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( fis• *6 ) » & ajoutée à ce même angle E B T ,
dans le cas de l’angle aigu, (fig* 27 ).
Ainfi Y angle rentrant reflerre & croife fes tirs ;
1 angle faillantles écarte ; chacun a des inconvénients
& des avantages qui lui font propres. C ’eft en les
combinant que leurs propriétés fe fortifient , &
que leurs défauts fe compenfent & s’éyanouiffent.
On verra l’application de ces principes à l’attaque
& à la défenfe, & dans la fortification. Celle-ci
confidère aufli Y angle relativement à fa force dans
, la conftruélion du rempart j c’eft ce que nous
" verrons à cet article.
Le befoin de diftinguer touts les angles que peuvent
former les différentes parties d’un rempart
leur a fait donner différents noms.
On nomme an gle du centre du p o l y g o n e ,
celui qui eft formé par deux rayons tirés du centre
aux deux extrémités du côté du polygone.
A ngle du centre d u b a s t io n , celui que
forment deux demi - gorges } on le nomme aufli
angle de la gorge.
A ngle de l a c ir c o n f é r e n c e , celui que
forment deux côtés du polygone : on le nomme
aufli angle du polygone.
A ngle de la c o u r t in e ou du f l a n c , celui
que forment le flanc & la courtine.
A ngle d im in u é , celui que le côté du polygone
fait avec la face du baftion.
A n gle d’épau le , celui que forment la face &
le flanc du baftion : quelques auteurs le nomment
angle forme face.
A n g l e d u f l a n c , le même que celui de la
courtine.
A ngle f lanquan t , celui que les deux lignes
de défenfe font entre elles , vis-à-vis de la courtine
quelques-uns donnent aufli ce nom à Y angle
formé par la courtine & par la ligne de défenle ,
( M. D ufay ). D ’autres nomment celui-ci angle
flanquant intérieur , & le premier, angle flanquant
extérieur.
A n g le f l a n q u e , celui qui eft fait des deux
laces du baftion.
A n gle f o rm e - f a c e , le même que Yangle
d’épaule.
A n gle f o r m e - f l a n c , celui que le flanc
forme avec la demi-gorge.
A n gle d u fossé , celui que la contréfoarpe
forme devant la courtine.
A n gle de l a g o r g e , le même que Yangle
du centre du baftion.
A n gle m o r t , Yangle rentrant qui n’eft vu
d’aucune partie de la fortification.
A ngle du po l y g o n e , celui que Ton nomme
aufli angle de la circonférence.
A ngle r en trant , celui dont le fommet eft
vers le dedans.
A ngle s a i l l a n t , celui dont le fommet eft
vers le dehors. '
A ngle sur l a b a se , celui que forme le rayon
?vec le côté du polygone^ •
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A n gle de t e n a il l e , le même que Yangle
flanquant■ extérieur.
AN G O N . C ’étoit une efpèce de haftêdont les
F rancs faifoient ufage. « Les angons, dit Agathias,
( Z. 11, page 36. if94. Plantin. 40. ) font des haltes
ni fort petites ni fort grandes, mais telles qu’on
les peut lancer, s’il en eft befoin, ou les employer
dans les charges & les combats de corps à corps.
Ils font prefque entièrement couverts de fe r , de
forte qu’il n’y paroît qu’une très petite partie du
bois , & qu’on laifle à peine la place du talon. Vers
1 extrémité fupérieure du fer il fort de chaque côté
du fer même quelques pointes arquées, recourbées
comme des hameçons, & tournées vers le bas.
Dans l’attaque le foldat franc lance Yangon. S’il
frappe le corps , le fer pénètre à l’intérieur , &
le bleflé ne le tire pas facilement ; les pointes
entrées dans la chair s’y oppofent & caufent des
douleurs aigues. S’il arrive que l’ennemi n’ait pas
une bleflure mortelle par elle-même , cependant
il en meurt. Si Yangon perce le bouclier, il y refte
fufpendu, balancé à l’entour , & traînant par terre ;
celui qui le porte ainfi ne peut ni l’arracher, parce
que les pointes le rétiennent, ni le couper avec
fon épée, puifqueje bois ne paroît pas , & qu’il
eft recouvert de fer. Dès que le Franc s’en apperçoit,
il marche à pas précipités , met le pied fur le talon
de Yangon, pèfe fur le bouclier , l’attire en bas,
abaifle le bras qui le porte, découvre la tête &
la poitrine de fon adverfaire ; & l’attaquant alors
qu’il eft fans défenfe, il le tue facilement en le
frappant à la tête avec fa hache, ou lui perçant
la gorge lavee un fécond angon ».
