un déchet de 5 pour
cent ; 236 rations.
Tabac.
Une livre donne 100 pipes : quatre par homme
chaque jour feront par baftion 2135 livres,
H ô p ita l.
Batterie de euifine complette ; uftenfiles &
vaiffelle d’étain & de terre ; lits complets ; 40 par
baftion. Couvertures de rechange ou pour doubler,
s’il fait froid, 20. Draps de li t , 80 paires. Linceuls
pour les morts, 60. Chemifes de rechange, 80.
Napes, 10. S erv iettes ,8 douzaines. Fagots, 600,
cofdes de bois, 30.
Quelque refpeû qui foit dû au grand nom de
Vauban , on ne peut s’empêcher d’obferver que
fon eftimation eft trop forte fur prefque touts les
points. Touts fes calculs font faits fur le complet
pendant toute la durée dy fiège. Cependant le
nombre des foldats diminue touts les jours, &
ceux qui font à l’hôpital n’y confomment pas
comme ceux qui travaillent & font en fanté :
de plus le nombre des malades augmente journellement.
Il fe peut donc qu’à la moitié de la durée
. 6 fg e ■* la confommation foit diminuée de
moitié. Il y auroit par conféquent à la fin un
g^and excédent de vivres à détruire ou à livrer
à iaffiegeant. Cependant fes fpéculations ne feront
pas fans utilité pour les ingénieurs & gouverneurs
de place qui auront a en calculer Vapprovijionnement.
M. de Chennevieres propofe pour modèle celui
de Landau dreffé en 1744. Il a été calculé fur le
nombre de 14 bataillons, 3 efcadrons, 2 compagnies
franches, un détachement de 100 hommes
de Royaî-artillerie, & une compagnie de mineurs.
On y évalué chaque bataillon à 900 places 9
& chaque efcadron à 223 , en fuppofant que le
non-complet fuffira pour que les officiers, l’état-
major , les ingénieurs, officiers d’artillerie, commiffaires
des guerres, empIoyés& ouvriers , ayent
part aux diftributions. L’artillerie & les mineurs
font évalués a 1030 places : ils paroiffent Têtre
un peu moins pour les autres objets»