
Au furplus , les généraux des vivres doivent
être attentifs fur le choix des commijjionnaires afin
de pouvoir compter fur leur probité, leur expérience
& leur activité ; & il faut inférer dans la
commiffion qu’on leur donnera, qu’ils ne pourront
acheter que de bonnes denrées, bien conditionnées,
criblées & nettes ; autrement qu’elles demeureront
pour leur compte, fans que cette claufe puifle être
comminatoire, quand même lefdites denrées fe-
roient dans les entrepôts , prêtes à être embarquées.
Le compte d’un commijfionnaire aux achats ,
comprend deux chapitres ; l’un en deniers, l’autre
en effets.
La recette en deniers contient les récépiffés ,
date par date, qu’il a donnés au tréforier ; la dé-
penfe en forme de table, eft articulée jour par
jour , quantité par quantité des différentes denrées
, de leur p rix , de leur poids ou mefures,
réduites en poids & mefures des magafins , qui font
202. livres pour chaque fac de b led, froment, ou
fe ig le , ou méteil , la toile comprife ; & de 12
boiffeaux d’avoine mefure de Paris ; on y rapporte
enfuite les frais & débourfés , juftifiés par pièces ;
le droit de commiffion & courtage, qui ordinairement
pour le bled du poids ci-deflùs eft de 8 à
10 fols , & pour l’avoine de 4 à 5 fols.
Le fécond chapitre contient , en recette les
quantités de grains , provenant des achats, réduits
en mefures & poids des magafins , comme à la dé-
penfe en deniers ; mais par article fommaire fans
détail.
La dépenfe eft détaillée , fur les récépiffés comptables
du dépofitaire , représentant. Jes certificats
de livraifons , faites aux gardes-magafins, par ces
commijjionnaires ou leurs prépofés.
COM M U NICATIO N. Paflage pratiqué pour
fe rendre à couvert d’un lieu dans un autre.
On établit une communication entre l’armée &
les pays d’où l’on tire fes munitions de guerre &
de vivres , & il faut avoir une grande attention à
ne la jamais Iaiffer à découvert, comme il faut
tenter touts les moyens poffibles pour inquiéter &
attaquer fon ennemi fur la fienne. C ’eft en lui infi-
pirant de la crainte à cet égard qu’on parvient à
lui faire quitter un pofte avantageux , à fe retirer ,
à céder du terrein , à découvrir des provinces qu’il
avoit intérêt de protéger. ( Voyeç M a g a s i n s ,
C o n v o i .) .
On établit une communication entre deux ouvrages
d’une place fortifiée , entre les parallèles
d’une attaque de place & les batteries , entre deux
quartiers d’une armée affiégeante, entre une armée
& une divifion qui en en détachée , entre deux
troupes campées l’une près de l’autre , & féparées
par un obftacle, tel qu’un ruiffeau , une ravine, &c.
COMPAGNIE. Un donne le nom de compagnie
à un certain nombre de gens de guerre raffemblés
fous le commandement d’un chef, appellé capitaine.
On peut confidérer l’armée françoife comme
divifée en compagnies enrégimentées & en eom~
pagaïes non enrégimentées.
Il y a autant d’efpèces de compagnies enrégimentées
qu’il y a d’armes différentes : on trouve
des compagnies d’infanterie , des compagnie* de
cavalerie, des compagnies de chevaux légers , des
compagnies de huflards , des compagnies de dragons ;
des compagnies de chaffeurs à cheval,. &, des compagnies
de chaffeurs à pied.
Les compagnies non enrégimentées font celles
, de la maifon militaire du ro i, & des princes freres
de fa majefté ; celles de la gendarmerie de France ;
celles des invalides qui réfident à l’hôtel ; celles des
invalides qui réfident dans les différents forts ou
châteaux du royaume; enfin la compagnie des cadets
gentilshommes.
Nous ne parlerons point ici des compagnies non
enrégimentées, nous renvoyons les détails qui les
concernent, aux articles, gardes du corps du roi »
gardes fuiffes ( c en t), gardes de la porte, &c. & c .
Quant aux compagnies enrégimentées , nous
allons donner d’abord une notice j de leur force ,
de leur compofition & de leur divifion ; nous chercherons
enfuite à raffemblér les loix générales
d’après lefquelles on pourroit à l’avenir les com-
pofer, les former &. les divifer.
§ . i er.
Des compagnies d'infanterie en générail
Quoique toutes les compagnies des gens de pied
au lervice de la France, ne forment qu’un feul
corps, connu fous le nom générique d'infanterie,
tous les membres de ce grand corps ne font pas
conftitués aflez uniformément pour qu’on puiffe
juger de tous , d’après la description d’un feul
d’entr’eux ; nous ferons donc obligés de parler de
chacun d’eux en particulier.
§. 1 1 .
Force , compofition 6» divifion des compagnies de
L'infanterie françoife proprement dite.
Toutes les compagnies de l’armée françoife qui
font enrégimentées ont deux formations différentes
; elles font connues fous le nom de pied de
paix & de pied de guerre„
Pendant la guerre, les compagnies de l’infanterie
françoife proprement dite , font, commandées 9,
par un capitaine en premier-, un capitaine en fécond
; un lieutenant en premier , un lieutenant
en fécond ; deux fous - lieutenants,. & un fous-
lieutenant de remplacement.