J’ai rapporté ce paffage. entier, parce qu’aucun
écrivain ne l’a traduit fidèlement. Julie Lipfe fait
dire à l’auteur Grec que les: angons font des traits
courts, brévia tela. Cependant quelques lignes plus
haut il met en doute fi ce ne font pas des haches
& c’eft évidemment contre le témoignage d’Agathias,
qui, par la defcription qu’on vient de lire,
diftingue parfaitementYangon de la hache met
cellerci nommément au nombre des armes du foldat
franc. « On lui v oit, dit-il, l’épée fur la cuifîe , &
le bouclier du côté gauche. Il ne porte ni fronde,
ni are, ni traits à lancer de loin, mais la hache
amphiftome , ou à deux tranchants , ( r/reKiaeic
, & Yangon ». Du Cange paroît adopter
l’opinion de Julie Lipfe , ainfi que fa traduélion
de fauteur grec. J’avoue que je ne vois pas comment
ils ont pu prendre Yangon pour une hache.
Julie Lipfe, au même endroit, rend le mot èLyy&ve?
par haecken, & du Cange fe méprend encore en
difant que les Hollandois nomment ainfi les haches.
Le mot hollandois eft axe. En général toutes les
langues germaniques défignent la hache par a x , oex,
y x ; & dans ces mêmes langues , le mot hak , hok ,
haeck, hacco , y fignifie agrajfe, crochet, d’où vient
angel, angal , hameçon, & ango , arme garnie
d’hameçons.
Je remarque ces légères inadvertences , nos pas
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'pou* diminuer le mérite de ces deux fçavants ;
mais pour montrer, la nécefiite de recourir aux
.originaux, de les rendre avec une fidélité fcru-
Ipuleufe, fur-tout dans les defcriptions, & de ne
Ipas fe. repofer avec une confiance aveugle fur la
»célébrité des noms. Ces petites erreurs font inévitables
dans les grands travaux. Il en eft des écrits
lcomme.de la peinture. On demande un grand fini
•.dans une'flatue ifolée ou dans un tableau qui ne
repréfente qu’un feul objet : mais, dans les grandes
compofitions, c’eft l’ordonnance de l’enfemble qui
frappe : les petits défauts y font infenfibles.
Le pere Daniel a donné dans fon hiftoire de
la milice françoife ( tom. /, pag.6, fig. A ) , une
figure de Yangon qui ne répond point à la defcription
d’Agathias, & à l’ufage qu’il lui attribue. On
y voit de longs crochets au bas du fe r , tandis que
l ’auteur grec les place à la pointe , #yco S'e cipxfii
rrov cinpov rnc cLiyjpMC & il auroit été impoflible
que , tels que cette figure les repréfente, ils euflent
entré dans les chairs ou dans le bouclier. J’en donne
une plus conforme à la defcription ( fig. 28 ).
J’y ai fait la hampe de forme quarrée ; on peut,
f i ’ on veut, la fuppofef ronde : elle a pu avoir
l ’une ou l’autre, fuivantle temps & les circonftances.
ANNEAU. Foye{ r é c o m p e n s e s .
% ANSPESSADE. C’étoit' un bas-officier qui
ardoit & remplaçoit le caporal en fes fonélions : on
le nomme aujourd’hui appointé.
; On difoit autrefois lanfpajfade, comme on le
voit par les ordonnances de François Ier & de
Henri II. Au temps d’Henri IV c’étoit lancefpefate.
C ’eft ce que nous apprenons du traité de la milice
françoife de Montgommery. « Lancefpefate, dit-il,
eft un chevau - léger ; lequel, après avoir perdu
cheval & armes en quelque honorable occafion , fe
jette dans l’infanterie, & prend une pique en attendant
mieux : cette coutume & ce nom viennent des
guerres de Piémont. En ce temps-là le chevau-léger
qui, en un combat, avoit rompu fa lance honorablement,
cas avenant que fon cheval lui fût tué,
l’on le mettoit dans l’infanterie, avec la paye de
chevau-léger, attendant mieux, & le nommoit-on
lance-fpefata (ou plutôt lancia fpe^ata) comme
qui diroit lance rompue. Depuis, par corruption de
temps, l’on l’a fait lieutenant ou aide du caporal.
