
cyclopédie, étant d’un auteur qui avoit à
peine entrevu la guerre & les troupes ,
m’ont été d’un foible fecours. J’ai employé
ceux que des officiers très éclairés &c très
inftruits ont donné dans le fupplément. J’ai
eu de plus le'bonheur d’avoir deux coopé-
rateurs Suffi laborieux que zélés pour le
progrès de leur art, & pour l’inftruâion
de ceux qui l’exercent. M. Jabro, lieutenant
colonel de grenadiers royaux , a bien voulu
me confier"un traité d’art militaire qu’il a
rédigé par ordre alphabétique en vingt-
cinq volumes in-8 0. J’ai puifé dans ce tréfor,
mais de manière que fon auteur pourroit
encore en. faire prefent au public.
■ M. de Ceffac , capitaine au régiment
Dauphin infanterie, a enrichi cet ouvrage
d’un grand nombre d’articles fur notre dif-
cipline intérieure, & fur la fortification de
campagne. Il y propofe plufieurs vues nouvelles,
quinte paroiffenf propres à perfectionner
nos ufages dans ces deux parties.
J’ai défigné par la lettre’ initiale de leur
nom les travaux de ces deux auteurs ; & ,
quand j’ai inféré quelques notes dans leur
texte, comme dans celui des autres auteurs
militaires, je les ai marquées par la lettre K ,
ou feulement par deux parenthèfes.
Les articles confervés ont ici les mêmes
Lignes que dans la première édition. Je donnerai
à la fîK de ce diûionnaire les noms de
touts les auteurs dont' les ouvrages y lont
entrés , avec les lettres ou les caraûères
qui les font connoître. Les extraits des ouvrages
militaires imprimés font défignés
par les noms des auteurs. Quant aux articles
qui n’ont aucune lettre , de aux définitions
des termes, c’eft le rédacteur qui les a faits.
Quelques perfonnes , inllruites par état
de la manutention des hôpitaux, de l’exercice
de la chirurgie dans les troupes , des
devoirs & des fonctions des commiffaires
des guerres , m’ont fait efper.ey qu elles
prendroient part à cet ouvrage, & y trai-
teroient les objets que l’étude & l’expe-
rience leur ont fait connoître. Je defire ,
pour l’utilité publique, qu’après le temps
confacré à leurs devoirs, ils puiffent trouÜÉ
ver celui d’employer cet autre moyen de
fe rendre utiles. - . ,
Les antiquités militaires feront traitées
en détail dans le diûionnaire des antiquités ;
la médecine militaire dans celui de méder
cine ; c’ell-là que les leûeurs doivent les
chercher. L’art de l’équitation , celui de
l’eferime , & l’art de nager formeront une
partie féparée., i ‘ :
Par l ’expofé que je viens de faire , on
voit que cet ouvrage diffère totalement des
articles d’art militaire, répandus fans plan
& fans liaifon dans la première édition de
l’encyclopédie, St qu’il aura beaucoup plus
d’étendue, fans toutefois entrer dans touts
les détails qui pourrôient y appartenir ,
St en y admettant feulement ce qu’on aura
droit d’y chercher. . ,
La multiplicité des parties de l’art traite
dans ce diûionnaire , la difficulté de les
réunir St de les rédiger toutes avec un certain
dégré de perfeûion , fur-tout dans le,
peu de temps accordé pour un travail auffi
vafte, m’autorifent à folliciter l’indulgence
publique à l’égard des erreurs St des omif-
fions que j’aurai pu y commettre du y
laiffer fubfifter. J’ofe demander celle que
l’on accorde aux grandes compofitions en
peinturé. Quand l’ordonnance générale remplit
fuffifamment les vues de l’artille, on y
pardonne, de légères négligences dans les
, détails , St on n’y exige pas le même fini
que dans un tableau de peu de figures. Ceux
qui viendront après nous ajouteront les
connoiffances de leur âge, à celles du nôtre,
S t , s’ils ont quelque jullice,. ils reçonnoî-
tront qu’ils font riches des biens que nos
mains ont raffemblés. Ils reûifieroiit nos
erreurs , St fournis aux mêmes foiblelfes ,
' ils laifferont à leurs fucceffeurs .quelques
travaux de ce genre. L’art militaire, touts
les arts, toutes les fciences humaines'ont
la même - deftinée. La nature , par fes travaux
continus, fes changements, fes com-
binaifons infinies , fes grandes révolutions ,
prépare éternellement un fonds'inépuifable
de matériaux pour les biens St les maux de
l’homme.
«iSS*
A.
A .
A
— —, d Cette lettre étoit employée dans les contrôles
des foldats romains f pour defigner ceux qui n’a-
voient que l’âge de la puberté. C'urn autempueritiam
Jîgnificare vclient 3 A littera ufifunt. lfidor. Cet ufage
fubfiffa jufques Vers la fin de l’empire de Conftan-
tinople : Nicétas en fait mention dans la vie d’Ifaac
l’Ange.
C e cara&ère forma, dit-on, un talifmanfavorable
à Antiochus S oter, dans une bataille contre, les
Gaulois. Il vit en fonge Alexandre, qui lui dit que ,
s’il donnoit à fon armée la tablette d’ordre, en
forme de pentalpha ou quintuple A , c’eft-à-dire ,
de pentagone équilatéral , il feroit vainqueur.