Elles font conduites par un fergent-major, un
fourrier écrivain, cinq fergents & dix caporaux.
Elles font compofées de dix appointés, de cent
quarante fufiliers, èc de trois tambours.
Elles font divifées pour la police extérieure en
deux divifions ; la première divifion eft partagée
en trois fubdivifions , &. la fécondé en deux ;
chaque fubdivifion eft partagée en deux e£-
couades.
Elles font divifées pour les exercices & pour
les manoeuvres en deux pelotons, & chaque peloton
en deux ferions.
Pendant la paix les compagnies font commandées
par le même nombre d’officiers que pendant la
guerre.
Elles font auffi conduites par le même nombre
de bas-officiers, mais elles ne font compofées que
de dix appointés, de quatre-vingt-dix fufiliers, &
de deux tambours.
Les compagnies des grenadiers de l’infanterie
françoifeproprement dite, ont une formation différente
de celle des compagnies de fufiliers ; leur
pied de guerre eft le même que leur pied de paix.
Elles lont commandées par un capitaine en premier
, un capitaine en fécond ; un lieutenant en
premier, un lieutenant en fécond , & deux fous-
lieutenants.
Elles font conduites par un fergent-major, un
fourrier écrivain , quatre fergents &. huit caporaux.
Elles font compofées de huit appointés, foixante
& douze grenadiers, & deux tambours.
Elles font partagées pour la police intérieure en
deux divifions ; chaque divifion eft partagée en
deux fubdivifions , & chaque fubdivifion en deux
efcouades.
Elles font divifées pour les exercices & les
manoeuvres en deux pelotons, & chaque peloton
en deux feâions.
Les compagnies de chaffeurs ont la même formation
que les compagnies de grenadiers.
N. B. Cet article ayant été fait après la publication
de l’ordonnance provifoire du 12 juillet
1784, ce que nous venons de dire de la force, de
la compofition , & de la formation des compagnies
de chaffeurs doit néceffairement différer de ce
que nous avons dit dans l’article chaffeur.
Les deux premières compagnies de fufiliers de
chaque régiment de l’infanterie françoife ont de
plus que les autres un capitaine de remplacement.
Nous aurious dû parler de ces officiers dans
. l’article capitaine ; mais comme il étoit imprimé
avant qu’ils enflent été créés, nous Sommes forcés
de renvoyer les détails q.ui les concernent à la
lettre R , article remplacement.
Chaque compagnie du régiment du colonel général
de l’infanterie françoife a de plus deux fous-
lieutenants furnuméraires.
A la première compagnie de fufiliers du régiment
du colonel général, compagnie qui porte le nom
de compagnie générale , eft attaché un officier,
connu fous le nom d’enfeigne de la compagnie
générale.
Les compagnies du régiment d’infanterie de fa
majefté, doivent être foumifes avant peu à une
formation différente de celle qu’elles ont aujourd’hui
, nous ne parlerons de leur force, de leur
compofition & de leur divifion que dans la lettre R
article ( régiment du roi ).
Pour les compagnies du corps royal de l’artillerieJ
Voye^ le di&ionnaire particulier de l’artillerie qui
fait une portion de cette Encyclopédie.
On trouve dans les troupes provinciales des
compagnies de grenadiers royaux ; des compagnies
de grenadiers provinciaux ; des compagnies de fufiliers
provinciaux attachés à l’état major de l’armée ;
des compagnies de fufiliers provinciaux attachés à
l’artillerie ; des compagnies de fufiliers provinciaux
qui forment les bataillons de garnifon. Comme ces
troupes éprouveront fans doute avant peu quelque
changement auffi confidérable qu’heureux, nous
en renvoyons le détail à l’article troupes provinciales•
§ . n i .
Force , compofition 6* divifion des compagnies de
l ’infanterie étrangère au fervice de la France.
La force, la composition & la divifion des compagnies
de l’infanterie étrangère au fervice de la
France , font les mêmes que celles de l’infanterie
françoife proprement dite. Voye£ le paragraphe II
de cet article.
Les Suiffes que la France foudoye, font auffi
divifës par compagnies , mais ces compagnies onc
une compofition, une force & une divifion particulières
; nous nous en occuperons dans l ’article
Suisses & Gardes Suisses.^
I I V .
Quelle pourroit être la force , la compofition £* la
divifion des compagnies de l’infanterie au fervice
de la France.
Un ditftionnaire de Part militaire, qui ne por-
teroit pas le titre de di&ionnaire raifonné, fe bor-
neroit- à ce que nous venons de dire fur la force ,
la compofition & la divifion des compagnies au
fervice de la France ; mais un ouvrage tel que l’encyclopédie
méthodique , doit fans doute aller pki»
loin ; on y doit difcuter à fond, mais avec fa-
gefle Ô£ eirconfpe&ion toutes les queftions qui
peuvent conduire les arts & les fciences à leur
plus haut degré de perfeéfiom
Le problème dont nous nous propofons de préparer
la folution doit être mis au- rang des plus-
intëreflans : des compagnies trop fortes eu- trop
foibles, font en- effet également vicieufes ; une-
compagnie qui a trop peu d’officiers , ou de bas-
officiers , ne peut guères parvenir à une difcipime
exaâe & à une inftru&ion folide ; celle qui eft
commandée & conduite par un nombre d’officiers
& de bas-officiers trop confidérable confomme