I l Or ces gens ici honorent fort l’infanterie, & font
jceux auxquels on commet les rondes ou les fenti-
jnelles d’importance, en temps d’éminent péril : car
ien autre faifon ils font épargnés & gratifiés : ce font
|ordinairement les camerates des capitaines & autres
chefs. Ils ne font fujets d’obéir après le capitaine,
|qu au lieutenant, lequel en eft: comme caporal, &
les doit même beaucoup honorer & prifer. Ils
doivent être les chefs de file d’un bataillon ».
I Ceci eft confirmé par Montluc qui parle des
i gentilshommes nommes Montbafin, Sainti Laurens
qui étoit Breton, & Fabrice, étant touts lances-paffades
dudit feigneur de Briffac.
Ainfi, dans l’origine, Yanfpejfadefut un entil-
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homme, qui, ayant perdu fon cheval au combat-,
& ne pouvant le remplacer, prenoit dans l’infanterie
un grade inférieur au lieutenant. On doit fans
doute s’en rapporter ''en ceci à M. de Montgommery,
témoin oculaire, beaucoup plus qu’à M. Ben-
neton de Perrin, qui regarde ce qui vient d’être
dit comme une dépenfe inutile en érudition , & veut
perfuader que le lancepajfade ne fut ainfi nommé ,
que parce qu’il féparoit- les divifions des lanciers :
il me femble qu’il a fait là une dépenfe inutile en
étymologie.
A ces lancepefates tirés de la cavalerie , on fubf»
titua des foldats braves & intelligents qu’on em-
ployoit à exercer les nouveaux foldats, à aider
& remplacer le caporal , & qu’on deftinoit à
monter à ce grade. On fit enfuite de celui dlanfpejfade
une efpèce de récompenfe pour l’ancienneté
des fervices du foldat. Mais on a reconnu dans
cet ufage de grands inconvénients. Souvent incapables
des fonélions dont on les chargeoit, ils
étoient l’objet du mépris & de la rifée des foldats
qu’ils cômmandoient. Leur conduite étoit quelquefois
fi mauvaife , & leur incapacité fi grande ,
qu’on étoit forcé de les dégrader. Alors, irrités
de cette efpèce -d’affront , ils défertoient, ôc oit
perdoit des hommes qui auroient continué de bien
fervir comme foldats, fi on les eût laiffés à leur place.
A N T E S T A T U R E . On nommoit ainfi autrefois
un retranchement ou une traverfe faite à la
hâte avec des gabions, des fafeines, des paliffades,
ou des facs à terre, pour achever de chaffer l’ennemi
d’une pièce de fortification que l’on avoit attaquée.
APPEL. C ’eft l’aélion d’appeller lesflbldats d’une
troupe, chacun par fon nom. On les appelle ainfi
pour s’affureî qu’ils font touts préfents, pour les
difpofer, foit dans l’ordre général, foit dans celui
qui eft relatif à des circonftances particulières, &
pour les empêcher de s’écarter, à deffein de faire
quelque défordre.
Dans les garnifons, on fait ordinairement deux
appels par jour, le matin & le foir ; dans les routes
au-dedans du royaume un appel le matin en partant
du lieu du logement, un en arrivant pour
être inftruit des foldats reftés en arrière, un le
foir pour fçavoir fi touts ont rejoint. Dans les
camps & dans les poftes, on en fait matin & foir ,
ou même plus fi on le juge néceflaire , afin de
prévenir la défertion & la maraude , en faifant
craindre que l’abfence ne foit connue aflez à temps
pour arrêter le transfuge ou le brigand.
Ce moyen de difeipline étant très sûr, en ce qu’il
fait connoître les foldats qui manquent à leur devoir j
les officiers de tout grade doivent veiller avec grand
foin à ce que les appels foient faits très exaélement,
& punir févèrement les bas-officiers qui, en étant
chargés, manquent à les faire. Pour s’affurer s’ils y
font exaéls', les officiers des compagnies , & ceux
des poftes, doivent de temps en temps en faire eux-
mêmes : ils tiendront ainfi en crainte, & dans l’ordre.
preferit, leurs bas-officiers &. foldats.
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