Antiochus fuivit l’avis du héros macédonien, &
remporta en effet une grande viâoire. Il fçut , '
en cette circonftance périlleufe, profiter avec adreffe
de la crédulité de fes troupes & de la confiance
qu’elles avoient au grand nom d’Alexandre , pour
détruire la terreur que les Gaulois avoient imprimée
à tous les peuples orientaux. Afin de perpétuer dans \
fon armée l’heureux effet de ce ftratagême , il fit
repréfenter un pentalpha fur fes drapeaux. Quelque#
auteurs^»arlent d’une médaille d’argent de ce prince-,
portant l’empreinte d’un pentagone, qui, à chaque
angle, a une des cinq lettres du mot Soter,
I l y avoit , dans l'infanterie des empereurs
d’Orient , une troupe qui portoit des boucliers
, bleus , bordés' de pourpre, dont le centre étoit
verd , & avoit la forme pentagone. Etoit - ce
«n mémoire de celui d’Antiochus Soter ?
. A B A C IN A T I , aveuglés. V. A v eu g lem en t .
A B ANDON . Une fentinelle , ou une troupe,
n étant mife à un pofte que pour empêcher~quelque
dommage , y expofe, eh abandonnant ce pofte ,
les effets ou les hommes qu’il eft de fon devoir
d en garantir. L’une & l’autre mérite , outre le
foupçort de 1 acheté ou de perfidie , la peine portée
par les loix militaires de fon pays.
Il en eft ainfi de tout militaire qui abandonne
fon rang , fa troupe , fon chéf, fes, drapeaux. Il
le rend complice de l’attentat à la propriété, qui
s’enfuit ou peut s’enfuiyre. Il oublie & trahit ce qu’il
y a de plus cher & de plus facré pour l’homme ,
fes parens , fes amis, fes concitoyéns , toute la
patrie. La grandeur de la perte à laquelle il les !
expofe, eft la mèfure de fon crime & de la peine
qu’il mérite. L’ignorance ne peut l’excufer : il doit
f tre S’il n’a pu l’être dans tous les détails, ..
d a dû préfuppofer les fuites funeftes, tant de fon
action que de l’exemple qu’il donne.
Toutes les nations ont puni ce crime avec plus
uu moins de févérité. Chez les Egyptiens , nation
age , humaine , civilifée très àneiennement , la
P^me, É|j bornée à la dégradation pour ceux qui i
abandonnoient leur rang dans le combat. Cyrus
pumt^ e mort le meme délit, mais feulement
lorlqual etoit joint à la trahifon, Pans Athènes ,
Art Militaire, Tome 1,
A B A
le citoyen qui abandonnoit en quelque forte fa
patrie , en lui refufant le fervice militaire , étoit
noté d’infamie, exclus de l’afperfioii luftrale , de
l’honneur d’obtenir des couronnes, d’être admis
aux facrifices publics. Le foldat qui abandonnoit
fon pofte ou les armes dans le combat, étoit fiijet
à la même peine. Il en étoit à peu-près ainfi chez
les Syracùfains.
' Les Spartiates , plus févères , puniffoient de
mort le citoyen qui refufoit de fervir. Cependant,
leur légiflateur, ainfi que ceux du refte de la Grèce ,
diftinguoient entre Xabandon du bouclier dans le
combat, & celui des armes offenfives, telles'que la
hafte ou l’épée , regardant comme plus honnête de
penfer à fe garantir, que de fe réferver les moyens
de nuire à fon ennemi.
Chez les Romains , un foldat qui abandonnoit
fon pofte ou jettoit fes armes par crainte du danger ,
étoit non-feulement puni de mort, mais d’une mort
cruelle. (Voye% Fu s tu a r ium . ) Chez eux, perdre
fon enfeigne , étoit autant que perdre la vie. Le
conful Appius ayant été vaincu par les Volfques y
raflembla les reftes difperfés de fon armée , les fit
appeller à l’allocution , leur reprocha Xabandon d®
la difeipline militaire, de leurs enfeignes, de.leur
général : il demandoit à' l’un ou étoit fon aigle 9
à l’autre ou étoit fon épée , où étoit fon bouclier ;
& faifant faifir les foldats fans armes, les figniferes
fans enfeignes , ie s centurions & leurs lieutenants ,
( duplicarii, ) ( voye^ ce mot. ) qui avoient quitté
leurs troupes , il les fit battre de verges, & les
frappa de la hache ; tout le refte fut décimé. Cette
peine , qu’on voit auffi en ufage chez les Grecs, fut
allez fréquente chez les Romains. ( Voyeç d é c im
a t io n . ) Ceux qui avoient échappé au foit
n’étoient point exempts de punition. Comme ils
avoient lâchement abandonné leurs compagnons
dans le danger, on les faifoit camper féparement
hors du camp, & ils ne recevoient que de l’orge
au lieu de froment.
Le changement des armes dans le combat étoit
auffi puni de mort ; on préfumoit que celui qui
en prenoit d’autres , avoit perdu les liennes.
Mais, fi la perte du bouclier arrivoit par un accident
impoffible à prévenir , le coupable demandoit
grâce , & n’étoit puni que par la dégradation.
T e l étoit l’efprit de dilcipline du fold&t Romain,
que celui dont les armes avoient été brifées dans
le combat, ne fe croyoit point exempt de demander
grâce. Lorfque Jules.Céfar aborda en Bretagne ,
le centurion M. Cæfius Scæva fut jetté , avec
quatre foldats, fur un rocher voifin d’une île que
les Bretons occupoient. Quand’ là mer fe tut
retirée, un grand nombre des barbares coururent
l’attaquer. Ses quatre foldats effrayés fe jettèrent
dans le navire & gagnèrent la côte , laiffant leurs
piles fur le rocher, Scæva feul foutint l’attaque ,
A